La mort plane sur la petite ville de Pico Mundo en Californie. Seul « L'étrange Odd Thomas » s'en doute. Il communique avec l'au-delà.
En mélangeant humour, horreur et sentiments, Dean Koontz a pris des risques. Pas évident de faire monter la mayonnaise pour qu'au final tout le monde s'y retrouve. Ce roman est la preuve qu'il est très bon derrière les fourneaux.Le début est totalement délirant. Il raconte le réveil d'Odd Thomas. Ce jeune homme de vingt ans, cuisinier dans un grill de la petite ville de Pico Mundo en Californie au cœur du désert mojave, raconte à la première personne comment il vit dans une vaste pièce située au-dessus d'un garage. Sous l’œil d'Elvis Presley, avant quitter son lit, il vérifie qu'il n'y a personne dans la pièce. Car Odd Thomas a la particularité de voir les fantômes qui hantent, nombreux, la ville. Un don qui lui donne certaines obligations morales. Ainsi, ce matin, quand il rencontre une fillette qu'il connaît bien, il comprend rapidement que ce n'est plus que le fantôme d'un cadavre, violé et étranglé dans la nuit. Il va donc se mettre à la chasse au tueur. Une première heure très mouvementée qui annonce une journée encore plus agitée.
Bodachs de mauvaise augure
Odd, est obligé de faire avec ses visions. Peu de personnes sont au courant : sa patronne, le shérif et Stormy, la fiancée d'Odd. Les premiers signes arrivent quand il est en train de faire cuire quelques hamburgers derrière son grill. Un bodach entre dans le restaurant. Ce ne sont pas de véritables fantômes, « ils viennent d'un autre monde, un monde de ténèbres éternelles. Leur forme est mouvante, comme un liquide. Ils n'ont pas plus de substance qu'une ombre. Leurs mouvements sont silencieux, leurs intentions, quoique mystérieuses, ne sont pas innocentes. Souvent, ils marchent à quatre pattes comme des chats, mais des chats grands comme des hommes. Parfois, ils se déplacent debout, des créatures de cauchemar, mi-hommes, mi-chiens. Je ne les vois pas fréquemment. Quand ils apparaissent, c'est de mauvais augure, signe qu'un malheur arrive, plus grand et plus sombre que de coutume ».
Un bodach, puis des dizaines et des centaines. Odd Thomas est persuadé qu'un psychopathe a décidé de sévir à Pico Mundo. Et ce pourrait bien être cet homme qui vient manger en compagnie de plusieurs de ces ombres maléfiques. Odd frissonne en le voyant manger ses hamburgers : « Son visage blême aux traits effacés me rappelait ces champignons blancs que j'avais vus une fois dans un recoin obscur d'une cave ».
Une belle histoire d'amour
Mr Champignon semble effectivement être un fou de la pire espèce. Odd visite sa maison et y découvre une collection sur les exploits de tueurs en série. Le temps presse, car selon un dossier découvert dans le bureau, Mr Champignon compte passer à l'action dès le lendemain.
Une fois l'intrigue lancée, le lecteur dévore ce roman, clairement fantastique, mais avec également un zeste de thriller, beaucoup d'humour et surtout une belle histoire d'amour. Car Odd, en plus de pourchasser les tueurs et dialoguer avec les fantômes, tente de séduire Stormy, la belle et effrontée vendeuse de glaces du grand centre commercial voisin. Chaque personnage imaginé par Dean Koontz est original et touchant. De la serveuse au grand cœur à l'écrivain obèse ou le père d'Odd, séducteur invétéré à la recherche de la jeunesse éternelle, tous vous marqueront. Sans oublier Odd Thomas dont ce n'est que la première aventure, d'autres sont d'ores et déjà programmées.
« L'étrange Odd Thomas », Dean Koontz, Lattès, 22 €