Arthur, un personnage perdu dans les méandres de la création, est le « héros » de ce roman gigogne signé JM Erre.
Avez-vous parfois eu cette impression bizarre d'avoir déjà vécu un moment de votre vie ? Comme si le temps faisait des siennes, que vous vous retrouviez dans un paradoxe complet, à vous souvenir de quelque chose qui vient d'arriver ? Les cartésiens rient de ces balivernes. Lucas, le personnage principal du roman « Le grand n'importe quoi » de JM Erre est de ce genre. Il ne croit que ce qu'il voit. Et ne vit que dans l'instant présent. Pourtant...
Quand il décide d'aller avec sa fiancée dans un petit village de campagne à une fête organisée par le professeur de culturisme de cette dernière, il ne se doute pas que son existence, de tranquile, va complètement être chamboulée. En moins d'une minute. Exactement en plusieurs fois la même minute. Tout se dérègle ce 7 juin 2042 à 20 h 42. Arthur vient de se faire larguer par sa petite amie. Déguisé en Spiderman (la soirée était à thème), il erre sans voiture dans le rues du village quand il voit une soucoupe volante dans le jardin d'une ferme. La bâtisse appartient à un certain Alain Delon, membre du club de Homonymes anonymes. Alain Delon inconscient, enlevé par des aliens. La soirée avait débuté difficilement, elle continue encore plus bizarrement. Dans son errance, Lucas croise la route d'Arthur, écrivain raté de science-fiction, poursuivi par les culturistes de la fête après avoir tenté de violer (du moins c'est ce qu'ils croient) le sosie de Marilyn Monroe. Le duo va finalement échouer dans le bar joliment nommé « Le dernier bistrot avant la fin du monde ». Acculés, menacés, il tentent de fuir par derrière. Et alors arrive l'incroyable, Lucas se retrouve de nouveau à 20 h 42. En bond en arrière dans le temps que lui seul semble avoir conscience. Arthur ne le connait plus. Par contre les culturistes sont toujours à ses trousses. Et les aliens sont bien chez Alain Delon.
Tout s'explique
Complètement déjanté, ce roman, sorte de pastiche de science-fiction de gare agrémenté de quelques saillies sur la physique quantique et le devenir de la France, devenue à cette époque une colonie malgache, mérite parfaitement son titre. « Le grand n'importe quoi » c'est à chaque page, à chaque phrase. Pourtant il y a quelques onces de vérité et de raison dans ce roman, notamment quand Arthur, après avoir ouvert la porte à Marylin Monroe et qu'il est persuadé qu'elle vient de lui faire des avances clairement sexuelles, constate que « l'esprit humain, parmi tant- d'extraordinaires facultés, en possède deux particulièrement fascinantes : la capacité à gober n'importe quoi et l'autosatisfaction. » On croisera également un paysan à la gâchette facile, un illuminé (mais ne le sont-ils pas tous dans ce texte ?), une romantique et une maire légèrement nymphomane.
Une somme de délires à déguster sans à priori, tout en sachant qu'à la fin, JM Erre retombe sur ses pattes et donne une explication tout à fait crédible à l'ensemble des étrangetés énumérées précédemment. Bref, le grand n'importe quoi se transforme, à la dernière page, en grande œuvre.
« Le grand n'importe quoi » de JM Erre, Buchet Chastel,19 euros
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