samedi 30 juin 2007

BD - Les "Time Twins", voleuses de temps

Cybill et Cynthia, blondes, étudiantes, tout juste 18 ans, ont une double vie. Si elles passent leurs journées dans les amphithéâtres à tenter de maîtriser l'Histoire, la nuit elles se transforment en voleuses. Cybill met au point le plan, Cynthia l'exécute. La tête et les jambes. Mais elles ne le font pas dans le but de s'enrichir. Elles agissent sur les recommandations de leur père, sorte de hippie altermondialiste désirant prendre aux riches pour redonner aux pauvres. Un duo de choc et de charme, plein d'humour et de fantaisie imaginé par Derrien et Vignaux. 

Les deux héroïnes pourraient continuer leur petit commerce en paix si elles ne tombaient pas dans un piège. Une multinationale, la PAST, a besoin d'elles. Spécialisée dans le voyage dans le passé, cette agence de voyages pas comme les autres doit retrouver divers éléments d'une machine à voyager dans le temps intégrés dans des objets cultes. Première mission pour les jumelles, Chicago en 1929. Elle devront subtiliser la mitraillette d'Al Capone. 

Un ton très humoristique, un dessin souple et élégant : ces deux jolies héroïnes ont tout pour faire une belle carrière dans le 9e art. 

("Time twins", Le Lombard, 9,80 €)

vendredi 29 juin 2007

BD - Mystère, secte et énigmatique "Box"

Erica, danseuse érotique dans une petite ville des USA, était au centre de la première partie de cette série politico-fantastique signée Alain Mounier. Erica qui aurait des pouvoirs surnaturels depuis qu'elle a été mise en contact avec Box, un objet découvert en Afghanistan et qui devient un enjeu entre Russes et Américains. 

Erica, devenue amnésique, est recueillie dans une communauté vivant en autarcie dans des bois enneigés. Communauté ressemblant énormément à une secte placée sous la coupe de Samuel, gourou rejetant toutes les religions et endoctrinant la trentaine de personnes demeurant dans ces baraques de fortune, coupées du monde. 

Erica l'intrigue. Cette amnésique, très belle et peu sûre d'elle, ne se doute pas que de très nombreuses personnes la recherchent. Dont Anton Dawson, un analyste de la NSA, le premier a avoir repéré des événements étranges liés au transport de Box. Anton parvient à se faire intégrer dans la secte, mais il n'aura que peu de temps pour sauver Erica et les autres membres de la folie meurtrière de Samuel.

 Autour de l'intrigue principale, les agissements des services secrets font de cette BD un chef-d'oeuvre de complexité. Et on ne sait toujours pas ce qu'est exactement Box... ("Box", Bamboo, 12,90 €)

jeudi 28 juin 2007

BD - Tout ce qui brille...


Nouvelle saga historico-financière pour les éditions Glénat qui avaient déjà touché le jackpot avec « Les maîtres de l'orge ». Cette fois ce sont Agnès et Jean-Claude Bartoll qui vont raconter la saga de la famille Van Berg, régnant sans partage sur le diamant mondial. 

Si le premier tome prend le nom de Charles Van Berg, le fondateur de la dynastie, le récit n'est pas du tout chronologique. Les premières scènes se passent de nos jours dans le Nord du Canada, sur de nouvelles mines prometteuses visitées par l'héritier, Charles junior. Il va se retrouver en mauvaise posture quand son avion devra se poser aux USA après une avarie. 

Son père ayant été condamné pour collaboration avec les nazis, il est emprisonné immédiatement. Cette relation du patriarche avec les industriels allemands durant la seconde guerre mondiale est au centre de ce premier tome. Le lecteur découvre ses motivations, son amour pour une espionne allemande, ses arrangements avec la légalité. Une immense fortune pas toujours très propre. Mais qui agit en coulisse pour mettre hors jeu l'héritier ? 

Entre intrigue du passé et manipulations du présent, le dessinateur, Bernard Kölle jongle avec les époques et les lieux. 

("Diamants", Glénat, 9,40 €)

mercredi 27 juin 2007

BD - Le grand retour des pirates

Si comme des millions d'adolescents vous avez été captivé par « L'île au trésor » de Stevenson, vous lirez avec un grand plaisir, mêlé de curiosité, le premier tome de cette série tentant de donner une suite aux aventures de l'un des personnages principaux : Long John Silver. 

Une tâche ambitieuse qui semble tenir à cœur à Xavier Dorison, le scénariste. Il s'est associé à Mathieu Lauffray qui a déjà illustré Prophet. En 1785, au cœur de l'Amazonie, lord Byron Hastings pense avoir enfin découvert la cité d'Eldorado. Mais pour ramener ce trésor, il a besoin d'un bateau. Il demande à son frère, resté en Angleterre de vendre son manoir et ses terres pour financer l'expédition. 

Ce n'est pas du goût de la belle Vivian Hastings qui était sur le point de refaire sa vie. Elle se retrouve enceinte et sans le sou. Seule solution, rejoindre son mari en Amérique pour avoir sa part du butin. Et pour assurer ses arrières, elle va faire embaucher dans l'équipage un certain Long John Silver qui lui aussi sent la fortune à portée de main. Un album riche en rebondissements et aux personnages très typés. ("Long John Silver", Dargaud, 13 €)

mardi 26 juin 2007

Thriller - Tueur de mères

Face à face sanglant dans "L'ange de la vérité" entre un psychopathe et une femme. ce thriller extrême de Mark Nykanen explore les rapports conflictuels mère-fils.


Suzanne Trayle est devenue célèbre du jour au lendemain en devenant l'ange de la vérité. Dans une émission télévisée de très grande écoute, elle a expliqué son combat : permettre aux mères ayant accouché sous X de retrouver leur enfant des décennies plus tard. Une cause qui lui tient à coeur puisqu'elle même a vécu ce déchirement. Encore adolescente, elle a cédé aux avances d'un garçon un peu trop entreprenant à l'arrière d'une voiture.

C'était il y a 30 ans. Sa famille, pour éviter le scandale, lui conseille de se retirer, le temps de la grossesse dans une institution religieuse spécialisée. Elle va accoucher sous X, ne verra jamais son enfant qui sera immédiatement adopté par un couple stérile. Mais Suzanne aura l'occasion durant quelques minutes de tenir son bébé dans ses bras : « La jeune mère l'avait serré contre elle, elle avait senti son petit cœur palpiter et s'était demandé comment elle réussirait à vivre sans lui ». La machine est cependant implacable, les papiers déjà signés, Suzanne ne reverra jamais plus son fils. Mais elle ne perdra pas espoir et c'est en le cherchant qu'elle en a découvert d'autres, faisant le bonheur de mères vivant dans le remord.

Face à « L'enquêteur »

Elle est devenue une spécialiste, combattante politique, enquêtrice hors pair, elle en vit aujourd'hui. Une notoriété qui intéresse énormément le second personnage principal de ce roman de Mark Nykanen. Un psychologue, semblant bien sous tous rapports. Il a pourtant une obsession qu'il cache soigneusement. Lui aussi recherche ces mères « indignes » ayant abandonné leur enfant à la naissance. Pour les violer et les assassiner. Une vengeance sans fin d'une enfance malheureuse. Quand il apprend que Suzanne va aller faire une conférence sur le sujet, il la suit et pénètre dans sa chambres en pleine nuit. Normalement il n'est venu que pour faire une copie des archives de l'ordinateur portable de Suzanne. Il compte y trouver adresses et renseignements sur les mères ayant demandé de l'aide à l'Ange de la vérité. Mais la tentation est trop forte, il profite de l'occasion pour violer Suzanne.

Choquée, cette dernière va rapidement comprendre que cette intrusion et cet acte de barbarie a créé un lien entre les deux personnages. Se faisant surnommer « L'enquêteur », le tueur va jouer au chat et à la souris avec Suzanne. Lui faisant comprendre que c'est grâce à elle qu'il peut rapidement agrandir son tableau de chasse. Suzanne va donc prendre le taureau par les cornes et se transformer, elle aussi, en chasseur.

Le roman alterne les deux points de vue. D'un côté la femme blessée et révoltée, de l'autre le fou violent. Rédigées à la première personne, ces passages sont d'une rare violence. Mark Nykanen, ancien journaliste, a sillonné les quartiers de haute sécurité des prisons américaines pour y trouver matière à façonner un personnage de méchant qui frappe les esprits.

« L'ange de la vérité », Mark Nykanen, Fleuve Noir, 18,50 €

lundi 25 juin 2007

BD - Nestor Burma, héros de toujours

Nestor Burma a changé de dessinateur, mais a toujours un caractère de cochon. Léo Malet a écrit les romans, Tardi, le premier, les a adaptés en BD. Aujourd'hui c'est Moynot qui a repris le personnage de détective privé emblématique des nouveaux mystères de Paris. Dans « Le soleil naît derrière le Louvre » il est question de tableau. 

Une toile de maître, un Raphaël volé au musée du Louvre. Coïncidence, les policiers découvrent dans une impasse un homme assassiné porteur d'une copie de la toile. Et Burma connaît le bonhomme. Tant et si bien que les policiers sollicitent son aide pour surveiller l'ancienne maîtresse du cadavre, Geneviève Levaseur, mannequin. Et comme par hasard, la belle brune embauche Burma pour assurer sa protection... 

Il y aura d'autres macchabées au fil des pages, pas mal de « coups sur la calebasse » pour un Burma parfois teigneux, parfois charmeur. Jusqu'au dénouement final, fidèle au roman de Léo Malet. Il fallait oser prendre la suite de Tardi. Moynot a pris le risque. Le résultat est plus que probant. ("Le soleil naît derrière le Louvre", Casterman, 14,95 €)

dimanche 24 juin 2007

BD - Le job de Miaki

Vénus H est un petite entreprise florissante. Ses « employées » sont louées par de grands noms de la finance. Pour paraître. Se montrer. Plus si le contrat le demande. C'est plus cher. Vraiment très cher. Après un premier tome tragique racontant le destin d'Anja, Dufaux s'attache à une seconde pensionnaire, Miaki. La jeune Asiatique est au service de Monsieur Zatoga. 

Louée pour six mois. Une mission au long cours. Avec cette exclusivité, elle ne doit satisfaire que les amis de son commanditaire. Ce dernier a une idée derrière la tête. Il est en froid avec un scénariste américain. Après avoir signé un contrat pour un prochain film et empoché une belle avance, l'écrivain a disparu. Miaki devrait faire un superbe appât pour ce créateur, alcoolique et névrosé mais fasciné par l'Orient. 

Problème, il n'y a pas que Zatoga qui recherche le créateur. De plus la belle tombe dans les bras de Serge, petite frappe au service de Zatoga. Une intrigue riche, avec éllipse, manipulation et coup de théâtre final. Le tout illustré par Renaud, dessinateur ayant véritablement franchi un cap depuis qu'il a adopté la technique de la couleur directe. ("Vénus H", Dargaud, 13 €)

samedi 23 juin 2007

BD - Tigresses volantes

Délicieuse Poison Ivy. La jeune délurée du bayou au pouvoir redoutable (quiconque l'embrasse sur les lèvres meurt instantanément) arrive en Chine pour sa première mission secrète au sein du WOW, Women on war. Elle est chargée de remettre un microfilm essentiel pour l'avenir de la guerre en Asie à un agent caché dans la ville assiégée de Loïwing. 

Mais que d'embûches avant de parvenir à ses fins. En premier lieu l'avion chargé de transporter l'unité d'élite est abattu par les Japonais. La suite du trajet se fera à dos d'éléphants. Il faudra ensuite aux jeunes femmes, déguisées en religieuses, persuader le patron de la base des Tigres volants de les conduire de l'autre côté des lignes ennemies. Elles auront besoin de trésors d'imagination, de pas mal de chance, du charme et des super pouvoirs pour arriver à leurs fins. 

Ce second tome d'une série résolument humoristique et sarcastique, dessinée par Berthet, permet à Yann, le scénariste, de placer quelques métaphores aux 15e degré du style : « Tel un Damoclès ailé, l'appareil de Tinkly fondit sur le misérable Zéro plus brutalement encore qu'un esquimau glacé posé sur un radiateur brûlant ». ("Poison Ivy", Dargaud, 9,80 €)

vendredi 22 juin 2007

BD - Passage risqué par "Hellheim"

Tout adolescent qui se respecte, se sent différent des autres. Mais il y a différence et différence. Carol Ann, jeune fille taciturne en froid avec sa mère, a le chic pour se faire des ennemies. Et les garçons la fuient. Il est vrai qu'elle ne supporte aucun contact physique (problème quand on veut flirter) et que des phénomènes étranges arrivent quand elle se met en colère. 

Un début d'album assez classique, campus américain, famille en crise, un soupçon de fantastique. Mais quand la mère de Carol Ann meurt, l'ado est recueillie par son père qu'elle n'a jamais rencontré auparavant. Un antiquaire londonien, mystérieux et énigmatique. Comme sa boutique, regorgeant d'objets inconnus et statues plus vraies que nature. C'est dans la cave de cette boutique que la jeune fille va découvrir le passage vers l'autre monde, celui dont son père est originaire. Le cauchemar peut commencer. 

Paul Oliveira au scénario et Jean-Philippe Baradat au dessin frappent fort avec ce premier tome aux images chocs. Violences, tortures, esclavage, meurtres gratuits : on n'emprunte pas le passage sans risque... ("Hellheim", Bamboo, 12,90 €)

jeudi 21 juin 2007

Polar - Crimes campagnards en Angleterre

Un médecin de campagne anglais participe à l'arrestation d'un serial killer diabolique. Un roman policier très british de Simon Beckett


Si vous avez la phobie des mouches, asticots et autres insectes participant à l'ultime étape de la chaîne de la vie, évitez ce roman où la description des cadavres en décomposition avancée sont légion. Dès la première scène, dans le cadre bucolique d'une campagne anglaise sous le soleil estival, deux gamins, des frères, tombent nez à nez avec une procession de vers, des larves exactement. C'est en cherchant d'où elles viennent qu'ils découvrent le cadavre. « Nue, méconnaissable sous le soleil, Sally Palmer n'était que mouvements, vagues de vermine ondoyant sous la peau s'échappant de son nez, de sa bouche, ainsi que les autres ouvertures moins naturelles sur son corps. » Les enfants prennent la fuite et vont racontent tout à leur mère. Qui le dira au docteur David Hunter, le médecin de famille qui se chargera de prévenir la police.

Suspect puis auxiliaire de la police

David Hunter, le narrateur de ce polar de Simon Beckett, fait la description de la ville de Manham, petite bourgade perdue du Norfolk. Depuis quelques années il s'y est installé. Pour oublier un drame. La mort de sa femme et de sa petite fille dans un accident de la circulation. Il tente de se reconstruire, en vain, en soignant les bobos de cette communauté repliée sur elle même et très méfiante.

La découverte du cadavre de Sally Palmer va bousculer la quiétude des villageois. Et David Hunter va se retrouver, malgré lui, impliqué dans l'enquête. Le policier chargé des premières constatations découvre par hasard que le docteur du village était il y a encore quelques années un médecin légiste réputé, spécialiste en anthropologie. Le meilleur du Royaume. Pour tenter de dénouer les fils de l'enquête, il demande à Hunter de lui donner un coup de main. Ce dernier accepte à la condition que cela soit dans le secret le plus total. Une volonté de discrétion qui va se retourner contre lui car les commères vont rapidement jaser. Prétendre que le docteur est soupçonné puisqu'il n'assure pratiquement plus ses consultations et qu'on le voit souvent au commissariat...

La belle institutrice

La première partie de ce roman de Simon Beckett, journaliste spécialisé dans les faits-divers, s'attarde sur la description des mœurs, parfois rétrogrades et légèrement arriérés, de Manham. Ainsi que sur la personnalité du docteur, cœur blessé, rejetant son ancienne spécialisation, comme s'il ne voulait jamais plus avoir affaire avec la mort et le langage des cadavres. Rebondissement quand une seconde femme est enlevée, torturée et retrouvée assassinée dans des marécages, la paranoïa gagne le village. C'est le moment que choisit le docteur Hunter pour remarquer une jeune institutrice. Elle aussi s'est réfugiée à Manham pour oublier un traumatisme subit à Londres. Les deux solitaires vont se trouver.... Et le tueur va lui aussi jeter son dévolu sur la belle et fragile enseignante. Palpitant, très bien renseigné, dans un décor original, de thriller se révèle être mené de main de maître, avec comme il se doit de nombreuses fausses pistes sont données en pâture au lecteur avant de découvrir qui est le tortionnaire, véritable malade mental vivant caché au sein de la population du village anglais.

« La mort à nu », Simon Beckett, Calmann-Lévy, 19,90 €

mercredi 20 juin 2007

BD - Apocalypse pour la série Nash

Le dixième album de la série Nash sera-t-il le dernier ? C'est logiquement ce que devrait se demander tout lecteur en refermant cet album écrit par Pécau et dessiné par Damour. 

Fuyant Mars et sa police, Nash et sa fille Audrey trouvent refuge dans une station spatiale chinoise désaffectée. Ils ont la surprise de tomber sur une bande de rastas ferrailleurs. Mais leur tranquillité ne sera que de courte durée. Ils sont tous sollicités pour arrêter une énorme entité extraterrestre fonçant vers la Terre. Son but : détruire la race humaine. Après les dinosaures, ce sera la redoutée « 5e extinction ». 

Mais comment stopper cette masse aussi grosse qu'une comète et dotée de redoutables défenses ? Audrey réveillera les Anges, créatures hybrides conçues pour le combat. Une occasion en or pour Damour, metteur en scène de ces batailles sidérales ponctuées d'explosions en tout genre.

Nash, Delcourt, 12,90 euros

mardi 19 juin 2007

BD - Tranches de rire de "Petite nature"

Après l'autofiction, voici l'autoBD. Un dessinateur de BD, peut-être en mal d'inspiration, décide de raconter son quotidien. La différence c'est que dans le cas présent, Jean-Christophe Chauzy, en plus de dessiner à la perfection, ne se prend pas au sérieux et semble éprouver un malin plaisir à se ridiculiser dans les pires situations. 

Il a eu l'aide de Zep et Lindingre pour quelques scénarios de ces histoires courtes nous faisant découvrir, entre autres, les coulisses des festivals de bande dessinée. Oui, les dessinateurs ont des fans de sexe féminin. Non, ils n'en profitent pas le soir dans leur chambre d'hôtel. 

Les conflits de génération d'un Chauzy, rocker nostalgique, avec ses enfants, ados branchés playstation, sont également très savoureux car criants de vérité.

Petite nature, Fluide Glacial, 11,95 euros

lundi 11 juin 2007

Roman - Réunion de famille, mort et nostalgie

Maggie, héritière d'une riche famille d'industriels, revient passer l'été à Sand Island, dans la maison de son enfance. Un roman anglais de Terry Gamble.

Onze ans déjà que Maggie n'a pas mis les pieds dans la maison de famille située sur les rives du lac Michigan. Riche héritière, elle fuit les rencontres avec ses cousins et autres membres de la famille et réalise des documentaires aux quatre coins du monde avec Ian, son inséparable partenaire et ami, qu'elle appellera d'ailleurs à la rescousse, étouffée qu'elle est par la pesanteur familiale.

Mais cette fois, elle ne peut décemment pas fuir parce que sa mère, victime d'une attaque cérébrale, est entre la vie et la mort. Soignée avec amour par Miriam, son infirmière, Madame Addison, muette et paralysée, ne semble plus communiquer qu'avec celle qui prend soin d'elle jour et nuit. Et laisse Maggie, dont les rapports avec sa mère ont toujours été « difficiles », reste complètement démunie face à cette vieille dame que plus rien ne semble atteindre. « Je m'arrête en chemin rendre visite à maman. Vêtue de son négligé, elle se tient adossée aux oreillers face à la fenêtre. L'un de ses yeux est fermé, l'autre ouvert. Son profil reste majestueux malgré son visage décomposé. Je voudrais remettre ses traits en place puis m'installer auprès d'elle, un verre et une cigarette à la main, le temps de bavarder un peu. Ma mère a toujours savouré les anecdotes sur le compte des autres. »

Le clan Addison

Toute la famille s'est rassemblée pour un été qui sera peut-être le dernier dans la maison de leur enfance. Dana, la sœur de Maggie, fait un peu office de pilier de la famille, son mari Philippe suit le mouvement, tandis que toute la bande de cousins, Sedgie, acteur alcoolique, Derek, sculpteur de talent, Adèle qui cherche sa voie dans le mysticisme, Jessica, fille adoptive de Dana, qui en est à la période piercings et tatouages et Beowulf, seul cousin de la même génération que Jessica. La tribu se réunit au cours des repas mais le reste de la journée, se forment des petits groupes ou des couples (fraternels, quoique...), qui se remémorent les bêtises et les joies de leur enfance et abordent souvent des sujets beaucoup plus intimes, voire sérieux, qui remettent en question la façon de vivre de chacun. Par exemple, Jessica et Maggie parlent d'enfants qu'elles n'ont pas (encore). « Nous sommes tous convaincus de notre supériorité – persuadés que le fruit de nos entrailles échappera Dieu sait comment à la banale réalité des autres. On se croit digne d'enfanter un être supérieur, transcendant. Pas une once de trivialité dans notre couple. Rien de superficiel chez nos enfants. Notre œuvre aura un impact, du sens. »

Terry Gamble, bien qu'Américain, nous régale avec une délicatesse très « british » de ces conversations sans fin, les unes teintées de nostalgie des étés enfuis, d'autres portant sur le sens de la vie de chacun, ce qui n'est pas toujours une découverte facile à avaler. Et passe d'un personnage à l'autre, d'une situation à une autre avec une dextérité que peuvent lui envier bon nombre d'écrivains. Les étés de Sand Island vous plongeront dans une vie familiale riche et dense. Vous vous délecterez de jongler avec le présent et le passé et vous vous sentirez des atomes crochus avec au moins un des personnages, trouvant dans chacun des côtés profonds, enthousiastes, d'une pure gentillesse, sympathiques, chaleureux et toujours attachants. Liste non exhaustive pour un roman délicieux.

« Les étés de Sand Island », Terry Gamble, Calmann-lévy, 20,90 euros

dimanche 10 juin 2007

BD - Petit dragon deviendra grand

Raghnarok, petit dragon vert imaginé par Boulet, a des problèmes relationnels avec sa mère. Cette dernière s'obstine à lui apprendre à voler. Mais à chaque fois c'est la même histoire : un crash vertical, uniquement vertical. 

Le héros en a un peu assez de ce gag répétitif. Il soupçonne sa mère de ne pas comprendre qu'il n'a pour l'instant aucune aptitude au vol. Peut-être dans dix ans. Et Raghnarok rêve de pouvoir se transporter une décennie dans le futur. La rencontre inopinée avec une sorcière lui offre cette possibilité. En un coup de baguette magique il se retrouve donc dans le futur. 

Un futur à l'odeur de brûlé. Tout autour de lui a été détruit, forêt, villages et même une partie de la ville. Le coupable ? Un immense dragon noir qui crache des flammes en hurlant à qui veut l'entendre « Raghnarok ». 

Et voilà le petit héros bien embêté car il se met dans la tête que lui seul peut arrêter ce monstre destructeur. Boulet quitte le temps de cette histoire complète ses gags souvent savoureux pour un conte philosophique avec son lot de combat et de destruction. Une belle réussite. ("Raghnarok", Glénat, 9,40 €)



samedi 9 juin 2007

BD - Voleurs de momie


Le premier tome de « Smoke City » est la classique introduction racontant la reformation, six années plus tard, d'une bande de cambrioleurs réputés géniaux. C'est Carmen la première qui prend l'initiative « diable en robe moulante », elle vient solliciter Cole, oubliant ses exploits dans l'alcool fort. Ils iront ensuite récupérer Moe, qui a mis ses talents informatiques au service de la police. Puis il feront évader Harper, expert en arts martiaux avant de faire sortir Franklin de l'asile psychiatrique où ce grand psychopathe (et père de Cole) tente de retrouver ses esprits. Un dernier, Hideaki, décline la proposition mais se fait remplacer par sa meilleure élève Miyako. Une fois le groupe reconstitué, ils vont tous aller voir leur commanditaire, M. Law, richissime collectionneur d'art qui désire qu'on lui dérobe une momie. Sa momie. Il s'agit en fait d'une arnaque à l'assurance. Mais l'arnaque n'est peut-être pas là où on le croit. Un polar, qui semble dévier vers le fantastique, écrit par Mariolle et dessiné tout en couleurs d'ambiance par Benjamin Carré. 
("Smoke City", Delcourt, 12,90 €)

vendredi 8 juin 2007

BD - Les 4 As grandissent

Changement complet de cap et de ligne éditoriale pour les 4 As, héros de bande dessinée créés il y a des décennies par Chaulet et Craenhals. Exit le côté loufoque, monstres invraisemblables et autres voyages sur la Lune ou Mars. 

Salma (scénario) et Maury (dessin) semblent vouloir s'attacher à raconter la vie, simple et réaliste, de quatre adolescents de notre temps. Fin juillet, Lastic, Doct, Bouffi et Dina se retrouvent après un mois de petits boulots. Ils ont l'intention de passer le mois d'août ensemble et en vacances. Reste à décider de la destination. Les centres d'intérêts des uns n'étant ceux des autres, il est difficile de trouver un terrain d'entente.

 Finalement c'est Dina qui trouvera la solution : chaque membre de la bande assurera le programme d'une semaine. Dina conduit le quatuor sur les chemins de Compostelle (avec une petite incursion par Conques dans l'Aveyron), Lastic trouve une base de sport extrême (parapente, VTT, surf), Bouffi (qui perd vite son surnom pour devenir Jean-Louis) dans une ferme gastronomique et Doct chez un peintre écrivain. 

Une façon élégante d'apprendre la tolérance, tout simplement... ("La balade des 4 As", Casterman, 9,50 €)


jeudi 7 juin 2007

BD - Jeunes sans avenir

Dans un avenir pas si lointain que cela, Maël et Mog, deux adolescents, traînent leur mal de vivre. Dans le quartier où ils résident et d'où ils ne doivent pas sortir, deux problématiques majeures conditionnent leur existence : le fait que tous les adultes sont en train de perdre la mémoire et que les immeubles, en dehors de leur quartier, s'écroulent les uns après les autres. 

Imaginé par Stéphane Beauverger qui a déjà écrit plusieurs romans de science-fiction, ce « Quartier M » a des airs de fin du monde inéluctable. Dessinée par Benjo et Zano, jeunes auteurs nourris au manga, cette nouvelle série est très sombre. Mog, pour fuir son père de plus en plus violent, choisit de fuguer. 

Il devra apprendre à vivre dans la rue et à supporter les exactions des bandes de "Ranafout", des jeunes en rupture de ban, se défoulant dans la violence gratuite. Maël, en conflit direct avec le chef "Rana", est lui aussi obligé de prendre la fuite poursuivi par les jeunes fanatiques. Il décide d'aller au-delà du Quartier, dans la zone dangereuse où les tours s'effondrent en quelques secondes. ("Quartier M", Dupuis, 13 €)

mercredi 6 juin 2007

Roman jeunesse - La rébellion des Uglies

Après la décrépitude puis la disparition de notre monde, Uglies, Pretties et Spécials forment une société qu'ils considèrent comme parfaite...

Immédiatement vient à l'esprit le système des castes en Inde. Sauf qu'en Inde, les gens ne se font pas charcuter pour obtenir la beauté suprême. Sur une terre que les hommes comme vous et moi avons complètement saccagée, ne laissant que des ruines de métal tordues et des carcasses de voitures, s'est façonnée la société formée par les Uglies, les gens considérés comme « moches », les Pretties, ceux qui ont atteint la perfection grâce à une chirurgie plastique et les Spécials, anciens Pretties qui font la loi dans la communauté et dont l'attitude et le regard donnent froid dans le dos.

Le formatage

Tally, encore Ugli pour trois mois, date à laquelle elle aura 16 ans, l'âge de « l'opération » destinée à la rendre Pretty, ne pense plus qu'à ça, d'autant plus que son meilleur ami Ugli, Peris, qui a partagé toute son enfance, vient d'être transformé et qu'elle a hâte de le rejoindre. Éminemment curieuse des activités de ces Pretties qui se ressemblent tous, physiquement et moralement mais qui font rêver quand même, elle trouve le moyen de se glisser la nuit en cachette dans la ville « Pretties ». Ce qu'elle y voit la laisse pantoise. Les jeunes opérés ne pensent qu'à une chose, s'amuser et des fêtes débridées sont données 24 heures sur 24.

Ce qui ouvre déjà un peu les yeux de Tally sur l'inconsistance de cette vie de débauche. Elle se pose encore plus de questions quelques jours plus tard quand elle rencontre Shay, Ugli comme elle, mais Ugli rebelle qui ne songe qu'à une chose, rejoindre, loin de leur cité, la communauté secrète dirigée par David et composée de Uglies qui refusent l'opération et qui désirent conserver leur intégrité tant morale que physique. Shay et Tally deviennent si bonnes amies que Shay propose à Tally de rejoindre leur groupe. Mais il faut prendre une décision rapidement puisque leurs 16 ans approchent.

La jeune fille doute et Shay essaie de la convaincre. « O.K., Shay, David existe. Mais la mocheté aussi. Tu n'y changeras rien en te persuadant que tu es belle. C'est bien pour ça qu'on a inventé l'opération. - Sauf que c'est une arnaque, Tally. On ne te montre que de beaux visages ta vie durant. Tes parents, tes professeurs, n'importe qui de plus de seize ans. Mais tu ne nais pas en pensant rencontrer ce genre de beauté chez tout le monde; on te programme pour trouver les autres moches. » Tally hésite encore, tant elle a envie de rejoindre son ami Peris. Que va-t-elle décider, rester telle que la nature l'a formée ou entrer dans le miroir aux alouettes des parfaits Pretties ? Il faut faire d'autant plus vite que les « Spécials » ne sont pas prêts à lâcher une seule Uglies. Mais pourquoi ont-ils si peur des rebelles ? Pourquoi poursuivent-ils sans relâche leurs recherches sur le lieu où se cache la communauté de David ?

Une mine de réflexions

« Uglies », premier tome d'une trilogie, a beau être destiné aux jeunes adultes, les « vieux » y trouveront aussi leur bonheur. Le récit provoque une multitude de questions sur le formatage du corps et de l'esprit et sur l'importance de pouvoir décider personnellement de sa vie. Qu'apporte la perfection ? La vie qu'impose les Spécials laisse-t-elle un quelconque libre-arbitre ? Autant de questions que jeunes et moins jeunes se poseront en découvrant ce passionnant roman qu'une fois commencé, ne se lâche plus.

« Uglies », Scott Westerfeld, Pocket jeunesse, 13,50 euros

mardi 5 juin 2007

BD - Guy Lefranc et la momie bleue

Toutes les séries imaginées par Jacques Martin sont reprises par des équipes travaillant désormais loin du génial créateur âgé aujourd'hui de 86 ans. Guy Lefranc est entre les mains de Patrick Weber pour le scénario et Francis Carin pour le dessin. « La momie bleue », 18e tome des aventures du reporter, se passe entièrement en Égypte. C'est là qu'Axel Borg explique à Lefranc qu'il est en train de ressusciter une momie égyptienne. 

Une manipulation de l'ADN et de la génétique qui débouche sur la création d'un homme à la couleur bleue, ayant l'intelligence et la mémoire de la momie. L'opération se passe au-delà de toute espérance et la momie prend la fuite. Cet être revenu d'entre les morts suscite bien des interrogations et déchaîne les passions sur l'ensemble de la planète. Les incidents se multiplient, la terre est au bord de la première guerre mondiale des religions... 

La greffe semble avoir pris. Patrick Weber, en mettant le héros face à ce cataclysme en puissance, retrouve le souffle des premiers albums signés Jacques Martin. (Casterman, 9,50 €)

lundi 4 juin 2007

BD - Bob Morane et l'Histoire

Bob Morane, le héros imaginé par Henri Vernes en 1953 poursuit son exploration du monde, présent, passé et à venir. Ce 43e tome de ses adaptations en bande dessinée (avec Coria au dessin), est la suite directe du précédent tome. 

Une première partie dans laquelle le commandant était ballotté dans le temps. Il se retrouve en 1937 à Nankin et assiste au massacre des Chinois par les forces armées japonaises. Sa camarade, Sophia Paramount, est elle à Pearl Harbour au moment de l'attaque nippone contre la flotte US. 

De retour dans le futur, dans les locaux de la patrouille du temps, les deux compères constatent que Bill Ballantine est lui resté dans le passé. A Shangaï en 1932. Bob et Sophia seront donc volontaires pour sauver leur compagnon. Avec également à la clé la mission de tuer un homme qui serait à l'origine de la guerre du Pacifique. 

Entre réécriture de l'Histoire, aventure asiatique et paradoxe temporel, cet album plaira à tous les fans du téméraire et intrépide Bob Morane. ("Bob Morane", Le Lombard, 9,80 €)

dimanche 3 juin 2007

BD - Le miroir aux ados

Les adolescents ont-ils de l'humour ? La question est d'importance car cette série écrite par Noblet et dessinée par Bercovici ne se prive pas de se moquer d'eux, de leurs modes, leur manies... Ils sont quatre héros récurrents de ces gags sonnants toujours très justes. 

Fuso, chanteur en devenir, Stratobaf, musicien presque connu, Aspartine, rêvant de devenir mannequin et Rotatine, poète maudite. Ils sont sûrs d'avoir du talent et de ce fait voudraient que tout le monde les adule pour leurs oeuvres encore embryonnaires. Le musicien et le chanteur s'associent pour tenter de percer dans le difficile monde du tube. Leurs compositions manquent singulièrement de personnalité et le producteur doit trouver des trésors de ruses pour les dissuader de persévérer dans cette voie. La jeune poétesse est elle aussi la risée de toute personne l'entendant déclamer ses vers pompeux. 

Aspartine est certainement la caricature la plus réussie. La plus commune. Elles sont en effet des milliers à croire qu'il suffit de peser 30 kilos et de marcher en se déhanchant pour devenir une vedette du mannequinât. ("Ado stars", Dupuis, 8,50 €)

samedi 2 juin 2007

BD - Relom et sa police pas très scientifique

Relom a beaucoup regardé la télévision pour imaginer cet album de BD. Les séries américaines essentiellement. Et un peu de télé réalité. Plongeon donc dans la vie trépidante de deux policiers new-yorkais. Le premier, 25 ans d'ancienneté, s'illustre surtout par son énorme bedaine et la rapidité à laquelle il ingurgite les hamburgers. 

Le second, tout juste sorti de l'école de police, fils d'une Irlandaise encore très possessive, est tout émoustillé à l'idée de mettre hors d'état de nuire les nombreux délinquants qui sèment la terreur. Une sorte de duo à la Starsky et Hutch de l'extrême qui pour sa première intervention croit mettre la main sur l'écorcheur de New York alors qu'il s'agit simplement d'un accident du travail... 

Mais par la suite ils seront confrontés à un vrai tueur, qui jouera avec leurs nerfs. Pas toujours de très bon goût (on pète, ça pue et rote à tire-larigot), ces histoires complètes formant une intrigue générale, ne seront jamais adaptées pour TF1. Relom n'a jamais été politiquement correct, son nouvel album enfonce encore un peu plus le clou... ("Les contre-experts à Brooklyn", Albin Michel, 12,50 €)


vendredi 1 juin 2007

Fantastique - Odd Thomas contre le Mal

La mort plane sur la petite ville de Pico Mundo en Californie. Seul « L'étrange Odd Thomas » s'en doute. Il communique avec l'au-delà.

En mélangeant humour, horreur et sentiments, Dean Koontz a pris des risques. Pas évident de faire monter la mayonnaise pour qu'au final tout le monde s'y retrouve. Ce roman est la preuve qu'il est très bon derrière les fourneaux.

Le début est totalement délirant. Il raconte le réveil d'Odd Thomas. Ce jeune homme de vingt ans, cuisinier dans un grill de la petite ville de Pico Mundo en Californie au cœur du désert mojave, raconte à la première personne comment il vit dans une vaste pièce située au-dessus d'un garage. Sous l’œil d'Elvis Presley, avant quitter son lit, il vérifie qu'il n'y a personne dans la pièce. Car Odd Thomas a la particularité de voir les fantômes qui hantent, nombreux, la ville. Un don qui lui donne certaines obligations morales. Ainsi, ce matin, quand il rencontre une fillette qu'il connaît bien, il comprend rapidement que ce n'est plus que le fantôme d'un cadavre, violé et étranglé dans la nuit. Il va donc se mettre à la chasse au tueur. Une première heure très mouvementée qui annonce une journée encore plus agitée.

Bodachs de mauvaise augure

Odd, est obligé de faire avec ses visions. Peu de personnes sont au courant : sa patronne, le shérif et Stormy, la fiancée d'Odd. Les premiers signes arrivent quand il est en train de faire cuire quelques hamburgers derrière son grill. Un bodach entre dans le restaurant. Ce ne sont pas de véritables fantômes, « ils viennent d'un autre monde, un monde de ténèbres éternelles. Leur forme est mouvante, comme un liquide. Ils n'ont pas plus de substance qu'une ombre. Leurs mouvements sont silencieux, leurs intentions, quoique mystérieuses, ne sont pas innocentes. Souvent, ils marchent à quatre pattes comme des chats, mais des chats grands comme des hommes. Parfois, ils se déplacent debout, des créatures de cauchemar, mi-hommes, mi-chiens. Je ne les vois pas fréquemment. Quand ils apparaissent, c'est de mauvais augure, signe qu'un malheur arrive, plus grand et plus sombre que de coutume ».

Un bodach, puis des dizaines et des centaines. Odd Thomas est persuadé qu'un psychopathe a décidé de sévir à Pico Mundo. Et ce pourrait bien être cet homme qui vient manger en compagnie de plusieurs de ces ombres maléfiques. Odd frissonne en le voyant manger ses hamburgers : « Son visage blême aux traits effacés me rappelait ces champignons blancs que j'avais vus une fois dans un recoin obscur d'une cave ».

Une belle histoire d'amour

Mr Champignon semble effectivement être un fou de la pire espèce. Odd visite sa maison et y découvre une collection sur les exploits de tueurs en série. Le temps presse, car selon un dossier découvert dans le bureau, Mr Champignon compte passer à l'action dès le lendemain.

Une fois l'intrigue lancée, le lecteur dévore ce roman, clairement fantastique, mais avec également un zeste de thriller, beaucoup d'humour et surtout une belle histoire d'amour. Car Odd, en plus de pourchasser les tueurs et dialoguer avec les fantômes, tente de séduire Stormy, la belle et effrontée vendeuse de glaces du grand centre commercial voisin. Chaque personnage imaginé par Dean Koontz est original et touchant. De la serveuse au grand cœur à l'écrivain obèse ou le père d'Odd, séducteur invétéré à la recherche de la jeunesse éternelle, tous vous marqueront. Sans oublier Odd Thomas dont ce n'est que la première aventure, d'autres sont d'ores et déjà programmées.

« L'étrange Odd Thomas », Dean Koontz, Lattès, 22 €