samedi 15 août 2009

SF - L’Antéchrist de Moorcock, quand le quotidien devient un enfer…


L’avantage avec les nouvelles c’est que le lecteur, dans un même volume, peut trouver plusieurs ambiances et atmosphères. Exemple avec ce recueil de Michael Moorcock qui passe d’un monde lumineux et bienveillant personnifié par Edwin Begg, l’Antéchrist de Clapham, à l’univers sinistre et paranoïaque du “Général Opium”.

Tout débute par une rencontre avec l’Amiral hiver. Une vieille femme, retirée dans une maison de campagne, loin de la civilisation, découvre un jour un papillon dans son garde-manger. En quelques pages, Moorcock parvient à planter une ambiance qui frappe le lecteur. Un simple papillon parvient à émouvoir cette femme en bout de course.

Emouvant aussi cette fuite dans la campagne anglaise d’un ancien roadie au volant d’un campingcar. Mo n’est pas seul dans l’habitacle de sa maison ambulante. Il partage sa vie avec sa paranoïa… et le fantôme de Jimmy Hendrix. Exactement,Mo est persuadé que le plus grand guitariste de tous les temps n’est pas mort. Qu’il s’est simplement mis au vert en sa compagnie, attendant le bon moment pour faire son retour.

De la paranoïa il en est également beaucoup question dans “Le général Opium”, récit de la lâcheté d’une femme vivant avec un dealer aux neurones complètement grillés par toutes les saletés qu’il a fumées ou s’est injecté dans les veines. Elle n’ose pas fuir devant la folie de celui qu’elle aimait.

Mais les textes de Moorcock sont aussi empreints d’un optimisme dévastant tout sur leur passage. Dans un Londres que l’auteur décrit gangrené par les investisseurs immobiliers, un journaliste retrouve la trace d’Edwin Begg, homme d’église scandaleux, surnommé l’Antéchrist de Clapham dans les années 30. Ce simple pasteur a dérangé sa hiérarchie quand il s’est mis à prononcer des sermons trop révolutionnaires. Il a été défroqué mais a continué à porter la bonne parole dans les foires et marchés. D’où vient sa clairvoyance ? Il répond simplement que c’est en rencontrant une déesse, vivant dans un arbre, qu’il a tout compris. Il a aimé cette apparition, et a même eu un enfant avec elle…

"La bourse du Caire” est la nouvelle la plus marquée science-fiction. Une archéologue américaine prétend avoir été enlevée par des extraterrestres à Assouan en Egypte. Délire d’une femme surmenée selon son frère venu la rapatrier en Europe. Et pourtant ; elle affirme avoir été fécondée par un de ces explorateurs de l’espace. Quand elle a accouché, « c’était comme donner le jour au Messie ». Le bébé est mort au bout de huit jours. Elle attend toujours des nouvelles du père.

Plongez dans ces textes magiques, laissez-vous entraîner dans ces territoires imaginaires : la magie Moorcock vous ouvrira des horizons insoupçonnés.

« Déjeuners d’affaires avec l’Antéchrist » de Michael Moorcock, éditions Denoël, 19 € 

Aucun commentaire: