jeudi 23 février 2023

De choses et d’autres - Maté de travers

 

L’autre matin, mon épouse s’est levée de très bonne humeur. « J’ai la pêche, ce maté m’a boosté ! » Sacrilège ! Au lendemain de la défaite de l’équipe de France au Qatar face aux Argentins, comment ose-t-elle faire l’apologie de la boisson nationale de ce pays sud-américain ?

Car depuis quelques mois, sans doute après la lecture d’un roman se déroulant à proximité du Rio Parana, elle a délaissé le thé matinal pour le maté. Cette herbe sauvage typique est consommée en infusion selon un rituel assez précis. Calebasse et bombilla sont les deux mamelles d’un maté bien préparé et subtilement dégusté. Il suffit de mettre le maté dans la calebasse, recouvrir d’eau bouillante et de refermer. Ensuite, on sirote la boisson à la paille, la fameuse bombilla équipée d’un filtre à sa base.

Froid ou chaud, le maté est idéal à toute heure de la journée car, selon mon épouse qui s’est reconvertie en influenceuse argentine pour l’occasion, « ça donne un coup de boost mais progressif, pas comme le café qui provoque des palpitations si on en abuse. » On pourrait presque penser à un dopant car pour certains spécialistes, le maté est « connu pour augmenter naturellement la concentration, la clarté mentale et l’endurance physique. »

Bref, si Messi a été si bon dimanche, c’est sans doute en raison des litres de maté qu’il a ingurgité tout au long de sa vie.

Reste que boire du maté sous mon toit en ce lendemain de défaite nationale, c’est comme si on m’avait obligé à manger une choucroute après le match France-Allemagne de Séville en 1982. Or, je n’aime pas la choucroute. Ni le maté d’ailleurs !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 20 décembre 2022

mercredi 22 février 2023

De choses et d’autres - Précieuses coquillettes

En ces temps très rudes d’inflation (+ 6 % aux dernières nouvelles) et d’augmentation des prix des produits alimentaires de tous les jours, les petites bourses ont tendance à se replier vers les basiques de la cuisine pas chère, celle qui permet aux étudiants de ne pas dépérir le long de leur cursus.

La reine du petit prix reste la coquillette. Faciles à préparer, pas chères, ne demandant qu’un minimum de compétence en gastronomie, ces petites pâtes se contentent d’une noix de beurre, voire d’un peu de ketchup et l’estomac est content. Les papilles un peu moins, mais pour le prix, il ne faut pas trop en demander.

Des coquillettes qui parfois ont un petit air de « madeleines de Proust », souvenir agréable d’une vie simple et insouciante. C’est peut-être ce qui a donné l’idée à des entrepreneurs de créer un bar à coquillettes. Un peu sur le principe du sandwich à composer soi-même en choisissant les ingrédients à rajouter dans la baguette fendue, le bol de coquillettes peut être nappé de sauce au fromage, agrémenté de boulettes de viandes, recouvert de gruyère râpé, voire relevé avec quelques copeaux de truffes.

Une initiative louable, si la principale caractéristique de la coquillette était conservée : son petit prix. Et là, on prend conscience que surfer sur la nostalgie permet souvent de gonfler artificiellement les prix. Car le bol de coquillettes, même avec un peu de truffes, à 11 ou 13 euros, cela représente une marge de plus de 10 euros. Même avec un produit en forte augmentation (1,60 € le kilo en moyenne), la culbute est phénoménale.

Alors, avant de céder au plaisir de retrouver une partie de votre jeunesse et de perdre pas mal de sous, faites bouillir de l‘eau et préparez la passoire.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 4 février 2023

mardi 21 février 2023

De choses et d’autres - Champion du monde au tableau

Dans un monde binaire il y a les 1 et les 0, les ronds et les carrés. Hier dimanche, le monde n’était pas binaire car presque exclusivement consacré aux ronds personnifiés par le ballon de foot. Il y avait pourtant une petite minorité d’irréductibles qui ont délaissé le sport le plus populaire de la planète préférant se passionner pour un autre championnat du monde, beaucoup moins médiatique.

Rien de rond dans ce dernier, au contraire tout doit être carré pour l’emporter. Car face à la finale du mondial au Qatar se déroulait la finale du championnat du monde d’Excel, un logiciel appelé aussi tableur. Une pelouse verte d’un côté, un cadre rempli de cases informatiques de l’autre, associées à des formules de calcul très compliquées.


La compétition d’Excel, sponsorisée par Microsoft, est même retransmise en direct sur ESPN, le grand groupe de médias sportifs américain. Comme il s’agit d’esport encore confidentiel (10 000 dollars seulement pour le vainqueur de l’épreuve), pas de stades et donc pas de polémique sur le nombre de morts lors de leurs constructions. Excel échappe aussi à la récupération par les politiques tentés de gonfler artificiellement leur cote de popularité.

Par contre, je reconnais un point commun entre excel et football : leur manque d’intérêt. Pour avoir dû éditer quelques tableaux de service sur Excel, je peux vous affirmer que parfois, à choisir, j’aurai préféré courir derrière un ballon rond au risque de me faire tacler par un plus fort que moi. C’est dire !

Enfin, si on peut légitimement penser qu’un champion d’Excel a un QI plus élevé qu’un footballeur, s’il fait partie de la race des geeks, il risque d’avoir la même propension à prendre pour hymne une chanson ringarde qui va vous hanter jusqu’à la fin de l’année.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 19 décembre 2022

lundi 20 février 2023

De choses et d’autres - De Mitterrand à Charlemagne

Étrange décision que celle de Laurent Wauquiez. Le président de la région Auvergne Rhône Alpes semble avoir un problème avec les symboles de gauche. L’adresse officielle du conseil régional, à Lyon, est officiellement Esplanade François-Mitterrand. Était, plus exactement, puisque cette adresse a changé.

Le bâtiment n’a pas déménagé, un peu trop coûteux, mais Laurent Wauquiez a ordonné que désormais tous les papiers officiels situent le conseil régional Cours Charlemagne. Une voie qui longe le bâtiment. L’entrée est toujours côté Mitterrand, mais sur les papiers, communiqués et autres publications officielles, c’est Charlemagne qui apparaîtra.


Laurent Wauquiez fait-il preuve de wokisme en tentant d’effacer le nom du premier président de la République de gauche, élu au suffrage universel ?

Imaginons maintenant que d’autres hommes politiques entrent dans ce petit jeu. La mairie de Perpignan, de place de la Loge pourrait déménager rue de la barre. Barre à droite toute ! Le conseil départemental de l’Aude n’a pas ce problème, puisque déjà sis allée Raymond-Courrière, ancien président de l’institution. Sauf, bien sûr, si le département bascule un jour à droite…

Pour le conseil régional d’Occitanie, c’est encore plus simple, puisque depuis la fusion, il est toujours partagé entre Toulouse et Montpellier. Alors, si le maréchal Juin, de Toulouse, devient un jour trop problématique (ses positions sur l’Algérie), il suffit de mettre en avant l’avenue de Pompignane, à Montpellier. Difficile de lancer une polémique, on ne sait quasiment rien sur Pompinius, le gallo-romain qui a donné son nom au quartier.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 17 décembre 2022

dimanche 19 février 2023

Cinéma – Les illusions chantées de « La grande magie »

Sur des musiques de Feu ! Chaterton, Noémie Lvovsky propose un film « qui chante et qui danse » sur l’amour, les illusions et le temps qui passe.

Pas véritablement une comédie musicale, La grande magie est plutôt, selon la formule de sa réalisatrice, Noémie Lvovsky, « un film qui chante et qui danse ». L’histoire d’une petite troupe de magie dans les années 20, saltimbanques d’un temps révolu, surtout doués pour baratiner les bourgeois en villégiature dans les grands hôtels en bord de mer.

Une certaine effervescence règne dans ce bel hôtel dont le parc arboré donne directement sur l’océan. Les clients attendent avec impatience le spectacle de magie promis par la direction. En vedette Albert, le professeur, (Sergi López), personnage haut en couleur qui peut faire disparaître des colombes, des foulards ou votre femme, au choix. Avec son troisième œil, il peut aussi tout savoir de vous, de la dernière péripétie d’un de vos parents à la conclusion du livre que vous lisez actuellement.

Le professeur est un bel escroc, qui utilise parfaitement les talents de ses complices (François Morel et Damien Bonnard), pour découvrir les petits secrets des clients et ainsi briller à leurs yeux. Tout cela n’intéresse que très peu Charles (Denis Podalydès), mari jaloux de Martha (Judith Chemla). Sauf que lors de la représentation, elle se porte volontaire pour aller dans le cercueil dans lequel Albert compte la faire disparaître. Elle le prend au mot. Car Martha n’en peut plus de vivre sous la surveillance constante de ce mari qu’elle n’aime plus.


Quand l’assistante et femme d’Albert, Zaïra (Noémie Lvovsky), fait passer l’épouse derrière la scène par la trappe dérobée, Martha prend ses jambes à con cou et disparaît pour de bon. Au grand désespoir du magicien. Le mari s’énerve. Alors il improvise, prétend que Martha est dans une boîte en bois, qu’il a le pouvoir de la faire réapparaître s’il croit vraiment en elle. Sinon, elle s’évaporera à jamais dans les volutes de cette Grande Magie qui ressemble à s’y méprendre à de la grande escroquerie.

Donner sa chance à la magie

 Sur cette trame finalement sérieuse sur l’amour et la liberté, Noémie Lvovsky pose des scènes cocasses avec les vies en parallèle des autres membres de la troupe comme la jolie Amélie (Rebecca Marder), amoureuse d’un des garçons d’hôtel. Le tout entrecoupé de petites chansons composées par Feu ! Chaterton.

Le film a des ressemblances avec Tralala des frères Larrieu. Ce côté spectacle permanent de la vie quand on la prend du bon côté. Car finalement, on s’aperçoit que nos existences, au lieu d’être trop sérieuses, gagneraient à être plus légères, avec un peu plus de place pour l’illusion, la magie.

On sort de la séance allégé du poids des vicissitudes du quotidien, joyeux et souriant, capable d’accepter toutes les démonstrations par l’absurde du génial professeur, merveilleux Sergi López, grand manipulateur du public devant l’éternel.

Film français de et avec Noémie Lvovsky et Denis Podalydès, Sergi López, Judith Chemla, François Morel, Damien Bonnard

samedi 18 février 2023

DVD - Rire des riches, le credo de "Sans filtre"


Palme d’or à Cannes, en course pour plusieurs Oscars aux USA (meilleur film, scénario et réalisateur), Sans filtre (M6 Vidéo) du Suédois Ruben Östlund est une satire impitoyable de la société du paraître. Les riches, nouveaux et héritiers, en prennent pour leur grade dans ces trois heures de virtuosité cinématographique. Un long métrage découpé en trois parties.

On découvre dans un premier temps le milieu de la mode et les réussites du couple Carl et Yaya (Harris Dickinson et Charlbi Dean Kriek, décédée peu de temps avant la sortie du film en salles, à 32 ans). Un couple loué par sa beauté, invité pour briller sur une croisière de luxe avec de très riches industriels.

Dolly de Leon, une des comédiennes de Sans filtre.
  M6 Vidéo


La suite est un véritable massacre de classe, jouissive en ces temps où le peuple gronde dans la rue contre les superprofits des grands groupes capitalistiques. DVD et blu-ray offrent de jolis bonus pour un film dont l’achat se justifie déjà à lui tout seul. En plus d’un gros quart d’heure de scènes coupées (notamment l’histoire de la bague de fiançailles offerte par Carl à Yaya), deux longues interviews réalisées à Cannes sont proposées ; la comédienne Dolly de Leon et le réalisateur, espiègle quand il explique tout le plaisir qu’il a éprouvé en filmant le repas durant la tempête sur le bateau, prouesse cinématographique qui restera dans les annales du 7e art. 

vendredi 17 février 2023

DVD - La petite voix intérieure de Jeanne la tourmentée

Pour son premier long-métrage, Céline Devaux tente le film hybride. Plutôt spécialisée dans le film d’animation (trois de ses courts-métrages sont proposés en bonus dans la version vidéo de Tout le monde aime Jeanne, (Diaphana Vidéo), l’histoire de Jeanne mêle prises directes et courtes séquences animées. Jeanne (Blanche Gardin), est une jeune femme brillante. Chercheuse, elle tente de sauver les océans. Mais sa dernière invention se révèle être un fiasco. De « sauveuse de l’humanité » elle se retrouve bombardée « mème comique sur le net ».

Déjà assez introvertie et propice à la dépression, Jeanne s’enfonce. Criblée de dettes, elle doit se rendre à Lisbonne pour tenter de vendre l’appartement de sa mère, morte l’an dernier. Tout l’intérêt du film réside dans la petite voix intérieure de Jeanne (les séquences en animation), souvent en totale contradiction avec ses réactions. Une sorte de petit fantôme, sarcastique, négatif et parfois moralisateur, contrepoint des actions souvent décousues d’une femme de plus en plus paumée, seule et fatiguée.

A Lisbonne, elle retrouve Victor (Nuno Lopes), un ancien amant et croise un certain Jean (Laurent Lafitte), ami d’enfance mais dont elle a totalement oublié l’existence. Jean, encore plus fou que Jeanne, passé par la case dépression et qui désormais vit selon une philosophie entre anarchisme débridé, farniente et vol dans les grandes surfaces. Le film prend une autre tournure quand ces deux inadaptés de la société tentent de se rapprocher. C’est beau et finalement plein d’espoir.  

jeudi 16 février 2023

Série télé - Jeunes chasseurs de fantômes dans « Lockwood & Co » sur Netflix

Réalisation anglaise destinée aux adolescents, Lockwood & Co sur Netflix propose de suivre trois jeunes chasseurs de fantômes dans Londres. 

La création télévisuelle anglaise a toujours été d’une étonnante vitalité. Confirmation ces derniers mois sur les plateformes de streaming. Périphériques, les mondes de Flynne sur Amazon, Extraordinary sur Disney + et Netflix n’est pas en reste avec Lockwood & Co, série en huit épisodes, destinée au public jeune d’après une série de romans de Jonathan Stroud (Albin Michel et Livre de Poche en France).

Dans un présent légèrement différent, du jour au lendemain, des fantômes sont arrivés en nombre dans les villes anglaises. Pour les combattre, seuls les adolescents sont efficaces. Cela a donné naissance à des agences de chasseurs de spectres, armés de chaînes, de bombes au phosphore et d’épées.

La jeune Lucy Carlyle (Ruby Stokes), très douée pour déloger les ectoplasmes, est embauchée par Lockwood (Cameron Chapman) et George (Ali Hadji-Heshmati). Un trio qui forme l’entièreté de l’agence Lockwood & Co, différentes des autres structures pas sa petitesse et surtout l’absence d’adultes pour superviser les nettoyages nocturnes des maisons hantées.

Effets spéciaux convaincants, psychologie des protagonistes très poussée mais pas trop caricaturale (Lucy est mal dans sa peau, Lockwood trop sûr de lui et George excessivement geek et prudent), la sauce prend dès le premier épisode. En huit chapitres parfaitement renouvelés, sans négliger la trame générale, Lockwood & Co est une jolie surprise de ce début d’année sur Netflix. Surprise british, encore une fois.

 

mercredi 15 février 2023

La nouvelle série britannique de Disney+ est extraordinairement impertinente

Imaginée par Emma Moran pour Disney+, la série Extraordinary se moque d'un monde où tout le monde, ou presque, a des pouvoirs de superhéros. Rires assurés aux déboires de Jen et Carrie interprétées par Máiréad Tyers et Sofia Oxenham.

Complicité explosive entre Carrie (Sofia Oxenham) et Jen (Máiréad Tyers).
Disney+ -  Natalie Seery

Si les premiers mois de Disney+ étaient exclusivement réservés aux séries pour la jeunesse (la famille par extension) et les amateurs des grandes franchises US comme Star Wars, Marvel ou National Geographic, la suite s’est révélée plus disruptive. Il manquait une offre plus adulte, pour ces jeunes trentenaires qui aiment rire ou se faire peur. La chaîne Star est venue enrichir l’offre. C’est dans ce cadre que Disney+ a marqué des points, récoltant des abonnés parmi les premiers fidèles de Netflix, un peu lassés de ne plus être surpris par les nouvelles séries, sorte de copies affadies des succès de la première heure.

Une marche importante vient d’être franchie dans l’intérêt du public décalé pour Star avec la mise en ligne de la série britannique Extraordinary. Pas de gentille souris ni d’adolescents courageux au sein d’une famille unie : tous les personnages d’Extraordinary auraient en fait leur place dans un hôpital psychiatrique fermé. Pourtant à la base, la série britannique en huit épisodes de 25 minutes créée par Emma Moran, traite d’un sujet archi-classique : les superhéros. Mais dans ce futur dystopique, tout le monde (ou presque) a un pouvoir. Il apparaît vers 18 ans environ et c’est la grande loterie. Si certains se retrouvent avec une force surhumaine, la possibilité de lire les pensées ou de voler, d’autres doivent se contenter de facultés moins utiles comme se transformer en aimant, faire venir à soi les poissons ou contraindre à son interlocuteur de dire la vérité, l’exacte vérité.

Jen, sans pouvoir à 25 ans 

C’est ce qui arrive à Jen (Máiréad Tyers) dans la première scène. Elle veut décrocher un job et répond à une femme borgne. « Comment s’est passé votre transport ? » « Mal, je suis tellement stressée que je me suis presque chiée dessus dans le bus et mon tampon est à moitié sorti… » Comme Jen, à 25 ans, n’a toujours pas de pouvoir, décrocher un job est impossible dans cette société de l’extraordinaire. Mais elle a un atout pour elle : son impertinence. Même si souvent cela lui amène plus d’inconvénients que d’avantage.

Elle vit en colocation avec Carrie (Sofia Oxenham). Employée chez un notaire, elle a le pouvoir de convoquer les défunts dans son corps et de leur céder la parole. Parfaits pour régler des différends entre héritiers.

Après un premier épisode centré sur ces pouvoirs et la société radicalement différente, la suite se concentre sur les difficultés du quotidien de ces deux copines. Jen toujours sur la brèche, Carrie conciliante mais profondément insatisfaite. Un duo d’opposés qui laisse un peu de place aux seconds rôles : Kash, le petit ami totalement immature de Carrie et Jizzlord, le chat errant recueilli par Jen.

Les gags fusent, les rires sont francs et justifiés, l’émotion se glisse parfois entre deux situations grotesques et au final, Extraordinary se révèle court, trop court. Mais avec le rebondissement des dernières secondes du dernier épisode, on sait que la suite sera savoureuse et tout aussi impertinente.

 

mardi 14 février 2023

De choses et d’autres - Le CBD, la nouvelle potion magique

Partout ! Il est partout ! Le CBD est devenu le nouveau produit miracle indispensable à une vie réussie. C’est la composante essentielle de la nouvelle potion magique si utile à nous Français, descendants des irréductibles Gaulois qui viennent d’exploser les chiffres du box-office en une journée.

Le CBD se fume dans des cigarettes électroniques sous forme de liquide, mais visiblement la molécule du cannabidiol est aussi capable de se glisser dans une multitude de produits, parfois insolites et incongrus. J’ai découvert, par exemple, un fabricant de colliers pour chiens qui propose un modèle imprégné de CBD. Le toutou ne plane pas, mais selon le mode d’emploi, cela favorise « confort articulaire et soutien de la mobilité ». Un peu de CBD, et ça repart !

Rien pour les chats qui ont déjà leur drogue officielle, la fameuse et bien nommée herbe à chat qu’ils aiment tant brouter avant de… je vous passe les détails.

Le CBD se trouve aussi sous forme de thé. Une petite tasse à 17 heures, le petit doigt en l’air, et vous voilà prêt pour affronter la soirée en toute décontraction. Pour les plus jeunes d’esprit, ne ratez pas ces bonbons en forme de petits oursons en gélatine. A éloigner de la vue des plus petits, le CBD, comme le tabac, il faut le préciser est totalement interdit aux mineurs.

J’ai gardé le meilleur pour la fin, le combo qui va tout balayer sur son passage : le vin aromatisé au CBD. Les puristes vont hurler, mais cela existe véritablement. Et ce n’est pas donné. Le Cabochard par exemple, proposé en blanc et en rouge par la maison Le Star, se monnaye à près de 15 € la bouteille. À ce prix, il faut espérer que les effets de l’ivresse et de la relaxation ne s’annulent pas.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 3 février 2023

lundi 13 février 2023

De choses et d’autres - Et à la fin…

Stupéfait. Je suis stupéfait de la réputation qui commence à coller aux basques de la France. Tout ça à cause de quelques joueurs de foot doués et chanceux.

Ma stupéfaction vient du fait que j’ai été incapable, hier, d’éviter les heures de louages dithyrambiques, sur toutes les radios, après la qualification en finale de l’équipe de Didier Deschamps. Notamment quand j’entends à plusieurs reprises des spécialistes affirmer que, désormais, la France du XXIe siècle a pris la place de l’Allemagne du foot de la fin du XXe.

Je m’en souviens parfaitement. Il y avait même une phrase sinistre pour résumer cet état de fait : « Et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne… » Malgré le beau jeu des autres équipes, le talent et la créativité, le réalisme allemand finissait toujours par l’emporter.

En France, cela nous arrangeait. Car on passait pour les gentils, les brillants qui, malheureusement, se faisaient écraser par le rouleau compresseur teuton. Chers Français, éternels seconds, mais souvent plus vertueux que les premiers. Et voilà que tout est inversé désormais. Face au Maroc, c’est la France qui était favorite. France qui a moins bien joué, selon les experts. Mais « à la fin, c’est la France qui gagne… »

Même scénario que face à l’Angleterre qui rate un penalty en fin de match. Avant, c’était le joueur français qui tapait 5 mètres au-dessus de la transversale…

Résultat, ce dimanche, l’immense majorité des centaines de millions de téléspectateurs seront pour l’Argentine de Léo Messi. Le sourire solaire de Mbappé ne suffira pas pour inverser la tendance et gagner la bataille de la sympathie. Mais qu’importe, diront les fans tricolores, du moment qu’à la fin…

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 16 décembre 2022

dimanche 12 février 2023

De choses et d’autres - Stratégies d’évitement

En décembre dernier, donc, la France se mesurait au Maroc en demi-finale de la coupe du monde de football au Qatar. A l’heure où j’ai écris ces lignes, je ne connais pas le résultat. Facile, car le match n’a pas commencé. Il fut un temps où le foot et certains sports (le rugby ou la Formule 1) m’intéressaient un peu. J’aimais l’incertitude, la surprise. Pour cela, rien ne vaut le direct.

Mais à cause de mon métier, souvent, les soirs de matches ou les dimanches après-midi, lors d’un grand prix, je travaillais. Au journal. Avec dépêches d’agences en direct et parfois télé allumée. Pour profiter de l’événement, comme en direct, je programmais le magnétoscope (on parle d’il y a une vingtaine d’années) et utilisait de nombreuses stratégies d’évitement pour ne pas connaître le score final, au moment du visionnage, quelques heures plus tard, de retour à la maison. Pas toujours facile. Mais faisable.

Par chance, je ne me passionne plus du tout pour le sport. Mieux vaut pour moi, car désormais il est plus compliqué de rester déconnecté. Samedi dernier, par exemple, pendant que près de 18 millions de personnes regardaient le match contre l’Angleterre, en direct, j’étais en train de profiter des derniers épisodes de Mercredi, la série géniale de Tim Burton, sur Netflix. Mais, à plusieurs reprises, mon téléphone a bipé. Pour donner le score à la mi-temps ou le nom des buteurs. Si j’y jette un œil, terminé le suspense.

De toute manière, à la fin, les explosions des feux d’artifices et quelques klaxons dans la rue m’ont clairement indiqué qui l’avait emporté. Alors hier, la France ou le Maroc ? Vous ne l’apprendrez pas en lisant ces lignes et en toute vraisemblance, vous le savez déjà.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 15 décembre 2022

samedi 11 février 2023

BD - Au boulot, Boulard !

En imaginant la communauté des Profs, Erroc ne se doutait sans doute pas qu’il allait créer un des personnages de BD les plus populaires chez les jeunes lecteurs. Si Boulard, le cancre absolu (pire que Ducobu, c’est dire) a tant de succès, c’est sans doute car on a tendance à beaucoup se reconnaître dans cette figure d’ado attardé, fainéant, profiteur et.. si cool.

Boulard qui s’est émancipé, a sa propre série, d’abord dessinée par Mauricet et reprise par Stédo. Boulard toujours lycéen, mais quasiment adulte. Dans le précédent recueil de gags, il tentait d’emménager avec sa copine Chloé. Un nouvel échec et au grand désespoir de sa famille, Boulard retourne vivre chez ses parents, mais sans quitter Chloé.

Ce thème de la cohabitation entre générations occupe une bonne partie de l’album, mais le cœur de ces 44 planches porte aussi, et surtout, sur les vaines tentatives de Boulard de décrocher un petit boulot pour subvenir aux besoins de sa petite famille et enfin retrouver son autonomie. D’homme sandwich à promeneur d’animaux en passant par livreur, veilleur de nuit ou boosteur de ventes, il fait montre d’un brio à toute épreuve pour être viré au bout d’une journée, voire quelques heures ou minutes dans les cas les plus dramatiques.

Humour simple, allant droit au but, sans vulgarité, compréhensible par tout le monde : Erroc est un excellent gagman sachant exploiter un sujet tout en restant original. Et la dernière planche, savoureuse, nous donne le thème du prochain album. Boulard n’est pas prêt d’arrêter de nous faire rire.

«Boulard» (tome 9), Bamboo, 11,90 €

vendredi 10 février 2023

BD - Les destins contrariés de « Monsieur Apothéoz » et de ses connaissances


Théo est persuadé qu’il est victime d’une malédiction. Son nom lui porte malheur. Théo Apothéoz, comme son père et son grand-père, ne parvient pas à trouver sa place dans notre société. Des destins brisés. Ce roman graphique écrit par Julien Frey et dessiné par Dawid est foisonnant et plein de surprises. Tout débute par l’enfance de Théo. Dans cette petite ville de province, son père, installé comme boulanger, parvient à survivre malgré un alcoolisme destructeur.

Théo, lui, est amoureux de Camille. Une jeune fille qui joue du violon. Mais après un coup du sort (la malédiction des Apothéoz…), Théo et son père déménagent vers la grande ville. C’est là qu’il vivote de petits boulots dans un appartement hérité d’une tante. Se morfondant après la perte de son amour de jeunesse.

La rencontre avec un auteur de livres en développement personnel va lui donner l’occasion de reprendre sa vie en main. Même si le destin, souvent est cruel et la malédiction contagieuse. Une histoire entraînante, des rebondissements en pagaille, des amitiés fortes, une amour puissant : Monsieur Apothéoz est le prototype du scénario très élaboré et cependant coulant de source.

Le dessin de Dawid est tout en délicatesse. Pinceau léger et couleurs délavées donnent un ton primesautier à cette BD pourtant assez sinistre par bien des sujets abordés.

«Monsieur Apothéoz», Vents d’Ouest, 19 €


jeudi 9 février 2023

BD - Mascarade US dans « New Hope » de Cee Cee Mia et Jalo chez Dupuis

Bien qu’habitant à Carcassonne depuis de longues années, Cee Cee Mia, scénariste de plus en plus productive dans le milieu de la BD, aime situer ses histoires aux USA. Il est vrai qu’elle connaît bien l’Amérique pour y a voir vécu et travaillé quelques années dans sa jeunesse.

Sans surprise donc, sa nouvelle série pour adolescents, se déroule sur un campus et aborde le cas assez incongru pour les lecteurs francophones des fraternités secrètes, heureusement popularisées par quantité de série télé destinées aux adolescents. Isabella, l’héroïne de New Hope, série dessinée par l’Espagnol Jalo, n’a pas une vie très satisfaisante. Elle vit avec sa mère et son frère. Un frère placé sur un piédestal, le meilleur, le seul qui trouve grâce aux yeux de sa maman qui se sacrifie pour son confort.

Alors qu’il doit intégrer l’université, il tombe gravement malade. Un traitement expérimental de l’hôpital de New Hope pourrait le sauver. Mais difficile d’intégrer le groupe test. Ce serait plus simple si la demande venait de la fraternité Epsilon qui règne sur le campus de la ville. Le directeur de l’hôpital est un ancien qui ne peut rien refuser aux nouveaux membres. Alors Isabella va se faire passer pour un garçon et intégrer Epsilon pour obtenir le sésame.

Le premier tome de cette BD, long de plus de 110 pages, plante le décor et dresse le portrait des différents protagonistes. Isabella et son double masculin, la meilleure amie de cette dernière, le chef d’Epsilon, violent et macho, la mafia qui gravite autour et les politiciens corrompus. Dans un monde assez peu reluisant, Isabella devra avoir une incroyable volonté pour ne pas perdre son humanité.

«New Hope» (tome 1), Dupuis, 14,90 €

mercredi 8 février 2023

BD - Les filles hors normes du monde de Daniel Clowes

Considéré comme un des auteurs underground américain le plus marquant de sa génération, Daniel Clowes bénéficie d’une réédition de quasiment toute sa production dans une collection qui lui est entièrement dédiée. Sous le titre générique de « La bibliothèque de Daniel Clowes », les lecteurs d’aujourd’hui pourront redécouvrir des œuvres des années parues ces dernières 30 années.

On ne peut que vous conseiller de débuter avec ce Ghost World publié initialement entre les années 1993 et 1997 aux USA. Des récits complets qui donnent une bonne idée de la mentalité d’une certaine jeunesse hors normes. 

Enid et Rebecca sont deux jeunes filles qui se posent beaucoup de questions. Elles sont toujours au lycée, envisagent vaguement de rejoindre l’université, vivent au jour le jour, entre sorties dans des librairies branchées, repas dans des restaurants atypiques et soirées passées à discuter de leurs envies de faire l’amour pour la première fois.

Enid, brune, rebelle et un peu punk, toujours dans la provocation et l’exagération. Rebecca, blonde comme les blés, discrète, suiveuse, peu sûre d’elle. Leurs dialogues sont édifiants pour cerner les tourments dans lesquels elles se débattent au quotidien. Mais cette BD de 80 pages vaut aussi pour les rencontres qu’elles font dans les rues de leur petite ville. Un couple de supposés satanistes, un néo nazi qui tente de faire la promotion de la pédophilie, un médium extralucide ou cette amie d’enfance qui tente de devenir comédienne mais qui se contente, pour l’instant, de petits rôles dans les clips de propagande d’un candidat républicain.

Une Amérique hors normes, dans toute sa diversité et sa folie. Le monde de Daniel Clowes.

«Ghost World», Delcourt, 18,95 €.

mardi 7 février 2023

De choses et d’autres - Février au sec

Pourquoi faire comme tout le monde quand on a la possibilité de choisir en pleine conscience ? Même si des millions de Français ont arpenté les rues mardi pour réclamer l’abandon du projet de réforme des retraites, qui vous empêche de manifester, aujourd’hui, jeudi et de faire grève, demain, vendredi ?

Dans le même ordre d’idée, je suis toujours réticent à participer aux actions décrétées nationalement, voire au niveau de la planète parfois. Pas envie d’être dans le mouvement, tel un mouton suivant le troupeau. Voilà pourquoi, mardi, dernier jour de l’opération Dry January, j’ai largement arrosé mon repas du soir de différentes boissons alcoolisées. Je peux me le permettre, car en décembre, j’ai peu abusé.

Santé !

Et depuis hier, mercredi 1er février, je me suis lancé dans mon très personnel Dry February. Pas une goutte d’alcool durant un mois. Notez au passage l’astuce consistant à choisir le mois le plus court pour prendre ces bonnes résolutions qui demandent quand même de gros efforts et une bonne dose d’abnégation.

De même, portant habituellement barbe et moustache, j’ai failli tout raser le 1er novembre, début du Movember. Je dois encore remercier mon épouse qui m’en a dissuadé au dernier moment : d’après elle, et j’ai tendance à la croire, cela me vieillit de 10 ans. Une opération réservée aux hommes puisqu’il s’agit de se laisser pousser la moustache et récolter des fonds pour vaincre des maladies particulières, cancer de la prostate par exemple.

Et pour couronner ma volonté d’aller à contre-courant, je me prépare à fêter Noël le 1er mai et défiler en faveur des travailleurs le 25 décembre. Sauf si ma femme, toujours vigilante, obtient de me faire interner avant.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 2 février 2023

lundi 6 février 2023

De choses et d’autres - Exosquelette au boulot

Je parle souvent, ici, de conquête de l’espace, de réalité virtuelle, d’avancées technologiques en développement et même, parfois, d’exosquelettes. Mais au moins, je précise que ce ne sont que des possibilités, si la recherche et le progrès continuent sur leurs lancées.

D’autres ont moins de scrupules. Comme François Patriat, ancien élu socialiste, rallié à la Macronie. Il a justifié, sur un plateau télé, le recul, jusqu’à 65 ans, de l’âge légal de la retraite par l’utilisation d’exosquelette. Selon cet élu de profession (il a une formation de vétérinaire, mais siège à l’Assemblée nationale ou au Sénat, depuis la vague rose issue de l’élection de François Mitterrand, en 1981), les métiers sont moins physiques, désormais, car, par exemple, les couvreurs, les maçons ou les déménageurs, bénéficient du renfort d’un exosquelette.


Cette machine, que l’on porte, comme un costume, décuple les forces. Il y en a dans les films de science-fiction. Mais le plus souvent, pour des militaires, rarement pour les travailleurs.

J’en ai la preuve visuelle depuis deux jours. Un artisan refait la terrasse de la maison. Étonnamment, il n’a pas d’exosquelette. Il casse le vieux carrelage à la pioche, descend les gravats dans un seau, à la main, et monte le ciment à la pelle. Mais pour François Patriat, les exosquelettes semblent aussi accessibles que des préservatifs pour les jeunes Français de moins de 25 ans ou les sacs de billets de banque pour les députés européens.

Bref, ce représentant du peuple, avant de sortir des énormités, en public, devrait un peu plus aller voir comment cela se passe sur les chantiers. Et peut-être réviser son avis sur l’âge de la retraite et la pénibilité de certains métiers.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 14 décembre 2022

dimanche 5 février 2023

De choses et d’autres - Snoopy, chien lunaire

25 jours dans l’espace, un petit tour derrière la Lune, une escapade à un demi-million de miles de la Terre (record battu), puis retour dans notre atmosphère lundi soir : la première mission d’Artemis de la Nasa est une éclatante réussite.

Ce vol n’était pas habité. Ou du moins, il n’y avait pas d’astronaute en chair et en os. Mais, comme les Russes qui avaient testé leur premier lanceur avec une chienne à l’intérieur (la brave Laïka, sacrifiée sur l’autel de la science spatiale), les Américains ont placé un chien dans Artemis.

NASA

Que les amis des animaux se rassurent, le chien n’était pas vivant, juste une peluche du célèbre Snoopy. Dans une mini-combinaison, identique à celle des futurs membres d’équipage d’Artémis, Snoopy était dans la cabine, comme testeur d’apesanteur.

Les caméras l’ont enregistré, en train de flotter, durant tout le trajet. Le célèbre beagle, qui avait tendance à se prendre pour un pilote de chasse de la première guerre mondiale, sur le toit de sa niche, n’est pas un néophyte spatial.

D’autres peluches Snoopy ont déjà séjourné dans la station spatiale. Mais cette fois, il était seul aux « commandes » et tous les honneurs lui reviennent. Même si, en réalité, il n’était pas tout à fait seul dans la capsule Orion : quatre figurines Lego étaient aussi dans les soutes.

Mais là, il s’agit clairement d’une opération commerciale, pour promouvoir les nouvelles boîtes de jeu de construction de la base de lancement d’Artemis. Un cadeau pour les plus jeunes, qui pourrait susciter des vocations. Si ça se trouve, dans 25 ans, un des bénéficiaires de ce jouet s’envolera véritablement à bord d’Artemis, version 4, pour vivre une paire d’années sur la Lune avant de partir coloniser Mars.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 13 décembre 2022

samedi 4 février 2023

De choses et d’autres - Combien de cui-cui ?

Si les abeilles disparaissent de la planète, toutes les autres vies se retrouveraient en sursis. Sans abeilles, plus de fruits. Sans fruits, 75 % de la faune mondiale se retrouve affamée. Notamment les oiseaux. Des espèces déjà en danger, selon les comptages réalisés ces dernières années, en France.

Combien de cui-cui reste-t-il dans notre beau pays ? Pour y répondre, tous les possesseurs d’un jardin étaient appelés, ce week-end, à compter les volatiles y vivant. Je n’ai pas de jardin, mais j’avais quand même la chance d’offrir un beau refuge pour certains passereaux de nos villages.


Pas de jardin donc, juste une petite cour bétonnée, mais agrémentée d’un petit carré de terre dans lequel j’ai planté un bougainvillier. En quatre ans, bien protégé du nord, exposé au sud, le plan de 15 cm a proliféré. Des dizaines de branches qui montent jusqu’au niveau de la terrasse, offrant un enchevêtrement parfait pour permettre à des dizaines de moineaux de se protéger en hiver, se chamailler au printemps, se rafraîchir en été.

Mais en raison de travaux sur la terrasse, les artisans ont dû couper les hautes branches du bougainvillier. Plus de moineaux à observer du salon.

Reste les pigeons. Les fameux pigeons que le voisin tente infructueusement de chasser de son hangar agricole ouvert. Son installation qui diffuse à longueur de journée l’enregistrement de cris de geais apeurés et de rapaces en chasse n’a plus aucun effet sur les indésirables ramiers. Ils squattent de nouveau le bâtiment, sourds à ces messages.

Par contre, de notre côté, la bande-son qui revient incessamment a tendance à nous rendre fous dès qu’on ouvre les fenêtres pour profiter des quelques rayons de soleil hivernal.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 1er février 2023

vendredi 3 février 2023

De choses et d’autres - Cachez ce slogan

Vendredi dernier, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, était à Nice pour présenter différentes réalisations autour de la sécurité dans la ville de Christian Estrosi. Au menu, la visite du futur hôtel des polices. Or ce bâtiment se trouve face à une librairie militante pour les droits des femmes, Les Parleuses. Les propriétaires ont donc installé, la veille de la visite, des slogans collés sur les vitrines. Juste des revendications déjà vues et entendues dans les manifs féministes comme « Qui sème l’impunité récolte la colère », ou « Violeurs on vous voit, victimes on vous croit ».

 

Des slogans cachés par une toile noire.

Capture écran Twitter


Mais la veille, deux policiers en civil sont arrivés et ont enlevé avec l’aide d’une dizaine de CRS les slogans collés à l’extérieur. Et pour ceux de l’intérieur, les forces de l’ordre se sont improvisés charpentiers. Ils ont placé un cadre en bois devant les vitrines, recouvert d’une toile noire et opaque. CRS qui sont restés en faction toute la matinée pour empêcher tout enlèvement du dispositif. C’est bien connu dans le monde des autruches : ce qui ne se voit pas n’existe pas…

Le ministre a donc pu déambuler dans la rue, serein, sans avoir l’impression d’être visé directement par ces messages. Les Parleuses ont crié à la censure. Gérald Darmanin n’a fait aucune allusion à l’affaire durant sa visite. Il n’était peut-être même pas au courant. Car trop souvent, ce sont des subalternes qui prennent les mauvaises décisions pour plaire à leurs chefs.

Reste que la liberté d’expression, mise à mal dans certains pays totalitaires (Iran, Qatar, Cuba), a aussi quelques progrès à faire dans notre pays, inventeur des droits de l’Homme, mais à la traîne en ce qui concerne ceux des femmes.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 12 décembre 2022

jeudi 2 février 2023

De choses et d’autres - Start-up en latex

Quand un «urgent», sur mon téléphone portable m’apprend qu’Emmanuel Macron a décidé de la gratuité des préservatifs pour les 18 - 25 ans à partir du 1er janvier prochain, j’abandonne illico presto mes réflexions assez peu fécondes sur la coupe du monde de foot, les illuminations de Noël ou le second tour chez les Républicains…

Les capotes gratos pour les petits jeunes, en voilà une nouvelle qui suscite forcément sourires en coin et allusions rigolotes. « Mais ne fais pas dans le graveleux » me sermonne, à l’avance, mon épouse qui connaît ma propension à rendre hommage à Frédéric Dard et ses personnages légendaires que sont San-Antonio et Bérurier.


Le problème, c’est que sur des sujets de cet ordre, si l’on se réfrène sur la vanne, si on reste dans l’autocensure et le politiquement correct, il ne reste plus grand-chose à dire. Ironiser sur le coût limité de la mesure pour les budgets de l’État : rares sont les jeunes qui osent acheter des préservatifs, cela a donné quantité de scènes, au cinéma, pour illustrer le summum de la gêne.

Ou se dire que, malgré ses 60 ans révolus, on peut tenter de faire croire au pharmacien qu’on n’en a que 24 et 11 mois et que « oui monsieur, moi aussi j’ai le droit à la capote gratuite ! »

Mais si j’étais véritablement inspiré, je me lancerais dans la rédaction d’un roman social racontant comment un certain Kevin, sans le sou ni avenir professionnel et tout juste majeur, s’est retrouvé à la tête d’une fortune colossale après avoir bénéficié des capotes à 0 euro, revendues un bon prix sur LeBonCoin durant sept ans.

Preuve que la start-up nation prônée par le président Macron a encore de beaux jours devant elle si elle est en latex.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 9 décembre 2022

mercredi 1 février 2023

Cinéma - “Aftersun” et vacances familiales

Film sensible et délicat sur les relations père-fille, Aftersun de Charlotte Wells, à l'affiche à partir de ce mercredi 1er février au cinéma, prend aux tripes. Les vacances familiales finissent mal, en général...

Premier film de Charlotte Wells, Aftersun a beaucoup été nourri des souvenirs de sa relation avec son père. Un film intimiste et universel, sur l’amour entre un père et son enfant. Un récit bouleversant dans son côté inéluctable. Car malgré le soleil, la piscine et les excursions, on devine en filigrane la catastrophe annoncée. Aftersun fait partie de ces réalisations qui prennent aux tripes, tragédie contemporaine des familles éclatées, brisées.

Entre images tremblantes de vacances, tournées par Sophie (Frankie Corio), 11 ans, et exercices de tai chi de Calum (Paul Mescal), le père, le début d’Aftersun est presque bucolique et relaxant. Père et fille arrivent en Turquie pour une semaine de détente et de farniente dans ces hôtels pour touristes étrangers, un peu coupés du monde, parfaits pour oublier  la vie trépidante des grandes métropoles. Mais quand certaines familles sont au complet, la cellule familiale de Calum est réduite à sa plus simple expression : lui et sa fille unique. On comprend qu’il est séparé de la mère, qu’il n’a pas la garde et que cette semaine est peut-être le temps le plus long au cours duquel il peut vivre près de Sophie.

Fraîcheur contre introspection 

Ils doivent donc dans un premier temps se rapprivoiser, trouver la bonne distance, les petits riens qui façonnent la complicité étiolée avec le temps. Avec une simplicité déconcertante d’efficacité, Charlotte Wells raconte ces vacances. Comment Sophie découvre les mystères de l’amour (premier baiser, sortie tardive avec des grands de 16 ans), abandonne ses habits d’enfance, est tentée par les choses plus adultes. À l’inverse, Callum voudrait que Sophie reste la petite fille qu’il peut protéger et entraîner dans des bêtises hilarantes. Mais le temps passe, les mentalités changent et Callum, de plus en plus perdu, perdant pied dans ce rôle de père endossé à de trop rares occasions, semble sombrer.

On soulignera les prestations parfaites des deux comédiens. La fraîcheur de Frankie Corio et l’introspection de Paul Mescal. Sans oublier les propositions souvent décalées mais toujours pertinentes de la réalisatrice Charlotte Wells qui, pour son premier film, a remporté le grand prix au dernier festival du cinéma américain de Deauville.

Film de Charlotte Wells avec Paul Mescal, Frankie Corio, Celia Rowlson-Hall