lundi 31 octobre 2022

BD - Epidémie et vie du futur

En science-fiction, le genre postapocalyptique a beaucoup connu de succès dans le passé. Quand une guerre nucléaire menaçait. Dans La Source de Runberg, Truc et Branchereau au scénario, ce type de récit revient à la mode. 

Quelques années après l’effondrement de la société occidentale, une petite communauté libertaire tente de survivre dans l’arrière-pays. Mais une épidémie décime la population. Et le dernier herboriste est assassiné avec toute sa famille. Qui en veut au groupe ? 

Une ancienne flic est chargée de trouver les coupables. Et les démons du passé (violence, autoritarisme, pouvoir) reviennent en force. 88 pages dessinées par Damour qui racontent un futur plus que probable.  

« La source » (tome 1), Philéas, 18,90 €

BD - Loin de la Tour

Seconde partie de l’ambitieuse série futuriste écrite par Jan Kounen et Omar Ladgham. Destinée au cinéma, cette histoire a finalement été réalisée en BD par Mr Fab. 

Un virus a décimé 99 % de la population. Ne survit qu’une petite communauté protégée dans une immense tour construite au centre de Bruxelles. 

Un bâtiment autonome, avec serres intégrées, production d’air et d’électricité. Des années après, deux communautés s’affrontent : ceux qui ont connu le monde libre d’avant et les jeunes, qui ont toujours été enfermés. 

Dans ce tome 2, Atami, jeune et intrépide, décide de tenter une sortie. Une série réaliste qui bascule dans le fantasmagorique dans les dernières pages. 

« La tour » (tome 2), Glénat Comix Buro, 15,50 €


dimanche 30 octobre 2022

Cinéma - “Simone”, de l’enfer des camps à l’Europe

Exemplaire vie que celle de Simone Veil. Femme politique courageuse, dévouée et pleine d’empathie, très jeune, elle a connu l’enfer des camps de concentration.


Deux visages pour interpréter Simone Veil à deux étapes de sa vie : Rebecca Marder et Elsa Zylberstein. Marvelous Productions - France 2 Cinéma - France 3 Cinéma

De la passion, du dévouement, de l’empathie. Mais aussi beaucoup de souffrance. La vie de Simone Veil, portée au grand écran, par Olivier Dahan, est exemplaire de ce XXe siècle européen, entre guerres fratricides et paix durable conquise par des visionnaires dont elle faisait clairement partie. 

Si les premières images du film montrent une Simone Veil enfant, heureuse dans la propriété de son père, en bord de Méditerranée, le film abandonne rapidement la chronologie simple pour faire des sauts dans le temps. Car si la femme politique est connue pour la loi légalisant l’avortement en France, elle a une vie avant. Mais il était compliqué de débuter par l’épisode des camps. Le film contourne la difficulté, présentant une femme publique forte qui perdait pied, parfois, dans le privé, quand les cauchemars récurrents la submergeait. Des petites touches qui préparent le spectateur à la vision de l’enfer. Le final est bouleversant. Reste que Simone Veil a aussi compté dans la vie politique française. Féministe avant l’heure, humaniste et à l’écoute des Français, elle a, contre vents et marées, toujours tenté de faire évoluer, de moderniser, la société française. 

Paradoxalement, elle a toujours été dans des gouvernements de droite, obligée de se battre contre ses propres forces politiques. Elle qui a souvent des positions plus progressistes, l’exemple de l’interruption volontaire de grossesse étant le plus parlant. Au Parlement, au moment du dépouillement des votes, elle sait qu’elle peut compter sur les 200 voix de l’opposition. Reste à convaincre quelques centristes et gaullistes qui ont souvent été odieux à la tribune (« Des histoires de bonnes femmes… »). Cette partie, la plus connue de son histoire, est présente, mais pas la plus importante. 

L’intérêt de Simone, le voyage du siècle réside avant tout dans cette plongée dans le passé d’une adolescente déportée avec toute sa famille. Son père et son frère seront rapidement exécutés. Avec sa mère et sa sœur, elles vont survivre de longs mois aux privations, à la marche de la mort, aux travaux forcés. La jeune Simone Jacob sera durablement marquée par la longue agonie de sa maman. Et mettra de nombreuses années à retrouver une vie normale. Et cela reste le message le plus fort du film : ne jamais oublier, toujours se souvenir de l’horreur, de l’ignominie d’une politique d’extrême droite toujours à l’affût. Elle en fera l’amère expérience lors de sa candidature aux élections européennes, l’autre grande réalisation de cette vie d’exception. 

Film d’Olivier Dahan avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Élodie Bouchez


BD - Secret préservé à "Jamais"

Bruno Duhamel, en racontant le combat de Madeleine, octogénaire aveugle qui veut sauver sa maison en bord de mer, a frappé un grand coup. Quelques années plus tard, il reprend le cadre et les personnages pour imaginer une suite tout aussi savoureuse. 

Le maire, qui voulait faire détruire la maison menacée par l’érosion de la falaise est en pleine déprime. Il est devenu le méchant. Madeleine, elle, symbole de la lutte contre l’administration sans cœur est adulée. 

C’est dans ce cadre qu’un nouvel éboulement va faire ressurgir des secrets profondément enfouis. Dialogues percutants, situations cocasses, personnages attachants : la magie de cette histoire simple mais universelle fonctionne une seconde fois.  

« Jamais » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 16,90 €

samedi 29 octobre 2022

Cinéma - “Les Harkis” abandonnés

Le film historique de Philippe Faucon aborde, avec une précision glaciale et très réaliste, le sort des harkis, supplétifs de l’armée française durant la guerre d’Algérie.


Un film choral, car au lieu de s’attacher à donner la vision d’un « héros » ou personnage principal, Philippe Faucon raconte les trois dernières années d’une harka, ces brigades chargées de traquer les indépendantistes. Parmi la douzaine de combattants, l’un s’engage juste pour subvenir aux besoins de sa famille, un autre pour venger son frère, exécuté par le FLN, un troisième, car il a craqué sous la torture. Il a dénoncé ses camarades indépendantistes et n’a pas d’autre choix que de passer dans le camp de la France.

Ils sont sous la responsabilité de sous-officiers français, souvent très jeunes, parfois très près de leurs préoccupations. C’est le cas du lieutenant Pascal (Théo Cholbi). Il s’appuie sur ces hommes qui connaissent parfaitement le terrain. La harka sillonne les montagnes de l’arrière-pays, cherchant les unités du FLN, des « résistants », ne peut penser parfois le lieutenant Pascal, trop souvent conscient qu’il fait partie du mauvais camp. Notamment quand il doit couvrir des interrogatoires où la torture est la seule technique utilisée. 

Quand les premières rumeurs du départ de la France d’Algérie bruissent, les harkis sont inquiets. Cet abandon est l’objet du dernier tiers du film, sans doute le plus poignant, car il exprime ce sentiment de trahison. Toujours avec une précision chirurgicale, le réalisateur montre l’abandon des supplétifs par l’armée française, le dévouement de certains sous-officiers (dont le lieutenant Pascal), risquant leur carrière pour tenter de sauver leurs hommes. Il n’est pas montré l’exil de certains vers la métropole, mais c’est une autre histoire qui nous touche directement dans la région.

Film de Philippe Faucon avec Théo Cholbi, Mohamed El Amine Mouffok, Pierre Lottin


Thriller - « La leçon du mal », matière principale d’un lycée japonais

Il faut parfois se méfier des professeurs trop gentils, efficaces et prévenants. Ils peuvent cacher de dangereux psychopathes capables de tout pour arriver à leurs fins, rarement enviables pour les jeunes lycéens. Au début du roman La leçon du mal du romancier japonais Yûsuke Kishi, comme ses élèves, on est sous le charme de Seiji Hasumi. Ce professeur d’anglais dans un lycée de la banlieue de Tokyo e tout pour plaire. 

Jeune, sportif, dévoué à ses classes, investi dans le fonctionnement de son lycée, il anime un atelier de conversation une fois les cours terminés. Prévenant auprès de ses collègues, il est toujours présent quand la direction le sollicite pour résoudre les problèmes. La première partie du roman ressemble à un documentaire sur la vie rêvée dans un lycée japonais. Mais on devine rapidement que Hasumi n’est qu’une façade. Que derrière cet homme prévenant se cache un être plus torturé. Une simple histoire de corbeau, oiseau très protégé, permet de remettre les choses à leur place. Hasumi peut tuer sans difficulté. Un oiseau. Des humains aussi. 

Au fil des chapitres, on découvre comment Hasumi, dès son plus jeune âge, a manipulé son entourage pour assouvir des pulsions criminelles. Et plus l’intrigue progresse, plus on découvre que ce petit monde lycéen est très sombre. Car en plus d’Hasumi on découvre des élèves violents, des enseignants imposteurs, d’autres qui utilisent leur statut pour séduire les jeunes et même une infirmière nymphomane. Le ton du roman bascule quand trois des élèves d’Hasumi découvrent sa véritable personnalité et tentent de l’empêcher de nuire. Un combat sans pitié pour un thriller d’une exceptionnelle noirceur. 

« La leçon du mal » de Yûsuke Kishi, Belfond Noir, 24 €

vendredi 28 octobre 2022

Livre jeunesse - Train jaune en liberté


C’est l’histoire d’un train jaune, de sa conductrice et d’un bel hidalgo habitant à Bolquère. Cette histoire, comme un long poème, est aussi et surtout une belle histoire d’amour et de dépassement. Femke, aux Pays-Bas, est une jeune femme timide et souffrant de vertige. Tous les jours elle conduit un train jaune qui va de gare en gare, entre les canaux et les vertes prairies. Un parcours plat, très plat. Un train-train pour la conductrice du train, ce qui lui va très bien. 

Jusqu’au jour où elle découvre devant la porte de son appartement la carte d’identité d’un certain Julionito. Cet Espagnol habite à Bolquère. Il vient de passer quelques jours aux Pays-Bas. Alors Femke décide de changer sa routine et avec son train jaune de foncer vers les Pyrénées rendre la carte au si beau Julionito. 

Un texte de Guillaume Nail illustré par Qu Lan. On y trouve de nombreuses allusions au train jaune du Pays Catalan qui, contrairement au Néerlandais, va haut, très haut dans la montagne. Là où Femke risque l’apoplexie avec son vertige maladif. 

« La fin du train-train » de Guillaume Nail et Qu Lan, Glénat Jeunesse, 15,90 €

Cinéma - Des bières contre la guerre


Boire moins et réfléchir plus. Telle est la résolution prise par Chickie Donahue à la fin de son incroyable périple raconté dans le film The Greatest Beer Run Ever de Peter Farrelly mis en ligne sur la plateforme d’Apple + TV. 

Ce film ambitieux est basé sur une histoire vraie. En cette année 1967, la guerre du Vietnam fait rage. Et divise les USA. Chickie Donohue (Zac Efron) ne semble que peu concerné par ce débat. Mécanicien dans la marine marchande, entre deux embarquements, il vit chez ses parents et se contente de dépenser sa paye en tournées au bar tenu par un ancien militaire surnommé Le Colonel (Bill Murray). Un soir de beuverie, accusé de ne rien faire pour soutenir les gars du quartier qui tombent au combat, Chickie décide d’aller leur porter des bières du pays pour leur remonter le moral. Promesse d’ivrogne ? Et si pour une fois Chickie faisait ce qu’il promettait ? Contre toute attente, le jeune inconscient va partir, un sac rempli de canettes, pour tenter de les distribuer à ses amis. 

Ce périple débute comme une comédie. Tout sourit à Chickie. Il parvient même à rejoindre le nord en se faisant passer pour un agent de la CIA venu incognito. Mais une fois sur le front, la réalité va le rattraper. Et il va comprendre que son idée, en plus d’être idiote, est très dangereuse. En changeant de registre, le film de Peter Farrelly, en pensum pro américain du début, se transforme en documentaire implacable contre la guerre, l’impérialisme, la manipulation de l’opinion. Et Chickie deviendra adulte, s’en titrera par miracle et tiendra sa nouvelle promesse : moins boire, plus réfléchir. 

jeudi 27 octobre 2022

Roman - Extinction silencieuse

Chaque année, des dizaines d’espèces d’animaux disparaissent de la surface de la Terre. Par la faute de l’homme. Dans Le dernier des siens, Sibylle Grimbert touche du doigt cette réalité en racontant l’histoire d’amitié entre Gus et Prosp. Le premier, chercheur français, est envoyé en Islande pour capturer, mort ou vivant, le second un grand pingouin pour le musée d’Histoire naturelle de Lille. 

Sur un rocher, après que les chasseurs ont massacré la trentaine de membres d’une colonie, Gus capture le dernier, une aile abîmée, mais vivant. « La bête, dont un moignon d’aile cassée pendait sur son ventre, hurla. Elle essaya de mordre Gus, son aile valide tendue le plus possible à la verticale. Mais comme toute son espèce, hors de l’eau, il était impotent. » Une fois de retour à la civilisation, Gus soigne le pingouin, le baptise Prosp et se prend d’affection pour cet être étrange. 

Le scientifique abandonne sa mission, conserve l’oiseau, le protège durant des années, sans savoir au début qu’il s’agit du dernier de cette espèce totalement éradiquée par les humains. Un superbe texte sur l’inconscience de certains hommes, leur cruauté, mais aussi la possibilité toujours présente de l’empathie entre certains d’entre nous et les animaux, quelle que soit leur apparence.  

« Le dernier des siens » de Sibylle Grimbert, Anne Carrière, 18,90 € 

DVD - L’Algérie des “frères blessés”


La guerre d’Algérie et ses horreurs. Un conflit atroce encore dans bien des mémoires, même si certains épisodes ont été plus oubliés que d’autres. Le parcours de Fernand Iveton est au centre de ce film militant de Hélier Cisterne. De nos frères blessés, adapté du roman de Joseph Andras (Actes Sud), raconte la détermination d’un jeune militant communiste, d’origine européenne, mais né à Alger et solidaire de la lutte pour l’indépendance. 

Pour atténuer la dureté du récit, le réalisateur l’humanise avec la rencontre et le coup de foudre pour Hélène (Vicky Krieps), mère célibataire polonaise réfugiée en France pour fuir le régime communiste. Des moments de joie, de bonheur, d’équilibre, qui ne durent pas. Une fois de retour à Alger, avec sa femme et son fils adoptif, Fernand Iveton, tout en travaillant comme ouvrier dans une usine, milite au parti communiste algérien et, rapidement, décide d’aider les insurgés. Malgré les craintes de son épouse, il décide de passer à l’action. Il place dans un local désaffecté de son entreprise une bombe qui doit exploser une fois le personnel parti. Mais l’engin est découvert et Fernand arrêté. 

Torture et justice expéditive

Le film se transforme, alors, en réquisitoire contre les mesures d’exception décrétées par l’État français à l’époque et appliquées avec zèle par la police, l’armée et la justice. Torturé, Fernand avoue. Traduit devant un tribunal militaire, il est condamné à mort après un simulacre de procès. Il a encore l’espoir d’être gracié, car il n’a pas de sang sur les mains. Mais le garde des Sceaux de l’époque, François Mitterrand, émet un avis négatif. Fernand sera guillotiné moins de trois mois plus tard. D’une rare efficacité dans sa construction, De nos frères blessés, plus que la dénonciation des exactions de l’État français de l’époque, est un vibrant plaidoyer contre la peine de mort.

Film franco-algérien de Hélier Cisterne avec Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Jules Langlade

 

mercredi 26 octobre 2022

BD - Quelques séries au long cours à découvrir ou redécouvrir

Les amateurs de bande dessinée sont de plus en plus attirés par les valeurs sûres. On assiste donc en fin d’année, avant les fêtes, à une déferlante d’albums de séries confirmées et de reprise ou retour de grands anciens. Un phénomène une nouvelle fois très présent cette année même si c’est une année « sans » Astérix ni Blake et Mortimer, champions toutes catégories des BD grand public.

Parmi les retours, on retrouve avec un plaisir non dissimulé la très féministe bien avant l’heure Adèle Blanc-Sec. Tardi a attendu 15 ans pour livrer à ses fans la suite du Labyrinthe infernal. Dans Le Bébé des Buttes-Chaumont (Casterman, 64 pages, 14,50 €), l’héroïne se retrouve confrontée à une armée de clones qui se font exploser à côté de pontes pour la faire accuser. Toute la fantaisie de Tardi, sa noirceur aussi, se retrouve dans cet album, peut-être dernier chapitre d’une série qui a marqué la BD française de ces 50 dernières années même si au total il n’y a que 10 tomes de disponibles. 


Valérian aussi est de retour. La mort de Mézières a mis fin à la série classique mais Christin, sur l’insistance de Virginie Augustin, a écrit un ultime chapitre des aventures des agents spatiotemporels. Ils vont retourner en enfance. 


Une histoire qui va là aussi jouer à fond sur le côté nostalgie des collectionneurs de la série. Et c’est un juste retour des choses si c’est une dessinatrice qui anime cette dernière aventure car depuis quelques titres, c’est Laureline qui en est devenue la véritable héroïne. Là où naissent les histoires (Dargaud, 56 pages, 13,50 €), est la suite logique du dernier album mais reste un titre en dehors de la collection classique. 

Dans les librairies vous pourrez retrouver depuis le mois dernier Corto Maltese (voir l’Indépendant du 25 septembre) ainsi que deux grands anciens de la BD franco-belge qui ont longtemps animé les pages de l’hebdomadaire Tintin. Mais la mort des créateurs a poussé les éditions du Lombard de retrouver des repreneurs. 


Le tome 6 des nouvelles aventures de Ric Hochet, Le tiercé de la mort (Le Lombard, 48 pages, 12,95 €), plonge le journaliste détective dans le monde des courses hippiques. Un héros plus moderne grâce à Zidrou au scénario et Van Liemt au dessin. 


Autre héros qui a marqué certains adolescents dans les années 60 à 80 : Bruno Brazil. L’espion américain a repris du service sur des scénarios de Bollée et des dessins de Aymond. 


Direction le pôle Nord pour le Commando Caïman dans Terreur boréale à Eskimo Point (Le Lombard, 56 pages, 15,45 €) pour affronter des ours blancs mais aussi quelques « méchants » de la pire espèce. Et ces quatre nouveautés ne doivent pas vous faire oublier que chaque série possède des dizaines de titres à redécouvrir !


 


Séries télévisées à gogo sur 6Play


Les amateurs de séries ont trop tendance à se précipiter vers les plateformes payantes. Or les grandes chaînes généralistes ont développé au fil des ans des sites et applications qui fonctionnent parfaitement sur les téléviseurs connectés et proposent, juste en échange de la création d’un compte et de quelques secondes de pub en début de programme, des dizaines et des dizaines de programmes. Au début, on ne trouvait que le replay des épisodes diffusés dans la semaine. Mais petit à petit, des intégrales ont fait leur apparition et viennent donner une occasion supplémentaire pour passer des heures et des heures connectés sur ces sites. France.tv est en pointe, mais 6Play, qui reprend les programmes des chaînes du groupe M6, est de plus en plus riche en exclusivité. 

Petit tour d’horizon des nouveautés et de ce que vous seriez idiot de rater.

On commence par une petite exclusivité en avant-première. La bande dessinée Dad (9 albums aux éditions Dupuis) de Nob, auteur résidant dans les Pyrénées-Orientales, vient d’être adaptée sous forme de dessin animé. La saison 1, de 52 épisodes de 11 minutes, sera diffusée tous les mercredis matin à 9 h 10 à partir du 12 octobre. Mais vous pouvez déjà découvrir trois aventures des Filles de Dad sur 6Play. L’occasion de rire des déboires de ce papa poule débordé par ses quatre filles, Panda l’intello, Ondine la volcanique, Roxane l’espiègle et Bébérénice, la petite dernière. 

Plusieurs séries issues de la BBC viennent de débarquer en intégralité sur le site. Notamment de grandes sagas en costumes comme Jane Eyre ou Bienvenue à Sanditon. Un peu d’exotisme aussi avec La folle aventure des Durrell : En 1935, Louisa Durrell se retrouve veuve et criblée de dettes. Elle décide alors de quitter l’Angleterre avec ses quatre enfants : direction l’île grecque de Corfou. Dans ce nouveau décor paradisiaque, c’est la vie de toute la famille qui est bouleversée du jour au lendemain. Quatre saisons de six ou huit épisodes avec en vedette Keeley Hawes, Milo Parker ou Josh O’Connor. 

Vous trouverez également depuis peu sur 6Play l’intégrale des Musketeers, adaptation très libre des Trois Mousquetaires en trois saisons et 30 épisodes au total. Les amateurs de science-fiction ne sont pas délaissés puisque Misfits, l’histoire de cinq jeunes qui sont dotés de superpouvoirs par hasard, rejoint aussi cette offre de série en intégrale. Et puis côté humour, vous avez le choix entre les séries maisons (Kaamelott, Scènes de ménages) et des classiques indémodables. Dans cette catégorie, retrouvez la bonhomie des années 60 avec Ma sorcière bien-aimée interprétée par la regrettée Elizabeth Montgomery. 254 épisodes et un petit nez inoubliable.

(édit : M6 play est devenu depuis 2024 M6+ )


mardi 25 octobre 2022

BD - Dad se démultiplie


Sous huit couvertures différentes, Dad, le papa poule imaginé par Nob, est de retour dans les librairies. Il se grime en Dragon Ball, Obélix, Batman et autre héros de la jeunesse actuelle. 

Une opération marketing qui ne doit pas cacher l’essentiel : la qualité de cette série qui raconte avec humour et gentillesse, le quotidien de ce père de quatre filles avec quatre mères différentes. Trois d’entre elles ne vivent plus avec lui. 

Et le comédien au chômage déprime. Comment occuper son temps sans ces chipies dans les pattes ? On compatit. On rit aussi… 

« Dad » (tome 9), Dupuis, 11,90 €


DVD et Blu-ray - Dans le "Vortex" avec Gaspar Noé


Gaspar Noé n’est pas le cinéaste de la facilité. Chacune de ses œuvres se mérite. Le public est mis à l’épreuve quand il aborde des thèmes violents ou sexuels. Dans Vortex, qui sort en vidéo chez Wild Side, l’effort demandé aux spectateurs est différent. Durant 2 h 20, on assiste au naufrage de la vieillesse. C’est rude, émouvant, impitoyable. Dans un appartement parisien, débordant de souvenirs et de livres, un vieux couple survit tant bien que mal. Tout le film montre deux images en parallèle : ce que fait et vit la femme mais aussi ce que fait et vit le mari. 

Cela débute normalement.   La femme (Françoise Lebrun), se lève et va préparer le café. Ensuite elle s’habille et descend sortir la poubelle. La suite est plus problématique. Elle va dans un petit magasin et reste de longues minutes devant les jouets. Puis erre dans les rayons, le regard vide. L’homme (Dario Argento), après avoir bu son café se met à sa table de travail et continue la rédaction de son livre sur le cinéma et les rêves. Et puis il s’inquiète et part à la recherche de son épouse. Elle est malade, perd la tête. 

C’est cette lente descente aux enfers, pour eux deux et le fils (Alex Lutz), qui est radiographiée dans un film qui nous happe tel un cauchemar dont on ne sait pas s’extraire.

lundi 24 octobre 2022

BD - Le meilleur de Métal Hurlant


Métal Hurlant teste le « C’était mieux avant ». La revue, en renaissant, alterne les numéros bourrés de nouveautés avec ceux qui reprennent les grands classiques de cet âge d’or de la BD futuriste. 


Ce numéro 4 est particulièrement remarquable avec de véritables pépites. Du très connu avec Exterminateur 17 de Bilal ou L’homme est-il bon de Moebius mais aussi des redécouvertes d’auteurs remarquables comme Nicole Claveloux, Chantal Montellier, Macedo, Keleck ou Jean-Michel Nicollet. Que du beau monde.

« Métal Hurlant » (n° 4), Les Humanoïdes Associés, 19,95 €


DVD - A la découverte du "Limbo"


Certains films ont tout pour intriguer. Limbo de Ben Sharrock interpelle par l’association de plusieurs facteurs normalement peu compatibles. Ou du moins rarement vus ensemble. Sur une petite île au nord de l’Écosse, des réfugiés tentent de survivre. Parmi eux, Omar (Amir El-Masry), venu de Syrie, ne quitte jamais son oud soigneusement rangé dans son étui. De la musique orientale sur les terres froides et ventées des Hébrides ? Le cocktail se révèle au final plus que savoureux. Après des mois de galère et de prise de risque notamment en Méditerranée, le film raconte le quotidien morne et triste de quatre réfugiés, hébergés sur cette île quasi déserte essentiellement peuplée de moutons. Ils attendent une hypothétique réponse à leur demande d’asile. Omar, séparé de sa famille, n’arrive plus à jouer de son instrument. Pourtant dans son pays il était un virtuose. Comment se reconstruire ? Pourquoi vouloir une seconde vie, Limbo (L’atelier d’images) apporte plus que des réponses, c’est une véritable philosophie de la résilience qui est mise en pratique dans une histoire finalement universelle. 

dimanche 23 octobre 2022

BD - La nounou des garnements


Astrid Bromure est une petite fille privilégiée. Dans ce monde imaginaire dû au talent de Fabrice Parme, ses parents, très riches, doivent supporter le reste de la famille, très dépensière. Un repas entre les deux frères (le papa d’Astrid et le gérant de l’usine de biscuit) oblige le premier à trou- ver une baby sitter. 


Mais Astrid (et ses cousins), sont pleins de ressources pour la faire craquer. Une BD aussi fraîche que classique, avec des garnements très dissipés et une nounou, guère plus âgée, mais déterminée.

« Astrid Bromure » (tome 7), Rue de Sèvres, 10,50 €

BD - Michel Vaillant se souvient de la course d'Indianapolis en 1966


Jean Graton est mort début 2021 mais l’univers de son personnage fétiche, Michel Vaillant, est toujours aussi vivace. En plus du fond (70 albums entre 1959 et 2007) et de la reprise de la série titre, vient s’ajouter Michel Vaillant Légendes. 


Des histoires se déroulant dans le passé. Le premier tome propulse le lecteur à Indianapolis en 1966. 

Une course très mouvementée, analysée par Lapière et dessinée par Dubreuil. Se greffe aux exploits sportifs une intrigue policière simple mais efficace.

« Michel Vaillant Légendes » (tome 1), Dupuis - Graton, 16,50 €


samedi 22 octobre 2022

BD - La routine éducative des Profs dans leur 25e album

Valeur sûre depuis des siècles, l’Education nationale est également un beau succès dans le secteur de l’édition. Le 25e volume des recueils de gags des Profs vient de sortir. 

Tous les personnages sont au rendez-vous, de Boulard, le cancre adoré à Gladys la prof d’anglais acariâtre sans oublier Antoine Polochon, le prof d’histoire qui vénère Napoléon. Des sources de gags intarissables pour Erroc et son complice Sti. 

Côté dessin, Léturgie a ce petit monde au bout du crayon imposant son style après le créateur de la BD, Pica. 

« Les Profs » (tome 25), Bamboo, 11,90 €

BD - Les belles et le bush


Dans le bush australien, il y a des kangourous, des Aborigènes… et des mines d’or. A prix d’or, diptyque de Sergeef et Khattou, se déroule à proximité d’un immense trou d’où des tonnes de terre sont extraites pour en tirer des lingots. 

Dans un des camions, Ellie. Elle est amie avec Birdie qui elle était serveuse dans un bar. La Brune et la Blonde vont s’unir pour prendre une belle revanche face à l’adversité. Une histoire digne d’un bon film d’action, en deux tomes qui paraissent en même temps. Khattou avec ces 100 pages au total s’affirme comme un des meilleurs dessinateurs réalistes du moment.

« A prix d’or » (tomes 1 & 2), Glénat, 14,95 €

vendredi 21 octobre 2022

DVD et Blu-ray - "Coupez !", subtile leçon de cinéma


Bien plus qu’un film de zombies, Coupez ! de Michel Hazanavicius intéressera surtout sur son aspect leçon de cinéma. La première partie est constituée de ce moyen métrage halluciné où ça meurt et massacre à tour de bras. Mais une fois le dernier plan du générique passé, on a droit à la genèse du projet. 

Comment ce réalisateur (Romain Duris) qui fait plutôt dans le drame intimiste et intellectuel, accepte de se lancer dans cette réalisation en direct pour le lancement d’une nouvelle plateforme de streaming. Répétitions, préparation du plateau, modifications du scénario, défaillance de certains comédiens, prise de tête avec d’autres… rien ne lui est épargné. 

Autant de situations compliquées qu’il faut absolument gérer dans l’urgence, pour ne pas crier l’ordre qui dans le cas présent signifierait l’échec du projet : « Coupez ! ». Remake d’un film japonais, Coupez ! (Pan-Européenne), n’a pas de bonus mais permet de retrouver des acteurs et actrices au sommet du burlesque, Bérénice Béjo, Grégory Gadebois et Finnegan Oldfield en tête. 


BD - Banksy rend les rues artistiques


Qui est Banksy ? Cette BD documentaire ne donne pas une réponse définitive mais les deux auteurs, Matteuzzi (scénario) et Maraggi (dessin) semblent pencher pour l’œuvre d’un collectif politique très engagé. Pour comprendre comment le phénomène du street art est devenu mondial, Looking for Banksy suit deux jeunes Anglais. 

Adam est surpris en pleine action sur un mur, Claire, vidéaste, est aussi embarquée car elle filmait. Ensemble ils vont réaliser des vidéos pour expliquer au plus grand nombre le phénomène Banksy. Le résultat est pédagogique, moderne et très documenté. 

« Looking for Banksy », Hugo, 19,95 €


jeudi 20 octobre 2022

DVD et Blu-ray - Dans les coulisses de la célébrité


Tourné presque intégralement dans l’Aude, J’adore ce que vous faites (Gaumont) de Philippe Guillard est désormais disponible en DVD après un relatif échec lors de sa sortie en salles (un peu plus de 150 000 entrées). Pourtant la comédie est réussie, servie par un duo d’acteurs complémentaires. Artus et sa bonhomie faisant le contrepoint parfait de l’humeur souvent massacrante de Gérard Lanvin. 

Un Gérard Lanvin qui pour la première fois de sa foisonnante carrière joue son propre rôle. Comédien reconnu internationalement, il est choisi pour interpréter un Résistant dans une grosse production américaine sur la Libération de la France. Sur place, son quotidien de vedette est chamboulé par l’arrivée d’un fan Momo Zapareto (Artus), aussi exaspérant qu’idiot. Une confrontation qui va faire des étincelles. 

BD - Deux tueuses


Terry Moore est l’exemple même de l’auteur américain qui sait construire un monde qui n’a rien à voir avec les superhéros. Dans Serial, il met en vedette la petite Zoe, déjà vue dans Rachel Rising. Zoe semble avoir 10 ans, mais elle est coincée dans ce corps depuis 50 ans. Dont une trentaine sous la domination d’un démon la transformant en tueuse. 


Libérée, elle tente de reprendre une vie normale, mais quand sa meilleure amie est tuée par une autre serial killer, Zoe voit rouge. Les deux femmes vont s’affronter durant 220 pages en noir et blanc de toute beauté.

« Serial », Delcourt, 19,99 €


mercredi 19 octobre 2022

Série télé - Cinq sœurs à défendre sur AppleTV+


La plateforme AppleTV +, contrairement à Netflix ou Prime Vidéo d’Amazon, ne cherche pas à noyer ses abonnés sous une masse de nouveautés. Au contraire, la marque à la pomme privilégie la qualité. Et ses propres productions. Donc il y a beaucoup moins à voir, mais les « déchets » sont quasi inexistants. De plus, les séries sont rarement données à voir d’un bloc, les épisodes, comme sur les chaînes TV classiques, étant distillés au rythme d’un épisode par semaine. Mi-août les deux premiers épisodes de Bad Sisters ont été mis en ligne. Ce vendredi, le 10e et dernier chapitre de cette comédie policière irlandaise a été mis en ligne permettant aux pressés de profiter d’un coup d’un seul des manigances des sœurs Garvey. 

Détestable mari

Elles sont cinq, toujours très unies malgré leurs parcours et caractères très différents. Une famille unie, catholique (l’action se déroule essentiellement en Irlande) pleine d’habitudes qu’il faut faire perdurer comme le bain de Noël dans l’eau glacée. Il faut plus d’un épisode pour bien cerner la mentalité des cinq. Eva (Sharon Horgan, également scénariste et productrice de la série), est l’aînée. Célibataire, elle a terminé l’éducation de ses quatre sœurs à la mort prématurée des parents. Ursula (Eva Birthistle), mère de famille, infirmière, semble la plus normale. Bibi (Sarah Greene) est la plus rebelle et iconoclaste. Borgne, elle se promène avec un bandeau noir sur son œil crevé, telle une pirate sans foi ni loi. Becka (Eve Hewson), la petite dernière, cherche toujours le grand amour. 

En attendant elle multiplie les coups d’un soir. Reste le cas de Grace (Anne-Marie Duff). Mariée à John-Paul (Claes Bang), elle est le prototype de la femme au foyer brimée par un pervers narcissique. Ce mari détestable est le personnage pivot de la série. Pour protéger leur sœur qui s’étiole de plus en plus, les autres sœurs décident de se débarrasser de John-Paul. Plusieurs tentatives seront nécessaires pour arriver à ce résultat qui amène la séquence culte du premier épisode : les obsèques.

Adaptée librement d’une série belge, Bad Sisters est une superbe histoire de sororité. On ne peut que comprendre ces femmes dans leur volonté d’éradiquer ce malfaisant. Il y a en filigrane aussi la critique de la société irlandaise corsetée dans une tradition catholique que l’on qualifierait en France d’intégriste. Et pour le côté intrigue au long cours, on se délecte de l’enquête foireuse menée par deux assureurs cherchant par tous les moyens de ne pas payer l’assurance vie contractée par John-Paul. Comique, émouvante, farfelue : Bad Sisters est le parfait divertissement pour les femmes, toutes les femmes, et les hommes qui en font trop. Tous les hommes… 

Roman - Impressions manipulatrices

En premier lieu voyage à travers l’histoire de la photographie, ce thriller psychologique de Robert Goddard est aussi, et avant tout, le récit d’une manipulation de haut vol. Comme si le personnage principal de L’inconnue de Vienne, un photographe professionnel talentueux, se retrouvait piégé dans une de ses compositions un peu trop artistique pour être réelle.

Photographe anglais, Ian Jarrett a couvert plusieurs guerres ? Un de ses clichés, pris durant la guerre du Golfe, a fait toutes les couvertures des magazines et lui a permis de se faire un nom. Depuis, il a abandonné les zones de conflit et se contente de signer des clichés artistiques pour des livres de commandes. Voilà comment il se retrouve en cet hiver à Vienne. Une semaine pour rapporter une dizaine d’images typiques de la capitale autrichienne. Une bonne occasion pour abandonner l’ambiance délétère de la maison familiale. Ian n’aime plus sa femme, au grand désespoir de leur fille adolescente, Amy. 

C’est en photographiant la place Saint-Etienne qu’elle lui est apparue : « Une silhouette déboucha dans l’image du côté sud de la cathédrale, vêtue d’un manteau rouge boutonné jusqu’au col pour se protéger du froid. » Il prend la photo mais cela ne plaît pas à L’inconnue de Vienne. « Elle marcha droit vers moi, les sourcils froncés. Elle donnait presque l’impression d’être en colère, ses yeux sombres me fixaient avec un air de défi. » Rencontre impromptue et coup de foudre immédiat. Elle dit s’appeler Marian, fuir son mari et ne pas savoir de quoi sera fait son avenir. Durant une semaine ils vont d’aimer. Et se promettre de se retrouver en Angleterre, de repartir à zéro. 

La disparition de l’inconnue

La première partie du roman est presque trop belle pour être vraie. Mais le talent de Robert Goddard fait qu’on est totalement happé par cet amour fou. On veut y croire, même si on se doute que l’avenir sera moins rose. De retour à Londres, Ian quitte le foyer et se rend au rendez-vous convenu avec Marian. Qui n’est pas là. Commence une longue quête pour la retrouver. Percer ses mystères. Ian découvre que Marian est le nom d’une femme ayant vécu au XIXe siècle. Elle aurait, la première inventée la photographie. La femme de Vienne serait en réalité « possédée » par le fantôme de Marian. Une explication non rationnelle. Contrairement aux négatifs de la véritable Marian, retrouvés dans une vieille demeure. Ils valent de l’or. Est-ce le véritable mobile de la disparition de la belle inconnue de Vienne ? 

Au gré des 430 pages du roman, Robert Goddard multiplie les fausses pistes, alternant les récits en parallèle, du présent compliqué de Ian à son passé traumatisant en passant par les bonds dans le temps racontant la vie de la véritable Marian, génie de la chimie, femme brimée par un mari violent et rétrograde. Et quand quelques escrocs viennent mettre leur grain de sel, on se retrouve avec un petit chef-d’œuvre de manipulation entre les mains, un roman brillant qui vous surprendra jusque dans son dernier chapitre. 

« L’inconnue de Vienne » de Robert Goddard, Sonatine, 23 €


mardi 18 octobre 2022

Série télé - Peurs de malades

À quelques jours d’Halloween, les séries horrifiques débarquent en masse sur les plateformes de streaming. L’occasion de se faire peur bien protégé sous la couette, lové dans le canapé, si possible en compagnie de potes ou mieux d’un être aimé. Les sensations en seront décuplées, notamment si vous jetez votre dévolu sur The Midnight Club, à découvrir sur Netflix. Un choix qu’on ne peut qu’encourager. En premier lieu car il s’agit d’une série signée Mike Flanagan. Aussi car plusieurs passages sont tirés des romans de Christopher Pike. Bref des frissons assurés et de qualité. 

Tout débute par l’annonce d’une maladie incurable à la jeune Ilonka (Iman Benson, photo dessus). Après des recherches, elle décide de finir ses jours dans une structure réservée aux adolescents. Elle va partager son quotidien, a priori ses derniers mois d’existence, avec d’autres cancéreux condamnés. Des jeunes qui tentent de vivre comme tout le monde et ont même mis en place un club secret. The Midnight club se réunit la nuit dans la bibliothèque et à tour de rôle ils se racontent des histoires épouvantables. 

C’est le volet très Halloween de la série. Mais en filigrane, il y est aussi question de résilience, de rapport avec la mort, de famille (aimante ou qui vous abandonne) et un peu de miracles. Car Ilonka est persuadée que sa mort n’est pas inéluctable. Elle a découvert que dans les années 60 une patiente de l’établissement est sortie en pleine santé de l’institution. De là à se persuader que cela peut lui arriver, il n’y a qu’un pas. Reste à savoir quel est le prix à payer. 

Jeunesse - Deux récits royaux


Deux rois en vedette dans la très jolie collection Pastel de L’école des loisirs. 

Kristien Aertssen dans Mon papa roi raconte comment un gentil roi tente de satisfaire son fils, le prince. Un prince qui voudrait savoir qui est le roi des papas. Son père, pour tenter de trouver la réponse, va le conduire auprès de différentes personnes remarquables. Mais si l’un est le roi du vélo, un autre le roi du bricolage ou roi des gourmands, aucun ne peut prétendre au titre suprême. De retour au palais, le papa roi après avoir appris auprès des différents rois leurs secrets, reproduit joie et amusement pour le prince qui du coup, décrète qu’il n’y a qu’un seul et unique roi des papas : le sien ! 


Olivier Tallec brosse le portrait d’un roi qui s’ennuie. Il a tout, d’une planche à roulettes à un éléphant sans trompe, mais il lui manque l’essentiel : rien. 

«Mon papa roi», L’école des loisirs, 14 €, «Le roi et rien», L’école des loisirs, 15 €

lundi 17 octobre 2022

Thriller - La Réunion, côté sombre

Tristes tropiques… Pourtant ces petites îles françaises, derniers vestiges d’un empire colonial évaporé, ont tout pour être des paradis miniatures. Mais une certaine fatalité semble plus forte que les atouts intrinsèques de ces territoires. 

Le nouveau roman de Jacques Saussey, L’aigle noir, se déroule à la Réunion. Ce département français dans l’océan Indien, dans l’hémisphère sud, a des paysages d’une richesse incroyable. Quelques plages, un climat favorable, une population métissée vivant en harmonie. Mais ce thriller dresse un portrait assez sombre de cette île. 

Le héros, Paul Kessler, ancien flic dépressif qui a démissionné après un drame familial, est embauché par un riche propriétaire terrien dont la famille a fait fortune dans la culture de la vanille, pour découvrir si la mort de son fils dans un crash d’hélicoptère dans le cirque de Mafate est bien un accident comme le prétendent les gendarmes ou un sabotage. 

Kessler, totalement déboussolé au début, va tenter de trouver des pistes malgré une chape de plomb tombées sur cette affaire qui embarrasse beaucoup trop de personnes. Car le jeune pilote, riche fils à papa, séducteur et fêtard, était moins lisse qu’il n’y paraît. Mauvaises relations, vices cachés, dettes : il avait effectivement maintes raisons pour être éliminé. 

Alors Kessler va décider d’aller sur le lieu du crash, dans cette nature sauvage, accompagné d’une jeune Réunionnaise. Une épreuve pour le vieux flic : « Bientôt le chemin s’éleva. De temps à autre, une trouée dans les arbres leur permettait de voir le ciel se charger de plus en plus. Au bout d’un raidillon très escarpé, tout en haut d’une crête qui dominait une vallée noyée dans la brume, le retraité stoppa une seconde, les mains appuyées sur les genoux. » C’est dans cet enfer vert, coupé de toute civilisation, que Paul va affronter le pire ennemi de sa carrière, un sorcier vaudou qui a trouvé dans les déviances sexuelles d’une partie de la population un terreau idéal pour mettre en place sa nouvelle église. 

Un roman dépaysant, sans concession, parfois glaçant par les sujets abordés (inceste, pédophilie), mais qui reste addictif et édifiant. 

« L’aigle noir » de Jacques Saussey, Fleuve Noir, 22,90 €

Roman - Fata Morgana

« Tu veux partir à l’étranger ? » Dele, riche « commerçant » de Lagos au Nigeria recrute les plus belles filles. Celles surtout, qui se retrouvent à la dérive ou simplement rêvent d’une vie meilleure. Elles sont quatre. Dans le petit appartement de la nommée comme un présage Zwartezusterstraat (rue de la sœur noire). Sisi, Joyce, Efe et Ama. Au parcours si différent mais au désir commun : gagner le maximum de fric pour rembourser Dele, leur « Madame » et enfin commencer leur vie.

Dès le lendemain de leur arrivée, la Madame les met au turbin. À savoir, dans une vitrine du quartier rouge d’Anvers, string, pulp up et paillettes. L’enfer. Enfin elles le croyaient, jusqu’à ce matin maudit où Madame leur annonce le meurtre de Sisi. Elles se rapprochent alors, et les vannes s’ouvrent. Leur véritable histoire jaillit de leur bouche, de leur cœur, de leurs tripes. En même temps que leurs langues se délient, elles-mêmes se sentent liées à tout jamais.

L’écriture puissante de Chika Unigwe, elle-même née au Nigeria, parvient à s’insinuer aux tréfonds de notre âme. Qui en restera à jamais marquée.

F. H.

« Fata Morgana », Chika Unigwe, Globe. 23 €


dimanche 16 octobre 2022

BD - Furieuse et déterminée

Ysabelle est fille de roi. Et pas n’importe lequel : Arthur. Mais dans Furieuse, BD écrite par Geoffroy Monde et dessinée par Mathieu Burniat, Arthur a mal vieilli. Alcoolique, il n’utilise son épée magique que pour couper du beurre. 

Aussi, quand il décide de marier sa fille à un baron, cette dernière dérobe l’épée et part à l’aventure. Un très long périple de 244 pages où elle va retrouver sa sœur Maxine, apprendre ce qu’est devenu Merlin et se lier d’amitié avec Claude, géant débonnaire un peu simple d’esprit. 

De l’aventure pure, avec monstres  sortis des enfers, remise en cause de la domination des mâles et en filigrane prise du pouvoir par les femmes. 

« Furieuse », Dargaud, 25,50 €