"Accident de personne". L'annonce claque comme un coup de feu dans le wagon du TGV à destination de Paris. À 20 minutes de mon arrivée gare de Lyon ce mercredi. Le train ralentit et s'immobilise dans un tunnel. Pas de chance pour les voyageurs qui doivent prendre une correspondance. Pas de chance non plus pour le pauvre bougre qui s'est jeté sous la locomotive à l'entrée de Maison-Alfort. Après cinq heures de cohabitation polie, les langues se délient, en même temps que les bouteilles d'eau distribuées par les contrôleurs. Les deux petites filles assises en face de moi, des jumelles de six ans (Selena et Cyann) ont été très sages mais cet arrêt intempestif les perturbe.
Leur mère tente d'expliquer. "Un monsieur s'est fait percuter par un train". "Ça veut dire quoi percuter, maman", interroge la plus curieuse. L'une des fillettes compatit pour le monsieur ("Il est mort alors ?") alors que l'autre ne comprend pas pourquoi on reste arrêté : "On le met à côté et le train repart !" Le monde des enfants est si simple... La maman s'oblige à préciser : "Il faut que les pompiers et la police viennent d'abord". Le TGV redémarre. Juste pour sortir du tunnel.
"On va repartir maman ?" demandent au moins trente fois les jumelles à tour de rôle durant les deux heures d'immobilisation. Dans vingt ans, elles ne se rappelleront plus de ces deux longues heures d'attente. Elles feront toujours Perpignan-Paris en train. Encore plus vite grâce à la nouvelle ligne à grande vitesse. Moi, je me souviendrai toujours de ce désespéré qui a préféré finir sa vie sur ces rails funestes.
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