Tristes tropiques… Pourtant ces petites îles françaises, derniers vestiges d’un empire colonial évaporé, ont tout pour être des paradis miniatures. Mais une certaine fatalité semble plus forte que les atouts intrinsèques de ces territoires.
Le nouveau roman de Jacques Saussey, L’aigle noir, se déroule à la Réunion. Ce département français dans l’océan Indien, dans l’hémisphère sud, a des paysages d’une richesse incroyable. Quelques plages, un climat favorable, une population métissée vivant en harmonie. Mais ce thriller dresse un portrait assez sombre de cette île.
Le héros, Paul Kessler, ancien flic dépressif qui a démissionné après un drame familial, est embauché par un riche propriétaire terrien dont la famille a fait fortune dans la culture de la vanille, pour découvrir si la mort de son fils dans un crash d’hélicoptère dans le cirque de Mafate est bien un accident comme le prétendent les gendarmes ou un sabotage.
Kessler, totalement déboussolé au début, va tenter de trouver des pistes malgré une chape de plomb tombées sur cette affaire qui embarrasse beaucoup trop de personnes. Car le jeune pilote, riche fils à papa, séducteur et fêtard, était moins lisse qu’il n’y paraît. Mauvaises relations, vices cachés, dettes : il avait effectivement maintes raisons pour être éliminé.
Alors Kessler va décider d’aller sur le lieu du crash, dans cette nature sauvage, accompagné d’une jeune Réunionnaise. Une épreuve pour le vieux flic : « Bientôt le chemin s’éleva. De temps à autre, une trouée dans les arbres leur permettait de voir le ciel se charger de plus en plus. Au bout d’un raidillon très escarpé, tout en haut d’une crête qui dominait une vallée noyée dans la brume, le retraité stoppa une seconde, les mains appuyées sur les genoux. » C’est dans cet enfer vert, coupé de toute civilisation, que Paul va affronter le pire ennemi de sa carrière, un sorcier vaudou qui a trouvé dans les déviances sexuelles d’une partie de la population un terreau idéal pour mettre en place sa nouvelle église.
Un roman dépaysant, sans concession, parfois glaçant par les sujets abordés (inceste, pédophilie), mais qui reste addictif et édifiant.
« L’aigle noir » de Jacques Saussey, Fleuve Noir, 22,90 €
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