lundi 31 juillet 2023

Cinéma - “Les ombres persanes” et son couple en double

Un thriller iranien de Mani Haghighi sur la rencontre de deux couples de sosies. 


Magistral thriller psychologique que ce film iranien de Mani Haghighi. Dans un Téhéran crépusculaire, noyé sous une pluie battante incessante, une femme croit devenir folle. Farzaneh (Taraneh Alidoosti), monitrice d’auto-école, voit son mari Jalal (Navid Mohammadzadeh) prendre un bus. Elle décide de le suivre et découvre qu’il se rend dans un immeuble.

De la rue, elle le voit à la fenêtre en pleine conversation avec une autre femme. Le lendemain, elle lui demande des explications. Mais il prétend ne jamais avoir pris ce bus. Il se rend à cette adresse et la porte s’ouvre sur une femme, Bita, qui est le sosie parfait, quasiment le clone, de son épouse. Cette dernière est, elle aussi, éberluée car l’homme qui vient de sonner est la copie conforme de son mari, Mohsen.

L’histoire prend alors un tour quasi fantastique. Farzaneh doute de sa santé mentale, Jalal tombe sous le charme de Bita qui lui rappelle tant sa femme quand elle était plus jeune, Bita est sensible à la gentillesse de ce dernier, sa délicatesse. Reste Mohsen, jaloux et violent. Il sera le dernier à être mis au courant. Pris dans une précédente affaire de violence au travail, il ne comprend pas cette situation, comme si son honneur était une nouvelle fois mis à l’épreuve.
Le scénario, subtil, toujours surprenant, jamais dans la facilité, permet à ces Ombres persanes de toucher à l’universalité. Et malgré une interprétation impeccable des deux comédiens iraniens, c’est l’œuvre idéale pour être adaptée par des scénaristes hollywoodiens (quand ils ne seront plus en grève…) pour devenir un immense succès à l’international.

Film de Mani Haghighi avec Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh

 

dimanche 30 juillet 2023

Cinéma - “The first slam dunk” ou le basket, école de la vie

Film d’animation japonais de Takehiko Inoue



Sorti au Japon au même moment qu’Avatar 2, The first slam dunk, film d’animation de Takehiko Inoue, tiré de son propre manga, a réalisé l’exploit de battre à plate couture au box office le film pourtant tant attendu de James Cameron. Il est vrai que la BD, omniprésente depuis des décennies, fait partie des mangas les plus vendus au Pays du Soleil levant. En France, c’est au cœur de l’été que ce film d’animation sort. Deux heures qui enchanteront les fans (les 31 tomes sont disponibles chez Kana) et d’une façon plus générale, les amateurs de basket. 

Le film se concentre sur le parcours de Ryota. Gamin, il est petit et pas forcément très bon. Il tente de ressembler à son grand frère, âgé de trois ans et très fort. C’est pour lui rendre hommage que Ryota va élever son niveau de jeu, se muscler et devenir un meneur d’exception. Le film raconte, en grande partie, la finale du championnat des lycées entre l’équipe de Ryota, Shohoku, et celle du lycée de Sannoh, imbattable depuis des années. Tous les points sont filmés, avec une technique d’animation visiblement basée sur de véritables prises de vue. 

Entre les différentes phases de jeu, le spectateur découvre comment Ryota est parvenu à ce niveau, malgré un complexe d’infériorité fort. Jamais il ne se sent à sa place. Comme s’il usurpait l’identité de son frère, le surdoué du rebond. Pourtant, malgré les difficultés (harcèlement, culpabilité, déracinement…), le jeune basketteur parvient à se hisser au plus haut niveau et c’est lui qui a le destin de son équipe en mains lors de cette finale. 

Impossible de ne pas se laisser prendre au jeu, de plonger dans le suspense de la partie, grâce à une bande-son rock du meilleur effet. 

Cinéma - La Justice devient folle dans “Sur la branche”

Une avocate zinzin s’associe à un avocat dépressif. Un tandem explosif au menu de cette comédie déjantée de Marie Garel-Weiss portant sur la folie ordinaire.


Mimi (Daphné Patakia) souffre d’une maladie psychiatrique grave. C’est la version politiquement correcte. En réalité, Mimi est complètement zinzin. Pas folle à lier, mais sacrément dérangée. Sur l’autoroute, elle roule à 50 km/h pour ne pas risquer de se laisser griser par la vitesse. Quand elle est trop émue, immanquablement, elle en vient à penser au sexe. Une seule solution pour s’en sortir : céder à la tentation. Elle aime ranger les choses, s’oublier dans des tâches répétitives et croire qu’elle tombe amoureuse au moindre coup de téléphone d’un inconnu.

Mimi vient tout juste de sortir d’un long séjour en clinique psy. Normalement, elle aurait dû faire un stage d’insertion aux espaces verts d’un parc de la ville. Mais comme elle est avocate (même si elle n’a jamais eu l’occasion d’exercer…), elle postule dans un cabinet. Maître Claire Bloch (Agnès Jaoui) voudrait s’en débarrasser, mais son étrangeté lui donne l’idée de l’utiliser pour récupérer un dossier important chez son associé et ancien mari, Paul (Benoît Poelvoorde). Ce dernier, en plein burn-out, ne veut plus sortir de chez lui. Et ne plus voir personne. Il risque une radiation du barreau, après avoir escroqué quelques clients. Il a pourtant longtemps été un grand avocat, capable de faire « pleurer un procureur ». Contre toute attente, Mimi parvient à récupérer le dossier et se retrouve presque embauchée. Elle va devenir l’assistante officieuse de Paul, dénichant une affaire de vol de livre rare au fin fond de la Bretagne profonde.

Une comédie avec du fond 

Sur la branche, second long-métrage de Marie Garel-Weiss après La fête est finie, débute sur les chapeaux de roues. Le personnage de Mimi, déjanté, charmant et parfois inquiétant, apporte tout son sel à cette réalisation qui semble être une pure comédie. L’arrivée de Benoît Poelvoorde change un peu la donne. Blessé moralement, déprimé, il apporte un peu de profondeur dans un film qui, finalement, parle essentiellement de folie et de notre perception des différences des autres.


La suite, entre enquête policière, film d’action, et grande évasion surprend. Mais, reste Mimi dans toute sa folie et démesure, parfaitement incarnée par une Daphné Patakia (déjà vue dans la série OVNI(s) sur Canal + et le film Benedetta de Paul Verhoeven) particulièrement douée.

Film de Marie Garel-Weiss avec Daphné Patakia, Benoît Poelvoorde, Agnès Jaoui, Raphaël Quenard
 

samedi 29 juillet 2023

Cinéma - Chacun cherche son deuil “Sous le tapis”

Le premier film de la comédienne Camille Japy a des airs de comédie noire, mais c’est une jolie réflexion, finalement très positive, sur le deuil et les façons de le transcender.


Odile (Ariane Ascaride) est impatiente. Cette mère de famille, aujourd’hui à la retraite et deux fois grand-mère, se réjouit d’accueillir dans sa maison, à la campagne, ses deux enfants pour fêter son anniversaire le soir même. Mais alors qu’il est dans la chambre en train se préparer, Alain, le mari, meurt d’une crise cardiaque. Odile, paniquée, tente d’appeler les secours. Mais une fois qu’elle est certaine que son mari vient de rendre son dernier souffle, elle prend la décision de glisser le corps sous le lit. Comme pour ne plus voir cette horrible réalité qui va forcément gâcher cette soirée. 

Les spectateurs, dans la confidence, voient donc arriver le reste de la famille joyeuse et enjouée. La fille, Sylvie (Bérénice Béjo), mère de deux enfants et qui arrive avec un nouveau compagnon, Mathieu (Stéphane Brel). Le fils, Lucas (Thomas Scimeca), éternel célibataire mais qui semble très amoureux de Clara (Marilou Aussilloux). Un début de film très rythmé, avec des portraits bien brossés. On trouve rapidement ridicule Mathieu, obnubilé par sa participation à la course cycliste de son entreprise. Par contre, on ne peut qu’être sous le charme de la douce folie du personnage de Clara interprétée avec un naturel enthousiaste par Marilou Aussilloux, la jeune comédienne originaire de Narbonne, déjà remarquée dans la série Netflix La Révolution (elle y avait le premier rôle féminin) ou le dernier film de Dupontel, Adieu les cons. Les retrouvailles familiales sont joyeuses. Seul problème, l’absence d’Alain. 


Odile se met alors à mentir à ses enfants (une dispute, il est sorti…), incapable d’admettre que cet anniversaire marque aussi le début de sa vie de veuve. Un réalisateur paresseux aurait étiré le quiproquo sur les trois-quarts du film. Mais Camille Japy a choisi de donner beaucoup plus de sens et de profondeur à sa première réalisation. 

Quand tout le monde découvre le cadavre caché sous le lit, les réactions diffèrent. Il y a le deuil digne, notamment de Sylvie qui devient, du jour au lendemain, la référence de la famille ; le déni de deuil par Odile, qui refusera que les pompes funèbres emportent la dépouille de son mari, traumatisée des années auparavant par un décès qui l’a durement ébranlée ; le deuil floral et végétal des enfants, pas encore apeurés par la mort ou encore le deuil festif de Clara et Lucas, toujours prompts à trouver le bon côté des choses, même les plus tristes. 

L’ensemble apparaît un peu désordonné, mais la fin, résolument positive, pourrait presque être proposée en option par les services funéraires.

Film de Camille Japy avec Ariane Ascaride, Bérénice Bejo, Thomas Scimeca, Marilou Aussilloux

En blu-ray : formidables années 70 rééditées par StudioCanal


Trois nouveaux titres pour la collection des années 70 lancée par StudioCanal. Une décennie trop souvent oubliée par les amateurs. Pourtant c’est du très bon cinéma qui est exhumé dans ces blu-ray de copies restaurées.

Ne manquez pas dans le trio le très étonnant Ursule et Grelu de Serge Korber avec Annie Girardot et Bernard Fresson. Sorti en 1973, ce film avec pas mal de chansons entraînantes est une satire au vitriol de la société française de l’époque.

On retrouve, par exemple, Roland Dubillard en homosexuel distingué ou Romain Bouteille en mendiant motorisé. Une pépite d’humour décalé.

Sont également sortis en blu-ray La cage avec Lino Ventura et Le secret avec Jean-Louis Trintignant, Marlène Jobert et Philippe Noiret.

vendredi 28 juillet 2023

DVD - “Le jeu” des perdants


On ne se méfie jamais assez de nos smartphones. Ils sont devenus, au fil des ans, les gardiens de nos pires secrets. Fred Cavayé en a tiré un film, Le jeu (Studiocanal), que l’on pourrait qualifier de vicieux tant une bande d’amis va constater combien il est risqué de partager ses communications. 

Chez Marie et Vincent (Bérénice Béjo et Stéphane de Groodt), des amis d’enfance viennent dîner en toute décontraction. Jusqu’à ce que soit lancé ce jeu malsain : chacun met son téléphone au milieu de la table et répond publiquement aux messages ou appels. Un véritable jeu de massacre au cours duquel chacun va laisser entrevoir ses failles, défauts, compromissions ou tromperies. 

C’est enjoué au début, plus dramatique et triste à la fin. Encore une fois, méfiez-vous des smartphones !

Revue BD - Métal Hurlant, 7e livraison

Retour réussi pour Métal Hurlant. Devenue trimestrielle, la revue de SF offre dans son 7e numéro 20 histoires courtes inédites sous une couverture horrifique.

Des auteurs confirmés (Stéphane Levallois, Corbeyran) et d’autres en devenir. Côté rédactionnel, on saluera le retour du Mange-Livres, critique littéraire lancée à l’époque par Dionnet. (Les Humanoïdes Associés, 19,95 €)

Polar régional - La Catalane de retour au pays


Pas toujours facile de revenir au pays. Victoire, flic à Paris depuis quelques années, revient dans son pays catalan natal. L’arrivée de cette boxeuse, hargneuse et déterminée, imaginée par Éric Dupuis (lui-même ancien policier et heureux retraité dans les Pyrénées-Orientales), ne va pas passer inaperçue. D’autant qu’elle se retrouve mêlée à une découverte macabre dans l’église de Millas.

L’intrigue passera aussi par Vinça. Des lieux que les lecteurs de la région connaissent bien. C’est là tout l’intérêt de ce polar nerveux : permettre aux lecteurs locaux de visualiser les décors. Intrigue tortueuse à souhait pour le 10e titre de cet auteur qui a débuté par raconter son Nord natal. 

« La catalane » d’Éric Dupuis, Cairn, 13 €

jeudi 27 juillet 2023

Cinéma - « Petit Jésus », un film miracle né dans la région

Tourné dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude, le premier film de Julien Rigoulot est rafraîchissant et positif. Quand tout va mal, un petit miracle est toujours le bienvenu.

Pour son premier long-métrage, Julien Rigoulot, essentiellement connu pour avoir réalisé nombre de clips musicaux, a puisé dans sa propre expérience. Père divorcé, il a vu son monde s’écrouler, personnel et professionnel. Quand tout semble contre vous, on espère un miracle pour rebondir. Jean (Antoine Bertrand), double du réalisateur dans le film Petit Jésus, est dans une mauvaise passe. En instance de divorce, il survit en faisant des petits boulots, comme promeneur de chiens. 

Ce mercredi, il doit assurer la garde de son fils, Loulou (Esteban Azuara Eymard) tout en promenant sa petite meute. Dans la garrigue des Pyrénées-Orientales, où le film a été tourné en grande partie, un chien s’échappe. Traverse une route, rencontre les pneus d’une voiture. C’est un cadavre que Jean ramène aux propriétaires. Mais un cadavre finalement bien vivant. Grâce à Loulou. Il a caressé le chien et lui a insufflé la vie. Un miracle, selon Jean qui se rend compte dans la vie de tous les jours du pouvoir de son gamin. La tentation est grande pour Jean de profiter de ce don pour se sortir de toutes ses galères.

 Il est conforté dans ce choix, peu respectable et encore moins chrétien, par son père (Gérard Darmon), viel escroc un peu mythomane, qui vit aux crochets de Jean. Vont intervenir dans ce plan très aléatoire un curé qui veut un peu trop y croire et un avocat, plus ami de Jean que professionnel à son service. 

Cette gentille comédie, portée par la bonhomie québécoise d’Antoine Bertrand et l’espièglerie d’Esteban Azuara Eymard, aborde sans prétention la problématique de la foi et de ses supposés pouvoirs quand on est au fond du trou. On rit souvent aux facéties du curé (Bruno Sanches) ou de celles de l’avocat très borderline (Youssef Hadji). Quant à Jean, on suit son aveuglement un peu interloqué, mais tout en ayant quelques doutes, car si l’on ouvre un peu les yeux, on s’aperçoit qu’en fait, les petits miracles du quotidien sont légion. 

Enfin, ce premier film vaut aussi le détour dans une semaine dominée par la sortie mastodonte de Mission Impossible par les paysages de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, parfaitement mis en valeur par le réalisateur. Que cela soit sur les étangs de Sigean, le bord de mer, la garrigue ou le site des orgues d’Ille-sur-Têt, c’est une bonne promotion de la diversité environnementale de la région.   

Film de Julien Rigoulot avec Antoine Bertrand, Esteban Azuara Eymard, Gérard Darmon.

mercredi 26 juillet 2023

Cinéma - « Le Retour » familial


Film social sur l’accomplissement de la famille, Le retour de Catherine Corsini est un brûlot mettant en opposition deux mondes que tout oppose, le prolétariat d’origine immigrée en provenance de banlieue à la haute bourgeoisie, pétrie de bons sentiments de gauche mais première à afficher condescendance envers « ses » pauvres tout en faisant le maximum pour figer la situation. 

Le fait que l’action se passe en Corse, l’été, ne fait qu’ajouter le côté brûlant et urgent du sujet de société encore plus d’actualité de nos jours que du temps des premières escarmouches entre ces deux planètes que tout éloigne. 

Le retour c’est celui de Khédidja (Aïssatou Diallo Sagna) dans l’île où sont nées ses deux filles, Jessica (Suzy Bemba) et Farah (Esther Gohourou). Il y a quinze ans, elle a littéralement fui son foyer pour refaire sa vie en région parisienne. Assistante maternelle au service d’un couple aisé, elle est sollicitée pour s’occuper des trois jeunes enfants du couple durant leurs vacances dans une superbe maison qui domine un paysage de rêve. Les ados sont invitées aussi. Elles traînent sur la plage du camping où elles sont hébergées. Jessica, brillante, prépare Science-Po.

 Farah, provocatrice et bercée par les paroles du rap, traîne sans but si ce n’est de voler quelques sacs et un pain de cannabis pour le revendre à la sauvette sur la plage. Le début du film se concentre sur la vie des jeunes. Mais petit à petit le passé revient sur le devant de la scène. On découvre les failles de la mère, les raisons de sa fuite, son mal-être, ses mensonges répétés pour protéger ses filles. Une décomposition familiale inéluctable, comme si les liens entre ces trois femmes pourtant unies malgré leurs différences, fondaient littéralement au soleil cuisant de la Corse. 

Et quand la problématique de classes s’invite dans ce jeu de chamboule tout, le trio explose. 

Un film d’une efficacité et d’un réalisme absolus. Porté par l’interprétation d’un trio magique. Très étonnant qu’il n’ait pas reçu, ex æquo, le prix d’interprétation féminine, tant cette prestation d’ensemble est aboutie.

« Le retour », film de Catherine Corsini avec Aïssatou Diallo Sagna, Suzy Bemba, Esther Gohourou

Roman érotique - A trois c’est mieux ?


L’été est torride. Lire ce livre de Chloé Saffy ne va pas rafraîchir l’atmosphère. Au contraire, La règle de trois (La Musardine, 280 pages, 18 €) devrait encore plus vous faire bouillir extérieurement et intérieurement. Un pur roman d’érotisme moderne, à réserver aux majeurs à l’esprit ouvert. Une histoire qui nous raconte aussi la vie des trentenaires de nos jours. Ces urbains qui reculent de plus en plus pour fonder une famille, pour de bons et moins bons motifs.

Ophélie, la narratrice, vit en colocation avec Livia. Normalement, il faut une troisième pour que le loyer ne soit pas exorbitant pour une employée dans un coffe-shop et une bibliothécaire. La dernière troisième vient de donner son préavis. Mais a trouvé une remplaçante. Exactement un remplaçant, Milo. Or Ophélie et Livia ne veulent pas d’un « mâle ». Leurs finances vont les obliger à transiger. Et rapidement, dans le bel appartement, la présence de Milo, sa gentillesse et son tact, va transformer l’atmosphère.

On se doute qu’il va séduire l’une des deux. À moins qu’il ne fasse un strike et ne choisisse pas. Une histoire d’amour à trois ? Ou juste de sexe ? On se laisse envoûter par ces trois qui écoutent leur corps et leurs envies. Un roman chaud, comme l’été.

mardi 25 juillet 2023

DVD et blu-ray - "Inland Empire", David Lynch extrême

Certains films ne sont pas réalisés pour recueillir le consensus. Au contraire ils veulent interpeller le public. Une marque de fabrique de David Lynch qui est encore allé plus loin dans Inland Empire, récemment sorti en combo blu-ray et DVD dans une version remastérisée (Studiocanal). 

Tournées sans scénario, ces trois heures chaotiques suivent le cauchemar d’une actrice (Laura Dern). On retrouve au générique des habitués de l’univers de Lynch, Justin Theroux, Harry Dean Stanton ou Jeremy Irons. Une réédition qui bénéfice d’énormément de bonus avec plus d’une heure de scènes coupées et un documentaire de 1 h 25 sur le réalisateur inclassable. 

Un film réservé aux fans ou à ceux qui voudraient découvrir le phénomène dans sa version extrême.  

BD - Tempête des sentiments

Un orage, quasi une tempête, s’abat sur une vallée des Alpes italiennes. C’est dans ce déchaînement des éléments qu’un drame va se jouer, raconté et dessiné avec un talent certain par Marino Neri. Il y a trois personnages principaux dans La Tempête (Casterman, 152 pages, 25 €). Il y a le jeune homme en perdition sur la route. Il allait à une formation, le car est tombé en panne. Depuis, il erre sur les chemins jusqu’à cette belle villa avec piscine et parterres de tulipes. Dans la piscine, la femme. Belle, jeune, nue. Elle nage, puis bronze. Le jeune homme, caché dans une haie, l’admire, fait des photos… Elle est rejointe par son mari, agressif, directif, inquisiteur. L’amour a disparu entre ces deux qui semblent désormais se détester, elle espérant fuir, lui de continuer à la posséder.

La nuit, alors que la pluie redouble, le jeune homme se réfugie dans la villa. Il est surpris par le couple. Le mari est méfiant, la femme très accueillante. La suite de la nuit sera mouvementée et pleine de surprises. Avec un quatrième protagoniste qui fera les frais de cette tempête de sentiments. Superbe roman graphique, en bichromie, signé par un auteur italien au trait stylisé et très élégant.

lundi 24 juillet 2023

Cinéma - “Une nuit”, une seule et unique nuit d’amour

Un homme, une femme. La rencontre improbable dans le métro entre Alex Lutz et Karin Viard va entraîner le couple dans «Une nuit» peu banale. 

Il est beaucoup question d’attirance, d’alchimie entre les corps et un peu d’amour dans Une nuit, film écrit, réalisé et interprété par Alex Lutz. La rencontre entre un homme et une femme (presque du Lelouch), le temps d’une nuit, une seule et unique nuit, magique, épanouissante mais qui ne peut que se terminer par un adieu. Dans les couloirs du métro un soir ordinaire. 

Les travailleurs se pressent pour rentrer chez eux. Aymeric est solidement accroché à sa barre en fer. Il est percuté par Nathalie (Karin Viard). En découle une dispute assez vive. Ils s’échangent nombre de noms d’oiseaux, provoquant gène chez la majorité des passagers, quelques sourires chez certains. 

Cinq minutes plus tard, Nathalie et Aymeric font frénétiquement l’amour dans la cabine d’un photomaton. 

Le matin des adieux

Le début de cette romance un peu désenchantée a tout de la comédie. Alex Lutz y est brillant, tout comme sa partenaire Karin Viard. Six minutes de disputes, six de copulation, pour Nathalie, c’est l’instinct primaire (primate) qui parle. Une attitude digne d’un bonobo. 

La suite du film est moins enlevée. Même s’ils savent qu’ils vont se quitter dans quelques minutes (heures ?), ils cherchent à en savoir un peu plus l’un sur l’autre. On plonge alors dans de longs dialogues, pas toujours inspirés, sorte de leçons de philosophie à la petite semaine. Nathalie découvre un Aymeric plus macho qu’il n’y paraît. 

Aymeric s’accroche à une Nathalie plus écorchée vive que femme libérée et assumant ses désirs. Leur dérive nocturne va les entraîner dans une fête étudiante, un restaurant chinois, les quais de la Seine et divers lieux de plaisir. Le caractère un peu répétitif des dialogues risque de lasser certains, mais la majorité du public devrait trouver son compte dans ces formules dans l’air du temps sur les nouvelles pratiques de couples moins exclusifs que dans l’ancien temps.

 Film d’Alex Lutz avec Alex Lutz, Karin Viard, Jérôme Pouly

Polar régional - Un flic très perspicace


Originaire de Rivesaltes, Michel Blanque connaît parfaitement le Roussillon. C’est donc logiquement qu’il situe cette enquête du commandant Philippe Aliot à Perpignan. L’avocate de Mammon (Les 3 colonnes, 224 pages, 18 €) débute par la mort d’une ambitieuse avocate. Renversée par un 4x4 devant le gymnase du Moulin-à-vent. Pour s’occuper de cette affaire très problématique, c’est un « local », qui a fait sa carrière à Montpellier, qui redescend prêter main-forte à la capitaine Sylvie Ramos.

Un drôle de flic ce Aliot. Particulièrement perspicace. Il devine immédiatement que c’est un meurtre et qu’il a été commis par une femme. Alors, il mène ses investigations à charge avec une suspecte qui se révélera… la coupable. Car il n’y a pas de rebondissement dans ce polar qui ressemble à une enquête de routine. Avec quelques sujets qui semblent tenir à cœur à l’auteur, comme le trop grand pouvoir des francs-maçons, le délitement des mœurs des politiques et même l’emprise des sectes sataniques sur les notables. Sans oublier la pédophilie, tout en louant la messe en latin.

On a parfois l’impression de se retrouver dans la version française d’une fiction écrite par un membre francophone de la mouvance conspirationniste Qanon.

dimanche 23 juillet 2023

BD - Trafic à Saint-Saturnin autour du garage à Gégé


Dans le genre très particulier du polar rural d’antan en bande dessinée, Bruno Heitz est le meilleur. Après sa série Un privé à la cambrousse, il s’est lancé dans la révélation des Dessous de Saint-Saturnin. La troisième partie se penche sur les trafics qui semblent prendre leur source au sein du Garage de Gégé (Gallimard Bande dessinée, 104 pages, 14 €).

A Saint-Saturnin, paisible bourgade du sud-est de la France, la vie est très calme en ce milieu des années 60. Tout commence par une lubie de Mme Germaine. Cette retraitée voudrait aller faire trempette dans la rivière locale. Mais comme elle ne sait pas nager, elle achète une chambre à air à Gégé, le garagiste. Ensuite, c’est Annie, la coiffeuse (son salon a pour nom Tiff’Annie…) qui met sa Renault Floride à la révision avant de partir en vacances.

Rien de bien mouvementé et de palpitant me direz-vous. Mais rapidement les sièges de la voiture sont volés, Germaine manque de se noyer, un homme meurt en tombant d’une terrasse et un autre est abattu d’une balle dans le cœur. Un album aussi réjouissant qu’une après-midi de farniente à l’ombre des platanes de Saint-Saturnin en plein cagnard.

samedi 22 juillet 2023

Polar - L'inspecteur Higgins, Christian Jacq et l’Égypte


L’Égypte est la grande passion de Christian Jacq. Sa connaissance de cette période de l’Histoire de l’humanité lui a permis de signer quelques best-sellers. Mais il aime aussi l’Angleterre traditionnelle et les romans policiers à énigme. Il a donc créé le personnage de l’inspecteur Higgins, ancien de Scotland Yard, expert pour démasquer les meurtriers. Dans sa 49e aventure, Les larmes d’Isis (XO Éditions - J Éditions, 224 pages, 14,50 €) Higgins permet à Christian Jacq de mêler polar et culture pharaonique.

Isis Seatwell découvre que son mari, Onnofrio, a disparu. Il participait, la veille, à la fête d’anniversaire organisée par son frère Story. Fugue ou enlèvement ? La police temporise, mais Higgins comprend vite que le couple est fusionnel et que jamais Onnofrio aurait abandonné son épouse adorée, son petit garçon de trois ans et son université privée, basée sur les anciennes connaissances des Égyptiens.

Avec son efficacité habituelle, Higgins va remonter le fil des événements, constatant que nombre de personnages louches ont participé à la fête. Reste deux inconnues : qui a enlevé Onnofrio et surtout, pourquoi ? Si l’intrigue est un peu linéaire, on en apprend beaucoup sur la philosophie des anciens égyptiens.

vendredi 21 juillet 2023

BD - La pilule de Champignac


De toutes les séries dérivées de l’univers de Spirou et Fantasio, Champignac est sans doute la plus originale. Celle qui va aussi le plus loin pour donner une âme à un personnage qui n’est qu’un faire-valoir comique dans la série d’origine. Une des plus belles réussites du scénariste BeKa constitué du duo ariégeois Caroline Roque et Bertrand Escaich.


Le troisième tome des aventures du comte Pacôme de Champignac, Quelques atomes de carbone (Dupuis, 15,50 €) après les années guerre, raconte une période de sa vie du début des années 50. Dans sa propriété où pullulent les lapins, il vient de mettre au point sa dernière invention : une pilule contraceptive donnant enfin aux femmes la possibilité de choisir en toute liberté le moment où elles veulent être mère. La fondatrice du Planning familial aux USA, Margaret Sanger, veut que Pacôme présente sa formule à des industriels de Boston. Mais sur place, la rencontre se transforme en course-poursuite périlleuse : l’Amérique puritaine de la Guerre froide ne semble pas prête pour cette révolution des mœurs.

Un sujet sérieux, voire grave, pour un album qui conserve sa légèreté avec le côté savant distrait qui s’en tire en faisant des gaffes.

jeudi 20 juillet 2023

Manga – Holyland, bienvenue au royaume des combats de rue


Trop violents les mangas ? Une généralisation parfois inexacte. C’est pourtant le cas avec Holyland (Dupuis - Vega, 8,35 €) dont les deux premiers tomes viennent de sortir. Une histoire de Kouji Mori, parue au Japon, il y a plus de 20 ans. L’occasion de découvrir cette saga prévue en 18 tomes, sorte de documentaire romancé sur les combats de rue dans les quartiers de Tokyo.

Combats par des lycéens, qui tentent de faire triompher leur établissement. Une violence exacerbée, gratuite, mais pas sans règles. Reste que les plus faibles sont souvent harcelés et tabassés, juste en servant de punching-ball. C’est le cas de Yu, le héros de Holyland. Petit, chétif, craintif, il est martyrisé au point d’avoir des envies de suicide. Mais en lisant un livre sur la pratique de la boxe, il décide de se défendre, de rendre les coups. Et la nuit, Yu se transforme en chasseur de Yankees (surnom donné aux voyous qui s’habillent à l’américaine) et les met au tapis en deux coups.

Les deux premiers tomes racontent la motivation de Yu, comment il est devenu excellent et pourquoi il ne peut plus faire marche arrière. Une série à déconseiller aux allergiques à la violence. Les autres savoureront ces combats savamment mis en scène.
 

mercredi 19 juillet 2023

Jeunesse – Bleuette, la chipie qui cache bien son jeu


Les adorables petites filles modèles ! On n’a jamais assez d’adjectifs élogieux pour décrire ces fillettes gentilles, serviables, sages comme des images.

Exactement comme Adorable Bleuette, nouvelle héroïne d’album illustrés destinés aux plus jeunes. Avec ses cheveux bleus elle est charmante. Mais Bleuette cache bien son jeu. En réalité, c’est la pire peste qui soit. On l’apprend dans les deux premiers titres de la série, (Splash !, 8,50 €). Le premier se déroule à l’école. On apprend de quelles techniques use Bleuette pour rester la chouchoute de la maîtresse et surtout reporter toutes ses bêtises sur ses camarades.


Le deuxième titre raconte sa stratégie pour empêcher l’arrivée à la maison d’un petit frère qui pourrait être plus aimé qu’elle. Cela commence par le massacre des rosiers et des choux dans le jardin... Des histoires peu politiquement correctes, écrites par Pierre Joly, expert en bêtises, et illustrées par Viranpheuille.

mardi 18 juillet 2023

Thriller – Atlee Pine, agent spécial du FBI et sœur de choc


Atlee Pine. Retenez ce nom. Agent spécial au FBI, cette jeune femme est la nouvelle héroïne de l’écrivain américain David Baldacci. Le second épisode de ses aventures vient de sortir, Une minute avant minuit (Talent Éditions, 550 pages, 22,90 €). En poste en Arizona, Atlee est placée en congés forcés par sa hiérarchie après une arrestation un peu trop mouvementée.

Elle décide de mettre à profit ce temps libre pour revenir en Georgie, à Andersonville, là où sa sœur jumelle, Mercy, a été enlevée en pleine nuit. Elles avaient six ans. Le ravisseur a violemment frappé Atlee, la laissant pour morte. 30 ans plus tard elle va tenter de retrouver les survivants de cette affaire qui avait fait grand bruit dans la petite ville de province.

Pour corser cette intrigue secondaire, David Baldacci plonge son héroïne dans une autre enquête : les meurtres d’un serial killer, visiblement fasciné par les reconstitutions historiques. Or, Andersonville est réputé pour son passé durant la guerre de Sécession.

Un thriller mouvementé, où on se passionne de plus en plus pour le passé de la belle et très physique Atlee. Et pour les retardataires, la première enquête, Sur le chemin du pardon vient de paraître en poche (Talent, 9,60 €)

lundi 17 juillet 2023

BD – L’Histoire de Narbonne passe par toute une série de cases


Les éditions Petit à Petit proposent une belle collection sur l’histoire des plus grandes villes de France. Le second tome, consacré à Narbonne (Petit à Petit, 80 pages, 18,90 €), vient de paraître en ce début d’été. On retrouve, au scénario des neuf histoires complètes illustrées par divers artistes (Ghorbani, Nhieu, Del Rincon…), le local de l’étape, Jean-Luc Garréra. Le gagman a fait un beau travail de vulgarisation de certains grands moments de la ville.

Une seconde partie qui parle beaucoup de vin, ce produit qui, depuis des siècles, permet à une importante partie de la population de vivre. Notamment avec la révolte de 1907 et le combat de Marcelin Albert et d’Ernest Ferroul, le maire de Narbonne. Insurrection tuée dans l’œuf par un Clemenceau impitoyable. Ensuite, il est question de catastrophe climatique avec les inondations meurtrières de 1927. Un petit passage sur l’action des maquisards, dans l’Aude, durant la seconde guerre mondiale et finalement un dernier chapitre sur le musée Narbo Via qui fait le lien entre la grande époque romaine et nos jours.

Des récits en BD, truffés d’informations complétées par une partie pédagogique signée Béatrice Merdrignac.

dimanche 16 juillet 2023

Poches – La battante des lettres et ses « Petites merveilles »


La littérature se conjugue de plus en plus au féminin. Un nombre croissant d’autrices mais surtout un basculement très net du public. La grande majorité des lectrices, des acheteuses de livre, sont des femmes. Un phénomène qui permet l’émergence de toute une communauté qui se reconnaît dans certains titres, certaines romancières. La sortie en poche du nouveau roman de Lena Walker Les petites merveilles (Pocket, 336 pages, 8,30 €) en est l’exemple parfait.

Le roman, paru en grand format chez Michel Lafon, a connu un beau succès. Son édition en poche, au début de l’été, l’assure des premières places au palmarès des ventes. Les lectrices adoreront se reconnaître dans le portrait de l’héroïne, Eva. Une passionnée de littérature qui a trouvé un petit job dans une librairie typique de Paris. Mais quand elle perd son boulot, elle voit sa vie s’écrouler. Sa meilleure amie et confidente lui trouve un travail de dépannage : nounou de trois enfants dans une famille très aisée.

Un changement radical dans la vie d’Eva, une solitaire, amoureuse des livres, obligée de composer avec des gamins très exigeants. Tout un monde brillamment décrit par Lena Walker, jeune romancière (maman aussi), qui a percé grâce aux réseaux sociaux.

samedi 15 juillet 2023

BD - L’enfant de la guerre du second cycle de « L’adoption »

Non, la bande dessinée n’est pas que gags et aventures pour les plus jeunes et fantasy ou romans graphiques prises de tête pour les aînés. La BD peut aussi émouvoir et aborder des sujets de société graves. Exemple parfait avec L’Adoption (Bamboo Grand Angle, 16,90 €) de Zidrou et Monin.

Les auteurs y parlent du combat des parents, des malheurs des enfants. Et parfois rien ne se passe comme prévu. Dans le second tome du deuxième cycle, les Guitry viennent de prendre une décision qui leur coûte : ils ne veulent plus de Wajdi, le gamin de dix ans, survivant de la guerre au Yémen.

Trop violent, trop agressif. Problème, Wajdi, en comprenant cela, préfère fuir que de retourner dans des camps ou foyers inhumains. On suit son périple dans un parc, survivant en faisant les poubelles ou volant les croquettes qu’une mamie dépose pour les chats errants. Les parents, de leur côté, comprennent à rebours la violence de leur décision et font désormais tout pour retrouver le fugueur.

Pas trop larmoyante, pleine d’espoir et de signes prédisant que notre société individualiste n’est pas totalement foutue, cette BD redonne foi en l’avenir. Et provoque chez les plus empathiques une petite larme rédemptrice.

vendredi 14 juillet 2023

BD - Soda, le retour de Gazzotti

Retour gagnant pour Soda, le flic américain qui fait croire à sa mère, cardiaque et émotive, qu’il est pasteur. Une série à succès, abandonnée par Gazzotti, le dessinateur accaparé par son autre série, Seuls, puis par le scénariste, Tome, mort trop jeune. Soda revient dans une histoire écrite par Olivier Bocquet et de nouveau Gazzotti aux illustrations.


Le policier est dans une mauvaise passe. Il dort mal. Un cauchemar récurrent le réveille en sursaut. Il se voit en train d’étrangler sa brave mère. Or, ce matin-là, il est envoyé sur une scène de crime. Une prostituée a été agressée dans une ruelle. L’assassin l’a laissée pour morte. Mais quand elle reprend ses esprits, elle panique et désigne Soda comme son agresseur.

Cette histoire, qui est en dehors de l’arc habituel de la série, a des airs de paranoïa absolue pour le héros. Il commence à douter de sa santé mentale. Au point de ne plus vouloir dormir. Un album intitulé Le pasteur sanglant (Dupuis, 14,50 €) et qui inaugure la nouvelle présentation, en version grand format, d’une série de très grande qualité qui n’en finit pas de conquérir des lecteurs depuis le premier tome, paru en 1987 et dessiné par Warnant.

jeudi 13 juillet 2023

Fantasy - Flic ou sorcier ?


Les fans de Brandon Sanderson bénissent cette année 2023. Lors du confinement, il s’est lancé dans l’écriture de quatre projets secrets. Quatre gros romans de fantasy qui sont publiés cette année. Le second, Manuel de survie du sorcier Frugal dans l’Angleterre médiévale (512 pages, Le Livre de Poche, 22,90 €) se déroule dans une dimension parallèle de l’Angleterre médiévale.

Un roman intrigant car le lecteur est tout aussi déboussolé que le héros dans les premières pages. Amnésique, il se retrouve perdu dans cette époque, ne se souvenant pas d’où il vient, comment il s’appelle et pourquoi il se retrouve là. Une enquête dans l’intrigue qui nous donne l’occasion de découvrir petit à petit la vie quotidienne dans cette Angleterre d’antan. Le héros, après bien des hésitations, se souviendra qu’il est flic. Il croisera même la route de membres d’un gang de Seattle, la ville où il travaille. Pour tenter de les arrêter, il va s’improviser sorcier afin d’impressionner les autochtones.

Un roman avec de gros morceaux de science-fiction, un peu de merveilleux et une quantité non négligeable d’humour. Et si vous en voulez encore plus, le 3e roman secret, Yumi et le peintre de cauchemars, vient de paraître cette semaine.

mercredi 12 juillet 2023

BD - Le Grizzli, héros de la pègre des sixties


Pour l’état-civil, c’est Guy Roussel, mais tout le monde le connaît sous le surnom du Grizzli qui donne son titre à la série (Dargaud, 16 €). Un ancien boxeur, particulièrement velu, passé par les parachutistes en Indochine, trop longtemps ami avec des membres de la pègre parisienne. Rangé des voitures, il est devenu concessionnaire… Citroën.

Nous sommes dans les années 60, Paris fleure encore bon la testostérone. Le Grizzli reçoit un appel de son pote Jo. Un tenancier de bistrot qui est harcelé par un malfrat récemment libéré après 10 années à la Santé. Le Grizzli, à son corps défendant, va devoir reprendre du service, distribuer quelques horions et truffer des malotrus de plomb. Cette nouvelle série, véritable hommage aux polars d’antan (Albert Simonin, San-Antonio, Michel Audiard), bourrée d’expressions argotiques savoureuses, est signée Matz (scénario) et Simon (dessin).

On apprend d’ailleurs, en fin de volume, que le pseudonyme du scénariste est directement inspiré de ces mots d’argot qui étaient courants dans la seconde partie du XXe siècle. On n’en dévoilera pas la signification ici, mais sachez quand même que le chabanais qui apparaît dans le titre du tome 1 désigne tout simplement un bordel, une maison close.

mardi 11 juillet 2023

Thriller - Trois moins un


Depuis le succès planétaire de son premier roman, La fille du train, les nouveaux livres de Paula Hawkins sont attendus par des milliers de fans. Ils ne seront pas déçus avec la lecture du court et percutant Angle mort (160 pages, Sonatine, 17,90 €). Edie, Jake et Ryan sont amis depuis le collège. Un trio composé d’une fille et de deux copains inséparables. Edie qui choisira Jake et l’épousera. Un scénariste au succès timide, alors que Ryan, trader, croule sous l’argent facile.

Quand Edie et Jake s’installent dans la maison de famille, perchée sur une falaise au nord de l’Écosse, Ryan déménage à proximité. Le roman débute par la mort de Jake, le crâne fracassé par le seul trophée qu’il a remporté dans sa carrière. Cambriolage qui a mal tourné ou vengeance préméditée. Ce n’est pas Edie qui est suspectée puisqu’elle a quitté le domicile conjugal depuis quelques jours. Elle s’est réfugiée chez… Ryan.

Ce couple à trois est au centre d’une intrigue machiavélique, où au fil des pages on découvre qu’aucun membre du trio n’est honnête avec les autres. Le second thème central du roman est la maison du crime, vieille, isolée, sinistre, battue par les vents. Une ambiance autant qu’un roman.

lundi 10 juillet 2023

BD - La muse du bonheur

Paul, jeune peintre, manque d’assurance. Il est persuadé que ses toiles ne valent pas grand-chose. Une certitude qui vole en éclat du jour au lendemain. Il se découvre heureux et inspiré. D’où vient ce changement ? Qui l’a transformé ? Du bout des doigts, roman graphique de Cyril Bonin (Bamboo Grand Angle, 18,90 €), nous fait découvrir les tourments d’un créateur en galère.

Si Paul devient du jour au lendemain doué et productif, c’est la faute de sa coiffeuse. Mathilde a de l’or au bout des doigts. Exactement elle a un don, celui de rendre heureux l’homme ou la femme qu’elle coiffe. Dans le cas de Paul, elle fait office de muse, lui permettant de retrouver confiance et imagination. Grâce à elle, il va exposer dans une grande galerie et son travail va emballer les acheteurs.

Cette BD est aussi une jolie histoire d’amour, mais pas sans tourments. Car Paul, quand Mathilde lui avoue son don, se sent comme manipulé. Et en bon intellectuel torturé de se demander si ses toiles sont bien de lui ou issues de l’influence de Mathilde. Une jolie réflexion sur l’art et l’inspiration par un auteur de BD complet sachant sans cesse se renouveler.

dimanche 9 juillet 2023

Roman - Maison abandonnée


Nous ne sommes que de passage. Sur Terre et encore plus dans les maisons qui ont la gentillesse de nous protéger, de façonner nos souvenirs, de nous accompagner dans nos bons et mauvais moments. L’or et le sel (160 pages, Le Dilettante, 16 €) de Pascale Pujol est un roman choral.

Cinq femmes se penchent sur le passé d’une belle maison, presque un château, sur le point de changer de propriétaire. A tour de rôle, elles dressent le portrait de la bâtisse. Il y a la fille de l’ancienne propriétaire, sa belle-fille, sa petite-fille, la femme de ménage et la notaire chargée de la vente. Il y a les souvenirs partagés, les regrets et surtout es trois jours au cours desquels il faut vider les lieux. « Des pièces deviennent nues d’un coup, des objets disparaissent et avec eux s’estompe peu à peu l’âme des lieux, » constate Carole. On croise aussi un chat, fantôme du domaine, un puits dans la cour et un panier en osier.

Ce très joli texte de Pascale Pujol (qui a des attaches dans les Pyrénées-Orientales, elle a été pigiste à l’Indépendant), devient carrément mystique dans sa dernière partie quand on comprend enfin la signification ancestrale du titre du roman. 

samedi 8 juillet 2023

Ugo Latriche délaisse Koh-Lanta pour un autre terrain d'aventure : les Pyrénées-Orientales

Passionné de nature et de randonnée, Ugo Latriche a mis son expérience au service des lecteurs dans ce guide des Pyrénées-Orientales. Un livre pratique paru chez TDO éditions où vous trouverez de nombreuses balades de tous les niveaux et le récit de son périple sur les frontières du département, 500 km de long pour 14 000 mètres de dénivelé effectués à pied, à VTT et en paddle.


Après deux participations au programme vedette de TF1, Koh-Lanta, Ugo Latriche continue sur sa lancée d'aventurier en multipliant les projets au long cours. Il vient de publier chez TDO Editions, un livre pratique intitulé Le grand tour des Pyrénées-Orientales. Sportif accompli, adorant les défis, Ugo a décidé, après avoir exploré les coins les plus perdus de la planète Terre, de mieux connaître le département où il s'est installé depuis quelques années. Il a donc littéralement mis au point un tour du Pays catalan suivant ses limites administratives, de la côte à l'Est en passant par les Pyrénées à l'ouest, les Albères et le Vallespir au sud et les Corbières au nord. Un parcours de 500 kilomètres pour un dénivelé de 14000 mètres. Pas à la portée de tout le monde.

Il a passé une petite quinzaine de jours à réaliser cet exploit et son journal rédigé au quotidien occupe la première moitié du bouquin. Sans fard, il raconte son enthousiasme pour les paysages traversés : "Cette partie est très belle sur le fil de la crête. Les vues sur le Canigo et la baie de Rosas sont à couper le souffle," raconte-t-il sur le trajet entre Coustouges et Maureillas. Le final est grandiose selon lui : "Je marche dans le sable après dix jours dans les montagnes... Les sensations sont géniales, à l'image de ce département si particulier où la montagne plonge dans la mer." 

Il note également quand c'est moins génial. Amusement quand il "manque de se faire  faucher par une laie et ses marcassins", à la limite de l'abandon quand il se retrouve égaré à la limite de l'Ariège : "Je serpente entre des blocs et des pierriers, je manque de me casser une jambe. Je me perds à plusieurs reprises et me retrouve dans le lit d'un ruisseau, sans vraiment savoir où je suis. La végétation recouvre des trous : autant de pièges pour se tordre la jambe." Mais il en faut plus pour dissuader l'aventurier de mener à bien son projet.

La seconde partie du livre est un guide plus classique avec 30 randonnées pour découvrir toutes les facettes du département. Classées par difficultés, elles sont abordables par tout le monde (Le lac de Villeneuve-de-la Raho), à très difficiles sur des cols pyrénéens à la limite de l'escalade. Et Ugo profite de son expérience (et de son humour) pour dédramatiser des situations. Il vous donne ainsi des conseils si par malchance vous croisez le chemin... d'un ours des Pyrénées.

"Le grand tour des Pyrénées-Orientales" par Ugo Latriche, TDO Editions, 10,90 €

vendredi 7 juillet 2023

Roman - Amour immergé


La longue période du premier confinement a été un choc pour beaucoup mais aussi une opportunité de faire un bilan de sa vie. Le nouveau roman de Marie-Claire Baco-Baesa, autrice locale, utilise cette période pour dresser le portrait une femme amoureuse.

En pays d’étangs (150 pages, Balzac Éditeur, 18 €) se déroule entre Banyuls-sur-Mer et l’étang de Bages-Sigean. Alors qu’avec sa famille (un mari et deux grands adolescents), Anne se retrouve à télétravailler, elle décide de profiter de ce répit pour mettre au propre ses études sur les pêcheurs d’anguilles. Chercheuse au laboratoire océanographique d’Arago, elle a passé il y a quelques années de longs moments avec les derniers pêcheurs d’anguilles. Notamment Pierre.

Ce court roman, entre exploration scientifique et questionnement intérieur, est avant tout un cri d’amour. Car paradoxalement, Anne, est tombée follement amoureuse de Pierre. Malgré les différences sociales. Une belle et courte histoire d’amour qu’elle revit par procuration en reprenant ses notes et en se souvenant de tous ces délicieux moments d’égarement. Un style affirmé, simple et évocateur, permet à Marie-Claire Baco-Baesa d’embarquer le lecteur dans ces méandres romantiques au pays des étangs.

jeudi 6 juillet 2023

BD - Course vers le Sud


Difficile de se mettre à la place des explorateurs français et anglais qui ont sillonné les mers du Sud, il y a quelques siècles. Ils partaient à l’aventure pour de longs mois, voire des années de navigation. Ce gros roman graphique historique écrit par Bollée (devenu, en peu de temps, un spécialiste reconnu de l’Australie) et dessiné par Laura Guglielmo, raconte la rivalité entre deux géographes.


Pour l’Angleterre, Matthew Flinders et pour la France, Nicolas Baudin. Les Horizons amers (150 pages, Robinson, 25 €), se concentre sur le périple du Britannique. Parti à bord de son navire L’Investigator en juillet 1801, il ne retrouve son épouse que dix ans plus tard. Dans ses valises, la carte complète et révisée de cette île continent qu’il a décidé de nommer Australie, en lieu et place de la Terra Australis Incognita.

Flinders qui a durant de longues années été retenu prisonnier sur l’île Maurice par les Français.

Le plus intéressant dans cet album reste la personnalité énigmatique de Baudin, l’explorateur français. Avant tout le monde, il s’est questionné sur les « naturels » et sur le peu de cas fait par les conquérants européens des propriétaires légitimes de cette terre. Il dénonçait cette colonisation forcée, avant même qu’elle n’ait véritablement commencé.

mercredi 5 juillet 2023

Thriller - Musique mortelle


Après avoir exploré les sports extrêmes (le saut en parachute exactement) dans sa première enquête, Agnes Tveit, la journaliste norvégienne imaginée par Randi Fuglehaug, plonge dans le monde du jazz dans
Fatal Tempo
(450 pages, Albin Michel, 22,90 €).

Agnes est dans la salle de spectacle de la petite ville de Voss pour assister au concert de Marta Tverberg, la star du saxo. Mais en entamant son dernier morceau, la diva s’écroule et meurt sur scène. Les policiers découvriront que l’embout de l’instrument était enduit d’un puissant poison. Agnes est bouleversée, car elle était en train d’écrire la biographie de Marta.

Elle va retrouver ses réflexes d’enquêtrice et tenter de démasquer le meurtrier. Les suspects sont nombreux, des trois membres du groupe, dont deux frères eux aussi originaires de Voss et de la batteuse, belle-fille de Marta. À moins qu’il ne faille chercher du côté des notables qui détestaient cette forte tête, voire son mari. Agnes, elle, en fait jubile car ce meurtre va rendre son livre encore plus intéressant.

Surtout, elle peut renouer avec son ancien amour de jeunesse, Alexander, devenu directeur du festival. Un thriller qui semble linéaire mais qui au final regorge de coups de théâtre.

mardi 4 juillet 2023

BD - P’tits Diables à la mer


Les vacances en famille, quels délicieux souvenirs. Sauf si comme les P’tits Diables, personnages de BD imaginés par Dutto, frère et sœurs se haïssent.

Tom et Nina vivent dans ces «Vacances diaboliques» (Soleil, 11,50 €), leur première grande aventure. Un récit complet ponctué de quantité de gags. En compagnie de leur père, de leur mère et du chat Grimmy, les P’tits Diables se réjouissent de ces dix jours de farniente dans une jolie maison au bord de la mer. Mais rapidement le séjour se transforme en cauchemar.

Premier problème : ils doivent dormir dans la même chambre. Mais surtout ils sont rejoint par leur cousin Francis. Un véritable psychopathe, expert pour faire accuser le frère ou la sœur, voire les deux en même temps, des pires bêtises imaginaires.

Tom et Nina devront mettre leurs querelles incessantes en pause pour tenter de surmonter l’obstacle Francis.

Ce récit sur l’amitié, l’adversité, la famille et la manipulation, en plus d’être véritablement bidonnant, donne des clés aux plus jeunes pour supporter des situations compliquées. Les parents y trouveront aussi matière à réflexion sur la vie en famille, forcément un peu différente en vacances.

lundi 3 juillet 2023

Cahier de vacances - Exos rigolos


Les enfants aussi pourront demander aux parents de faire leurs exercices durant les vacances. À la différence près que le traditionnel Cahier de vacances pour adultes, de 17 à 117 ans (128 pages, Chifflet & Cie, 9,95 €) est beaucoup plus cool que les exercices de maths, français ou histoire proposés aux jeunes. En annonçant en couverture « 200 exos rigolos », cette bible de la culture générale (richement illustrée de centaines de dessins de Joan), vous permettra de briller en société ou de constater que, finalement, vous n’êtes plus du tout dans le coup.

Des quiz diversifiés pour connaître votre niveau en rock, rugby ou manga, des tests sur votre mémoire avec par exemple, un jeu pour retrouver les titres de films sortis il y a dix ans. Le plus marrant reste cette dictée inversée. Il vous est proposé de corriger la copie de Jean-Kévin, candidat au brevet des collèges.

Pour avoir vu passer sur le Net quelques véritables dictées de 2023, je trouve que les auteurs ont été très gentils en ne glissant que 25 fautes dans ce court texte. Dans la vraie vie, un élève moyen en aurait certainement fait une bonne cinquantaine. Et vous, combien allez-vous en détecter ?