Titre énigmatique, Puisqu’il faut des hommes, pour un album de BD inclassable abordant un sujet souvent tabou dans la création française : la guerre d’Algérie. Dans une campagne française au début des années 60, un homme revient au pays. Joseph, après deux années en Algérie est démobilisé. Il est accueilli avec chaleur par sa mère, beaucoup moins par son père et son frère. Ils lui reprochent d’avoir abandonné la ferme. Surtout d’avoir passé ces longs mois planqué, loin des combats. Le frère a encore plus de ressentiment contre Joseph. Lui qui normalement allait devenir cycliste professionnel, a dû abandonner ses projets pour aider le père aux travaux de saison. Double punition car un accident de tracteur lui a brisé la colonne vertébrale. Privé de vélo, cloué dans un fauteuil et inutile dans les champs.
Pour rendre ce retour encore plus dépressogène, les auteurs, Philippe Pelaez et Victor L. Pinel, ajoutent à la peine de Joseph une histoire d’amour qui finit mal. Sa fiancée n’a pas répondu à ses lettres. Elle va se marier avec le fils du boucher du village… Cet accueil glacial rend Joseph encore plus taciturne. Car on devine que ce qu’il a vécu en Algérie est plus compliqué que l’histoire banale du planqué. Toute guerre, même quand elle n’en porte pas le nom, laisse des traces indélébiles chez ses participants. Ce récit implacable risque de remuer certains souvenirs parmi les appelés de l’époque.
« Puisqu’il faut des hommes », Bamboo Grand Angle, 15,90 €
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