Pour une fois, la détérioration du climat social en France me ravit au plus haut point. Hier, les dentistes n'ont pas ouvert leurs cabinets. Voilà une grève bien agréable pour les douillets.
Longtemps j'ai ricané des amis, parents et connaissances qui redoutaient le passage sous la roulette de ces sociopathes en puissance que sont les dentistes. Jusqu'à ma première carie. J'ai alors découvert moi aussi l'enfer de la rage de dent. J'ai cru avoir atteint le summum de la douleur. Perdu ! Il y a pire. Cela s'appelle "soins" dentaires. Certes, sur le long terme on est soulagé. Mais une fois installé dans le fauteuil, tête en arrière, bouche grande ouverte encombrée d'un tuyau qui aspire la salive dans un bruit des plus ragoûtants et que la roulette attaque la dent malade pas encore bien anesthésiée, on se maudit d'avoir cédé à cette douleur qui, finalement, n'était pas si insupportable comparée à celle que l'on subit présentement.
Sans compter les effets retards. On a l'air bien bête à tenter d'articuler pour se faire comprendre alors que la moitié du visage est toujours paralysée par l'anesthésie.Et n'oublions pas le filet de bave qui s'écoule de la commissure des lèvres et que l'on ne sent qu'une fois arrivé au niveau du menton.
Pas de doute, il faut souffrir pour avoir de belles dents. A l'opposé, il ne faut pas craindre de faire souffrir pour soigner. Tant et si bien que je soupçonne certains dentistes d'avoir choisi cette voie uniquement pour assouvir en toute tranquillité des pulsions sadiques irrépressibles. Alors franchement, j'adore cette journée de grève.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.
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