Enfant maltraité, Xander King devient un serial killer redoutable. Son itinéraire sanglant est retracé par Saul Black dans ce thriller d'une rare maestria.
Saul Black a mis tous les ingrédients classiques du thriller américain contemporain dans son roman « Leçons d'un tueur ». Le tueur dérangé, la pléiade de victimes, la fillette innocente, la flic alcoolique et même l'écrivain dépressif. Un puzzle qu'il assemble parfaitement dans une intrigue complexe et palpitante. La quintessence du livre qu'on ne peut plus refermer dès qu'on a eu le malheur d'en lire les premières pages.
L'entrée en matière est directe. Rowena, une jeune mère de famille, se remettant de la perte de son mari et père de ses enfants, vit seule dans une maison isolée. Son adolescent écoute de la musique dans sa chambre à l'étage, Nell, 10 ans, joue dans le jardin qui jouxte des bois. Elle n'a pas le temps de regretter de ne pas avoir fermé les portes à clé quand deux hommes débarquent dans sa maison. Xander et Paulie. Un duo de tueurs en série, sillonnant les USA dans un camping-car à la recherche de leurs proies. Le premier enseigne au second ses techniques de chasse et de meurtre. Rowena sera leur 9e victime.
Xander tuera également l'ado, mais Nell parvient à fuir dans la forêt. Paulie la poursuit, mais la fillette réussit à franchir un ravin et malgré une cheville cassée atteindre l'entrée de la demeure d'Angelo, écrivain dépressif qui semble attendre la mort dans cette cabane perdue dans ces forêts enneigées. Le récit se scindera alors en trois parties distinctes. La suite du périple de Xander, l'attente du vieillard et de la fillette dans le froid et l'enquête de Valerie, la policière en charge de l'enquête.
Course contre la montre
Saul Black (pseudonyme de Glen Duncan, auteur anglais pour l'instant plus spécialisé dans le fantastique, notamment « Le dernier loup-garou ») après ce départ bourré d'adrénaline, ralentit l'action pour mieux détailler la psychologie des différents protagonistes. Notamment Valerie, minée par cette enquête qui n'avance pas. Elle est sur la mauvaise pente. Les fantômes des victimes hantent ses courtes nuits. Pour dormir elle n'a plus d'autre solution que de boire quantité de vodka. Quand Carla, une jeune enquêtrice rejoint son équipe, elle se doute que ce n'est pas pour lui donner un coup de main mais pour l'évaluer discrètement. Cette opposition va donner une dimension supplémentaire à l'enquête classique.
Plus dérangeants les passages dans lesquels l'auteur expliquent les pratiques des tueurs (il faut parfois s'accrocher tant les détails sont immondes) et surtout comment ils en sont arrivés à ces extrémités. Puis le duo enlève une jeune Anglaise et la retient prisonnière dans leur base arrière. Le roman devient encore plus oppressant. Valerie, malgré la pression inquisitrice de Carla, jette ses dernières forces dans l'enquête car pour la première fois elle a la possibilité de sauver une vie.
Le final, comme dans un bon film (il ne serait pas étonnant d'ailleurs que ce récit soit adapté en thriller hollywoodien), se déroule dans la cabane des bois avec pour enjeu la vie de la petite Nell. Une grande réussite, de bout en bout.
« Leçons d'un tueur », Saul Black, Presses de la Cité, 22 €
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