Depuis le 11 mai, la France est coupée en deux. D’un côté les déconfinés cools qui vivent dans la partie ouest du pays, celle qui est en vert sur la carte présentée par le ministère de la Santé. Et de l’autre les déconfinés stricts, vivant à l’Est, où le rouge domine. Deux couleurs, le vert et le rouge, une frontière nette mais fluctuante : il n’en fallait pas plus pour que me reviennent en mémoire les Tristus et les Rigolus, une bande dessinée qui m’a bien fait rire dans mon enfance. Signée Jean Cézard, publiée dans Pif Gadget, la BD mettait aux prises deux peuples que tout opposait. D’un côté les Tristus, « verts, bêtes et tristes » et de l’autre les Rigolus « rouges, malins et rigolos ». On retrouve un peu la configuration de notre pays d’après-confinement, à une différence près : l’inversion des couleurs. Aujourd’hui c’est en zone verte que l’on rigole le plus. Chez les rouges, c’est un peu la soupe à la grimace. Même si les différences ne sont pas criantes, il y a quand même plus d’avantages à vivre chez les Verts que chez les Rouges. L’autre analogie entre notre situation et la BD, consiste à la possibilité de devenir Tristus quand on est Rigolus ou l’inverse. Dès que le Tristus est sensible à un jeu de mots idiot, ses vêtements deviennent rouges et il se met à rigoler frénétiquement.
À l’inverse, un Rigolus malheureux vire au vert et tire la tronche. Plutôt que des tests, les chercheurs devraient mettre au point un produit pour montrer si l’on est infecté ou pas. Dès qu’on a le virus, on passe au rouge (autant rester dans le code couleur du début) et on ne redevient normal qu’une fois guéri. Dans ce cas, vous verrez, la distanciation sociale sera beaucoup plus facile à faire respecter.
Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 21 mai.
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