mardi 26 mai 2020

De choses et d’autres - Réouverture fatale



Si l’on a assisté à la réouverture des plages depuis le déconfinement, par contre les bars et restaurants eux n’ont pas rouvert. Et il n’y a pas que ce type d’établissement qui est dans l’impossibilité de rouvrir. Interdiction aux cinémas de rouvrir, les grands musées ne rouvrent pas non plus. Si vous trouvez que je fais beaucoup de répétitions dans le début de cette chronique c’est pour mieux faire comprendre à tout un chacun qu’il ne faut pas dire ni écrire « réouvrir » mais « rouvrir ». 

Cette faute de français, qui depuis quelques décennies écorche mes oreilles, est encore plus virulente et contagieuse que le covid-19 depuis le déconfinement. Car comme tout était fermé, depuis le 11 mai, tout rouvre. Exactement, si l’on en croit les déclarations d’éminents spécialistes des différents secteurs concernés, « tout réouvre ». 

Vous pensez que je pinaille ? Un peu, j’admets, mais ce « réouvre » ne passe plus depuis que jeune étudiant en journalisme, fier d’avoir décroché un stage d’été dans un grand quotidien régional de la région, j’avais titré un de mes premiers papiers : « Le centre aéré réouvre ses portes ». Fort heureusement, une correctrice a remis le verbe comme il fallait, mais le lendemain, le rédacteur en chef de service qui avait reçu l’original sur son bureau m’a passé un sacré savon, expliquant la différence entre réouverture et rouvrir. 

Donc depuis, à deux ou trois reprises chaque année, je relevais la faute dans la bouche d’un confrère ou d’un interviewé. Jusqu’au 11 mai. À partir de ce moment, j’avoue, la déferlante de « réouvre » a eu tendance à me mettre hors de moi. J’en serais presque à espérer un reconfinement pour bannir définitivement ce verbe de l’actualité. 

Chronique parue le 25 mai en dernière page de l'Indépendant. 

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