mercredi 26 janvier 2011

Roman - L'Amérique du Sud attise les violences

 « Hotel Argentina », second roman de Pierre Stasse, fait découvrir au lecteur un Buenos Aires où la violence transpire par toutes les pores.


Hotel argentina.jpgLa jeunesse n'est pas éternelle. Cette merveilleuse période au cours de laquelle on se détache de sa famille sans encore se stabiliser, est une opportunité à ne pas manquer pour ceux qui sont en mal de voyages et de découvertes. Simon Koëtels, le héros de ce roman de Pierre Stasse, est dans cet état d'esprit quand il prend l'avion à Roissy, en plein hiver, pour rejoindre Buenos Aires. Il a finit ses études, en a assez de vivoter sur le salaire qu'il gagne dans le restaurant de sa mère. Il part donc pour trois mois. Sans véritable point ce chute si ce n'est l'adresse d'un vieil ami de la famille.

« Une ville totale »

Pour Simon, « le temps était venu de disparaître. » Plus simple à dire qu'à faire. Le premier contact avec la ville est détonnant. « Buenos Aires au mois de janvier cuisait les esprits ». Simon va se mettre à rechercher un appartement, du travail, une raison de continuer. Au cours de ses nombreuses promenades, il s'arrête régulièrement à des terrasses de café. C'est là que le destin bascule. Une charmante « adolescente andine » l'aborde. Il est sous le charme. Pas très longtemps car cette dernière ne s'intéresse pas à lui pour ses beaux yeux. « L'adolescente saisit ma sacoche et bondit de table. J'attrapai par réflexe son bras lorsqu'un homme dans mon dos m'anesthésia la mâchoire d'un coup de poing. » Plus de papiers ni d'argent, il ne se laisse pourtant pas abattre. « Je léchais le sang tiède contre ma joue lorsque la serveuse apporta le cocktail sucré. Une ville totale. »

Métamorphose

Le miracle arrive le lendemain. Un homme se présente au domicile de l'ami et lui annonce que la sacoche de Simon a été retrouvée. Elle lui sera rendue si Simon accepte de le suivre. Circonspect et intrigué, Simon accepte. Le jeune Français va pénétrer pour la première fois dans l'Hôtel Implicite, propriété d'Esteban Menger, millionnaire argentin parlant parfaitement le français. La sacoche a été volée par Suiri, servante employée à l'Hôtel.

En dédommagement, Esteban propose une suite à Simon. Pour le temps qu'il voudra. Le quotidien de Simon va changer radicalement. Il se retrouve comme un coq en pâte, profitant des installations de cet établissement luxueux. Il va également sympathiser avec Esteban et son frère, Juan Pablo. Simon, qui avait quitté Paris pour fuir sa famille, va s'en accaparer une nouvelle, pas toujours respectable malgré les apparences. La fortune des Menger date de la guerre et Esteban est souvent à la limite de la légalité. Il va d'ailleurs embaucher Simon pour une première mission occasionnant à ce dernier bien des problèmes avec les douanes américaines.

Ce roman, imprégné de la moiteur d'une ville que l'on devine excédée de chaleur, verra la violence monter au fil de l'apprentissage de Simon. Jusqu'à un paroxysme marquant la métamorphose du jeune homme de mouton français à loup argentin...

« Hotel Argentina », Pierre Stasse, Flammarion, 18 €

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