Garder un secret devient impossible de nos jours. Vidéosurveillance dans la rue, écoutes téléphoniques, cookies sur internet : ce qui était réservé aux spécialistes il y a quelques années est à la portée de tous aujourd'hui. A chaque nouvelle affaire, la première réaction est toujours de fustiger ces atteintes aux libertés individuelles. Mais bien vite le vieux fond français revient à la surface, celui qui a eu tant de succès durant l'Occupation. Espionner, dénoncer...
Qui ne connaît pas une voisine ou un voisin (et ce bien avant l'apparition du phénomène des voisins vigilants) qui sait tout de vos déplacements, des gens qui vous rendent visite, de l'heure à laquelle vous éteignez la lumière le soir. A la limite mieux que vous.
Ces mêmes personnes qui à présent donneraient cher pour devenir expertes en piratage informatique, juste pour capter les images de vidéosurveillance de leur rue. Un programme devenu incontournable chez les candidats maires même les plus progressistes, et certes plus passionnant que Drucker le dimanche.
Relevons au passage l'initiative de la commune du Cannet dans les Alpes-Maritimes : l'ouverture d'un "police drive". N'importe quel quidam peut signaler un "problème" sans même quitter sa voiture. Vive la délation au volant. Même si au final on n'a rien inventé, les bouches de dénonciation à Venise du temps des Doges fonctionnaient déjà sur le même mode. Il suffisait de glisser un petit mot anonyme dans ces boîtes aux lettres particulières pour faire emprisonner quelqu'un...
En bonus, l'extrait du concert de Hubert-Félix Thiéfaine à Bercy en 2008 ou il propose un "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable. il y explique "J'me sens coupable d'imaginer la tête laborieuse de certains de mes voisins, de certains de mes proches, de certaines de mes connaissances, de certains petits vieillards crapuleux, baveux, bavards, envieux et dérisoires, appliqués à écrire consciencieusement ce genre de chef-d'oeuvre de l'anonymat J'me sens coupable d'avoir une gueule à être dénoncé "
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Chronique "De choses et d'autres" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.
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