Pour relancer une série un peu essoufflée, il suffit parfois de peu de choses. Dans le cas d’Alix, créé par Jacques Martin et repris par quantité d’auteurs qui ont avant tout essayé de copier le maître sans amener beaucoup de changement, il aura suffi de demander à une femme scénariste de s’approprier ce monde de référence dans la BD historique pour dynamiter et relancer la franchise. Valérie Mangin arrive donc en sauveuse en imaginant, en premier lieu, un Alix plus âgé, devenu sénateur. Une série parallèle dessinée par Thierry Démarez. Le succès aidant, Casterman la sollicite pour plonger dans la série initiale, celle où Alix et Enak, jeunes et fougueux, sillonnent l’empire romain pour vivre des aventures édifiantes.
Après le tome 40, l’œil du minotaure, Valérie Mangin signe le tome 41, La reine des Amazones, toujours avec Chrys Millien au dessin. Une femme au scénario et des femmes dans l’action.
Alix et Enak, en visite chez un ami à Thessalonique dans la province de Macédoine, découvrent la légende des Amazones. Ces femmes guerrières, indépendantes, fières et intransigeantes, résistent à la domination romaine. Délia, la plus forte de toutes, s’est proclamée reine des Amazones et entretient une petite armée qui veut se mesurer aux soldats de Rome. Folklore ou véritable volonté d’indépendance ? Alix ne peut que comprendre ces femmes, souvent exploitées par les hommes, notamment les colons envoyés par César. Mais quand des femmes sont enlevées voire assassinée en pleine nuit dans Thessalonique, la situation change. Qui sont véritablement ces Amazones ? Alix, bien malgré lui, devra affronter ces femmes déterminées, même s’il n’est pas véritablement du bon côté de l’histoire.
L’émergence du féminisme dans un univers outrageusement masculin (et de plus en plus homosexuel, ce qui n’était que suggéré à l’époque de Martin semble beaucoup plus explicite dans la reprise de Valérie Mangin), donne un petit air d’actualité à des albums mêlant habilement réalité historique et récit progressiste.
« Alix, la reine des Amazones » (tome 41), Casterman, 12,50 €
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