lundi 31 août 2009

Roman - Papou trip dans « Le cannibale et les termites »

Enlevés par des Papous révolutionnaires, un groupe de touristes occidentaux va vivre l'enfer dans la jungle de Nouvelle-Guinée.


Roman dense, riche en personnages et en émotions, « Le cannibale et les termites » de Stéphane Dovert fait partie des bonnes surprises de la rentrée littéraire française. Un texte très éloigné de la platitude ambiante, nombrilique et bien pensante. Il se rapproche plus d'un roman américain, avec du souffle, des idées et des situations exceptionnelles mais tout à fait plausibles.

L'auteur débute par un tour d'horizon des personnages principaux. Des gens normaux qui vont se retrouver par hasard au mauvais endroit au mauvais moment. Des touristes, partis en excursion pour une journée dans la forêt de Papouasie occidentale, région rattachée à l'Indonésie. Il y a Ludivine, l'enseignante idéaliste, rejetant le système éducatif classique, mais bien incapable de trouver une alternative efficace. Aymeric, l'ingénieur agronome, spécialiste de la noix de cajou, profitant de sa situation professionnelle pour voyager et collectionner les conquêtes : « Depuis près de trente ans, Aymeric n'avait cessé de courir le monde en chasseur qui, aux trophées des gazelles africaines, veut ajouter à son mur celui de l'Ariane du Pérou et de la tigresse du Bengale ». Aymeric qui aimerait bien conclure avec Ludivine...

Énigmatique Peter

Vanessa et Fabien forment un couple au bord de l'implosion. Elle, jeune cadre dynamique, étouffe dans la petite ville de Melun. Lui, au chômage depuis peu de temps, est passionné par les avions. C'est lui qui a eu l'idée de ce voyage en Papouasie. Enfin il y a Peter. Le seul américain du groupe. Ce millionnaire, héritier de l'empire forgé par son grand-père (des restaurants spécialisés dans le poulet grillé), est accompagné de Jalizar, jeune Indonésien, son amant. Peter insaisissable et peu communicatif, « lorsqu'il parlait, sa bouche était comme disloquée. La commissure de ses lèvres se lançait dans un ballet antagoniste. Lorsque la partie gauche se relevait, la droite s'affaissait automatiquement ; comme s'il ne pouvait jamais vraiment choisir un sentiment. L'apparence était néanmoins trompeuse. Il était en permanence submergé par ses sentiments. » Pour compléter vous rajoutez une veuve retraitée, Monique et un guide, Leonardus.

Envahissante forêt

La balade en pirogue se déroule sans problème. En fin d'après-midi, petite escale pour siroter un verre. C'est là que le groupe tombe sur une demi-douzaine de Papous indépendantistes. « Ils portaient tous une arme en évidence, arc, machette ou fusil. Le plus âgé était affublé d'un vieux revolver et une immense canine de cochon lui traversait le nez. » Les Papous trouvent des arguments pour obliger le groupe d'occidentaux à les suivre. Commence alors un long périple dans la forêt, hostile et agressive. Une marche forcée qui va durer plusieurs semaines, modifiant sensiblement la perception du monde de ces hommes et femmes n'ayant jamais vécu que dans le confort et la sécurité.

On apprécie spécialement les descriptions de cet univers vert, humide et sans fin. Les escales dans certains villages sont riches en découvertes. Mais les touristes restent avant tout des otages que les militaires indonésiens ont bien l'intention de libérer. Coûte que coûte... On ressort complètement moite de ce roman allant crescendo dans la violence : un effet conjugué de la forêt humide et du machiavélisme des humains.

« Le cannibale et les termites », Stéphane Dovert, Métailié, 17 € 

dimanche 30 août 2009

BD - Les affres de Petite Nature


A quoi ressemble la vie d'un dessinateur de BD ? Votre curiosité sera en partie soulagée en lisant les aventures de Petite Nature. Ces histoires courtes prétendent mettre en scène des événements marquants de la vie de Chauzy, le dessinateur. Il réalise ces histoires complètes avec la complicité de Barrois, au scénario. 

C'est déjà le troisième tome et on rit toujours autant aux déboires de ce grand échalas n'ayant pas son pareil pour se mettre dans des situations abracadabrantesques. Par exemple, quand il accepte d'accompagner un de ses fils, ado période rebelle, dans un cours d'éducation sexuelle, il a le malheur d'être désigné volontaire pour simuler un cunnilingus sur un sexe féminin en plastique mais vibrant. Cela part en vrille et il devient la risée de l'assistance, au grand désespoir de son fils... Des enfants omniprésents dans ce recueil. Ce sont eux qui ont eu l'idée d'inscrire leur père, séparé et solitaire, à une émission de relooking. 

Le dessinateur urbain va devoir se transformer en une sorte de bucheron rustre pour le plus grand plaisir des présentateurs, des folles excentriques et branchées. Le héros rencontre également dans ces pages une famille du Nord, des femmes aux cuisses monumentales, des films japonais pas très nets et des lecteurs en dédicace. 

Autant de situations se transformant en véritables catastrophes pour le plus grand plaisir des lecteurs qui rient aux malheurs de Chauzy tout en admirant ses dessins, petits bijoux caricaturaux en couleurs directes.

« Petite Nature » (tome 3), Fluide Glacial, 12,95 € 

samedi 29 août 2009

BD - Les dieux du Mont Saint-Michel


Ce gros album de près de 100 pages se déroule presque exclusivement au Mont Saint-Michel, en 1508. La construction de l'abbaye est arrêtée car le moine chargé des travaux est mort dans un accident. Le sauveur pourrait être le frère Tiburce de Trévezel. 

Il sort de sa retraite pour mettre sa science au service des bâtisseurs. Rapidement le chantier reprend, mais ce ténébreux religieux semble plus intéressé par les archives du Mont que par les travaux. En fait, sous la défroque du moine se cache un druide à la recherche du trésor de l'ancienne religion, celle qui honorait Lug, Tanaris et autres dieux des contrées celtes. 

Le scénario, écrit par Armand Guérin, est illustré par Fabien Lacaf. Ce dessinateur s'était fait un peu rare dans la BD ces dernières années. Il a en effet réalisé de nombreux story-boards pour le cinéma. On retrouve cette science du cadrage dans des planches très dynamiques qui mettent en valeur ce décor exceptionnel qu'est le Mont Saint-Michel. Mélangeant quête du trésor et guerre de religions, cet album de BD devrait passionner les amateurs d'Histoire et donner envie d'aller découvrir ce monument extraordinaire.

« Les flammes de l'Archange », Glénat, 14,99 € 

vendredi 28 août 2009

Bd - "Inversion" et vies parallèles


Schizophrénie mon amour ! Tel pourrait être le résumé de cette nouvelle série où on retrouve, ce n'est pas une surprise, Makyo au scénario et Jerry au dessin. Makyo s'est fait une spécialité des mondes parallèles. Souvent ses histoires fonctionnent sur la confrontation entre un événement fantastique, merveilleux et une vie simple et cartésienne. 

Jehn Zalko est écrivain. Insomniaque, il tente de profiter de ces nuits blanches pour avancer sur son roman. Mais c'est la panne. Il entretient une relation torride avec Lola, sa voisine, prof de littérature. Parmi ses hobbies, le tir à l'arc. Une nuit, épuisé, il bascule dans un autre monde. Dans cette civilisation complexe et très structurée, il est le prince. Un homme de pouvoir. Mais Jehn ne sait rien de lui. Au petit matin, l'écrivain se réveille dans sa chambre, comme si ce n'était qu'un mauvais rêve. Il constate que durant son « absence », un autre a pris sa place dans la vraie vie. 

Deux mondes, deux personnages se ressemblant et s'échangeant leurs vies : « Inversion » s'annonce pleine de rebondissements. Jerry, au dessin, est fidèle à notre réalité et plein d'invention pour le monde parallèle.

« Inversion » (tome 1), Dupuis, 13,50 € 

jeudi 27 août 2009

BD - Taniguchi se raconte dans "Un zoo en hiver"

Maître incontesté du manga au Japon, auteur reconnu à l'étranger, Jiro Taniguchi a pourtant débuté sa carrière comme simple assistant dans un studio qui produisait une vingtaine de planches chaque semaine. Ces débuts, le mangaka les raconte dans cet album avec sensibilité et finesse. 

Même pas âgé de 18 ans, il quitte un travail sûr, mais pas passionnant, dans une société de textile, pour intégrer une équipe de dessinateurs. Il va dans un premier temps gommer les planches, rajouter un bout de décor, encrer certains personnages. Des mois et des mois d'apprentissage avant d'oser de dessiner, seul, une histoire complète. Taniguchi, provincial, découvre également la vie culturelle à Tokyo. Les nuits sont longues au studio et au petit matin, tous se retrouvent dans des bars qui fonctionnent en continu. 

Cette histoire, entre documentaire sur le milieu de la BD japonaise et l'éveil à la vie d'un jeune homme, prend aux tripes quand le héros rencontre une jeune fille malade. Il l'accompagne dans ses balades et ensemble imaginent des histoires. C'est pour elle qu'il a osé se lancer en solo. Un amour impossible, poignant et douloureux.

« Un zoo en hiver », Casterman, 15 € 

mercredi 26 août 2009

BD - Nouveau départ pour la série Carmen McCallum


Nouveau départ pour la série Carmen McCallum. Si Fred Duval reste aux commandes du scénario, Gess cède le dessin à Emem. Ce jeune dessinateur a accepté un sacré défi. Le résultat est encore un peu brouillon et figé, mais les progrès en cours d'album sont réels, les dernières scènes, dans le maquis corse, étant assez réussies. 

Reste l'histoire. Fidèle aux premiers titres. Carmen, une fois son visage reconstitué (et modifié, ce qui facilite le travail à Emem), n'a qu'une idée en tête : se venger. Elle va infiltrer la sécurité d'un palace pour atteindre son but et assassiner son tourmenteur, Dario Fulci. Un exploit qui ne plait pas à tout le monde. Carmen devra payer pour son geste. Si elle désire se retirer des affaires, elle devra honorer un ultime contrat : dérober des documents à son ancien patron, Pascal de Cambre, un riche industriel pour qui les vies humaines n'ont que peu de poids face à la possibilité de faire progresser son chiffre d'affaires de quelques points. 

Carmen va donc tenter de le déloger de sa villa corse. Une Corse modernisée, l'action se situe en 2056, mais qui a gardé ses vieilles traditions d'omerta et de vendetta.

« Carmen McCallum » (tome 9), Delcourt, 12,90 € 

mardi 25 août 2009

Roman - Amélie Nothomb décolle

Court, incisif, étonnant : le nouveau roman d'Amélie Nothomb devrait contenter ses admirateurs.


A chaque rentrée littéraire, Amélie Nothomb propose une nouvelle pierre de son oeuvre littéraire. Inclassable à ses débuts, aujourd'hui c'est du Nothomb, tout simplement. « Le voyage d'hiver » est la rencontre de trois personnages. Le narrateur, Zoïle, employé d'EDF, une romancière à succès, Aliénor et sa préceptrice, Astrolabe.

Premier choc, les prénoms des personnages. Rien n'est banal dans les histoires d'Amélie Nothomb. Les situations sont aussi déjantées que les patronymes du trio. Zoïle est sur le point de détourner un avion avec la ferme intention de provoquer un second 11 septembre, sur Paris cette fois. Comment en est-il arrivé là ? Il raconte sa première rencontre avec Aliénor et Astrolabe. Chargé de vérifier la conformité des isolations de certains appartements, il découvre, sous les toits du quartier Montorgueil, un logement qui aurait pu aisément servir de chambre froide. Les locataires en sont deux femmes. « L'une était une anormale légère », « l'autre charmante et vive. » « Les deux filles portaient une quinzaine de pulls de laine recouverts d'autant de manteaux, écharpes et bonnets. L'anormale avait l'air d'une version demeurée du yéti. La jolie conservait dans cette tenue une allure gracieuse. » Zoïle va rapidement tomber amoureux de la jolie, Astrolabe. Mais cette dernière ne peut lui consacrer la moindre minute. Elle est entièrement au service d'Aliénor, la débile. Incapable d'écrire, elle se contente de dicter des textes que la belle transforme en romans forts et prenants. Zoïle, pour être exact, dans un premier temps, s'extasie devant les textes d'Aliénor avant de succomber à la beauté d'Astrolabe.

Macarons et champignons

Il va donc faire une cour assidue aux deux femmes, constatant que l'une ne peut se passer de l'autre. Amélie Nothomb semble prendre un malin plaisir à décrire son double romancière. Ainsi, quand Zoïle apporte des macarons à Aliénor, cette dernière les dévore : « après avoir grogné d'extase à plusieurs reprises, elle se mit à enfourner les macarons les uns après les autres. J'avais choisi un assortiment d'une vingtaine de pièces de saveurs différentes : à chaque goût nouveau, Aliénor barrissait, attrapait le bras d'Astrolabe pour attirer son attention et ouvrait grand la bouche afin de lui montrer la couleur du gâteau responsable d'une telle transe. » Le roman prend une tournure encore plus délirante après un repas à base de champignons hallucinogènes. Le trip, décrit avec minutie, va changer la vie des deux femmes et le destin du narrateur, sur le point d'embarquer dans un avion de ligne...

« Le voyage d'hiver », Albin Michel, 15 € 

lundi 24 août 2009

Roman - Frédéric Beigbeder devient adulte

Quand Frédéric Beigbeder se souvient de son enfance, cela donne un roman hommage aux années 70 et à la bourgeoisie française.

Frédéric Beigbeder est-il à plaindre ? Ce roman, largement autobiographique, est né d'une épreuve qui l'a profondément marqué. Une nuit de janvier 2008, avec un de ses amis poètes, il est surpris par une patrouille de police en train de sniffer de la cocaïne sur un capot de voiture, en pleine rue. Interpellé, il est placé en garde à vue. Une longue période d'isolement qui réveille dans l'esprit du romancier ses souvenirs d'enfance. 

Dans ce cachot, il va imaginer le texte qui va le faire passer de romancier à la mode au statut d'écrivain français. Un bien pour un mal. Finalement, Frédéric Beigbeder ne devrait pas se plaindre, cette garde à vue lui aura permis de prouver ce qu'il a dans le ventre et la plume.

L'auteur raconte donc ces 48 heures d'enfermement en fil rouge de ses souvenirs d'enfance. Avec une grande pudeur mais sans détours, il parle de ses parents. Un couple qui ne durera pas longtemps. Le bonheur de la famille unie sera bref. Frédéric vivra avec sa mère et son frère aîné. Il tentera de dénouer les liens compliqués entre les différents membres de sa famille. 

Il décrit avec minutie les mœurs et pratiques de la grande bourgeoisie française qui vivait ses derniers jours sans s'en rendre compte. L'auteur, surtout, réalise l'importance de cette notion de famille : « Privés de nos liens familiaux, nous sommes des numéros interchangeables comme les « amis » de Facebook, les demandeurs d'emploi de l'ANPE ou les prisonniers du Dépôt ». En exorcisant son enfance sur le papier, Frédéric Beigbeder est enfin devenu adulte. L'amateur de bonne littérature apprécie.

« Un roman français », Frédéric Beigbeder, Grasset, 18 € 

dimanche 23 août 2009

BD - Romance et piraterie


Par une nuit d’avril 1812, un navire corsaire cingle vers les côtes d’Amérique. A son bord des passagers discrets qui ont payé cher leur traversée pour cela. Leurs noms : Artemis Delambre, mystérieuse et superbe jeune française contrainte de quitter son pays pour une raison inconnue, et Roustam, colosse égyptien, prêt à donner la mort à quiconque s’approchera de sa maîtresse. Entre eux : un secret. A leurs trousses : des tueurs de toutes nationalités, et qui tous vont se retrouver sur les terres de Louisiane, enclave romanesque et cosmopolite, où luttes de pouvoir, d’amour et d’influence vont très vite se révéler au grand jour… 

Cette nouvelle série de pirates (décidément à la mode en cette année, de Hermann à Delitte en passant par Brrémaud et Lematou...) est due aux talents conjugués de Marc Bourgne et Frank Bonnet. Le premier, bien que dessinateur de Barbe Rouge, en signe le scénario. C'est Bonnet qui se charge du dessin. Il n'a pas la précision d'un Pellerin ni le classicisme d'un Hubinon, mais il s'en tire plus que honorablement. Un bon début pour une série pleine de violence, d’amour et de sensations fortes dans les odeurs d’embruns et les claquements de pavillon pirate...

« Les pirates de Barataria » (tome 1), Glénat, 13 €


BD - La fille sans visage


Un nouveau Canardo c'est avant tout une ambiance. Sokal, malgré un dessin animalier en décalage complet (son héros est un canard !) parvient à planter une atmosphère de polar, noir et sans espoir. Notre détective privé, toujours fauché, légèrement alcoolisé, raccompagne ce soir-là la belle Galina. Cette prostituée slave qui n'a pas trouvé de client, tente de vendre ses charmes au rabais au héros. Mais c'est encore trop... Et au prochain croisement, c'est l'accident. La belle Cadillac Eldorado Biarritz 1956 de Canardo est percutée par une Porsche lancée à toute allure. Fin de la course dans un canal. Une jambe cassée pour Canardo, le visage en bouillie pour Galina. Le chauffard, Norbert de Cludezaque, dit Nono le pervers, est le riche héritier du grand-duché du Belgambourg. Pour étoffer le scandale, il paye la convalescence des accidentés et s'emmourache de Galina. Il lui paiera même une reconstruction complète du visage. Cette histoire permet à Sokal de brocarder, dans le désordre, les héritiers, les paparazzi et la chirurgie esthétique. L'intrigue est pleine de rebondissements et parfois, on se croirait dans un Simenon...

« Canardo » (tome 18), Casterman, 10 € 

samedi 22 août 2009

BD - Pirates et zombies à la mode Hermann


Suite et fin de cette histoire de pirates signée Hermann, père et fils. L'Iguane est toujours à la recherche du coffre au trésor de Murdoch, le cruel pirate. Il croit toucher au but mais ne trouve que des papiers sans valeur. Ses hommes l'abandonnent sur une île déserte. 

L'Iguane qui ressemble de plus ne plus à un mort-vivant. Sa peau, de plus en plus cadavérique, a le don de filer la frousse à tous ceux qui le croisent. En parallèle, les soldats anglais tentent eux aussi de mettre un terme aux exactions de Murdoch. Le final de cette seconde partie se déroule sur une île encore sauvage. D'un côté le camp de Murdoch, lourdement armé, de l'autre les Indiens Caraïbe et au centre un volcan qui fait des siennes. Hermann anime ce petit monde de mort et de souffrance avec son brio habituel. 

Toujours en couleurs directes (de l'aquarelle passée sur de simples crayonnés), le récit vous plonge au cœur de ces mers trop bleues et le vert de cette végétation luxuriante, envahissante et oppressante. Sans oublier le noir des âmes et le gris des cendres du volcan qui aura le dernier mot.

« Le diable des sept mers » (tome 2), Dupuis, 14,50 € 

vendredi 21 août 2009

BD - Dangereux orphelins


Envie d'une bonne tranche de rire ? Pas de problème, Arleston est là pour fournir jeux de mots foireux et situations cocasses. Le scénariste de Lanfeust de Troy semble prendre un plaisir immense à scénariser les aventures des personnages secondaires de sa série vedette : les Trolls. Comme le dessinateur, Mourier, se révèle d'album en album un dessinateur comique hors-pair, l'ensemble remporte logiquement un succès de plus en plus important. Et ce n'est pas ce 12e album qui devrait inverser la tendance tant les gags sont nombreux et savoureux. 

Pour une fois, ce ne sont pas Tétram et Waha qui sont en vedette mais deux enfants trolls, Tyneth et Gnondpom. En balade dans la forêt, ils sont capturés par une certaine Lady Romande. Sous des airs de bienfaitrice (elle recueille de jeunes orphelins), elle transforme les enfants en bêtes de somme qu'elle revend sans scrupule à de riches bourgeois. Mais s'il est facile de « dresser » des va-nu-pieds, il n'en va pas de même pour des trolls. 

Les deux petites créatures velues vont mettre une belle pagaille dans cet orphelinat. Une première partie hilarante. Vivement la suite...

« Trolls de Troy » (tome 12), Soleil, 12,90 € 

jeudi 20 août 2009

BD - Ça roule pour Cubitus dans ses nouvelles aventures


Il aura fallu quelques albums, mais finalement la greffe aura bien pris. Succéder à Dupa dans l'animation des aventures de Cubitus était une gageure difficile à relever.  Dans ce cinquième album du nouveau duo, Aucaigne pour les textes, Rodrigue au dessin, on retrouve quelques gags savoureux s'appuyant sur quelques bases de la série comme le chat Sénéchal, Sémaphore et son fidèle side-car.

 Des bases solides étayées par des références très actuelles, de la télé-réalité au GPS, devenant un personnage à part entière dans de nombreux gags. Le dessin de Rodrigue, tout en restant fidèle à Dupa pour les personnages principaux, s'émancipe un peu côté décors ou guest-stars. Une rafale de gags dans les trente premières pages et un récit complet pour clôturer. Une parodie des aventures d'Indiana Jones. 

Dupa s'était fait une spécialité de ces histoires courtes pleines de références et caricaturales à l'extrême. Les deux repreneurs ont, là aussi, fait de louables efforts. Sans être aussi délirantes que  les originaux de Dupa, les pérégrinations de « Cubindiana Jaune » prouvent que le genre a encore un bel avenir.

« Les nouvelles aventures de Cubitus » (tome 5), Le Lombard, 9,45 €


mercredi 19 août 2009

BD - Le Commando Colonial fait la guerre aux antipodes


La seconde guerre mondiale l'était véritablement. Rares ont été les pays épargnés par ce conflit qui à la base n'était que européen. Mais les colonies ont été obligées de suivre. C'est un volet de cette guerre aux antipodes qui est au centre de ce « Commando Colonial » signé du scénariste Appollo et du dessinateur Brüno. En juin 1942, Robillard et Rivière, un Réunionnais et un Mauricien, accompagné d'un Polonais, sont chargé de convoyer des plans d'un futur débarquement allié en Afrique du Nord. 

Leur avion tombe en panne et se pose sur un minuscule îlot, Europa, entre Afrique du Sud et Madagascar. Il sont accueilli par le seul habitant, un Portugais désirant commercialiser le coprah. La première partie est un peu surréaliste, le commando oubliant la dureté de la guerre dans ce petit paradis. Mais le conflit va vite les rattraper quand ils découvriront que Europa sert de base arrière aux sous-marins nazis. 

Originale, cette série met en lumière le combat de ces hommes et femmes qui ont choisit le camp de la liberté et de la résistance. Pas évident car souvent les fonctionnaires en place ont préféré prêter allégeance au gouvernement Pétain.

« Commando Colonial » (tome 2), Dargaud, 10,40 €

mardi 18 août 2009

BD - Sophie Michel, Emmanuel Lepage et de sacrées nanas...


Vous êtes de sexe féminin et cherchez une BD qui ne caricature pas votre genre ? Achetez sans attendre cet album, le second de la série. Vous êtes de sexe masculin et cherchez une BD qui pourrait vous donner quelques clés pour mieux comprendre les filles ? Achetez cet album de toute urgence. 

Emmanuel Lepage, dessinateur de la « Terre sans mal » a mis son trait fin et délicat au service de ce récit de Sophie Michel. La première incursion de cette jeune enseignante dans le monde de la BD est une réussite éclatante. Dans une ville moyenne comme il y en a des milliers en France, trois adolescentes deviennent amies. La seconde partie décrit leur adolescence et passage à la vie adulte. Agnès, en rébellion contre ses parents trop absents, fugue et vit de longs mois dans la rue. Mais elle ne perd pas le contact avec ses deux amies. Leïla, fille d'immigrés, accumule les bons résultats scolaires pour accéder à son rêve : faire médecine. Chloé, protégées par une mère célibataire aimante, trouve sa voie depuis qu'elle fait de la danse. 

Ces trois trajectoires, tout en étant banales, sont le résumé de milliers de vies. Des femmes qui se cherchent dans une société qui n'est pas souvent clémente pour elles.

« Oh les filles ! », Futuropolis, 15 € 

lundi 17 août 2009

BD - Sombres rêves dans "Les cauchemars de Terram"


Voyage intérieur sombre et envoûtant proposé par cette BD de Sand (scénario) et Brice Cossu (dessin). Tout commence par des images de bonheur. Un couple, la naissance d'un enfant désiré. Mais la vie est souvent faite d'épreuves. Terram, après quelques années sans heurts, tombe dans le coma. Une maladie inexpliquée qui va fragiliser le couple. Stella la première bascule presque dans la folie. Puis elle aussi tombe dans le coma. 

Comme pour aller aider son fils bloqué dans ces noirs territoires du sommeil. Marcus tente de survivre. Pas évident. D'autant que son fils, parfois, a des sursauts de lucidité et semble vouloir expliquer qu'effectivement il est en compagnie de sa mère. Une première explication viendra du père de Marcus. Une malédiction qui frappe la famille. Avec une femme démon omniprésente : Lilith. 

Réflexion sur les liens entre mère et enfant, cette histoire a été inspirée à Sand par une grossesse difficile. Comme une thérapie pour exorciser ces longs mois passés dans l'angoisse de perdre son enfant. Cossu, au dessin, a parfaitement retranscrit cette ambiance inquiétante et oppressante.

« Les cauchemars de Terram », Soleil, 12,90 € 

dimanche 16 août 2009

Polar - Tragiques impondérables

Une bonne intrigue, pour fonctionner, doit laisser le lecteur dans l'expectative mais sans le décourager dans ses tentatives de compréhension. Ce roman d'espionnage signé Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, respecte cette règle, offrant une entame complexe et à multiples inconnues. Autant de tranches de vie totalement indépendantes les unes des autres. Mais on se doute bien qu’au final, tout s'éclaircira et deviendra lumineux. On doit cependant d’abord passer par un accident de la route mortel, un rendez-vous avec une proxénète de haute volée et l'arrestation mouvementée en Algérie d'un terroriste islamiste surpris par une hôtesse sur un vol de la Tunis Air.

Après ces préliminaires mouvementés et exaltants, on va pouvoir faire connaissance avec les véritables héros de ce roman riche en personnages. La belle Demi par exemple. Commissaire de police, charmeuse et inflexible, elle est sans nouvelles de son amie Marion : une call-girl qui fait dans le haut de gamme. Aidée de son fidèle adjoint, Barzi, vieux flic casanier secrètement amoureux de sa supérieure hiérarchique, elle va se lancer aux trousses des ravisseurs de Marion, des anciens de la Stasi est-allemande passés au service d'un mystérieux commanditaire.

Il y a également Willy Maier, le principal héros de ce roman car c'est lui qui fera le rapprochement entre toutes ces péripéties. La machination déjouée dans "Impondérables" est énorme. Tellement grosse qu’elle en paraît totalement invraisemblable. Pourtant, elle n’est pas imaginée par n’importe qui. Fiction ou réalité cachée ?

« Impondérables » d’Yves Bonnet, Editions Calmann-Lévy, 16 € 

samedi 15 août 2009

SF - L’Antéchrist de Moorcock, quand le quotidien devient un enfer…


L’avantage avec les nouvelles c’est que le lecteur, dans un même volume, peut trouver plusieurs ambiances et atmosphères. Exemple avec ce recueil de Michael Moorcock qui passe d’un monde lumineux et bienveillant personnifié par Edwin Begg, l’Antéchrist de Clapham, à l’univers sinistre et paranoïaque du “Général Opium”.

Tout débute par une rencontre avec l’Amiral hiver. Une vieille femme, retirée dans une maison de campagne, loin de la civilisation, découvre un jour un papillon dans son garde-manger. En quelques pages, Moorcock parvient à planter une ambiance qui frappe le lecteur. Un simple papillon parvient à émouvoir cette femme en bout de course.

Emouvant aussi cette fuite dans la campagne anglaise d’un ancien roadie au volant d’un campingcar. Mo n’est pas seul dans l’habitacle de sa maison ambulante. Il partage sa vie avec sa paranoïa… et le fantôme de Jimmy Hendrix. Exactement,Mo est persuadé que le plus grand guitariste de tous les temps n’est pas mort. Qu’il s’est simplement mis au vert en sa compagnie, attendant le bon moment pour faire son retour.

De la paranoïa il en est également beaucoup question dans “Le général Opium”, récit de la lâcheté d’une femme vivant avec un dealer aux neurones complètement grillés par toutes les saletés qu’il a fumées ou s’est injecté dans les veines. Elle n’ose pas fuir devant la folie de celui qu’elle aimait.

Mais les textes de Moorcock sont aussi empreints d’un optimisme dévastant tout sur leur passage. Dans un Londres que l’auteur décrit gangrené par les investisseurs immobiliers, un journaliste retrouve la trace d’Edwin Begg, homme d’église scandaleux, surnommé l’Antéchrist de Clapham dans les années 30. Ce simple pasteur a dérangé sa hiérarchie quand il s’est mis à prononcer des sermons trop révolutionnaires. Il a été défroqué mais a continué à porter la bonne parole dans les foires et marchés. D’où vient sa clairvoyance ? Il répond simplement que c’est en rencontrant une déesse, vivant dans un arbre, qu’il a tout compris. Il a aimé cette apparition, et a même eu un enfant avec elle…

"La bourse du Caire” est la nouvelle la plus marquée science-fiction. Une archéologue américaine prétend avoir été enlevée par des extraterrestres à Assouan en Egypte. Délire d’une femme surmenée selon son frère venu la rapatrier en Europe. Et pourtant ; elle affirme avoir été fécondée par un de ces explorateurs de l’espace. Quand elle a accouché, « c’était comme donner le jour au Messie ». Le bébé est mort au bout de huit jours. Elle attend toujours des nouvelles du père.

Plongez dans ces textes magiques, laissez-vous entraîner dans ces territoires imaginaires : la magie Moorcock vous ouvrira des horizons insoupçonnés.

« Déjeuners d’affaires avec l’Antéchrist » de Michael Moorcock, éditions Denoël, 19 € 

vendredi 14 août 2009

Parfois, la BD sert à dépasser tous les tabous

La bande dessinée sait sortir de son carcan pour exploiter quelques références. Que cela soit l'œuvre de Boris Vian, les romans de la Série noire ou les westerns spaghettis, ces trois albums permettront aux lecteurs d’élargir leur horizon.

L’adolescence, période difficile à vivre, devient un véritable rêve éveillé quand on trouve sa voie. "Thomas ou le retour du Tabou" d’Hervé Bourhis retrace le parcours d’un collégien au moment où il se désintéresse des dessins animés découvrant que certains livres peuvent être passionnants. Il débute avec L’écume des jours de Boris Vian puis embraye avec une biographie de cet écrivain rebelle. Thomas prend le pari de refaire vivre l’ambiance du cabaret le Tabou. Une histoire toute en finesse, abordant les problèmes de l’art, de l’amitié et de l’émancipation par rapport aux parents. Un album qui a reçu en 2002 le prix René Goscinny du scénario. (Les Humanoïdes Associés, 12,35 €)

Ambiance très littéraire également dans "Le Choucas met le feu aux poudres", cinquième titre de la série écrite et dessinée par Lax. Le héros, détective privé vénérant la collection de la Série Noire, se trouve cette fois aux prises avec une maison d’édition voulant profiter de la période électorale pour faire des bénéfices substantiels en discréditant la République. Situations épiques, personnages secondaires cocasses, analyse critique de notre société : cette série a tout pour plaire. (Dupuis, 8,99 €)

De l’hommage à la parodie il n’y a qu’un pas que Curd Ridel (scénario) et Dav (dessin) franchissent allégrement en signant "Django Renard", série de gags brocardant les westerns spaghettis. On retrouve dans cette BD animalière Django, malicieux et débrouillard et Teddy Beer, force de la nature marchant dans l’ombre de Django mais qui n’a pas inventé la poudre. (Bamboo, 8,99 €)

 

jeudi 13 août 2009

BD - Médée la mystique


Pour bien appréhender cet album de BD, mieux vaut connaître la légende de Médée. Pour les cancres un petit rappel s'impose : Médée, gardienne de la Toison d'or, a tué son frère puis ses enfants par passion, soif du pouvoir ou vengeance. Bref, la femme est belle mais peu fréquentable. 

Cette légende intéresse particulièrement deux personnes à la fin des années 30 : un évêque de la cité du Vatican et le chef de la Gestapo. Ils cherchent notamment le codex écrit par Judas Escariote en l'an 0. Cet album de BD semble au premier abord confus. Toutes les deux pages, l'action change de leiu, d'époque et de protagonistes. De la Galilée à Rome en passant par Berlin, pas toujours évident d'y retrouver son latin. Mais petit à petit tout se met en place et les passerelles fonctionnent. 

Écrit par Renot, le scénario est illustré par Ersel. Le duo a déjà signé La lance du destin dans la même veine. Ersel, au dessin, fait partie de ces auteurs produisant vite et bien. Logique quand on sait qu'il a débuté dans le studio de son père, Frank Sels, un grand de la BD flamande, et qu'il a aussi beaucoup appris auprès de Jean-François Charles.

« Médée », Casterman, 11,50 € 

mercredi 12 août 2009

BD - "Time Twins" ou quand des jumelles voyagent dans le temps


« Time Twins » est une série de science-fiction originale jouant sur le paradoxe temporel. Cybill et Cynthia, deux jumelles, blondes, dynamiques et n'ayant pas froid aux yeux, sont les héroïnes de l'histoire. Propulsées dans le passé, elles doivent retrouver les éléments d'un appareil permettant de maîtriser le voyage dans le temps. 

Une maîtrise qui n'est pas le cas actuellement et les jumelles, après avoir affronté la prohibition et l'éruption du Vésuve, se retrouvent dans ce troisième épisode en Chine, en 209 avant Jésus-Christ. La dernière pièce à récupérer est cachée dans le mausolée de l'empereur Ying Zheng. Le monarque, récemment décédé, est malgré tout gardé par une armée de soldats. La tâche sera particulièrement ardue pour les jumelles car elles devront, en plus, affronter des voleurs concurrents. 

Le scénario de Brrémaud mélange habilement intrigue feuilletonnesque, décors originaux et humour bon enfant. Au dessin, Vignaux, a du s'adapter aux différentes époques visitées. En Chine, il est très à l'aise, la réplique d'une des héroïnes : « J'ai toujours aimé les films de kung-fu » semblant faite pour lui...

« Time Twins » (tome 3), Le Lombard, 10,40 € 

mardi 11 août 2009

BD - "La nuit de la disgrâce", second tome de la série "La marque du péché"


Comme une tragédie, « La marque du péché », série écrite par Carlos Trillo et dessinée par Horacio Domingues mêle passion, violence et déchéance. Dans cette seconde partie, on retrouve la belle et passionnée Angustias. Elle vient d'être capturée par de sauvages Indiens qui vont la transformer en esclave. D

es jours de terreur au cours desquels elle va se remémorer les derniers événements de sa vie. Elle sera aidé pour ce retour dans le passé du carnet de croquis de Thomas, dessinateur et révolutionnaire français dont elle est folle amoureuse. Angustias a découvert la signification de la marque qu'elle a sur la fesse. C'est son frère qui l'a marquée au fer rouge, pour signifier à tout le monde que cette « femelle » lui appartient. En apprenant cela, Angustias décide de se venger et tue son frère. C'est en prenant la fuite qu'elle est capturée et perd la trace de son amoureux. 

Un récit romantique qui met en exergue les pratiques des colons argentins. Tuant et asservissant les Indiens, ils ont imposé leur loi par la force. Nature sauvage, grands espaces, superbes paysages sont les derniers atouts de cette bande dessinée considérée à juste titre comme une des plus belles réussites de ces dernières années.

« La marque du péché » (tome 2), Drugstore, 13,90 €

lundi 10 août 2009

BD - Vie et mort du capitaine Kidd d'après Daniel Defoe


Le capitaine William Kidd n'est peut-être pas le pirate le plus connu (Barbe-Noire ou Rackam le rouge sont certainement plus célèbres), mais son parcours sur tous les océans du monde s'est transformé en une rivière de sang tant ses victimes ont été nombreuses. Inspiré d'un récit authentique signé de Daniel Defoe, l'auteur de Robinson Crusoé, cet album est scénarisé par Brrémaud et dessiné par Lematou. 

William Kidd débute a carrière maritime comme marin respectable, au service du roi d'Angleterre. Il basculera dans la piraterie sur le tard, après avoir été victime d'une mutinerie. Il écumera l'Océan indien à la recherche du trésor de John Avery. Ses période sanguinaires seront entrecoupées de moment plus calmes, installé dans des îles isolées, vivant en parfaite harmonie avec les autochtones. Mais il voudra retrouver femme et enfants aux Amériques. Il reviendra au pays et sera alors accusé de piraterie et exécuté en place publique. 

Cet album permet de découvrir Lematou, jeune dessinateur réaliste extrêmement talentueux, à la précision digne d'un Jean Giraud ou plus récemment de Mathieu Bonhomme.

« Histoire des plus fameux pirates » (tome 1), 12,90 € 

dimanche 9 août 2009

Roman - "Quatre soldats" d'Hubert Mingarelli


La guerre est génératrice de peur, parfois de bravoure, la plupart du temps d’attente. Le soldat doit être discipliné et patient. Dans cette longue nouvelle d’Hubert Mingarelli, quatre soldats russes de l’Armée rouge apprennent à se connaître, à s’apprécier et se soutenir dans les longues périodes d’attente entre deux mouvements et une attaque pendant l’année 1919.

Le narrateur, Bénia, est un orphelin qui travaillait dans une scierie. Sa mobilisation a changé sa vie, sa conception de l’amitié. Un jour, au cours d’une marche forcée, il est le témoin d’une scène violente entre un simple soldat et un sous-officier dépassé par les événements. Cela suffit pour qu’il se rapproche de Pavel. Pavel devient son ami, son alter ego. Devenus inséparables, les deux soldats se comprennent et seront rejoints peu de temps après par Kyabine, "un grand con d’Ouzbek" qui perd tout le temps son tabac aux dés. Après il le mendie à ses deux amis.

L’hiver arrive, il faut se retirer dans une forêt, construire une cabane de bois et tenter de survivre. Le trio accueille dans son giron Sifra, jeune et timide. La petite bande se soudera définitivement dans la rigueur de l’hiver russe. Une cabane astucieusement construite, des corvées de bois judicieusement réparties et cette vie devient plus supportable.

Avec des mots simples et justes, Hubert Mingarelli raconte la lente construction de cette amitié. Bénia, qui de tout temps était condamné à la solitude, apprécie particulièrement cette complicité. Les habitudes qui rythment les journées immobiles. L’heure de la soupe, la balade vers un étang, la baignade, les parties de dés et les cigarettes longuement dégustées. Ces petits riens qui font tout dans la vie des soldats. A quelques kilomètres de là, sur le front, on s’entre-tue. Pourquoi ? Les quatre amis n’ont pas de réponse. Ils savourent simplement ces moments de tranquillité.

Un jeune volontaire sachant écrire sera chargé par le quatuor de noter dans son cahier à spirales ces moments de bonheur, comme pour les figer à jamais dans leur mémoire. Jusqu’à ce que la guerre les rattrape et bouscule ce fragile édifice patiemment construit par une amitié forte et sans limite.

« Quatre soldats », Hubert Mingarelli, Seuil, 15 € (5,50 € en édition de poche chez Points) 

samedi 8 août 2009

Roman historique - "Un amour de Jeanne" de Michel Ragon


Jeanne la Pucelle, Gilles l'écorcheur. Ce couple improbable a pourtant chevauché la campagne française durant de longs mois en 1430. Jeanne D’Arc, petite paysanne de Domrémy venue se mettre au service du futur roi de France, séduit immédiatement Gilles de Rais, un des plus puissants seigneurs de Charles VII. Le noble chevalier tombe sous le charme et l'effronterie de la jeune fille autant que de son côté garçon manqué.

Chargé de l'escorter dans ses premières missions, Gilles se plaît à discuter avec Jeanne qui avoue se contenter d'obéir à "ses voix". Sa mission : conduire le dauphin à Reims pour qu'il soit couronné et chasser les Anglais de France.

Ce roman de Michel Ragon, tout en présentant la relation forte entre la Pucelle et le noble, explique également les trouvailles stratégiques de Jeanne, totalement ignorante des règles de la guerre. Elle aura d'ailleurs quelques frictions avec plusieurs seigneurs peu enthousiastes face à ses ordres. Quand elle demande à bombarder les rangs des archers anglais avec des catapultes, le duc d'Alençon prétend que « ce n'est pas conforme aux usages de la guerre ». Heureusement La Hire, fidèle serviteur de Jeanne réplique : « Les usages de la guerre, quelle plaisanterie. On y tue comme on peut, tous les moyens sont bons. » Quelques heures plus tard Jeanne pénètre dans la ville en conquérante. Son audace a payé. Elle enchaînera les victoires, mais Charles, une fois couronné à Reims, doit tempérer les ardeurs de la fière jeune fille. 

Gilles de Rais, toujours amoureux de la belle, lui offre même un château, et plus si elle le veut. Mais elle refusera, retournera sur les routes pour combattre, attendant inéluctablement sa dernière vision : la trahison. Faite prisonnière, elle brûlera sur le bûcher. Gilles de Rais restera quatre années prostré, dégoûté de la vie. Pourtant il reste persuadé d'avoir fait le bon choix : « On ne pouvait pas aimer charnellement Jeanne sans rompre son pacte avec les anges ».

Michel Ragon nous plonge dans cette époque insensée, entre furie guerrière et prières dévotes, entre Dieu et Satan. Gilles de Rais aussi finira mal. Sur un bûcher. Comme Jeanne, son amour impossible.

« Un amour de Jeanne » de Michel Ragon, Albin Michel, 15 € (5 € au Livre de Poche) 

vendredi 7 août 2009

Roman - Une "Résolution" à méditer


 Exercice périlleux que celui de Pierre Mari. Dans ce premier roman, il tente de raconter la restructuration, vue de l'intérieur, d'une grande entreprise. Le héros et narrateur, jeune cadre dynamique aimant relever les challenges, se retrouve propulsé dans le service des ressources humaines. Il a en charge une cellule d'évaluation du personnel pour proposer formation et reclassement en fonction des compétences de chacun. Tâche exaltante dans les premiers temps - elle permet de donner une seconde chance à certains employés enfermés dans une routine- elle devient de plus en plus ingrate en fonction des mauvaises nouvelles distillées par la direction sur la santé de l'entreprise.  Des investissements non maîtrisés mettent la trésorerie en difficulté. Les entretiens d'évaluation se transforment rapidement en antichambre, au mieux d'une retraite anticipée, au pire d'un reclassement non souhaité.

L'ambiance se détériore, les collègues parlent de plus en dans son dos, les règlements de compte laissent quelques cadavres au cours de réunions houleuses. Lui-même se pose de plus en plus de questions et sombre dans un profond découragement face au gâchis évident à mettre à l'actif de la direction.

Roman social, parfois ardu en raison des thèmes assez pointus, "Résolution" de Pierre Mari montre que personne n'est à l'abri des conséquences d'un accident industriel.

"Résolution", Actes Sud, 15 € 

jeudi 6 août 2009

BD - L'argent de la mort


Matthias Gnehm, jeune auteur suisse alémanique, aborde dans cette BD en deux parties ce que ses compatriotes ont de plus cher : les banques. Une attaque en règle de ce milieu, trop habitué à flirter avec la légalité et surtout dénué de toute humanité. Le vieux Gruber, à la tête de sa banque, apprend qu'il va bientôt mourir. N'importe qui aurait pris cette nouvelle avec une certaine fatalité. Lui n'y voit qu'une occasion supplémentaire de faire fructifier le capital de sa société. Il décide même de faire jouer la libre concurrence, mettant en compétition ses deux principaux actionnaires dans cette ultime partie de poker menteur. La direction de la banque reviendra à celui qui trouvera le meilleur moyen de transformer la mort de Gruber en investissement profitable. Sur cette base, l'auteur va mettre en place une machination aux multiples facettes et ramifications, avec chantage, fausses accusations et coup de théâtre final. L'action se déroule dans une grande ville, sorte de Genève mâtinée de Zurich, où les apparences sont essentielles, tout en sachant que le culte du secret est roi. Une vision cynique et particulièrement noire du capitalisme moderne. Une histoire à redécouvrir à l'occasion de la sortie de ce coffret richement illustré.

« Mort d'un banquier » (coffret), EP éditions, 26,90 € 

mercredi 5 août 2009

BD - Christ asiatique


Toute la chrétienté repose sur la résurrection de Jésus Christ après sa crucifixion par les Romains. Mais que deviendrait l'Eglise catholique si cette thèse était remise en cause ? C'est le point de départ de cette série d'aventure signée Roberto Dal Pra' (scénario) et Paolo Grella (dessin). 

Durant les années 50, en pleine guerre froide, un chercheur américain découvre au Tibet un manuscrit relatant la présence du Christ au Tibet alors qu'il avait entre 17 et 30 ans. Un Christ asiatique au parcours très différent de celui que nous connaissons. Une découverte capitale qu'il n'a pas le temps de divulguer, l'armée chinoise envahit le Tibet et brûle le monastère où le manuscrit était caché. Les Chinois d'un côté, mais aussi des défenseurs du catholicisme qui ne veulent pas une remise en cause de leur religion : le vieux professeur est en situation délicate. Il peut cependant bénéficier de l'aide de sa fille, Elen, flanquée d'un détective privé, Kevin McBride qui n'a pas froid aux yeux. 

De l'action pure, un zeste de politique, un peu de spiritualité : le cocktail est savoureux et passionnant, d'autant que le dessin de Grella, efficace et très détaillé, est totalement au service de cette riche intrigue.

« Le manuscrit interdit » (tomes 1 & 2), Delcourt, 13,95 € chaque volume 

mardi 4 août 2009

BD - Le retour d'Arkel de Desberg et Hardy


A la fin des années 80, un drôle de héros a fait son apparition dans les pages de Spirou. Arkel était un ange. Tombé amoureux de la belle Estelle, il constatait avec dépit que cette dernière préférait les mauvais garçons. Elle est même allée danser le sabbat avec des diables. Une incartade de trop pour les responsables du Paradis qui la punissent. Plus d'ailes et surtout un monstre à ses trousses pour lui ôter la vue, la parole et l'ouïe. Arkel, n'écoutant que son cœur, aide Estelle à fuir. 

Une fuite du haut vers le bas imaginée par Desberg qui déjà se sentait à l'étroit dans les habits de scénariste de Tif et Tondu. Côté dessin, c'était Hardy qui tentait autre chose que son classique Pierre Tombal. Une série qui a connu un certain succès d'estime mais qui a finalement été abandonnée. Desberg, devenu scénariste prisé, a écrit le dernier tome des aventures d'Arkel. Hardy, après 20 ans de pause, a repris les personnages. 

Le premier tome est donc une reprise alors que le second est une nouveauté. C'est encore un peu trop enfantin mais cet univers mériterait d'être développé. Quant à Hardy, il prouve-là tout son talent. On le verrait bien aux commandes d'un Donjon...

« Ange et diablesses » (tomes 1 & 2), Dupuis, 13,50 € chaque volume 

lundi 3 août 2009

Polar - DOA raconte des vignes sanglantes dans la région de Moissac

Paysans racistes, truands colombiens, tueur en cavale : cela s'anime dans le vignoble de Moissac, décor de ce polar signé DOA.


Cela débute comme un roman de terroir. Mais le lecteur sait que cela ne devrait pas continuer : une Série Noire sans cadavre cela ferait tâche. Pourtant tout commence en pleine cambrouse, du côté de Moissac, Tarn-et-Garonne, capitale du chasselas, ce raisin de table bénéficiant d'une appellation d'origine contrôlée. C'est l'hiver. Les vignes sont en sommeil. En pleine nuit, Baptiste Latapie, représentant typique de l'autochtone s'active dans les vignes de son voisin, Omar Petit. Avec un sécateur, il sectionne méthodiquement tous les fils de fer supportant les pieds de vigne. Et tout en effectuant sa tâche, il se répète : « Un macaque à Moissac ! Un nègre chez eux ! Qui voulait faire du grain AOC ! Coupe ! C'était leur raisin ! Leur païs ! Coupe ! Pas de macaque paysan ! Coupe ! » DOA, l'auteur, dans cette introduction, plante un décor qui malheureusement est criant de vérité. La France est un beau pays, mais peuplé d'un peu trop de racistes.

Omar le paisible

Omar Petit est d'origine sénégalaise. Né en France, marié à Stéphanie, héritière de cette propriété. Cela fait quelques années que le couple tente de vivre de leur exploitation. Mais c'était sans compter l'hostilité des voisins, Latapie et ses copains, chasseurs et pompiers volontaires. Omar refuse de rendre les coups. Il fait le dos rond : « Dans cette guerre stupide, c'étaient les seules armes dont disposait Omar, le colosse paisible. Trop paisible. Sa sérénité, qui avait séduit Stéphanie quand ils s'étaient rencontrés, passait aujourd'hui pour de la passivité ou pire, de la lâcheté. ».

Le problème pour Latapie, c'est que ce soir-là, il n'était pas le seul à travailler de nuit dans les parages. Trois hommes, en provenance d'Espagne, ont rendez-vous. Le chef, Javier Creo-Perez, un jeune Colombien, vient prendre un premier contact avec des truands français pour vendre sa cocaïne dans l'Hexagone. Ils sont en avance. Et tombent sur un motard, blessé, énigmatique. Ils n'ont pas le temps de parler, laissant cet honneur à leurs armes. Bilan trois morts, dont le baron de la drogue en mission pour son père. Le motard, blessé, prend la fuite. Tout cela sous les yeux de Latapie qui reste figé sur place.

Tod le sadique

Qui est ce motard ? Pourquoi a-t-il abattu les trois hommes froidement ? Les premières questions ne restent pas sans réponse pour ceux qui ont lu le précédent polar de DOA, « Citoyens clandestins ». Les autres découvriront la personnalité du tueur, homme en cavale trouvant refuge dans la ferme des Petit. Durant trois jours, nécessaires à sa guérison partielle, il va retenir en otage le couple et leur petite fille.

Pendant ce temps, la gendarmerie sera sur les dents. D'autant qu'arrive à Toulouse, en jet privé, un certain Tod – la mort – Niemeyer. Il est au service du père du Colombien. Il a pour mission de faire le ménage et de notamment retrouver et châtier les tueurs.

Chinois par sa mère, Allemand par son père, c'est un expert en tortures.

Quand il retrouve, en compagnie de son contact en France, Néris, la dernière prostituée qui a eu le malheur de partager le lit de Javier, il a une technique infaillible pour la faire parler : « la pointe du Ka-Bar (un couteau de combat) entailla la peau du torse de la jeune femme, juste en dessous de la poitrine. Elle gueula de façon si inhumaine et stridente que Néris se boucha les oreilles. Avec une efficace brutalité, la lame de Tod fouilla sous le sein droit et souleva une langue de chair. Néris se plia en deux pour vomir. » Voilà, on a quitté les bucoliques coteaux de Moissac pour plonger dans la violence et la peur d'une Série Noire d'exception. L'action va aller crescendo, avec la rencontre de presque tous les personnages chez les Petit puis un final dans Moissac qui, s'il avait véritablement eu lieu, ferait encore parler aujourd'hui.

« Le serpent aux mille coupures », DOA, Série Noire Gallimard, 15,90 € (« Citoyens clandestins » vient d'être repris en Folio Policier, N° 539, 8,10 €)

dimanche 2 août 2009

Humour - La tarte académie présidée par Noël Godin


Adeptes du politiquement correct et du bien pensant, passez votre chemin. Dans ce roman débridé, vous ne trouverez rien de convenable. Au contraire, chaque phrase risque de vous faire hérisser les cheveux sur la tête. Par contre les iconoclastes, rieurs de tout (et de rien), anarchistes refoulés et autres révolutionnaires à la petite semaine se régaleront de cet enchaînement de situations aussi cocasses qu'invraisemblables. 

Avant de planter le cadre de cette histoire, présentons le héros : Alias. Ce criminel sans foi, ni loi ni limites, a vu le jour il y a une dizaine d'années dans une collection entièrement dédiée à ses aventures au Fleuve Noir. Sur le modèle du Poulpe, il a vécu quelques péripéties sous les plumes de plusieurs auteurs. Alias, machiavel moderne, utilise les dernières évolutions technologiques pour arriver à ses fins : faire s'effondrer notre société de consommation, capitaliste et individuelle. Il aime les belles femmes qui ont du caractère, tue sans aucune émotion et apprécie, entre ses spectaculaires opérations, jouir de tous les plaisirs de la vie. Alias, sous la plume de Noël Godin, prend un côté surréaliste supplémentaire.

Godin, dans la vraie vie, s'est contenté d'entartrer quelques prétentieux et autres "pompeux cornichons", Alias va beaucoup plus loin. Installé dans une luxueuse chambre de l'hôtel Martinez à Cannes en plein festival, il va pirater la projection du film d'un philosophe, tourné en Amérique centrale avec une star française sur le retour... Pour une fois, Godin ne nomme pas la cible, mais les indications savamment distillées au gré des chapitres permettent de rapidement se faire une idée de la personne visée, la même que Renaud brocarde dans son dernier disque... 

A l'opposé, de nombreuses autres personnalités font des apparitions en guest-stars dans ce roman. Ainsi dans les couloirs du Martinez on croise quelques producteurs, des actrices, des journalistes et même un médecin. Cette aventure, partie sur les chapeaux de roues dans les premières pages, s'essouffle un peu par la suite. On assiste notamment à la fuite d'Alias dans les couloirs du palace durant près de 100 pages. Il est accompagné de deux superbes femmes (une masseuse et une soubrette) ainsi que de son fidèle assistant, La Morve, qui a caché sous sa chaise roulante pas moins d'une dizaine de cadavres (il n'y a pas de petits profits pour cette horreur à roulette qui aime boulotter ses victimes). Ils font du surplace, donnant l'occasion à Godin de faire tourner la tête au lecteur avec ses longues énumérations et ses dialogues dignes parfois d'un vaudeville du plus bas étage. Mais on se doute que l'animal est assez brillant et intelligent pour se délecter de la rage du lecteur s'emberlificotant sur ces quelques mètres de moquette souillée par le sang des victimes et autres rejets de la Morve qui porte si bien son nom. Bien évidemment il ne faut chercher aucune morale dans ce roman destructeur.

Au contraire, comme le proclame un jingle diffusé dans la salle de cinéma après le sabotage du film : "Alias, Alias, Alias, et l'ordre moral trépasse !". Alors vous aussi laissez-vous entraîner sur la pente de la subversion et osez lire ce brûlot entre rire jaune et ricanement glauque.

"Armons-nous les uns les autres !", Noël Godin, Flammarion, 18 euros 

samedi 1 août 2009

BD - Victimes de la fonction publique


Il est si facile de se moquer... Notamment des fonctionnaires, têtes de turcs préférées des Français (après les Belges...). Pas étonnant donc si la collection des Guides de Vents d'Ouest propose un recueil sur cette espèce encore bien représentée dans nos administrations mais en voie de disparition depuis l'arrivée d'un certain N. S. à leur tête et qui visiblement a été traumatisé dans sa jeunesse par un de leurs représentants... On rit donc des fonctionnaires, mais plus pour longtemps... Profitons de notre bonheur en compagnie de Christian Godard et Cédric Ghorbani. 

Le premier, vieux routier de la BD, signe le texte de ces gags incisifs et parfois très près de la réalité. Le second excelle dans cet exercice où la principale difficulté est qu'il n'y a pas de personnage principal. Il faut donc inventer des visages pour chaque situation. Cela fait facilement plus d'une centaine de tronches à imaginer. Ghorbani s'en tire à merveille, trouvant même l'occasion de dessiner des pulpeuses créatures (celles qui cherchent de la promotion canapé dans les ministère) interdisant la lecture de cet album aux plus jeunes. Godard au scénario, ce n'est pas une première pour lui qui signe également « Les postiers » chez Bamboo. 

Certains pensent que c'est gâcher son talent. N'oublions pas qu'il est l'auteur complet de Martin Milan et le scénariste de la Jungle en folie ou du Vagabond des Limbes, succès de librairie des années 70/80. Mais Godard, qui était des débuts de Pilote, l'hebdo, est un grand travailleur. Il a traversé l'âge d'or de la BD et l'accompagne dans son évolution. Chapeau l'artiste !

« Le guide des fonctionnaires », Vents d'Ouest, 9,40 €