Première rencontre entre le jeune Adam (Tawfeek Barhom) et l’intrigant colonel Ibrahim (Fares Fares). Atmo
Un thriller politique au cœur d’une université musulmane. Telle est la formule magique qui a permis à Tarik Saleh de décrocher le prix du scénario au dernier festival de Cannes. Ce film, s’il se déroule en Égypte et porte le nom sans équivoque de La conspiration du Caire, est en réalité une coproduction franco suédoise tournée en Turquie. Le réalisateur, avant même qu’il ne débute le tournage de son précédent film, Le Caire confidentiel, a reçu la visite des services de sécurité égyptiens. Avec l’ordre de quitter immédiatement le pays et de ne plus y remettre les pieds au risque d’y être emprisonné. C’est donc un cinéaste en exil, un de plus, qui réalise ce thriller édifiant sur les pratiques d’un pays où la corruption est omniprésente.
Loin de la capitale grouillante d’agitation, dans un petit village en bord de mer, Adam (Tawfeek Barhom) aide son père à ramener tous les jours quelques poissons pour assurer leur subsistance. Adam, très religieux, avec l’appui de l’imam du village, a déposé une demande pour intégrer l’université Al-Azhar. Cette institution religieuse a toujours su rester indépendante du pouvoir. Du temps de Sadate, des Anglais auparavant et même aujourd’hui du général al-Sissi. Adam découvre un monde nouveau. Les étudiants sont placés sous la responsabilité de cheiks qui délivrent parfois des enseignements très différents. Si dans l’ensemble la ligne est très modérée, certains sont des défenseurs des Frères musulmans, considérés comme terroristes par le pouvoir en place. Quelques jours après son arrivée, le grand cheikh meurt. Commence le processus de succession. Qui va l’emporter ? Dans l’université la compétition fait rage. En coulisse aussi. Les services de sécurité ont des espions dans la place pour savoir ce qui se trame et tenter d’influencer le vote. Adam va se retrouver au centre de cette partie d’échecs qui fera beaucoup de victimes.
Le film, entre fable religieuse et dénonciation de la manipulation des pouvoirs occultes, permet au public occidental de mieux comprendre le fonctionnement de cette institution musulmane, la plus renommée et respectée du monde sunnite. Loin de l’obscurantisme caricatural, Al-Azhar fait figure de phare intellectuel et culturel dans un pays bouillonnant. Par contre la description des pratiques de la police secrète de l’État égyptien est beaucoup plus sombre. Manipulation, chantage, arrestations arbitraires, torture : tout est bon pour maintenir le pouvoir en place. Dans ce rôle, le général Ibrahim, vieux de la vieille, est le plus grand, le meilleur. Interprété par Fares Fares, acteur fétiche de Tarik Saleh, il signe une performance qui aurait pu lui permettre de prétendre à un prix d’interprétation au festival.
Film de Tarik Saleh avec Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri
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