dimanche 5 février 2023

Polar - Une nonne détective au Mexique

Les détectives amateurs se recrutent dans tous les milieux. Oscar de Muriel, romancier mexicain, place la barre assez haut en imaginant les enquêtes menées par Sœur Juana. Une nonne, ayant véritablement vécu au Mexique, cloîtrée dans un couvent dans le Mexico du XVIIe siècle. Le premier de ces mystères à résoudre s’intitule Mort au couvent et se déroule presque exclusivement dans ce couvent de San Jeronimo de sinistre mémoire. Un polar historique très dépaysant, édifiant sur les mœurs de l’époque avec des figures féminines très différentes mais avec un point commun : la volonté de s’affirmer et d’acquérir un semblant de liberté dans un monde outrageusement dominé par les hommes. 

Avant de découvrir ce qui se passe entre les murs du couvent, l’auteur présente longuement les deux autres protagonistes de la série : Alina, jeune fille de bonne famille et Matea, sa domestique d’origine indigène. La première est un poids pour sa grand-mère. Poids financier. Pour la marier, elle devrait débourser une grosse dot. La vieille radine préfère donc la placer dans ce couvent, grosses économies en vue. Pour Alina c’est un cauchemar. Car elle va perdre sa liberté, ne plus avoir accès à ses livres et être séparée de son frère bien-aimé. 

 Pourtant, une fois arrivée à San Jeronimo, elle révise son jugement en découvrant l’intelligence et l’ouverture d’esprit de la nonne poétesse Sœur Juana. Cette dernière va prendre Alina sous sa protection et la transformer en adjointe d’une rare efficacité pour résoudre les crimes commis à l’intérieur du couvent.

 Éviscérée dans l’église

Une sœur a été découverte assassinée sur l’autel de la chapelle par Matéa  : « il régnait dans l’église la même odeur que dans les abattoirs de l’hacienda. Sur le maître-autel, éclairé par deux cierges, Sœur Filipa gisait toujours, cerclée d’une immonde flaque qui avait imbibé ses vêtements. […] On avait découpé le torse de la religieuse comme celui d’une bête, déchirant ses habits, sa peau et sa chair d’un seul tenant. Cette tranchée couverte de sang coagulé lui donnerait des cauchemars jusqu’à la fin de ses jours. » 

Qui a tué la sœur ? Est-ce le même tueur qui, un an auparavant, a trucidé une domestique ? Sœur Juana enquête discrètement, avec la menace d’être repérée par les inquisiteurs et conduite sur le bûcher. En toute discrétion, elle va chercher des indices, sollicitant la vivacité d’esprit d’Alina et la curiosité de Matéa pour dénouer l’affaire. Le tout sans perturber la vie réglée des nonnes car « dans le grand cloître, la vie conventuelle suivait son cours avec un stoïcisme inouï. 

Personne n’aurait soupçonné qu’à peine deux jours auparavant une religieuse avait été assassinée à cet endroit. Peut-être était-ce là le secret de la longévité des ordres ecclésiastiques ? »Une première enquête rondement menée par les trois détectives mexicaines avant de nouvelles aventures, toujours dans ce Mexique où la puissance colonisatrice impose sa civilisation à des indigènes ramenés au simple statut d’esclaves. A nom de la reine… et de Dieu.

« Mort au couvent » d’Oscar de Muriel, Presses de la Cité, 16,90 €


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