Trois mois de fermeture. Qui aurait imaginé que cette formidable machine à rêver qu’est le cinéma s’interrompe complètement, partout sur la planète, durant trois mois ? « La pandémie est derrière nous » se veut rassurant Jacques Font, le patron de Ciné Movida qui exploite Castillet et Méga Castillet à Perpignan. Le gouvernement a annoncé la réouverture des salles le 22 juin et naturellement les deux complexes seront au rendez-vous. Malgré la contrainte des mesures sanitaires. Même si ce dossier a été largement anticipé par Antoine Font qui épaule son père dans la société. Seulement 50 % des fauteuils de chaque salle seront mis en vente. Un siège de libre séparera chaque spectateur ou groupe de spectateurs, à droite, gauche, devant et derrière. Les distanciations physiques seront ainsi respectées.
Le Méga Castillet ne proposera que quatre séances par jour pour permettre au personnel de parfaitement nettoyer les salles. Au Castillet, jusqu’au 14 juillet, il n’y aura que deux séances par jour, à 16 h et 20 h 30. Tous les employés auront un masque, spécialement fabriqué par Shop Création et Payote pour Ciné Movida. Des distributeurs de gel hydroalcoolique seront disponibles à l’entrée des salles. Mais surtout, les exploitants perpignanais veulent développer la vente des billets par internet. Jusqu’au 7 juillet, si vous achetez vos places sur le site de Ciné Movida, vous ne paierez que 5 € le film. Un tarif très attractif qui devrait permettre à beaucoup de convertir cette envie d’aller au cinéma en action d’aller au cinéma.
Peu de blockbusters
Pourtant l’offre de films n’est pas folichonne pour cette reprise. En fait, 80 % des titres seront des œuvres sorties en mars et qui n’ont pas pu rencontrer leur public. Pas de blockbuster pour remplir les salles (même à 50 %). L’épidémie touche durement les USA. Là-bas aussi les salles ont fermé et surtout les tournages ont été interrompus. Résultat, à part Mulan de Disney fin juillet, il n’y a que peu de films susceptibles de dépasser le million d’entrées. Un pessimisme tempéré par Jonathan Salas, directeur du Castillet, énumérant les très bons films de l’été que sont Les Parfums (le 1er juillet), Tout simplement noir (8 juillet), Divorce Club (le 14 juillet), ou Tenet le dernier Christopher Nolan, sans doute courant août. Par contre Wonder Woman a été décalé en fin d’année, comme le nouveau James Bond.
En réalité les exploitants ne savent pas du tout ce que sera la fréquentation ce lundi. D’ordinaire, on va au cinéma pour voir un film. Mais durant cette première semaine de reprise, beaucoup vont aller au cinéma juste pour retrouver cette magie, ce charme et atmosphère uniques de voir un film sur grand écran, confortablement installé et dans des conditions techniques optimales.
Une salle enfants en projet
De confort, il en est justement question avec l’aménagement, sans doute pour la fin d’année, d’une salle en MX-4D. En clair, les fauteuils bougent ou vibrent en fonction de l’action sur l’écran. Ces effets associés à Bass-Me, toujours en location sur certains films, rendront l’immersion dans le film encore plus totale. En projet aussi une salle réservée aux enfants comme elle existe au 7 Batignoles, le complexe parisien de Ciné Movida. Poufs et méridiennes permettent aux plus petits de profiter pleinement des productions qui leur sont destinées.
Des projets repoussés mais pas abandonnés. La fermeture des cinémas durant trois mois, malgré la mesure bienvenue de chômage partiel pris en charge par l’État, est un rude coup à la société Ciné Movida. Les pertes sont importantes et le retour des spectateurs encore hypothétique. Antoine Font estime qu’il faudra « entre six mois et un an » pour que l’affluence redevienne normale.
Mais l’optimisme est cependant de mise. Même du côté de la dernière entité de Ciné Movida, le distributeur Bodega, où ce 22 juin marque aussi la reprise de La communion, le film polonais coup de poing nommé aux Oscars. Il sera projeté dans 230 salles dans toute la France. La plus grosse sortie pour Bodega depuis longtemps et peut-être que finalement, ce triste confinement aura été la chance de cette œuvre qui sera diffusée tous les jours au Castillet.
Article paru le 19 juin dans l'Indépendant, édition Catalan
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