Pourquoi raconter des histoires simples quand votre imaginaire vous pousse à inventer des situations totalement anormales et exceptionnelles ? Jim Bishop, auteur complet de BD, ne se pose pas longtemps la question. Il propose avec L’enfantôme, le troisième volet du cycle qu’il nomme « La trilogie de l’enfant ». Après Lettres perdues et Mon ami Pierrot, il propose un véritable cauchemar visuel où le pire des années collège du début des années 2000 est passé à la moulinette.
Le personnage principal est surnommé le Boutonneux. Normal, son visage est couvert de pustules. Compliqué de s’intégrer dans ces conditions. Il partage ce privilège avec La Bizarre, une fille gothique. Si le Boutonneux semble assez idiot (ou du moins peu conscient des réalités de ce monde sans pitié de l’adolescence), la Bizarre au contraire est intelligente et éveillée. Ils seront tous les deux menacés par le conseiller d’orientation, un énorme bonhomme libidineux : leurs parents devront les assassiner s’ils ratent leur année. Un vrai cauchemar on vous dit.
Sur cette simple idée, Jim Bishop propose une plongée dans l’inconscient de l’adolescence. Rêves, espoirs, tristesse, dépression… Pas très gai et même mortel, au point que les héros se retrouvent transformés en fantômes, errants à la recherche de leur corps.
Un roman graphique étonnant, effrayant et paradoxalement plein de poésie.
« L’enfantôme », Glénat, 224 pages, 22,50 €