L'alchimie de l'amour étudiée au microscope dans ce premier roman signé Nathalie Côte. Mais gare au retour de bâton.
Si vous êtes encore en vacances au bord de la mer ou dans un camping de la région, ne vous précipitez pas trop vite sur ce roman. Surtout si vous vivez en couple depuis quelques années. Vous verrez que la vie à deux , si elles présente quelques inconvénients, au final, quand on est « casé » il vaut mieux tout faire pour assurer cette position sociale si fragile.
C'est l'été. Deux couples avec enfants sont sur le départ. Cap au sud, dans un appartement réservé dans une résidence avec piscine. Les Bourdon et les Laforêt vont devenir voisins durant quelques jours. Ils pourraient devenir amis. Voire amants. Mais ce roman subtil et acide de Nathalie Côte nous mène encore plus loin.
Arnaud et Claire, Vincent et Virginie. Le premier est un mari modèle mais sa femme ne l'aime plus. Le second voudrait devenir riche vite et facilement. Il joue toutes les économies de la famille en bourse sur le net alors que sa femme, complexée par ses rondeurs, est d'une jalousie maladive. Les vacances ressemblent à une compétition bien glauque, celui qui mentira le plus à l'autre.
Le sourire sincère
Arnaud souffre d'une addiction aux sites pornos. En total décalage avec son image de père parfait et de passionné de macro-photographie de plantes rares. Claire a décidé de divorcer. Elle veut l'annoncer durant leurs vacances. D'autant qu'elle vient de rencontrer un riche industriel qui lui fait miroiter une vie de luxe et de plaisirs. Pourtant elle hésite : « Combien de femmes rêveraient d'un mari comme lui ? D'accord, mais il se repose sur elle pour toutes les choses importantes, il est marié avec son appareil photo et ne sait rien faire dans un lit. Quoi qu'elle dise, elle aura tort. Malgré la culpabilité et l'ennui, elle n'arrive pas à prendre cette décision que l'évidence impose. » Dans l'autre appartement, les mensonges foisonnent aussi. Vincent, victime d'une belle escroquerie comme il y en a tant sur la toile, perd en trois jours l'argent économisé pour acheter le 4X4 promis à Virginie. L'orage gronde dans le couple. Le directeur de la résidence est obligé d'intervenir et de mettre en pratique sa formation sur le sourire et les découvertes du neurologue Guillaume-Benjamin Duchenne : « grâce à des réophores placés sur le visage d'un cobaye et traversés par un courant alternatif, il a pu démontrer qu'un sourire sincère impliquait obligatoirement le mouvement du grand zygomatique en même temps que la contraction du muscle orbitaire de l'œil, muscle qui échappe à notre contrôle. Ce sourire infalsifiable est appelé en hommage à son découvreur le sourire de Duchenne. » Des sourires, il y a en beaucoup au fil des pages enlevées. Jaunes parfois tant les protagonistes sont ridicules dans leurs grandes décisions définitives ou leurs renoncements pathétiques.
Comme le courant alternatif de l'expérience, la vie d'un couple passe par des hauts et des bas, un incessant va-et-vient entre bonheur et désespoir, envie de continuer ou de tout plaquer. Cet examen clinique sans concession tient de l'expérience ultime. Pourtant, au final, rien ne change. Notre société est ainsi faite : pour la majorité, le couple reste pour longtemps le socle de l'harmonie familiale, au détriment de l'épanouissement personnel. En avoir conscience adoucit un peu la peine...
« Le renversement des pôles », Nathalie Côte, Flammarion, 16 €
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