Comme chaque année, l'irrésistible envie d'aller aux champignons me submerge. Comme chaque année, je m'apprête à rentrer bredouille. Chez les cueilleurs de champignons deux espèces se distinguent : ceux qui trouvent... et les autres. J'appartiens définitivement à la seconde catégorie.
Pourtant je ne me considère pas comme un néophyte en la matière. Les petits matins humides à s'enfoncer en famille dans des sous-bois encore obscurs font partie des plus beaux souvenirs de mon enfance rurale. Enthousiaste, sûr de moi, armé de mon bâton fétiche, je fouillais talus, ronciers et autres clairières. Au pied des chênes majestueux ou des châtaigniers touffus, je passais au crible chaque centimètre carré. En vain.
Rapidement, après avoir confondu plus d'une vingtaine de fois feuilles mortes ou branches pourries avec des cèpes, mon entrain baissait d'un cran. Je repérais bien quelques spécimens, généralement les plus colorés. Les plus toxiques aussi. Le coup de grâce venait souvent de ma famille. Mon frère et ma mère me suivaient à dix mètres et ramassaient tous les traîtres qui m'avaient échappé. Quand je les devinais se baisser pour cueillir ce bolet qui, une minute auparavant, aurait dû me sauter aux yeux, j'enrageais. À croire que ces satanés végétaux, si succulents une fois poêlés, avaient le don de se rendre invisibles à mon approche.
Alors je me faisais une raison et me contentais de ramasser des châtaignes, excellentes aussi, grillées au feu de bois.
Les champignons poussent actuellement, paraît-il. Mesdames les châtaignes, prenez garde, j'arrive.
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