mercredi 20 juin 2007

BD - Apocalypse pour la série Nash

Le dixième album de la série Nash sera-t-il le dernier ? C'est logiquement ce que devrait se demander tout lecteur en refermant cet album écrit par Pécau et dessiné par Damour. 

Fuyant Mars et sa police, Nash et sa fille Audrey trouvent refuge dans une station spatiale chinoise désaffectée. Ils ont la surprise de tomber sur une bande de rastas ferrailleurs. Mais leur tranquillité ne sera que de courte durée. Ils sont tous sollicités pour arrêter une énorme entité extraterrestre fonçant vers la Terre. Son but : détruire la race humaine. Après les dinosaures, ce sera la redoutée « 5e extinction ». 

Mais comment stopper cette masse aussi grosse qu'une comète et dotée de redoutables défenses ? Audrey réveillera les Anges, créatures hybrides conçues pour le combat. Une occasion en or pour Damour, metteur en scène de ces batailles sidérales ponctuées d'explosions en tout genre.

Nash, Delcourt, 12,90 euros

mardi 19 juin 2007

BD - Tranches de rire de "Petite nature"

Après l'autofiction, voici l'autoBD. Un dessinateur de BD, peut-être en mal d'inspiration, décide de raconter son quotidien. La différence c'est que dans le cas présent, Jean-Christophe Chauzy, en plus de dessiner à la perfection, ne se prend pas au sérieux et semble éprouver un malin plaisir à se ridiculiser dans les pires situations. 

Il a eu l'aide de Zep et Lindingre pour quelques scénarios de ces histoires courtes nous faisant découvrir, entre autres, les coulisses des festivals de bande dessinée. Oui, les dessinateurs ont des fans de sexe féminin. Non, ils n'en profitent pas le soir dans leur chambre d'hôtel. 

Les conflits de génération d'un Chauzy, rocker nostalgique, avec ses enfants, ados branchés playstation, sont également très savoureux car criants de vérité.

Petite nature, Fluide Glacial, 11,95 euros

lundi 11 juin 2007

Roman - Réunion de famille, mort et nostalgie

Maggie, héritière d'une riche famille d'industriels, revient passer l'été à Sand Island, dans la maison de son enfance. Un roman anglais de Terry Gamble.

Onze ans déjà que Maggie n'a pas mis les pieds dans la maison de famille située sur les rives du lac Michigan. Riche héritière, elle fuit les rencontres avec ses cousins et autres membres de la famille et réalise des documentaires aux quatre coins du monde avec Ian, son inséparable partenaire et ami, qu'elle appellera d'ailleurs à la rescousse, étouffée qu'elle est par la pesanteur familiale.

Mais cette fois, elle ne peut décemment pas fuir parce que sa mère, victime d'une attaque cérébrale, est entre la vie et la mort. Soignée avec amour par Miriam, son infirmière, Madame Addison, muette et paralysée, ne semble plus communiquer qu'avec celle qui prend soin d'elle jour et nuit. Et laisse Maggie, dont les rapports avec sa mère ont toujours été « difficiles », reste complètement démunie face à cette vieille dame que plus rien ne semble atteindre. « Je m'arrête en chemin rendre visite à maman. Vêtue de son négligé, elle se tient adossée aux oreillers face à la fenêtre. L'un de ses yeux est fermé, l'autre ouvert. Son profil reste majestueux malgré son visage décomposé. Je voudrais remettre ses traits en place puis m'installer auprès d'elle, un verre et une cigarette à la main, le temps de bavarder un peu. Ma mère a toujours savouré les anecdotes sur le compte des autres. »

Le clan Addison

Toute la famille s'est rassemblée pour un été qui sera peut-être le dernier dans la maison de leur enfance. Dana, la sœur de Maggie, fait un peu office de pilier de la famille, son mari Philippe suit le mouvement, tandis que toute la bande de cousins, Sedgie, acteur alcoolique, Derek, sculpteur de talent, Adèle qui cherche sa voie dans le mysticisme, Jessica, fille adoptive de Dana, qui en est à la période piercings et tatouages et Beowulf, seul cousin de la même génération que Jessica. La tribu se réunit au cours des repas mais le reste de la journée, se forment des petits groupes ou des couples (fraternels, quoique...), qui se remémorent les bêtises et les joies de leur enfance et abordent souvent des sujets beaucoup plus intimes, voire sérieux, qui remettent en question la façon de vivre de chacun. Par exemple, Jessica et Maggie parlent d'enfants qu'elles n'ont pas (encore). « Nous sommes tous convaincus de notre supériorité – persuadés que le fruit de nos entrailles échappera Dieu sait comment à la banale réalité des autres. On se croit digne d'enfanter un être supérieur, transcendant. Pas une once de trivialité dans notre couple. Rien de superficiel chez nos enfants. Notre œuvre aura un impact, du sens. »

Terry Gamble, bien qu'Américain, nous régale avec une délicatesse très « british » de ces conversations sans fin, les unes teintées de nostalgie des étés enfuis, d'autres portant sur le sens de la vie de chacun, ce qui n'est pas toujours une découverte facile à avaler. Et passe d'un personnage à l'autre, d'une situation à une autre avec une dextérité que peuvent lui envier bon nombre d'écrivains. Les étés de Sand Island vous plongeront dans une vie familiale riche et dense. Vous vous délecterez de jongler avec le présent et le passé et vous vous sentirez des atomes crochus avec au moins un des personnages, trouvant dans chacun des côtés profonds, enthousiastes, d'une pure gentillesse, sympathiques, chaleureux et toujours attachants. Liste non exhaustive pour un roman délicieux.

« Les étés de Sand Island », Terry Gamble, Calmann-lévy, 20,90 euros

dimanche 10 juin 2007

BD - Petit dragon deviendra grand

Raghnarok, petit dragon vert imaginé par Boulet, a des problèmes relationnels avec sa mère. Cette dernière s'obstine à lui apprendre à voler. Mais à chaque fois c'est la même histoire : un crash vertical, uniquement vertical. 

Le héros en a un peu assez de ce gag répétitif. Il soupçonne sa mère de ne pas comprendre qu'il n'a pour l'instant aucune aptitude au vol. Peut-être dans dix ans. Et Raghnarok rêve de pouvoir se transporter une décennie dans le futur. La rencontre inopinée avec une sorcière lui offre cette possibilité. En un coup de baguette magique il se retrouve donc dans le futur. 

Un futur à l'odeur de brûlé. Tout autour de lui a été détruit, forêt, villages et même une partie de la ville. Le coupable ? Un immense dragon noir qui crache des flammes en hurlant à qui veut l'entendre « Raghnarok ». 

Et voilà le petit héros bien embêté car il se met dans la tête que lui seul peut arrêter ce monstre destructeur. Boulet quitte le temps de cette histoire complète ses gags souvent savoureux pour un conte philosophique avec son lot de combat et de destruction. Une belle réussite. ("Raghnarok", Glénat, 9,40 €)



samedi 9 juin 2007

BD - Voleurs de momie


Le premier tome de « Smoke City » est la classique introduction racontant la reformation, six années plus tard, d'une bande de cambrioleurs réputés géniaux. C'est Carmen la première qui prend l'initiative « diable en robe moulante », elle vient solliciter Cole, oubliant ses exploits dans l'alcool fort. Ils iront ensuite récupérer Moe, qui a mis ses talents informatiques au service de la police. Puis il feront évader Harper, expert en arts martiaux avant de faire sortir Franklin de l'asile psychiatrique où ce grand psychopathe (et père de Cole) tente de retrouver ses esprits. Un dernier, Hideaki, décline la proposition mais se fait remplacer par sa meilleure élève Miyako. Une fois le groupe reconstitué, ils vont tous aller voir leur commanditaire, M. Law, richissime collectionneur d'art qui désire qu'on lui dérobe une momie. Sa momie. Il s'agit en fait d'une arnaque à l'assurance. Mais l'arnaque n'est peut-être pas là où on le croit. Un polar, qui semble dévier vers le fantastique, écrit par Mariolle et dessiné tout en couleurs d'ambiance par Benjamin Carré. 
("Smoke City", Delcourt, 12,90 €)

vendredi 8 juin 2007

BD - Les 4 As grandissent

Changement complet de cap et de ligne éditoriale pour les 4 As, héros de bande dessinée créés il y a des décennies par Chaulet et Craenhals. Exit le côté loufoque, monstres invraisemblables et autres voyages sur la Lune ou Mars. 

Salma (scénario) et Maury (dessin) semblent vouloir s'attacher à raconter la vie, simple et réaliste, de quatre adolescents de notre temps. Fin juillet, Lastic, Doct, Bouffi et Dina se retrouvent après un mois de petits boulots. Ils ont l'intention de passer le mois d'août ensemble et en vacances. Reste à décider de la destination. Les centres d'intérêts des uns n'étant ceux des autres, il est difficile de trouver un terrain d'entente.

 Finalement c'est Dina qui trouvera la solution : chaque membre de la bande assurera le programme d'une semaine. Dina conduit le quatuor sur les chemins de Compostelle (avec une petite incursion par Conques dans l'Aveyron), Lastic trouve une base de sport extrême (parapente, VTT, surf), Bouffi (qui perd vite son surnom pour devenir Jean-Louis) dans une ferme gastronomique et Doct chez un peintre écrivain. 

Une façon élégante d'apprendre la tolérance, tout simplement... ("La balade des 4 As", Casterman, 9,50 €)


jeudi 7 juin 2007

BD - Jeunes sans avenir

Dans un avenir pas si lointain que cela, Maël et Mog, deux adolescents, traînent leur mal de vivre. Dans le quartier où ils résident et d'où ils ne doivent pas sortir, deux problématiques majeures conditionnent leur existence : le fait que tous les adultes sont en train de perdre la mémoire et que les immeubles, en dehors de leur quartier, s'écroulent les uns après les autres. 

Imaginé par Stéphane Beauverger qui a déjà écrit plusieurs romans de science-fiction, ce « Quartier M » a des airs de fin du monde inéluctable. Dessinée par Benjo et Zano, jeunes auteurs nourris au manga, cette nouvelle série est très sombre. Mog, pour fuir son père de plus en plus violent, choisit de fuguer. 

Il devra apprendre à vivre dans la rue et à supporter les exactions des bandes de "Ranafout", des jeunes en rupture de ban, se défoulant dans la violence gratuite. Maël, en conflit direct avec le chef "Rana", est lui aussi obligé de prendre la fuite poursuivi par les jeunes fanatiques. Il décide d'aller au-delà du Quartier, dans la zone dangereuse où les tours s'effondrent en quelques secondes. ("Quartier M", Dupuis, 13 €)

mercredi 6 juin 2007

Roman jeunesse - La rébellion des Uglies

Après la décrépitude puis la disparition de notre monde, Uglies, Pretties et Spécials forment une société qu'ils considèrent comme parfaite...

Immédiatement vient à l'esprit le système des castes en Inde. Sauf qu'en Inde, les gens ne se font pas charcuter pour obtenir la beauté suprême. Sur une terre que les hommes comme vous et moi avons complètement saccagée, ne laissant que des ruines de métal tordues et des carcasses de voitures, s'est façonnée la société formée par les Uglies, les gens considérés comme « moches », les Pretties, ceux qui ont atteint la perfection grâce à une chirurgie plastique et les Spécials, anciens Pretties qui font la loi dans la communauté et dont l'attitude et le regard donnent froid dans le dos.

Le formatage

Tally, encore Ugli pour trois mois, date à laquelle elle aura 16 ans, l'âge de « l'opération » destinée à la rendre Pretty, ne pense plus qu'à ça, d'autant plus que son meilleur ami Ugli, Peris, qui a partagé toute son enfance, vient d'être transformé et qu'elle a hâte de le rejoindre. Éminemment curieuse des activités de ces Pretties qui se ressemblent tous, physiquement et moralement mais qui font rêver quand même, elle trouve le moyen de se glisser la nuit en cachette dans la ville « Pretties ». Ce qu'elle y voit la laisse pantoise. Les jeunes opérés ne pensent qu'à une chose, s'amuser et des fêtes débridées sont données 24 heures sur 24.

Ce qui ouvre déjà un peu les yeux de Tally sur l'inconsistance de cette vie de débauche. Elle se pose encore plus de questions quelques jours plus tard quand elle rencontre Shay, Ugli comme elle, mais Ugli rebelle qui ne songe qu'à une chose, rejoindre, loin de leur cité, la communauté secrète dirigée par David et composée de Uglies qui refusent l'opération et qui désirent conserver leur intégrité tant morale que physique. Shay et Tally deviennent si bonnes amies que Shay propose à Tally de rejoindre leur groupe. Mais il faut prendre une décision rapidement puisque leurs 16 ans approchent.

La jeune fille doute et Shay essaie de la convaincre. « O.K., Shay, David existe. Mais la mocheté aussi. Tu n'y changeras rien en te persuadant que tu es belle. C'est bien pour ça qu'on a inventé l'opération. - Sauf que c'est une arnaque, Tally. On ne te montre que de beaux visages ta vie durant. Tes parents, tes professeurs, n'importe qui de plus de seize ans. Mais tu ne nais pas en pensant rencontrer ce genre de beauté chez tout le monde; on te programme pour trouver les autres moches. » Tally hésite encore, tant elle a envie de rejoindre son ami Peris. Que va-t-elle décider, rester telle que la nature l'a formée ou entrer dans le miroir aux alouettes des parfaits Pretties ? Il faut faire d'autant plus vite que les « Spécials » ne sont pas prêts à lâcher une seule Uglies. Mais pourquoi ont-ils si peur des rebelles ? Pourquoi poursuivent-ils sans relâche leurs recherches sur le lieu où se cache la communauté de David ?

Une mine de réflexions

« Uglies », premier tome d'une trilogie, a beau être destiné aux jeunes adultes, les « vieux » y trouveront aussi leur bonheur. Le récit provoque une multitude de questions sur le formatage du corps et de l'esprit et sur l'importance de pouvoir décider personnellement de sa vie. Qu'apporte la perfection ? La vie qu'impose les Spécials laisse-t-elle un quelconque libre-arbitre ? Autant de questions que jeunes et moins jeunes se poseront en découvrant ce passionnant roman qu'une fois commencé, ne se lâche plus.

« Uglies », Scott Westerfeld, Pocket jeunesse, 13,50 euros

mardi 5 juin 2007

BD - Guy Lefranc et la momie bleue

Toutes les séries imaginées par Jacques Martin sont reprises par des équipes travaillant désormais loin du génial créateur âgé aujourd'hui de 86 ans. Guy Lefranc est entre les mains de Patrick Weber pour le scénario et Francis Carin pour le dessin. « La momie bleue », 18e tome des aventures du reporter, se passe entièrement en Égypte. C'est là qu'Axel Borg explique à Lefranc qu'il est en train de ressusciter une momie égyptienne. 

Une manipulation de l'ADN et de la génétique qui débouche sur la création d'un homme à la couleur bleue, ayant l'intelligence et la mémoire de la momie. L'opération se passe au-delà de toute espérance et la momie prend la fuite. Cet être revenu d'entre les morts suscite bien des interrogations et déchaîne les passions sur l'ensemble de la planète. Les incidents se multiplient, la terre est au bord de la première guerre mondiale des religions... 

La greffe semble avoir pris. Patrick Weber, en mettant le héros face à ce cataclysme en puissance, retrouve le souffle des premiers albums signés Jacques Martin. (Casterman, 9,50 €)

lundi 4 juin 2007

BD - Bob Morane et l'Histoire

Bob Morane, le héros imaginé par Henri Vernes en 1953 poursuit son exploration du monde, présent, passé et à venir. Ce 43e tome de ses adaptations en bande dessinée (avec Coria au dessin), est la suite directe du précédent tome. 

Une première partie dans laquelle le commandant était ballotté dans le temps. Il se retrouve en 1937 à Nankin et assiste au massacre des Chinois par les forces armées japonaises. Sa camarade, Sophia Paramount, est elle à Pearl Harbour au moment de l'attaque nippone contre la flotte US. 

De retour dans le futur, dans les locaux de la patrouille du temps, les deux compères constatent que Bill Ballantine est lui resté dans le passé. A Shangaï en 1932. Bob et Sophia seront donc volontaires pour sauver leur compagnon. Avec également à la clé la mission de tuer un homme qui serait à l'origine de la guerre du Pacifique. 

Entre réécriture de l'Histoire, aventure asiatique et paradoxe temporel, cet album plaira à tous les fans du téméraire et intrépide Bob Morane. ("Bob Morane", Le Lombard, 9,80 €)

dimanche 3 juin 2007

BD - Le miroir aux ados

Les adolescents ont-ils de l'humour ? La question est d'importance car cette série écrite par Noblet et dessinée par Bercovici ne se prive pas de se moquer d'eux, de leurs modes, leur manies... Ils sont quatre héros récurrents de ces gags sonnants toujours très justes. 

Fuso, chanteur en devenir, Stratobaf, musicien presque connu, Aspartine, rêvant de devenir mannequin et Rotatine, poète maudite. Ils sont sûrs d'avoir du talent et de ce fait voudraient que tout le monde les adule pour leurs oeuvres encore embryonnaires. Le musicien et le chanteur s'associent pour tenter de percer dans le difficile monde du tube. Leurs compositions manquent singulièrement de personnalité et le producteur doit trouver des trésors de ruses pour les dissuader de persévérer dans cette voie. La jeune poétesse est elle aussi la risée de toute personne l'entendant déclamer ses vers pompeux. 

Aspartine est certainement la caricature la plus réussie. La plus commune. Elles sont en effet des milliers à croire qu'il suffit de peser 30 kilos et de marcher en se déhanchant pour devenir une vedette du mannequinât. ("Ado stars", Dupuis, 8,50 €)

samedi 2 juin 2007

BD - Relom et sa police pas très scientifique

Relom a beaucoup regardé la télévision pour imaginer cet album de BD. Les séries américaines essentiellement. Et un peu de télé réalité. Plongeon donc dans la vie trépidante de deux policiers new-yorkais. Le premier, 25 ans d'ancienneté, s'illustre surtout par son énorme bedaine et la rapidité à laquelle il ingurgite les hamburgers. 

Le second, tout juste sorti de l'école de police, fils d'une Irlandaise encore très possessive, est tout émoustillé à l'idée de mettre hors d'état de nuire les nombreux délinquants qui sèment la terreur. Une sorte de duo à la Starsky et Hutch de l'extrême qui pour sa première intervention croit mettre la main sur l'écorcheur de New York alors qu'il s'agit simplement d'un accident du travail... 

Mais par la suite ils seront confrontés à un vrai tueur, qui jouera avec leurs nerfs. Pas toujours de très bon goût (on pète, ça pue et rote à tire-larigot), ces histoires complètes formant une intrigue générale, ne seront jamais adaptées pour TF1. Relom n'a jamais été politiquement correct, son nouvel album enfonce encore un peu plus le clou... ("Les contre-experts à Brooklyn", Albin Michel, 12,50 €)


vendredi 1 juin 2007

Fantastique - Odd Thomas contre le Mal

La mort plane sur la petite ville de Pico Mundo en Californie. Seul « L'étrange Odd Thomas » s'en doute. Il communique avec l'au-delà.

En mélangeant humour, horreur et sentiments, Dean Koontz a pris des risques. Pas évident de faire monter la mayonnaise pour qu'au final tout le monde s'y retrouve. Ce roman est la preuve qu'il est très bon derrière les fourneaux.

Le début est totalement délirant. Il raconte le réveil d'Odd Thomas. Ce jeune homme de vingt ans, cuisinier dans un grill de la petite ville de Pico Mundo en Californie au cœur du désert mojave, raconte à la première personne comment il vit dans une vaste pièce située au-dessus d'un garage. Sous l’œil d'Elvis Presley, avant quitter son lit, il vérifie qu'il n'y a personne dans la pièce. Car Odd Thomas a la particularité de voir les fantômes qui hantent, nombreux, la ville. Un don qui lui donne certaines obligations morales. Ainsi, ce matin, quand il rencontre une fillette qu'il connaît bien, il comprend rapidement que ce n'est plus que le fantôme d'un cadavre, violé et étranglé dans la nuit. Il va donc se mettre à la chasse au tueur. Une première heure très mouvementée qui annonce une journée encore plus agitée.

Bodachs de mauvaise augure

Odd, est obligé de faire avec ses visions. Peu de personnes sont au courant : sa patronne, le shérif et Stormy, la fiancée d'Odd. Les premiers signes arrivent quand il est en train de faire cuire quelques hamburgers derrière son grill. Un bodach entre dans le restaurant. Ce ne sont pas de véritables fantômes, « ils viennent d'un autre monde, un monde de ténèbres éternelles. Leur forme est mouvante, comme un liquide. Ils n'ont pas plus de substance qu'une ombre. Leurs mouvements sont silencieux, leurs intentions, quoique mystérieuses, ne sont pas innocentes. Souvent, ils marchent à quatre pattes comme des chats, mais des chats grands comme des hommes. Parfois, ils se déplacent debout, des créatures de cauchemar, mi-hommes, mi-chiens. Je ne les vois pas fréquemment. Quand ils apparaissent, c'est de mauvais augure, signe qu'un malheur arrive, plus grand et plus sombre que de coutume ».

Un bodach, puis des dizaines et des centaines. Odd Thomas est persuadé qu'un psychopathe a décidé de sévir à Pico Mundo. Et ce pourrait bien être cet homme qui vient manger en compagnie de plusieurs de ces ombres maléfiques. Odd frissonne en le voyant manger ses hamburgers : « Son visage blême aux traits effacés me rappelait ces champignons blancs que j'avais vus une fois dans un recoin obscur d'une cave ».

Une belle histoire d'amour

Mr Champignon semble effectivement être un fou de la pire espèce. Odd visite sa maison et y découvre une collection sur les exploits de tueurs en série. Le temps presse, car selon un dossier découvert dans le bureau, Mr Champignon compte passer à l'action dès le lendemain.

Une fois l'intrigue lancée, le lecteur dévore ce roman, clairement fantastique, mais avec également un zeste de thriller, beaucoup d'humour et surtout une belle histoire d'amour. Car Odd, en plus de pourchasser les tueurs et dialoguer avec les fantômes, tente de séduire Stormy, la belle et effrontée vendeuse de glaces du grand centre commercial voisin. Chaque personnage imaginé par Dean Koontz est original et touchant. De la serveuse au grand cœur à l'écrivain obèse ou le père d'Odd, séducteur invétéré à la recherche de la jeunesse éternelle, tous vous marqueront. Sans oublier Odd Thomas dont ce n'est que la première aventure, d'autres sont d'ores et déjà programmées.

« L'étrange Odd Thomas », Dean Koontz, Lattès, 22 €