mardi 25 août 2009

Roman - Amélie Nothomb décolle

Court, incisif, étonnant : le nouveau roman d'Amélie Nothomb devrait contenter ses admirateurs.


A chaque rentrée littéraire, Amélie Nothomb propose une nouvelle pierre de son oeuvre littéraire. Inclassable à ses débuts, aujourd'hui c'est du Nothomb, tout simplement. « Le voyage d'hiver » est la rencontre de trois personnages. Le narrateur, Zoïle, employé d'EDF, une romancière à succès, Aliénor et sa préceptrice, Astrolabe.

Premier choc, les prénoms des personnages. Rien n'est banal dans les histoires d'Amélie Nothomb. Les situations sont aussi déjantées que les patronymes du trio. Zoïle est sur le point de détourner un avion avec la ferme intention de provoquer un second 11 septembre, sur Paris cette fois. Comment en est-il arrivé là ? Il raconte sa première rencontre avec Aliénor et Astrolabe. Chargé de vérifier la conformité des isolations de certains appartements, il découvre, sous les toits du quartier Montorgueil, un logement qui aurait pu aisément servir de chambre froide. Les locataires en sont deux femmes. « L'une était une anormale légère », « l'autre charmante et vive. » « Les deux filles portaient une quinzaine de pulls de laine recouverts d'autant de manteaux, écharpes et bonnets. L'anormale avait l'air d'une version demeurée du yéti. La jolie conservait dans cette tenue une allure gracieuse. » Zoïle va rapidement tomber amoureux de la jolie, Astrolabe. Mais cette dernière ne peut lui consacrer la moindre minute. Elle est entièrement au service d'Aliénor, la débile. Incapable d'écrire, elle se contente de dicter des textes que la belle transforme en romans forts et prenants. Zoïle, pour être exact, dans un premier temps, s'extasie devant les textes d'Aliénor avant de succomber à la beauté d'Astrolabe.

Macarons et champignons

Il va donc faire une cour assidue aux deux femmes, constatant que l'une ne peut se passer de l'autre. Amélie Nothomb semble prendre un malin plaisir à décrire son double romancière. Ainsi, quand Zoïle apporte des macarons à Aliénor, cette dernière les dévore : « après avoir grogné d'extase à plusieurs reprises, elle se mit à enfourner les macarons les uns après les autres. J'avais choisi un assortiment d'une vingtaine de pièces de saveurs différentes : à chaque goût nouveau, Aliénor barrissait, attrapait le bras d'Astrolabe pour attirer son attention et ouvrait grand la bouche afin de lui montrer la couleur du gâteau responsable d'une telle transe. » Le roman prend une tournure encore plus délirante après un repas à base de champignons hallucinogènes. Le trip, décrit avec minutie, va changer la vie des deux femmes et le destin du narrateur, sur le point d'embarquer dans un avion de ligne...

« Le voyage d'hiver », Albin Michel, 15 € 

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