vendredi 7 octobre 2022

De choses et d’autres - Ville futuriste rouge sang

Vous avez peut-être remarqué cette publicité qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux pour une ville du futur. Plus qu’un spot, une véritable œuvre de science-fiction à la Avatar, avec images de synthèse et réalisation soignée. Le projet global se nomme Neom et la ville The Line.

Sa particularité : deux immenses gratte-ciel de 500 mètres de haut et longs de 170 km. Dans l’absolu, cet ensemble architectural devrait être achevé en 2030 et héberger 9 millions de personnes.


En visionnant la pub, avec une jeune femme qui plane entre des taxis volants entre des arbres qui poussent autour de cascades d’eau claire, je ne vois que de l’utopie complète et absolue. Et pourtant, on sait déjà que les prochains jeux asiatiques de 2029 se dérouleront dans un autre quartier de Neom, un complexe de loisir et de sport à 2000 mètres d’altitude.

Car Neom sera construite en Arabie saoudite. Le financement de 500 milliards de dollars n’est pas un problème pour le prince Mohammed ben Salmane. The Line prendra place en plein désert. Peu d’habitants. Mais certains sont hostiles au projet. Trois bédouins par exemple ont osé contester leur expropriation. Problème vite résolu : ils viennent d’être condamnés à mort par la justice du pays. The Line sera un paradis, mais avec un peu de sang dans les fondations.

De toute manière ce n’est pas pour vous ni moi. La brochure vantant Neom précise que ce sera «Là où vivent les meilleurs et les plus brillants.» Et pour la construction en moins de dix ans, comme pour les stades de la coupe du monde du Qatar, des milliers d’ouvriers venus du Pakistan ou d’Afrique seront sollicités.

Car avant de construire le Paradis pour quelques privilégiés, d’autres vivront (et sans doute mourront) en Enfer.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 17 octobre 2022

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