lundi 15 octobre 2012

Livre : Un polar sombre et glacial signé Olivier Truc

« Le dernier Lapon », premier polar d'Olivier Truc, se déroule en janvier au-delà du cercle polaire : rude climat pour une enquête policière.

lapon, laponie, rennes, sami, olivier truc, métailié, polar, Journaliste français pour le Monde et le Point en poste depuis plus de 15 ans dans les pays nordiques et baltes, Olivier Truc signe un premier roman policier imprégné de la culture lapone. Ses héros, Klemet et Nina, font partie de la police des rennes. Un service à part, chargé de surveiller les éleveurs sur un vaste territoire qui englobe le nord extrême de trois pays, la Suède, la Finlande et la Norvège. Ce polar débute début janvier. La région est encore plongée dans la nuit polaire. Près de 40 jours sans voir le soleil. Avec des températures de moins 30 degrés.
Il faut être très fort pour survivre dans de telles conditions. Klemet vit cela comme une évidence. C'est un Sami, un autochtone. Fils d'éleveur, il a délaissé le métier pour intégrer la police. Il a longtemps été en poste à Stockholm, notamment dans la cellule Palme chargée d'enquêter sur le meurtre du Premier ministre. Il en a tiré un certain prestige mais cela ne l'empêche pas de subir les brimades de certains de ses collègues. Nina n'est pas Sami. Jeune policière, elle a été nommée à la police des rennes en raison de son sexe. Le gouvernement central veut féminiser ce service. Elle est la première femme, découvre cette région du pays radicalement différente des ses fjords, aussi isolés mais moins rudes côté climat.

Le retour du soleil
Avant de développer l'intrigue, Olivier Truc immerge le lecteur dans cet environnement glacé et sombre. Un plateau recouvert de forêts, lieu de vie de milliers de rennes broutant du lichen sous l'épaisse couche de neige. Les policiers se déplacent en motoneiges, dans une nature préservée. Nina va vivre l'événement le plus attendu de l'année par la population Sami, en ce 11 janvier, à 11 h 14 exactement. Une grande partie de la population de la ville de Kautokeino se rassemble sur un parking. A ce moment précis, le soleil va de nouveau se lever, pour 27 petites minutes marquant la fin de la nuit polaire. « Nina était saisie. Elle regarda sa montre. 11 h 13. On voyait maintenant nettement un halo vibrionnant troubler le point d'horizon que chacun fixait. » Comme les autres participants, Nina va communier. « Elle s'adossa comme Klemet à la voiture pour s'offrir, enfin, au premier rayon de soleil. Elle tourna la tête. Klemet était recueilli, les yeux plissés ». Le policier regarde son ombre. Elle est de retour après une si longue absence. « Le soleil avait tenu parole. L'attente n'avait pas été vaine ».

Le vol du tambour
Une fois le cadre planté, place à l'action. Deux affaires bousculent le train-train de la police des rennes. Un tambour sami, dernier vestige d'une civilisation presque éteinte, est volé dans un musée. Ce tambour venait de rejoindre la terre où il a été fabriqué après être resté des décennies chez un collectionneur français. Le lendemain, un éleveur sami est retrouvé assassiné près de sa petite maison au cœur du vidda, l'immense zone quasi désertique, grande comme le Liban, là où vivent les rennes. L'assassin lui a découpé les oreilles. Klemet et Nina vont enquêter, découvrant que ces deux affaires pourraient être reliées.
Olivier Truc profite de cette intrigue pour raconter la lente agonie du peuple sami, les ravages de l'évangélisation et les conséquences catastrophiques de l'exploitation minière de la zone. Un polar captivant, avec des personnages forts, un peu trop documenté et démonstratif, seul reproche que l'on pourrait faire à l'auteur qui oublie parfois de se défaire de sa rigueur journalistique.
Michel LITOUT
« Le dernier Lapon », Olivier Truc, Métailié, 22 €

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