Didier Tronchet, avant d’être le créateur à succès de Jean-Claude Tergal, héros de BD qui restera dans les annales comme un des plus débile et donc marrant des personnages de papier, a fait dans le journalisme. Il sait donc ce que c’est que d’enquêter pour découvrir la vérité. Ou retrouver des personnes disparues. Son dernier album paru, « Le chanteur perdu », se lit comme une enquête journalistique sur la disparition d’un interprète pourtant prometteur. Mais Tronchet, qui est déjà passé derrière la caméra pour réaliser un film, a voulu aller un peu plus loin dans cette démarche et propose en plus de l’album classique de 160 pages paru aux éditions Dupuis dans la collection Aire Libre, des compléments sur son site internet.
Compléments audio
Sur Tronchet.com vous pourrez en plus découvrir avec vos oreilles après avoir fait fonctionné vos yeux le seul et unique album du chanteur perdu sorti au début des années 70, l’enregistrement de son dernier concert à la Réunion et bonus exceptionnel les maquettes de nouvelles chansons, enregistrées avec les moyens du bord, sur une petite île de l’Océan indien, sur un ponton. De plus, Tronchet a transformé le scénario de sa BD en véritable roman, téléchargeable sous forme de PDF sur son site, toujours dans l’onglet « Le chanteur perdu ».
Mais à la base, donc, c’est une BD. Un roman graphique mêlant fiction et réalité. Tronchet s’est appuyé sur ses propres recherches sur le destin de Jean-Claude Rémy, chanteur à texte, disparu de la circulation après un seul et unique album de 13 chansons. L’auteur devient Jean, Bibliothécaire victime d’un burn-out. Il décide de se délecter de tout l’inutile (télévision, livres, revues) pour tenter de retrouver l’envie. Et bizarrement, ce qu’il en ressort, c’est qu’il est de plus en plus obsédé par les chansons d’un certain Rémy Bé, chanteur découvert quand il était à la fac, jeune lettré révolutionnaire, grâce à un voisin étudiant en gestion. Les textes de ces chansons l’obsèdent. Il décide de le retrouver.
Seul indice : sur la pochette, le jeune chanteur aux yeux bridés, pose devant le viaduc de Morlaix. Le viaduc des suicidés. Il part donc à Morlaix, sans but précis, sans le moindre indice. Il a un mois de maladie, un mois au cours duquel il entend retrouver le chanteur perdu.
Comme souvent dans ses œuvres plus sérieuses, Tronchet met beaucoup de lui-même dans cette histoire de quête un peu folle. Folle mais pas impossible pour ce vernis des indices. Un mot dans une chanson lui permet de découvrir quel était le métier du chanteur avant ses débuts sur scène. Une exploration du passé qui va le conduire jusqu’à la sœur de Rémy Bé et finalement son fils qui lui révélera enfin où il s’était retiré. La seconde partie de l’album se déroule donc sur cette minuscule île paradisiaque au large de Madagascar, entre un Jean incognito en vacances dans un des bungalows de la pension du chanteur oublié.
Beaucoup d’émotion dans cette histoire, sur la difficulté d’oublier ses idoles ou de tourner la page. Mais comme c’est Tronchet qui est aux manettes, cela reste vif et intelligent. Une expérience de vie inoubliable à prolonger avec le dossier en fin d’album et surtout ces chansons, anciennes et actuelles de ce chanteur perdu.
« Le chanteur perdu » de Didier Tronchet, Dupuis, 23 € (disponible en numérique). Suppléments gratuits sur le site tronchet.com
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