L’une est taxi pour payer ses dettes, l’autre veut éviter un mariage forcé. « Une femme iranienne » présente deux visions opposées de la réalité de ce pays islamique.
Le cinéma donne l'occasion de voyager simplement. Et sans les risques de l'avion. Un mois après le remarquable « Taxi Téhéran », offrez-vous un nouveau périple dans Téhéran, ses rues, sa circulation intense et sa population écartelée entre volonté d'émancipation et respect des règles religieuses strictes.
« Une femme iranienne » de Negar Azarbayjani débute comme le film de Jafar Panahi : dans un taxi avec un gros plan sur le chauffeur. Mais cette fois, une femme est au volant. Rana (Ghazal Shakeri) est contrainte de conduire clandestinement la voiture de son mari pour rembourser ses dettes. Lui se retrouve en prison. Toujours à cause de cet argent si difficile à gagner. Rana, très religieuse, stricte, cache cette réalité à sa belle-famille. Son travail officiel, dans la couture, est plus politiquement correct. Mais il ne suffit pas. Rana rode la nuit et transporte hommes et femmes dans les quartiers de Téhéran les plus éloignés de son domicile.
L'autre personnage principal du film est interprété par Shayesteh Irani. Adineh est jeune, riche et désespérée. Elle attend un passeport avec impatience pour fuir son pays natal. L'échéance approche inexorablement. Son père a décidé de la marier la semaine prochaine avec son cousin. Un mariage forcé synonyme de perte de liberté.
Amitié naissante
Autant Rana est classique, dévouée à son mari, bonne mère et respectueuse des préceptes de l'Islam, autant Adineh rue dans les brancards. Tête rasée, elle délaisse le foulard classique pour une sorte de capuche bonnet. Elle fume et n'hésite pas à aller dans les toilettes des hommes pour ne pas attendre chez les femmes. Et quand deux machos la draguent, après les insultes, elle n'hésite pas à se battre. C'est dans ces conditions un peu extrêmes que les deux héroïnes se rencontrent. Rana accepte de prendre Adineh dans son taxi clandestin. Et la jeune fugueuse propose à la mère de famille de la conduire loin dans une ville de province, le temps de laisser passer la date du mariage. Une forte somme à la clé; la solution inespérée aux problèmes financiers de Rana. Toute la force du film réside dans la découverte mutuelle des univers des deux Iraniennes si différentes. Pour Rana, se marier est la solution aux problèmes. Pour Adineh, vivre à l'étranger lui permettra de vivre exactement comme elle veut. La réalisatrice, là où on s'attend à une simple photographie de la condition féminine en Iran, va beaucoup plus loin. Ce n'est pas tant des femmes qu'elle parle que de la différence entre les femmes et les hommes. Simples auxiliaires du mari tout puissant, les femmes n'ont pas la possibilité de vivre par elles mêmes. En dehors de ces cas extrêmes. Rana y est obligée car son mari est en prison. Adineh car elle cache un lourd secret lui empêchant à jamais d'être heureuse dans ce milieu.
Tout en subtilité, ce long-métrage gagne en émotion quand la situation d'Adineh se complique et que Rana, s'étant découverte une véritable amie, va devoir réviser son jugement sur les interdits imposés aux femmes.
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