Le second, autofiction anthropomorphe de Jason Sturm raconte les difficultés économiques d’une partie de la nation traumatisée par l’élection de Trump. Deux visions froides et réalistes d’une situation qui n’annonce pas de beaux jours pur la première puissance mondiale.
Chris Kyle est un héros américain. Sniper dans l’armée, durant ses quatre séjours en Irak, il a abattu plus de 250 « sauvages », comme il les qualifie. De retour la vie civile, il crée une société de surveillance privée, écrit un best-seller et aide des militaires en difficultés. Sa solution : se détendre sur un stand de tir. C’est là qu’il sera abattu par Eddie Ray Routh, alcoolique, drogué, ancien marine qui n’a jamais combattu mais vu plus de cadavres que Chris quand il est allé en Haïti enterré les milliers de victimes d’un tremblement de terre. 160 pages d’un véritablement documentaire dessiné, sans parti pris.
À l’opposé, Jason Sturm se raconte à la première personne dans « Hors-saison ». Il raconte comment son couple s’est délité, comment il accepte les petits boulots de construction pour survivre, comment il est dur de rester digne quand tout s’écroule autour de soi. Ce projet a véritablement été lancé après l’élection de Trump. La femme de Jason, fervent soutien d’Hillary Clinton, est tombée dans une grave dépression après la défaite de la Démocrate. On comprend avec ce récit combien le pays est divisé par l’arrivée au pouvoir de ce milliardaire dans lequel tant d’Américains aiment à se reconnaître. Guerre, élections, tweets, prières : toute l’Amérique contemporaine, si inquiétante, est résumée dans ces deux albums de BD essentiels.
« L’homme qui tua Chris Kyle », Dargaud, 22,50 €
« Hors-saison », Delcourt, 24,95 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire