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jeudi 19 mai 2022

Roman - 666, l’histoire du Sphinx

Que restera-t-il des deux quinquennats d’Emmanuel Macron. Alors qu’il vient d’être investi hier pour son second mandant, c’est un autre président de la République, François Mitterrand, lui aussi élu à deux reprises, qui se retrouve au centre du second thriller signé Jérémy Wulc. L’action se déroule pourtant de nos jours. Sur le parvis lu Louvre, à quelques mètres de la fameuse pyramide, le corps d’une jeune touriste japonaise est découvert. Si elle est morte noyée, l’homicide ne fait aucun doute au vu des blessures infligées sur son corps. 

Avec un scalpel, l’assassin a pris le temps de graver à même la chair le chiffre de « 666, un pentagramme, et sur le côté, le compas et l’équerre, les symboles maçonniques. » Début tout en horreur pour cette enquête menée par Stanislas Diaminck. Ce policier très expérimenté est à la dérive. Il adore son boulot. Au point qu’il a négligé sa famille. Quand sa femme le quitte avec pertes et fracas en emmenant avec leurs deux enfants, il prend conscience combien il passait à côté de sa vie. Depuis il ne dort plus, passe ses nuits dans sa voiture, devant le nouvel appartement de son ex, à regarder, désespéré, ses fils partir à l’école. Cette enquête devrait le remettre en selle. Même si la pression est maximale car la jeune morte est la fille d’une sommité nipponne. 

Problème, dès le lendemain, un autre corps est découvert, avec les mêmes signes macabres, dans le réseau d’évacuation d’eau des colonnes de Buren. Un tueur en série qui risque de paniquer la capitale et faire beaucoup de dégâts dans le milieu très lucratif du tourisme culturel parisien. 

Justine chez les satanistes

Ce polar, assez classique dans son intrigue, devient plus original dans sa distribution. En plus du dépressif et très destroy Stan, on retrouve son adjoint, Khalid, jeune, compétent et dévoué. S’y ajoute une jeune policière, repérée par Stan sur la seconde scène de crime, Justine. Un sacré caractère qu’il décide, sur un coup de tête, d’intégrer à l’enquête. Le trio, très complémentaire, va se partager les pistes. Stan chez les Francs-Maçons, Justine dans les milieux satanistes qui vénèrent le diable et son chiffre, le 666. 

Quasiment deux romans en parallèle, qui n’ont parfois plus rien à voir l’un avec l’autre. Mais finalement la piste de François Mitterrand va permettre à Stan de résoudre l’affaire. Un héros sombre par certains côtés (son divorce, ses envies de suicide), mais si attachant par d’autres quand il compense son mal-être à coups de kebabs, de hamburgers et de litres de sodas. Reste le cas de Justine. Elle aussi fait partie de ces héroïnes qui marquent dans ce genre de littérature. 

Reste à savoir si Jérémy Wulc décidera d’en faire un personnage récurrent. Malgré quelques indices contraires, le lecteur ne peut qu’en avoir envie.     

« 666 » de Jérémy Wulc, Pygmalion, 19,90 €


vendredi 10 avril 2009

Essai - Les Yé-yés de A à Z


Débuté en 1959, le phénomène yé-yé a 50 ans, un demi-siècle. Les jeunes qui se trémoussaient au début des années 60 sont maintenant retraités. On peut donc sans remord se pencher avec nostalgie sur cette période musicale qui a marqué l'arrivée du modernisme (et du commercial) dans la chanson française. Alain Pozzuoli se propose de guider les fans, histoire de leur rafraîchir la mémoire. Sous forme d'un dictionnaire, il présente les idoles de l'époque, les opportunistes, les éphémères, les groupes et supports ayant aidé à l'éclosion des yé-yés. Le dictionnaire a l'avantage de permettre à tout un chacun de picorer dans cette longue liste de personnalités. 

Certes il y de nombreuses pages sur les stars, de Johnny Hallyday à Claude François en passant par Sheila et Sylvie Vartan, mais l'auteur nous fait également profiter de son savoir immense sur un phénomène qui produisait des « artistes » à la pelle, sortant parfois un 45 tous les trois mois, un peu comme nos vedettes « jetables » de la téléréalité. Ainsi vous découvrirez l'itinéraire éclair d'Hector, un « rocker maudit » surnommé « le Chopin du twist ». Encore plus provocateur qu'Antoine et ses élucubrations, il s'est, au cours d'un reportage, fait cuire un œuf sur la flamme du soldat inconnu. Son principal tube s'intitulait « Je vous déteste ». 

Un « personnage à la Salvador Dali » selon Alain Pozzuoli qui avait pour paroliers Gérard Sire et Jean Yanne. Des chanteurs qui souvent prenaient des pseudonymes, le plus simple possible. En 1967 une certaine Josiane Grizeau se présente au public sous le sobriquet de Céline. Echec. Deux ans plus tard elle est de retour en Séverine. 

Enfin le succès, elle remporte même l'Eurovision en 1971 pour... Monaco. Les yé-yés qui ont même compté dans leurs rangs une religieuse, la fameuse Sœur Sourire en tête des hit-parades en 1962.

Ce dictionnaire propose également des chapitres reprenant les tubes par année, les scopitones marquants ou les films tournés par les chanteurs de l'époque. Un ouvrage très complet, sérieux, un peu pauvre en illustrations (seulement 16 pages de photos sur un total de 576) mais riche en informations et anecdotes en tout genre.

« Dictionnaire des Yé-yés », Alain Pozzuoli, Pygmalion, 22 € 

mardi 3 mars 2009

Polar - Vieilles recettes dans "L'eau qui dort..."

Le serial killer de ce roman policier très british de Nigel McCrery est une personne âgée, experte en décoctions mortelles à base de plantes.



Tous les polars ne sont pas rythmés par des bagarres, coups de feu, courses-poursuites et déductions rapides et géniales. Ce roman de Nigel McCrery semble l'antithèse du genre. Héros policier acariâtre contre tueuse qui parvient à ses fins en obtenant la confiance de ses victimes, tel est le duel passionnant proposé dans « L'eau qui dort... ».

Violet Chambers est une personne dévouée. La soixantaine active, cela fait des mois et des mois qu'elle donne de son temps pour aider Daisy. Cette vieille dame, de plus en plus impotente, doit beaucoup à Violet. Cette dernière lui fait les courses, s'occupe de son compte en banque. Aujourd'hui cela va changer. Violet sent que sa proie est prête. Elle prépare le thé de Daisy. Un thé amélioré. A la rose de Noël. Une plante qui contient un violent poison. L'auteur décrit la lente agonie de Daisy qui se vide littéralement dans son petit salon. Une scène d'une rare intensité qui ne perturbe pas du tout Violet, tueuse sans cœur, sans sentiment, si ce n'est de la haine pour cette personne âgée. Tout ce qu'elle voit dans ce meurtre, ce sont les conséquences ménagères : « Elle décida de ne plus jamais avoir recours à la rose de Noël. Certes, la préparation était aisée et l'effet rapide, mais cela faisait trop de saletés. Le ménage n'était pas chose agréable, même sans tous ces fluides corporels. » On retrouvera Violet quelques mois plus tard. Elle a pris l'identité de Daisy (et tous ses biens), et se met en chasse d'une autre victime dans une petite localité en bord de mer.

Un cadavre rempli... de cadavres

Un chapitre pour décrire les agissement de Violet-Daisy, un autre pour suivre l'enquête de l'inspecteur Lapslie. Ce policier en arrêt maladie, souffre d'une maladie rare. Il est synesthète. En clair, ses sens se mélangent. Un bruit se transforme en goût dans sa bouche. Son adjointe, quand elle parle, à goût de citron, le légiste au coca-cognac. Parfois c'est très désagréable : les cris de ses enfants lui provoquent d'irrésistibles nausées.

Ce flic en détresse ne peut quasiment plus avoir de vie sociale. Il est pourtant choisi pour aller sur une scène de crime en pleine campagne. Un accident tout bête. La voiture rate le virage, le conducteur est tué dans le choc. Mais un second mort fait son apparition. La voiture a déterré un cadavre. « Là, dans un tas de terre, de feuilles et de fougères, il y avait un cadavre. Un vrai cadavre, plus un squelette auquel on aurait ajouté des choses qu'un corps auquel on en aurait soustrait. » Cette mort (c'est une femme) livrera une partie de ses mystères en salle d'autopsie. « Sur la table en acier inoxydable, étaient déposés les débris que le docteur avait ôtés du ventre du cadavre : cinq corps desséchés de ce qui ressemblait à des campagnols plus deux rats et une bête plus grosse du genre putois ou furet. » Ils sont morts en mangeant l'estomac du mort. Le meurtre par empoisonnement devient évident, Lapslie se lance aux trousses de cette empoisonneuse.

Cet affrontement fait tout le sel de ce roman policier donnant la part belle à la psychologie complexe des deux protagonistes.

« L'eau qui dort... », Nigel McCrery, Pygmalion suspense, 20,90 € 

mardi 16 décembre 2008

Livre - Un dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale


Idéal pour les historiens en herbe, pratique car classé par ordre alphabétique, ce « Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale » signé Pierre Montagnon, plus qu'un simple livre pratique doté de 3000 entrées, est aussi un bel objet, riche d'informations et d'un cahier reprenant les photos symboliques de cette période noire de l'histoire mondiale. 

Les hommes y ont une grande place, mais il est également abordé les grandes batailles ainsi que les différentes armes utilisées par les deux camps. Une somme qui couronne des années de recherche de Pierre Montagnon, Saint-Cyrien, historien et conférencier, auteur chez Pygmalion de plusieurs livres consacrés à cette période historique, aux guerre coloniales ou à la Légion étrangère.

« Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale », Pierre Montagnon, Pygmalion, 38,90 € 

samedi 22 novembre 2008

Thriller - Le mal personnifié

Ce thriller de Michael Prescott est dominé par le personnage de Peter Faust, un « méchant » comme on en croise rarement dans la littérature.

Deux femmes, un homme. Le triangle classique de tant de romans. Mais dans « La treizième victime » il ne s'agit pas de romantisme, loin de là. Les deux femmes sont avant tout des chasseuses. Abby Sinclair est une « bête de la jungle », Tess McCallum une « tueuse de tueurs ». Ces deux appréciations des personnalités des héroïnes sont de Peter Faust, la figure centrale de ce roman de Michael Prescott.
Peter Faust contacte Abby pour lui proposer un job. La jeune femme se charge de protéger des clients fortunés. Les protéger et parfois anticiper les ennuis. Si quelqu'un se montre un peu trop pressant, elle sait le décourager avant qu'il ne soit trop tard. Faust engage Abby car il a remarqué qu'un homme tourne autour de sa petite amie. Il charge Abby de le retrouver et de lui expliquer qu'il ne faut pas insister.

Tueur et artiste
La jeune femme, d'habitude peu regardante sur ses clients, hésite beaucoup dans ce cas présent. En raison de la personnalité de Peter Faust. D'origine allemande, il a fait la Une des journaux en Europe quand il a été jugé pour avoir assassiné une jeune femme. Pour lui, grand admirateur des nazis et du IIIe Reich, c'était une performance artistique, comme un hommage. Condamné à une courte peine de prison, une fois dehors, il a vite monnayé son « exploit », écrivant un livre et donnant des conférences. Riche, presque célèbre, il vit maintenant à Los Angeles, exhibant son intelligence sulfureuse dans ces milieux très branchés vivant dans l'opulence. Comme une mauvaise conscience pour ces faux rebelles n'osant jamais franchir le pas de la violence pure. Faust l'a fait. Depuis, il vit dessus.
Finalement Abby accepte car elle aime les défis et qu'en bonne Américaine libérale, elle estime que le client est roi, quels que soient sa personnalité et ses antécédents.
Tess a plus de principes. Normal, elle est profileuse pour le FBI. Il y a quelques années, elle a participé à un interrogatoire de Faust. Il était soupçonné d'avoir enlevé une jeune fille. Sa froide intelligence a profondément marqué Tess, persuadée que cet homme était la quintessence absolue du Mal. Mais si Tess se rend à Los Angeles, c'est pour un tout autre motif. Un agent infiltré vient d'être retrouvé assassiné. Il espionnait Faust. Abby est la principale suspecte.

L'union des ennemies
Michael Prescott, avec le même brio que dans ses précédents thrillers, anime ses deux personnages féminins récurrents. Une relation très particulière s'est installée entre Abby et Tess. La première a sauvé la vie de la seconde. Mais elle ne sont pas amies. Et sont d'accord pour admettre qu'elles ne le seront jamais.
Pourtant, face à cet ennemi commun qui va se révéler redoutable (le lecteur découvre les véritables agissements de Peter Faust par fragments), elle vont oublier leurs désaccords et rancunes pour tenter de mettre hors d'état de nuire cette machine maléfique. On apprécie particulièrement la description du cheminement de la pensée de Faust, même si parfois cela fait froid dans le dos. Ensuite, entre Abby la sauvageonne et Tess la meurtrie perpétuellement insatisfaite, le cœur du lecteur balance. Et si votre choix n'est pas fait à la fin de ce roman, rassurez-vous, Michael Prescott devrait donner une suite à leurs aventures.

« La treizième victime », Michael Prescott, Pygmalion, 20,90 €