dimanche 31 décembre 2006

BD - Nous sommes tous des Victor Lalouz

Au royaume des héros les plus lamentables de l’univers, Victor Lalouz va rapidement occuper une place de choix. Petit, assez dégarni, oreilles décollées, grosses lunettes : il n’a pas beaucoup d’opportunité de séduire les femmes. Ce puceau attardé va tenter de forcer le destin en sortant un atout de sa manche : la gloire. Car c’est bien connu, les femmes ne vous regardent pas de la même façon quand vous êtes riche et connu. Victor va donc choisir la radio pour devenir célèbre. Il parviendra à se faire embaucher comme standardiste à Smak FM en bidonnant son CV : fils caché de Michel Drucker, ça en impose. 

Et Victor, à force d’obstination, décrochera même une chronique dans l’émission de libre-antenne. Il compte aborder les sujets les plus importants qu’ils soient pour les adolescents : comment cacher ses revues cochonnes, pour ou contre les mains aux fesses dans les transports en commun, la fascination pour les gros seins. Il fait ça au premier degré et comme tout le monde croit que c’est du second degré, sa chronique a de plus en plus de succès. La gloire n’est pas loin. Quant à perdre son pucelage, c’est une autre affaire. 

Une série désopilante, sous forme de demi-planches signées Diego Aranega. (Dargaud, 9,80 €)

samedi 30 décembre 2006

BD - Et si Napoléon...

Imaginons que Napoléon, au lieu de ne régner que peu de temps sur une bonne partie de l'Europe avait étendu ses conquêtes vers l'Est. Imaginons qu'après l'Egypte, il ait conquis l'Inde. Ce concept, Jean-Pierre Pécau, le scénariste, l'a développé dans une série très prometteuse. 

En 1815, la lutte contre les Anglais fait rage. Mais les batailles se déroulent en Inde. Bombay est une place forte française. C'est dans cette ville prospère qu'arrivent Saint-Elme, officier de cavalerie né en Inde, ayant vécu une partie de sa jeunesse avec des loups dans la jungle et ennemi acharné des Thugs. Il est accompagné de Charles Nodier, jeune scientifique prometteur, très cultivé, qui tout en utilisant les progrès de la technique, accorde beaucoup d'importance aux légendes et croyances populaires. 

Dessinées par Kordey, ces aventures permettent au scénariste d'imaginer l'intervention de personnages hors de leur contexte. Ainsi il est question dans ce premier tome de la créature de Frankenstein, passée au service des Anglais... (Delcourt, 12,90 €)

vendredi 29 décembre 2006

BD - Le fils de l'offreur de cadeaux


Le Père Noël commence à se faire vieux. Il songe de plus en plus à la retraite. Et c'est enfin le grand jour : il va pouvoir passer la main. Son fils est arrivé à l'âge où il doit se trouver une situation professionnelle stable. Cela tombe bien, une place de Père Noël va se libérer. Mais avant il va devoir découvrir toutes les facettes du métier. Ce sont ces tournées à deux, père et fils Noël, que De Groot raconte et que Bercovici dessine. 

Des gags ou histoires complètes où on retrouve tout l'humour du scénariste de Léonard et de Robin Dubois et du dessinateur des Femmes en blanc. On découvre que les rennes du traîneau ont une vie propre ou que la mère Noël, sorte de bonniche obnubilée par le café n'a pas tous les jours une vie reluisante. 

Quant au fils, il se voyait faire un autre métier. Mais qu'importe, il a quelques idées pour révolutionner une fonction qui doit pourtant beaucoup à la tradition. (Glénat, 9,40 €)

jeudi 28 décembre 2006

BD - Horrible Dany

Troisième et ultime partie de la série écrite par Yves H. et illustrée par trois auteurs différents. La première, racontant la vie de Vlad Tepes, était signée Hermann, la seconde de Sera et cet ultime chapitre, se déroulant de nos jours, bénéficie du grand talent de Dany. Un dessinateur rare, trop rare. 

Après Olivier Rameau, BD la plus poétique de tous les temps et « Histoire sans héros », premier succès de Jean Van Hamme, il avait pris l'habitude de surtout distiller son art dans des blagues coquines lui permettant de dessiner ce qui visiblement lui plaît le plus : de charmantes pin-ups en petite tenue. 

En se lançant dans cet album fantastique, il n'a pas abandonné ses jolies modèles puisque le héros, un dessinateur cherchant l'inspiration en Roumanie, est confronté à trois jeunes femmes gourmandes de son corps, dans tous les sens du terme. Car le héros, en quelques jours de repérages sur les lieux de vie de l'inspirateur de Dracula, va rapidement basculer dans la folie et l'horreur. (Casterman, 13,75 €)

mercredi 27 décembre 2006

BD - Guerriers et magiciens


La Meute de l'enfer, petite bande de guerriers et de magiciens, arrive en Italie et découvre un pays en pleine guerre civile. L'anarchie règne partout. Massacres et tueries balisent le chemin jusqu'à Rome. Au nom de deux dieux des anciens temps : Hel pour les Goths, Aïta pour les Romains. 

Et dans sa quête pour trouver les portes de l'enfer, la petite troupe découvre qu'un autre fléau s'abat sur le pays : la peste. Dans ce troisième tome de la série écrite par Thirault et dessinée par Kovacevic (il prend la relève de Hojgaard), la meute est surtout confrontée à un fantôme du passé. Moundhir, tué par la meute car il devenait un fou sanguinaire, parvient à reprendre forme humaine et affronte le magicien de la troupe, l'Oiseau. Un Oiseau qui se sacrifiera dans les dernières pages pour permettre à ses compagnons de poursuivre leur périple, selon les prédictions d'une voyante. 

Très violente, cette BD mélange mythologie, fantastique et combats. Un cocktail détonnant. (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

mardi 26 décembre 2006

BD - L'intégrale, cadeau idéal...

Black Hole. Dans une petite ville américaine, une étrange maladie fait son apparition. Ce mal, vite baptisé « la Crève » affecte exclusivement la population adolescente. Les symptômes provoquent d'ignobles mutations. Rapidement les pestiférés s'isolent et tentent de vivre avec cette maladie venue de nulle part. Oeuvre majeure de Charles Burns, fruit de 11 années de travail, ce long cauchemar bénéficie de son édition en intégrale. 360 pages en noir et blanc qui marquent les esprits. (Delcourt, 29,90 €)

Le Choucas. Quand Lax a créé son personnage de détective placide et désabusé, il avait imaginé des albums en noir et blanc. Un genre dans lequel il excelle. Pourtant, l'éditeur a voulu que la série soit publiée en couleurs. Juste retour des choses, voici la publication des six premières aventures dépouillées des « enluminures ». Cela gagne en noirceur, et on peut mieux apprécier la qualité du trait de ce grand de la BD. (Dupuis, 30 €)

Les sales blagues, la totale. Un autocollant sur la couverture vous prévient « 2,5 kilos de colossale finesse ». 

Un gros pavé de poésie et de douceur ? Non, simplement la compilation de toutes les Sales blagues dessinées par Vuillemin depuis les débuts. 13 tomes en un seul volume de plus de 620 pages. 

La garantie d'une saine rigolade pour un réveillon qui n'en finirait pas... (Albin Michel, 39 €)

Torpedo. Voilà une des plus grosses intégrales BD mise sur le marché pour cette fin d'année. 680 pages retraçant les aventures de Lucas Torelli, dit Torpedo. Un truand américain des années 30 qui ne fait pas dans la dentelle quand il a un différend. Ecrit par Abuli, Torpedo, après une première histoire sous la plume d'Alex Toth, a continué sa vie avec Jordi Bernet aux pinceaux. Un maître catalan du noir et blanc. (Vents d'Ouest, 35 €)

lundi 25 décembre 2006

Cadeaux - Quelques beaux livres


Voyage au bout de la nuit illustré par Tardi.
A sa parution en 1988, ce livre était l'exemple parfait de la collaboration entre Futuropolis, maison d'édition BD d'excellence et d'expérimentation, et Gallimard, riche de ses classiques de la littérature française et étrangère. Le roman de Céline sera toujours une grande claque pour le lecteur. Le texte, illustré par Jacques Tardi, en prend encore plus d'ampleur. La réédition en 2006 de cet ensemble montre que la formule n'a pas vieilli. Mais qu'il sera difficile de faire mieux... (Futuropolis/Gallimard, 35 €)

Spiderwick, le grand guide. Après la publication de la saga des chroniques de Spiderwick, voici le guide richement illustré de ce monde fantastique qui plaira aux plus jeunes. De l'elfe des bois à la kelpe lacustre en passant par les différents gobelins vous apprendrez tout sur ces êtres merveilleux, avec de superbes croquis à la clé. Un complément iconographique idéal aux romans. (Pocket Jeunesse, 21 €)



Brassens à la lettre. Chloé Radiguet a retracé la carrière de Georges Brassens, disparu il y a 25 ans, dans une sorte de dictionnaire illustré de dizaines de photos. Cela commence bien évidemment par le A d'Amitié. Les témoignages des amis sont nombreux dans ce gros volume. (Denoël, 25 €)

dimanche 24 décembre 2006

BD - Jeune assassin ?


« Assassin ! », tel est le titre du 12e album des aventures de Charly écrites par Lapière et dessinées par Magda. Charly n’est plus l’enfant du début de la série, jouant avec son avion magique. C’est devenu un jeune adulte de 17 ans, n’ayant gardé de cette période que la faculté de voir le futur quand il croise certaines personnes. Des visions très perturbantes car ce sont généralement accidents et meurtres qui s’imposent à son esprit. 

Alors qu’il  flirte avec sa petite amie du moment, son beau-père Jacques lui propose de l’intégrer dans l’équipe de sa chaîne de magasins de vêtements pour adolescents. Une grosse opération qu’il mène de concert avec un associé, Pierre-Edouard. Mais ce dernier semble avoir une double vie que Charly perçoit immédiatement à son contact. Il voit viols, tortures et assassinats de jeunes femmes, mises sur le trottoir de force. En tentant de sauver une de ces prostituées, Charly va se transformer en coupable idéal. Et il ne devra son salut qu’à une fuite irrationnelle. 

Recherché par la police, il devra tenter de prouver son innocence aux yeux de tous, même de sa mère et de sa petite amie. Première partie d’une histoire très sombre, très réaliste, très plausible. (Dupuis, 9,80 €)

samedi 23 décembre 2006

Roman - La vie, la vraie… selon Jean-Paul Dubois

Au rythme des changements de président de la République, Jean-Paul Dubois retrace la vie de Paul Blick : « Une vie française ».


Ce roman de Jean-Paul Dubois fait partie des rares œuvres qui vous imprègnent totalement, laissant forcément une trace longue et indélébile au plus profond de votre être. Paul Blick, héros omniprésent de ces 350 pages, débute son récit le jour de la mort de son frère aîné, Vincent. Il a huit ans, Vincent venait d’en avoir dix. De ce jour, les parents de Paul abdiquent toute joie de vivre. Paul, ne voit qu’un seul et unique intérêt à la mort de son aîné : il peut accaparer un carrosse doré qui lui faisait envie depuis des années. Une trahison, acte fondateur du début de ses mémoires en même temps que De Gaulle fonde la Ve république qui le suivra jusqu’à aujourd’hui, 44 ans et quelques présidents plus tard.

Mai 68 et après…

L’adolescent suivra une scolarité simple et anonyme jusqu’à l’arrivée de mai 68, l’année de sa terminale. Il est le premier sur les barricades de la ville rose, allant même jusqu’à briser les vitrines du garage de son père avec des pavés on ne peut plus symboliques. De ce grand chambardement, il gardera un engagement politique résolument anarchiste. Il n’a jamais voté et ne le regrettera jamais, trouvant dans les années qui passent mille bonnes raisons de ne pas avoir donné sa voix au nobliau Giscard, à Mitterrand et ses pratiques monarchiques ou Chirac en 2002 « qui n’était pas grand-chose face à l’Autre qui était encore moins ». Mais cela n’empêche pas Paul Blick de tout faire pour voler de ses propres ailes et trouver sa place dans cette société qu’il supporte plus qu’il ne cautionne. Premier boulot dans un hebdomadaire sportif. Il signe ses premiers compte-rendus de rugby. Il rencontre surtout la fille du patron, Anna, et en tombe follement amoureux. Il mettra du temps à la conquérir, parviendra à évincer le fiancé officiel pour finalement l’épouser, un compromis qu’il regrettera longtemps. Deux enfants naîtront de cette passion : Vincent (prénom évident pour Paul) et Marie.

Arbres immobiles.

Il abandonnera les bords de terrain pour se consacrer entièrement à l’éducation de ses petits pendant que la mère, executive women avant l’heure, reprend une société de son père pour lui donner un coup de fouet et atteindre « une croissance à deux chiffres ». La scolarisation des enfants lui laisse un peu plus de temps libre et il se remet à la photographie, ne fixant sur sa pellicule que des arbres, calmes et immobiles. Il trouvera dans ces représentations une philosophie de la vie qu’il résume en quelques mots : « Je vois la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but, un voyage sur un lac à la fois calme et nauséabond. Parfois, sous l’effet de notre propre poids, nous glissons vers le fond. Lorsque nous le touchons, lorsque nous sentons sous nos pieds la substance molle et écœurante de nos origines, alors nous éprouvons la peur ancestrale qui habite tous les têtards voués à l’abattoir. Une vie n’est que ça. Un exercice de patience, avec toujours un peu de vase au fond du vase. »

La vieillesse.

Les photos des arbres, regroupées dans un livre luxueux, lui donne une indépendance financière inespérée. Il vieillira inexorablement, avec son cortège de deuils, de petits bonheurs et de désillusions. Mort du père, lente agonie de la mère, disparition de sa femme dans un accident d’avion : la vie ne lui fait pas de cadeaux. Avec la ruine au bout du chemin et la folie de sa fille. Et l’amour ? Il résume amèrement ce sentiment : « Nous avons tous la faiblesse de croire que chaque histoire d’amour est unique, exceptionnelle. Rien n’est plus faux. Tous nos élans du cœur sont identiques, reproductibles, prévisibles. Passé le foudroiement initial, viennent les longues journées de l’habitude qui précèdent le couloir infini de l’ennui. »

Si ce roman de Jean-Paul Dubois est parfois émouvant, il est également souvent comique. L’auteur parvient à faire alterner scènes bouleversantes et sketches hilarants. Comme une vie bien remplie offre normalement à tout homme qui se respecte, qu’il soit Français ou de n’importe qu’elle autre nationalité.

« Une vie française », Jean-Paul Dubois, éditions de l’Olivier, 21 € (également en poche chez Points)

vendredi 22 décembre 2006

BD - Mystère à Rocamadour


La troisième enquête de la Brigade de l'étrange se déroule à Rocamadour. La paisible cité lotoise est sous le choc : trois notables viennent d'être retrouvés décapités dans les rues. Crimes mystérieux, inexpliqués et se déroulant de nuit. Les policiers locaux ne trouvant aucune piste, le ministère décide d'envoyer ses agents d'élite : Carette, Fernand et Edouard, le frère du professeur Lartigues. 

L'intrigue se passant en 1882, quand le trio arrive sur place, il n'est pas surpris d'entendre au loin les hurlements des loups encore très nombreux dans la région. Une enquête délicate car les victimes sont des notables et que rapidement les principaux suspects sont eux aussi très honorablement connus et installés depuis fort longtemps à Rocamadour. 

Le scénario de Philippe Chanoinat laisse le lecteur très longtemps dans l'expectative. Qui est le tueur ? Il faudra les dernières cases dessinées par Frédéric Marniquet pour découvrir la vérité. (Albin Michel, 13,90 €)

jeudi 21 décembre 2006

Roman - Moscou nocturne

Le Moscou décrit par Serguei Loukianenko dans ce roman fantastique est terrifiant. La ville serait le théâtre d'un combat entre Sombres et Clairs.


Anton, le narrateur de ce roman fantastique vendu à plus de deux millions d'exemplaires en Russie est informaticien. Il semble mener une vie tout ce qu'il y a de plus classique. Mais Anton est différent. Il fait partie des « Autres », des individus ayant des pouvoirs surnaturels. Ils ne sont pas très nombreux et cohabitent avec les humains, ces derniers ne soupçonnant jamais l'existence des sorciers, mages, vampires ou lycanthropes. Anton, en réalité, est employé au Contrôle de la nuit. Il est chargé de repérer et de neutraliser les « Sombres » ne respectant pas les règles en vigueur depuis 1342. Car entre la Nuit et le Jour, les Sombres et les Clairs, un pacte a été signé à cette lointaine époque. Et chacun se surveille mutuellement. L'équilibre doit être minutieusement respecté. Les Sombres ne peuvent tuer ou tisser des maléfices que sur licence du Contrôle de la Nuit. De même, les mages blancs, les Clairs, ne peuvent guérir et jeter des sorts bénéfiques que sur licence du Contrôle du Jour. Quand il y a affrontement, c'est toujours dans la Pénombre, une dimension parallèle à notre réalité, uniquement perceptible par les « Autres ».

L'adolescent et les vampires

Ce monde très manichéen, aux règles strictes mais qui sans cesse est sur le point de basculer est issu de l'imagination de Serguei Loukianenko, médecin psychiatre de formation, figure de proue de la nouvelle vague du fantastique russe.

Anton, plus habitué au travail de bureau, se retrouve donc sur le terrain, tentant dans la première histoire (il y en a trois dans ce gros recueil de 500 pages) de sauver Egor, un adolescent, « Autre » n'ayant pas encore découvert ses capacités, des crocs d'un couple de vampires hors-la-loi. Anton tue le mâle, mais la femelle prend Egor en otage. Anton, doit en plus tenter de trouver l'origine d'une malédiction se formant au-dessus de Svetlana, une jeune femme, médecin, ne se connaissant pas d'ennemi.

Zébulon, l'ennemi

Une malédiction d'une ampleur encore jamais vue : « Devant moi, sur fond de ciel enneigé, un cyclone noir tournait lentement sur lui-même. C'était bien plus qu'une tornade, un cyclone gigantesque. (...) D'après le chef, la tornade qui a précédé la bombe d'Hiroshima était moins haute. » Anton va devoir trouver l'origine de la malédiction en peu de temps. Sinon, ce sera toute la ville de Moscou qui sera rasée. Il découvrira, avec l'aide de sa collègue Olga (qui a l'apparence d'une chouette), que tout cela n'est qu'une vaste machination du Chef du Contrôle de la Nuit, Zébulon, sorcier puissant qui en voudra énormément à Anton d'avoir déjoué son plan.

Sans révolutionner le genre, Serguei Loukianenko parvient à surprendre le lecteur. Description détaillée de la Pénombre, personnages aux résonances très humaines malgré leurs pouvoirs, actions et coups de théâtre fréquents, le premier tome de cette trilogie, bientôt adaptée au cinéma, devrait faire rêver et frémir ses lecteurs.

« Les sentinelles de la nuit », Serguei Loukianenko, Albin Michel, 18,50 €

mercredi 20 décembre 2006

BD - Rome et ses dérives

En très peu de temps, Le Scorpion est devenue une des séries les plus vendues du catalogue Dargaud. Ce 7e tome, première partie d'un nouveau cycle, est depuis cinq semaines placé dans le top 10 des meilleurs ventes. 

Une juste récompense pour deux auteurs qui mettent leur art au service du récit. Desberg, le scénariste, se permet quelques clins d’œil très littéraires, Marini, le dessinateur, maîtrise à merveille cette époque et les décors de la ville de Rome. 

Toujours résolu à prouver l'illégitimité du pontificat du cardinal Trebaldi, le Scorpion est de retour dans la capitale italienne et siège du Vatican après son périple en Terre Sainte. Il découvre une ville terrorisée par la cruauté d'un pape, pressé d'éliminer les témoins de son passé. Les moines chevaliers multiplient les arrestations arbitraires et les exécutions. Pour contrer ce tyran sanguinaire, notre héros va devoir enquêter sur les raisons qui ont conduit sa mère sur le bûcher de l'Inquisition. 

Un passé douloureux pour le Scorpion aidé dans sa quête par la belle Egyptienne Méjaï et le vigoureux Hongrois Aristote. (Dargaud, 9,80 €)

lundi 18 décembre 2006

BD - Secrets de naissance

On a tous des secrets. Petits ou grands, sans importance ou terrifiants. Frank Giroud, le scénariste de ce nouveau concept se déclinant en plusieurs séries confiées à différents illustrateurs, raconte dans « L'écharde » la découverte par une jeune femme, en mai 68, de l'événement qui a poussé son père au suicide. 

Dans le tome 2, Annette, loin de la campagne gardoise où elle a passé son enfance, va rencontrer à Paris des témoins de la période de sa naissance. Une naissance tragique, dans le camp de Drancy, escale forcée des Juifs arrêtés par la police française et déportés, par la suite, vers les camps de la mort en Allemagne et en Pologne. Annette devra se rendre à l'évidence, celle qui se prétendait sa mère, ne l'est pas. Sa véritable mère est morte en déportation.

Quand on apprend l'inavouable, comment réagir ? Cette interrogation est au centre de cette magnifique histoire, très poignante, dessinée avec douceur et harmonie par Marianne Duvivier. (Dupuis, collection Empreintes,13 €)

dimanche 17 décembre 2006

BD - Jumeaux colombiens


Laurent Galandon, jeune scénariste déjà remarqué avec l'envolée sauvage, confirme son talent naissant avec cette série à l'intrigue fouillée dans une atmosphère très réaliste. Dessinées par Michele Benevento, Italien ayant fait ses armes dans les séries très populaires comme Diabolik et Nick Raider, les aventures de César se passent en Colombie.

 Un pays gangrené par la violence et la drogue. César est sicaire, surnommé « La balle ». Généralement il n'a besoin que d'une balle pour accomplir ses contrats. Tueur impitoyable, il a cependant un bon fond, donnant une partie de son argent mal gagné à un prêtre qui tente de sortir les enfants de la misère en leur donnant un peu d'éducation. La vie de César va basculer quand une bande rivale décide de l'éliminer. Il va trouver une solution en découvrant un sosie, à la vie riche et facile. Il va mettre en place un plan pour prendre sa place.

 Une histoire d'échange de personnalité, doublée de secrets enfouis dans la mémoire. (Bamboo, Grand Angle, 12,90 €)

samedi 16 décembre 2006

BD - La jeune fille et les animaux


Katja Centomo, déjà à l'origine de la série « Monster Allergy », poursuit dans la veine « BD pour adolescente rêveuse ». Dans un futur proche, les modifications climatiques ont bouleversé l'équilibre écologique de la planète. La montée des eaux a obligé les hommes de construire des villes sur pilotis. 

Des homes qui ont difficilement survécus, les animaux eux ont pratiquement tous disparus. Dans cette mégapole allant de Paris à Bruxelles, la jeune Lys, 15 ans, tout en devenant femme, s'investit de plus en plus dans la sauvegarde des rares spécimens encore vivants de la gent animale. Au cours d'escapades nocturnes, elle dérobe à des trafiquants poissons et autres derniers représentants des mammifères. 

Dans sa chambre, au grand étonnement de sa nouvelle copine Bertoldi, cohabitent une dizaine d'espèces. Dessinée par Dalena, cette série entre conte et cauchemar, devrait être publiée à un rythme très soutenu. (Soleil, 9,45 €) 

vendredi 15 décembre 2006

BD - Balade infinie...


Makyo, en lançant « La Balade au bout du monde » au début des années 80 dans la revue Gomme de chez Glénat, ne se doutait certainement pas que l'aventure durerait toujours, un quart de siècle plus tard. Il aura « épuisé » deux dessinateurs (Laurent Vicomte et Michel Faure) et trois cycles d'aventures. Une série vendue à près d'un million d'exemplaires et qui est dessinée depuis trois tomes par Laval NG, jeune dessinateur de l'île Maurice.

 Arthis, le jeune photographe à fleur de peau, poursuit sa découverte d'un monde fantastique insoupçonné. Il a la possibilité de voyager dans le passé, son passé. Un pouvoir bien utile pour empêcher un ami de mourir ou pour récrire l'histoire dans le bon sens. Mais il doit également affronter des forces maléfiques très puissantes.

 Dans ce 15e volume, Aline est enlevée. Pour la retrouver il devra flirter avec la folie. Parfois hermétique, parfois lyrique, cette série est toujours aussi passionnante. (Glénat, 13 €)

jeudi 14 décembre 2006

BD -Belote guerrière

Comès n'est pas un stakhanoviste des bulles. Révélé au grand public par son roman-BD Silence, il n'a pas profité de ce succès pour envahir les rayonnages des librairies. Auteur complet et hors norme, il a distillé ses histoires sensibles et fantastiques à son rythme. De plus ne plus lent puisque sa dernière livraison datait de 2000.

 « Dix de der » se passe dans ces Ardennes qu'il connaît bien et qui l'inspirent. En 1944, un jeune soldat américain trouve refuge dans un trou, au pied d'une croix. Une pause dans la progression des alliés, les Allemands résistent plus que prévu. Dans la boue, le froid et le doute, il va se mettre à parler avec trois fantômes. Un soldat allemand de la première guerre mondiale, un alcoolique local et un enfant mort lui aussi violemment en 1914. Ils cherchent un quatrième pour jouer à la belote. Mais pour cela il faudrait que le soldat US meure... 

Réflexion froide et clinique sur les horreurs de la guerre et la bêtise des hommes, cette BD ne laisse pas indifférent. Une belote pour l'éternité, cela vous tente ? (Casterman, 12,95 €)

mercredi 13 décembre 2006

BD - La vengeance impitoyable du Bouncer


White Elk aura presque attendu toute sa vie pour se venger. Le vieil indien va faire payer à 6 hommes blancs le massacre de sa tribu. A la place, ils ont construit Barro City, ville typique du far west où Bouncer est chargé de faire respecter l'ordre dans le saloon. Dans les premières planches de ce 5e et à priori dernier album de la série de Jodorowsky et Boucq, la foule tente d'empêcher la pendaison d'un meurtrier. Le bourreau est une femme. Derrière sa voilette de veuve noire, elle sait se faire respecter. Bouncer n'est pas insensible à son charme viril. Mais la nuit, l' Indien revient et il tue. Pourchassé, il ne devra son salut qu'au Bouncer... son fils. Violente, épique, tragique, grandiose : une série devenue incontournable. 
« Bouncer », éditions des Humanoïdes Associés, 12,90 euros

BD - Bouncer et vengeance

White Elk aura presque attendu toute sa vie pour se venger. Le vieil indien va faire payer à 6 hommes blancs le massacre de sa tribu. A la place, ils ont construit Barro City, ville typique du far west où Bouncer est chargé de faire respecter l'ordre dans le saloon. Dans les premières planches de ce 5e et à priori dernier album de la série de Jodorowsky et Boucq, la foule tente d'empêcher la pendaison d'un meurtrier. Le bourreau est une femme.

 Derrière sa voilette de veuve noire, elle sait se faire respecter. Bouncer n'est pas insensible à son charme viril. Mais la nuit, l' Indien revient et il tue. Pourchassé, il ne devra son salut qu'au Bouncer... son fils. 

Violente, épique, tragique, grandiose : une série devenue incontournable.

« Bouncer », éditions des Humanoïdes Associés, 12,90 euros

mardi 12 décembre 2006

BD - Plongez dans l'obscurité du monde des Stryges

Les stryges se font très discrets dans ce dixième album de la série dévoilant leur existence à la face du monde. Mais ils restent au centre de l'intrigue et de l'action. 

D'un côté les trois héros, Jill, Nivek et Debrah, pions à le recherche de la vérité, de l'autre la puissance de Sandor Weltman, richissime homme d'affaires cherchant à découvrir le secret pour détruire les stryges. Dans cet épisode charnière, Nivek risque souvent sa peau, Jill perd une amie chère et Debrah joue de ses charmes. Pour, au final, tous se retrouver prisonniers du bunker de Weltman. 

Le suspense va crescendo, Corbeyran, le scénariste, mène parfaitement sa barque. Guérineau, sobre et économe, la joue de plus en plus série fantastique américaine.

« Le chant des Stryges », éditions Delcourt, 12,90 euros

lundi 11 décembre 2006

BD - Paillettes made in Hollywood

Des paillettes, il n'en manque pas à Hollywood. Louis et Dico, les deux héros complètement givrés imaginés par Pétillon et dessinés par Rochette, après Londres et New York, débarquent à Los Angeles pour leur troisième grande aventure. 

Louis cherche toujours un moyen de récupérer les îles anglo-normandes à la perfide Albion. Dico, schizophrène congénital, change de personnalité comme de chaussettes. Une aptitude à se glisser dans la peau des autres qui fera son succès à la Mecque du paraître. Mais ces deux originaux traînent un lourd passif, notamment quelques millions de dollars de dettes à un gag de la côte Est. 

Une surprise par page dans cet album rocambolesque et hilarant.

"Triomphe à Hollywood", éditions Albin Michel, 12,50 euros

dimanche 10 décembre 2006

Roman noir - Un prime time explosif

Satire sociale et critique féroce de la téléréalité : Pascale Fonteneau signe un cocktail détonnant et hilarant.


La vie n’est pas tous les jours rose pour Monique et Sylvie. Deux copines, depuis de très nombreuses années. Elles ne se sont pas rencontrées sur les bancs de l’école mais sur celui de la chaîne où elles travaillaient jusqu’à il y a encore un an. Mais l’hydre de la délocalisation est passée par là. La famille propriétaire depuis des décennies a vendu l’entreprise de textile à une multinationale qui s’est empressée de démonter les machines pour les installer en Roumanie. Le plan social en France était radical : tout le monde au chômage. Les anciens salariés ont monté une association avec l’aide des délégués syndicaux pour tenter d’obtenir la réouverture de l’usine. Une année de batailles médiatiques et judiciaires sans résultat.

Monique, la pasionaria

Sylvie, la narratrice de ce roman policier fortement teinté de social, raconte les espoirs du début, puis les lassitudes et maintenant la démobilisation. De la centaine de membres au moment de la création de l’association, il n’en reste plus qu’une dizaine. Monique est la secrétaire et c’est à ce titre qu’elle participe à un colloque à Paris. Elle en revient transfigurée. De veuve éplorée (son mari, lui aussi ouvrier à l’usine, lui aussi licencié, s’est suicidé de désespoir), elle revient en pasionaria politique, prête à franchir les limites de la légalité pour faire avancer sa cause. Un revirement de comportement qui est directement imputable à Richard, un soi-disant  révolutionnaire clandestin, que Sylvie doit héberger chez elle car il serait trop voyant chez Monique vivant toujours avec sa fille Magali et sa belle-mère. Richard aux discours enflammés qui ne sont pas sans effet sur Sylvie. Elle tombe dans les bras du nouvel amant de son amie de 20 ans. Mais la première action d’éclat du trio tourne mal et se solde par deux morts : un notaire et le mystérieux Richard.

Magali, la star jetable

En parallèle de cette action romantico-syndicale, Pascale Fonteneau développe la seconde intrigue de son roman : l’accession de la jeune Magali au statut de star. Car pendant que sa mère complote la nuit avec Sylvie et Richard, Magali passe un casting pour l’émission "Une étoile est née", programme de téléréalité à mi-chemin entre la Star Academy et la Nouvelle Star. Magali ayant été retenue, la vie de Monique se retrouve une seconde fois en moins d’une semaine totalement bouleversée. Reconnaissons que les meilleurs passages de ce roman se trouvent dans cette critique acerbe du fonctionnement de ce type de programme télé. En mettant en exergue les notes de la production, le lecteur comprend comment on "fabrique" ces stars éphémères, comment on les jette ensuite comme des mouchoirs en papier usagés et enfin pourquoi le public raffole des histoires tristes se terminant bien. Le suicide du père et le chômage de la mère de Magali sont du pain béni pour les rapaces de l’audiovisuel. Une bonne occasion de faire pleurer dans les chaumières, de faire croire que la célébrité de Magali est une revanche sur le destin. Mais les dés sont pipés. Reste que parfois, une individualité peut être plus forte qu’une machine industrielle. Monique va le prouver tout au long de la seconde partie de ce roman dont on souhaiterait presque qu’il ne soit pas une simple fiction, notamment dans la scène finale.

« Jour de gloire », Pascale Fonteneau, Editions du Masque, 16 €

samedi 9 décembre 2006

BD - Course contre le temps

Dans un univers steampunk parfaitement maîtrisé par Gaudin (scénario) et retranscrit par Trichet (dessin), les trois héros des Arcanes du Midi-Minuit sont confrontés dans ce cinquième album à une série de crimes étranges. 

Premier visé : Sir Francis Neydouik. Cet ancien ministre des armées, passionné d'armes blanches, est retrouvé dans son bureau, littéralement lardé de poignards, épées, sabres et autres ustensiles du même genre, pointus et tranchants. Un mystère de choix pour Jim McKalan, agent des services du Roi, aidé de sa cousine Jenna et de Beltran. Car personne ne semble avoir pénétré dans la pièce. 

Le meurtrier invisible s'en prend à divers responsables militaires avant d'annoncer clairement que le prochain visé sera le roi. Jim, à force de recherches, parvient à trouver l'origine de ce qui ressemble de plus en plus à une vengeance. Il y a 20 ans, un magicien périssait dans l'incendie de sa maison. Qui cherche aujourd'hui à punir le coupables ? 

Une série qui s'affirme d'épisode en épisode, tant au niveau graphique que du point de vue de la psychologie des personnages. (Soleil, 12,90 €)

vendredi 8 décembre 2006

BD - Guerriers virtuels

L'homme, de tous temps, a cherché à se battre sans se faire mal. Les armures servaient à se protéger. Cette logique poussée à l'extrême est le concept de « Métal », série de SF signée d'un trio américain, Brown et Alexander au scénario, Guice au dessin. 

Dans un futur très lointain, seuls les nobles ont le droit de se battre. Mais ils ne risquent pratiquement plus rien. Des armures autonomes servent de réceptacles pour leurs esprits, durant 72 heures au maximum. Si l'armure est détruite, l'esprit réintègre le corps humain, sans souffrir. Dans les deux premiers tomes parus presque simultanément, l'empereur se trouve dans une situation inédite. Victime de la trahison de son frère, le corps humain est détruit, l'esprit reste prisonnier de l'amas de ferraille. Épuisé, après une rude bataille, il est récupéré par des organisateurs de combats. D'empereur, il devient esclave mécanique.

 Un space-opéra original, très spectaculaire car Guice, le dessinateur, est un virtuose qui a déjà rodé son trait durant une vingtaine d'années en alignant comics sur comics. (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

jeudi 7 décembre 2006

BD - Le roi Arthur et sa bande en BD

L'adaptation de séries télé en bande dessinée a rarement été à la hauteur de l'originale. On se souvient de Caméra Café, acceptable, on oubliera les annonces d'Elie, peu convaincantes. Pour Kaamelott, c'est carrément le créateur et acteur principal, Alexandre Astier, qui a pris en charge le scénario. Et plutôt que de récrire des épisodes déjà vus, il a fourni à Steven Dupré un scénario original entrant dans le cadre très précis d'un 48 pages. Le résultat est en demi-teinte. 

Rien à redire sur l'esprit des personnages. D'Arthur à Bohort en passant par l'inégalable Perceval, on retrouve tout le ressort comique d'acteurs regardés chaque soir par 4 millions de téléspectateurs sur M6. En introduisant une armée de morts-vivants et quelques créatures fantastiques gigantesques, Alexandre Astier utilise parfaitement la possibilité de faire du très grand spectacle à moindre coût. Reste que les véritables passionnés de la série TV resteront sur leur faim.

 Les amateurs de BD devraient eux apprécier cette histoire bourrée de gags et de bons mots, à l'intrigue soignée et au dessin efficace. (Casterman, 11,95 €. Une édition de luxe de 64 pages comprenant croquis et entretiens avec les auteurs est en vente au prix de 19,95 €)

mercredi 6 décembre 2006

Polar - Parcours nocturnes

Il peut s'en passer des choses durant une nuit. Vol, fugue, coup de foudre, mort : tranches de vies nocturnes par Jean Achache.


Daniel Wis est flic. A la brigade de protection des mineurs. C'est le mot protection qui a attiré ce policier au parcours différent de ses collègues. Par exemple, pour l'incognito, c'est rapé : « Je suis un flic qui se voit. Un flic dont on se dit qu'il a une tête de flic. Un flic dont les gamins se méfient. Tant mieux, au moins comme ça, il n'y a pas d'ambiguïté. Je ne suis pas leur pote ». Au petit matin, après une nuit éprouvante, il décide de mettre sur papier l'enchaînement d'événements qui s'est achevé par la mort d'un homme. Avant la scène finale, il présente les différents protagonistes. Quelques heures auparavant ils ne se connaissaient pas. Il y a Ben, le livreur de pizza, Claire la chanteuse pop anglaise, Virginie, l'adolescente fugueuse, Kevin, son petit copain, déjà accro à l'héroïne malgré ses 12 ans, Bruno, le cambrioleur et d'autres qui joueront un petit rôle.

De l'amour à la haine

Toute une humanité, plus ou moins heureuse. La violence est en filigrane, mais les sentiments ont aussi leur mot à dire. Jean Achache raconte comment Ben, jeune black vivotant en livrant des pizzas, tombe raide dingue amoureux d'une étudiante, fille d'un diplomate, danseuse de flamenco émérite. Ils se croisent, tentent de s'apprivoiser et finalement acceptent l'évidence : l'amour frappe toujours au hasard. De l'amour il n'y en plus beaucoup dans la famille de Kevin. Pour lui, « la nuit commence par une énorme claque dans la gueule assénées par le gros Raymond son beau-père, sous le regard indifférent de sa mère, Josiane. Il a 12 ans, c'est jeune pour se faire démonter la tête par un type qu'il a toutes les raisons de détester et à qui il rend une bonne cinquantaine de kilos ». Kevin se vengera, notamment en brûlant le 4x4 du violent.

Pour Claire, la violence est loin derrière elle. Cette star de la pop anglaise revient à paris pour enregistrer son nouveau clip. Elle revient car elle a passé quelques années dans la capitale française. Avant qu'elle ne soit connue et adulée de ses fans. Elle en a gardé quelques noirs souvenirs. Ce qui explique son errance nocturne en compagnie de Pascal, le stagiaire chargé par la production d'exaucer tous ses caprices.

Presque une famille idéale

Le bonheur, on le trouve dans la description d'une famille française idéale. Du moins en apparence. Virginie, 12 ans, fuguera dans la nuit. « C'est leur dernier repas en famille et ils ne le savent pas. On voudrait pouvoir leur dire. Profitez, faites pas la gueule. Vous vous aimez profondément mais vous interprétez au pied de la lettre la partition déjà écrite et des milliers de fois rabâchée de la famille qui traverse les phases « normales » de son évolution. Demain vous vous direz que si vous aviez su, vous auriez fait autrement. » La nuit, les lieux les plus courus sont parfois étranges : les égouts, le périphérique ou des studios de télévision, anciens entrepôts transformés en petit Hollywood. C'est là que le drame va se nouer, sans éclairage ni caméra.

Les personnages sont criant de vérité, l'enchaînement des faits totalement maîtrisé par un écrivain signant son premier roman, mais ayant une belle expérience de la narration puisqu'il est à la base réalisateur de cinéma.

« Juste une nuit », Jean Achache, Editions du Masque, 16 €

mardi 5 décembre 2006

BD - André Franquin est un génie !

Alors que les aventures de Spirou et Fantasio, sous la plume de Morvan et Munuera, connaissent un très intéressant renouveau et que des histoires indépendantes et hors collection sont confiées à de jeunes dessinateurs (Fabrice Tarrin est le prochain), les éditions Dupuis n'oublient pas que la série doit énormément à André Franquin. Les deux premiers tomes de l'intégrale des aventures du groom rouge dessinées par le créateur de Gaston et du Marsupilami viennent de sortir.

Des œuvres de jeunesse datant des années 45 à 52. Si les premiers récits sont effectivement un peu maladroits, on retrouve rapidement le grand Franquin, celui qui impose sont trait tout en mouvement et dynamisme. 

Dans le tome deux on retrouve les aventures qui ont véritablement propulsé les deux héros sur le devant de la scène, du "Il y a un sorcier à Champignac" au mythique "Les voleurs du marsupilami". Ce dernier personnage, qui restera la propriété d'André Franquin, est vite devenu indispensable au succès de la série. Le tome trois de cette intégrale en 8 volumes paraîtra en mars 2008. (Dupuis, 16 euros)

lundi 4 décembre 2006

BD - Le désespoir du singe face au coup de foudre


Lendemain de fête. Fête trop arrosée. Josef a des difficultés pour émerger. Chez son amie Edith, une peintre aux mœurs très libres, il se souvient péniblement de ses éclats. Tirant un trait sur ses ambitions artistiques, il a décidé de reprendre l’entreprise de son père. Une fabrique d’éponges. Et puis de se marier avec sa fiancée. Bien qu’il ne l’aime pas véritablement. 

Un homme déçu et résigné. Mais ses choix pourraient être remis en cause car une guerre civile menace d’éclater. Le pouvoir a décidé de promouvoir l’agriculture intensive. Au détriment de la pêche. Conséquence, le niveau de la mer intérieure baisse et des dizaines de familles de pêcheurs se retrouvent sans revenus. 

L’entreprise de Josef risque de faire faillite. C’est dans ce contexte que Josef rencontre Vespérine, le modèle d’Edith. Le coup de foudre est réciproque. Ils passent leur première nuit d’amour alors que émeutes et répression mettent la ville à feu et à sang. 

Une BD entre romantisme et histoire, écrite par Jean-Philippe Peyraud et dessinée par le très talentueux Alfred, déjà remarqué avec sa série Abraxas. (Delcourt, 12,90 €)

dimanche 3 décembre 2006

BD - Argent trouble


Machination dans la haute finance, cupidité, escroquerie : les thèmes abordés dans cette BD en deux parties publiées simultanément ne sont pas des plus reluisants. et loin de la vie quotidienne de millions d'Européens. Il existe pourtant quelques centaines d'individus en Europe qui ne parlent qu'en millions d'euros.

 Ils sont souvent concentrés autour du Luxembourg, principauté membre de la CEE aux pratiques financière souvent suspectes. Tout commence par la rencontre de deux anciens amis du lycée. Franco va aider financièrement Jacques à rénover un hôtel en Croatie. En contrepartie le futur hôtelier devra ramener des Balkans des mallettes d'argent sale. Une grosse magouille sur 10 millions d'euros qui va se gripper avec la mort de Franco. Le bel édifice va s'écrouler entraînant dans sa chute quelques lampistes et têtes pensantes. 

Le scénario de Philippe Richelle parvient à rendre passionnant ce trafic financier. Pierre Wachs, sans fioritures, illustre efficacement ce récit qui connaîtra une suite, en janvier... avec Dominique Hé au dessin. (Glénat, 9,40 €)

samedi 2 décembre 2006

BD - Un ciel radieux de Taniguchi

A la base c'est un simple fait divers dans la nuit japonaise. Un homme de 42 ans, Kubota, fatigué de travailler 12 heures par jour, s'endort au volant. Il percute la moto de Takuya, 17 ans, inconscient roulant trop vite sur son engin. Les deux hommes se retrouvent à l'hôpital, dans le coma. Quand Takuya se réveille, Kubota meurt. 

Jiro Taniguchi, l'auteur de cette BD de 300 pages, fait basculer le récit dans le fantastique quand l'esprit de l'homme de 42 ans constate qu'il a migré dans le corps de l'adolescent. Comment vivre dans un nouveau corps ? Que dire à sa véritable famille qui ne le reconnaît pas et à l'autre qui est persuadée que le fils est de retour ? Une schizophrénie qui deviendra encore plus forte quand l'esprit de Takuya tente de reprendre possession de son corps. 

La véritable leçon de cette histoire, c'est de ne jamais négliger de vivre pleinement le temps présent avec ses proches. Demain, il sera peut-être trop tard. Un peu mystique, pas trop moralisatrice, cette BD prouve une nouvelle fois que Taniguchi est un grand auteur. (Casterman, 15,95 €)

vendredi 1 décembre 2006

BD - Les cauchemars du futur


Jean-Luc Istin, scénariste émergent, a rencontré le succès en racontant les légendes celtiques de Merlin et autre chevalier de la Table ronde. Mais il n'en oublie pas son autre passion : la science-fiction. Il remet donc au goût du jour une vieille série, « Aleph » parue au début des années 2000. Après le tome 1 en juin, voici la réédition du tome 2. Sur Aleph, en 2258, un tueur psychopathe kidnappe des prostituées pour leur enlever, dans d'atroces souffrances, la colonne vertébrale. 

Au même moment, une femme ailée libère des milliers de zombis qui s'attaquent à la population de la ville. Les autorités sont débordées, le chaos menace. Une violente guerre s'engage entre l'Humanité et des dragons monstres sanguinaires, immortels, régnant sur le monde depuis la nuit des temps. 

Violente, apocalyptique, chargée de symboles, cette bande dessinée obtient auprès des éditions Soleil une seconde chance. Les amateurs de cauchemars gothiques y trouveront leur compte. Le dessin de Dim-D, noir et sombre, donne toute son ampleur à cette abomination. (Soleil, 12,90 €)