vendredi 28 septembre 2007

BD - "Les terres de Cael", de la SF pour les débutants

Cela commence dans l'espace avec l'arrivée d'un corps étranger dans un vaisseau spatial. Cela continue sur terre, quelques années plus tard, dans une décharge, une casse pour engins stellaires démantelés. Nolan et Myrko, deux petits délinquants purgeant une peine d'intérêt général découvrent un tube mémoire top secret dans le ventre d'une épave. Mais trois gros méchants veulent également ce tube et une course poursuite s'engage dans la ville haute et basse. 

Les deux jeunes héros parviennent à leur échapper et vont chez Lullaby, une belle pirate informatique, pour tenter de décrypter ces mystérieuses données. Ils vont découvrir un vaste complot destiné à déstabiliser la planète. Il s'agit du premier tome d'une nouvelle série SF assez classique mais très efficace. 

Si le début de l'histoire de Syde manque de nouveauté, le rythme et les dessins très dynamiques de Christophe Alliel permettent de passer le cap. Ensuite, l'ensemble prend une autre dimension, annonçant une suite beaucoup moins conventionnelle.

("Les terres de Caël", Soleil, 12,90 €) 

jeudi 27 septembre 2007

BD - Treize fois Cliff


Seconde partie de la première enquête de Cliff. Un héros multiple. Un schizophrène absolu puisque cohabitent en lui treize individualités distinctes. Depuis quelques années, il est sous la surveillance d’un psychiatre du FBI. Cliff était emprisonné, l’une de ses composantes se révélant être un tueur sanguinaire. Une facette qu’il parvient à maîtriser. Il est utilisé par la police fédérale pour tenter de résoudre les affaires les plus compliquées, celles relevant du « service des méthodes parallèles d’investigation ». 

Cliff s’est lancé à la poursuite de "La Torche", un tueur en série qui arrose ses victimes d'essence avant de les enflammer avec son briquet. Les différentes composantes de Cliff vont apporter leur savoir faire. L’informaticien laisse la place à une voyante puis à une tête brûlée experte en art martial, très efficace pour la scène finale. 

Mosdi, le scénariste, relance l’intérêt du lecteur avec la multiplication des personnalités dessinées par Winoc dont c’est la première série.

("Cliff and Co", Bamboo, 12,90 euros) 

mercredi 26 septembre 2007

BD - Caresse mortelle dans "Hel"

Série fantastique flamboyante, "Hel" est l’occasion de découvrir la révélation de cette rentrée : Anne Renaud. Premier album pour cette jeune dessinatrice, mais son aisance graphique éclabousse chaque planche. Décors futuristes grandioses, anatomie des personnages irréprochable, elle se permet même le luxe de créer un minotaure plus vrai que les légendes. Une virtuosité qu’elle a acquise en travaillant plusieurs années dans le secteur de l’animation. Elle a présenté deux planches de Hel à un concours, remporté haut la main. 

Hel, l’héroïne, est une jeune femme vivant dans l’ombre. SDF, solitaire, elle subsiste en fournissant à des artistes jumeaux, visionnaires et extrêmes, des cadavres et autres fœtus d’êtres difformes. Se dresse sur sa route un autre collectionneur, Fortunio Damanos, richissime original, fasciné par les "janus", des fœtus de siamois. C’est dans son palais qu’Hel rencontre ce minotaure dressé pour la tuer. C’est là aussi qu’elle utilisera son terrible secret : tout être vivant meurt à son contact.

("Hel", Delcourt, 12,90 euros) 

mardi 25 septembre 2007

BD - Megaron, sacré cochon


Jason, porteur d’une amulette, est quasiment immortel. Heureusement pour lui car ce chasseur de primes, parti délivrer la fille du roi, croise la route de Megaron, dit Ronnie. Le héros de cette nouvelle série de Sapin (scénario) et Pion (dessin) est un colosse à tête de cochon. Il massacre Jason et charme la fille du roi. Ils rentrent donc à trois au palais. Mais qui des deux est le libérateur ? 

Pour faire son choix, le roi leur demande de se lancer dans une quête très difficile : trouver une Drosophila Megalonaster Rex, une variété de mouche... Composé de récits complets indépendants, cet album, tout en puisant dans les ressorts de l’héroic fantasy, est avant tout un exercice de style glorifiant le second degré. Le héros, musculeux et à tête de cochon, en plus de faire fondre la princesse, préfère passer ses journées dans les bibliothèques que de batailler avec les méchants. Jason, défiguré, envieux et frustré, sera systématiquement dépassé par Ronnie. 

Décalée et originale, cette histoire l’est d’autant plus que le dessin est résolument réaliste et sombre.

("Megaron", Dargaud, 13 euros) 

lundi 24 septembre 2007

Roman US - Tranches de vie sur un « Campus »

La réputation sans faille du lycée d'Ault rassemble l'élite du gratin de la côte Est des USA, dans laquelle Lee tombe comme un cheveu sur la soupe.

Ault, campus prestigieux de la côte Est, dans les collines verdoyantes du Massachusetts, est un univers réservé par tradition aux vieilles familles riches. Fermés et élitistes, les élèves fortunés (la majorité) intègrent difficilement dans leur cercle restreint les élèves boursiers. C’est le cas de Lee Fiona, qui, venant du fin fond de sa campagne de l’Indiana, constate très vite, à ses dépens, la différence flagrante de comportement de ses condisciples aisés envers elle. Elle partage d’ailleurs une chambre avec Sin-Jun, très discrète et très correcte avec sa copine moins fortunée. Ce qui n’est pas le cas de Dede, toujours prête à lancer un propos acerbe ou un sous-entendu méchant. Mais vaille que vaille, Lee supporte tout et se consacre à ses études, consciente de sa chance de pouvoir les poursuivre dans ce lycée prestigieux.

Enfin une amie

Lors d’un cours de sport, Lee se retrouve à faire équipe avec Conchita, qui, à son grand étonnement, ne sait pas rouler à vélo et à qui elle propose de lui apprendre. "Je fis la connaissance de Conchita Maxwell au printemps, le premier jour d’entraînement de lacrosse. (...) Je savais que Conchita n’avait pas de petit ami et il ne me semblait pas non plus que Conchita ait beaucoup de copines." Elle tombent d’accord sur le côté "différent" de Ault. "Les choses sont différentes sur la côte Est, observai-je d’un ton évasif. C’est peu de le dire, répliqua Conchita en riant. Quand je suis arrivée ici, j’ai eu l’impression d’atterrir sur une autre planète." Et Lee continue d’observer ses condisciples, tout en essayant de ne pas tomber dans les jugements stéréotypés. A toutes occasions, elle se place comme observatrice extérieure, examinant les autres élèves comme un entomologiste ses insectes.

Pendant les "dîners officiels" mensuels par exemple, "tout devenait à la fois immense et lointain, et quelques chose se passait là-bas, très loin - une image confuse d’élèves bien habillés gagnant des tables couvertes de nappes blanches et de plats argentés."

Cross, le beau gosse

Le décalage avec la réalité n’arrange pas les interrogations existentielles de Lee et ses fréquentations fragmentées avec les "autres". Elle ne peut cependant pas s’empêcher de remarquer le beau Cross Sugarman, tout en sachant pertinemment qu’elle ne pourra jamais même approcher ce beau gosse issu d’une famille richissime. Quoique...

Entre les problèmes relationnels de Lee avec les étudiants comme avec les professeurs, le fossé qui se creuse avec ses parents et les premiers émois amoureux de son héroïne, Curtis Sittenfeld fait mouche avec son "Campus" élu meilleur roman de l’année 2005 par le New York Times. Le grand nombre de dialogues rendent la lecture de ce best-seller légère comme une plume. L’écriture et le style parfaitement maîtrisés confirment le talent de l’écrivain.

« Campus », Curtis Sittenfeld, Presses de la Cité, 22 € c

samedi 22 septembre 2007

BD - Bruxelles la mystérieuse

Retour à Brüsel, la capitale belge fantasmée par Schuiten et Peeters, héroïne indirecte de la série des « Cités obscures ». Brüsel où arrive un géant barbu. Gholam Mortiza Kahan, fier guerrier Bugti, arrive avec des bijoux de son peuple qu'il espère vendre à Elsa Autrique. Cette dernière est fascinée par le pendentif de l'homme. 

Mais il ne veut pas le vendre, c'est une prise de guerre, le chef des Moktars le portait à son cou. Gholam accepte cependant de lui prêter quelques jours pour qu'elle en réalise une copie. En sortant, il est renversé par un tramway. C'est à partir de ce moment que des phénomènes inexpliqués perturbent le quotidien de la capitale. 

Des pierres apparaissent dans un appartement, ailleurs c'est du sable qui remplit les pièces. Un cuisinier enrobé constate qu'il s'allège de jour en jour... Des cas qui sont du ressort de Mary Von Rathen, l'enfant penchée. Une histoire fantastique et poétique, sous la forme d'un album de 120 planches à l'italienne, donnant toute sa force au dessin en bichromie de Schuiten.

("La théorie du grain de sable", Casterman, 17,50 €) 

vendredi 21 septembre 2007

BD - Huis-clos par Bézian

Huis-clos à la Hitchcok pour ce gros album de 80 pages signé Bézian, virtuose du dessin n'ayant malheureusement jamais rencontré le succès populaire que mérite son talent. Un thriller, avec tueur en série, flic idiot, femme fatale et suspects à la pelle. Dans l'immense villa d'un richissime éditeur, une soirée est donnée pour célébrer le succès annoncé d'un thriller. 

Boris Lentz forme avec Alice un couple très en vue. Leur résidence, construite sur une île au centre d'un lac est luxueuse. La policie, sur les traces de Boone, un tueur en série dont le dernier forfait a été commis à Barcelone, est repéré dans la région. L'inspecteur Fix va donc investir la villa et tenter de piéger l'assassin. 

De tous les personnages présentés par Bézian, le plus important reste la villa. Aux lignes épurées et modernes, elle rend l'ambiance encore plus lourde, inquiétante. Immenses terrasses, salon grand comme une église, tunnel pour accéder à l'extérieur : tout est en place pour que la vie et la mort se disputent les quelques dépouilles d'intellectuels trop gâtés. Un bijou graphique à découvrir.

("Les Garde-fous", Delcourt, 16,50 €) 

jeudi 20 septembre 2007

BD - L'éducation d'un elfe


Après l'histoire de Ghorghor Bey, voici celle de Pile-ou-Face. Les arcanes de la Lune Noire permettent de mieux appréhender le monde imaginé par Froideval et mis en images par Ledroit puis Pontet. 

Dans cette histoire complète se déroulant avant le début de la série principale, c'est Angleraud qui est au dessin. Il signe de très nombreuses doubles planches qui feront l'admiration des amateurs de scènes fourmillant de personnages. Avant de devenir Pile-ou-Face, cet elfe des forêts vivait paisiblement dans un arbre centenaire. Le passage d'un ogre a bouleversé sa vie. 

Capturé par un dragon, il a été élevé en compagnie d'un bébé dragon avant d'être vendu au chef des voleurs de la grande ville. Là, il apprendra à voler mais également à devenir dur avec ses compères, méchant et sans pitié quand il le faut pour se faire respecter. 

De petit être de la forêt, innocent et joyeux, il deviendra un redoutable tueur, armé de deux épées magiques lui donnant ce nom de Pile-ou-Face. Une belle histoire et des dessins époustouflants.

("Les arcanes de la Lune Noire", Dargaud, 13 €) 

mercredi 19 septembre 2007

BD - Jeu vidéo absolu avec Backworld


Vous avez certainement entendu parlé de Second Life. Backworld est un peu la version suivante de ce jeu de réalité virtuelle. Avec le jeu, est fourni des lunettes sensitives donnant réellement l'impression au joueur de plonger dans une réalité autre, virtuelle mais incroyablement vraisemblable.  

Un jeu encore en test, c'est pourquoi Terry Hackman, champion du piratage informatique, est payé pour en découvrir les failles. Mais Terry va rapidement se rendre compte que ce jeu est très supérieur à tout de ce qui existait auparavant. Et une fois connecté, pas évident de décrocher. Le scénario de Corbeyran ne tente pas trop les explications scientifiques et savantes.  

Il se contente d'entraîner le lecteur dans le lent cauchemar du héros, pris au piège d'une intelligence artificielle sans aucune humanité. Lucien Rollin, au dessin réaliste de plus en plus sombre, semble s'économiser dans cet album se lisant vite et s'achevant sur un fort suspense. Pour connaître le fin mot de l'histoire, il faudra attendre les deux prochains volumes de ce triptyque.  

 ("Backworld", Glénat, 12,50 €) 

mardi 18 septembre 2007

BD - Enfer vénitien du futur sous la plume de Serpieri


En se lançant dans la bande dessinée, l'éditeur généraliste Robert Laffont n'a pas fait dans le détail en recrutant Jean Dufaux et Paolo Serpieri. Le scénariste de Giacomo C, Murena et autres succès s'associe au dessinateur italien qui a enchanté plusieurs générations de lecteurs avec les courbes généreuses de Druuna. 

Leur série, intitulée « Les enfers », se déroule dans une Venise du futur, polluée, robotisée. Le doge, à la tête d'une milice sans pitié, cherche des clés lui permettant d'ouvrir les portes du paradis. Des clés en possession de la jeune et belle Saria, surnommé La Luna, princesse de cet univers trouble. Un premier tome palpitant au dessin d'un réalisme époustouflant.

« Les enfers », Robert Laffont BD, 14,95 euros 

lundi 17 septembre 2007

BD - Sibérien

Alors que Moscou se prépare à la révolution d'octobre, un jeune étudiant en médecine, pour échapper à la répression du Tsar, accepte de prendre la responsabilité d'un hôpital dans un village perdu en Sibérie. Alexandre mettra de longs mois pour se faire accepter des villageois, ces derniers préférant demander conseil à la femme de ménage qu'à ce « Tue-la-santé ». 

Loin de la ville, il va apprendre à vivre au gré des saisons. Moissons l'été, longue attente quand vient le vent de l'hiver. Un vent qui fait également sortir de sa tanière une mystérieuse et sauvage bête. 

Premier album en français de Jaime Martin, valeur sûre de la BD espagnole.

« Ce que le vent apporte », Jaime Martin, 13 euros


dimanche 16 septembre 2007

BD - Les opposés s'attirent


Elle est bio, zen, attentive à ses chakras et suit une thérapie. Il est macho, coureur de jupons, viande rouge et blague salace. Ils n'ont rien en commun en pourtant, le temps de quatre saisons, ils vont se rencontrer, s'aimer, se séparer. 

« Les boules vitales », récit de Sylvain Ricard dessiné par Charles Masson, raconte la vie de deux êtres perdus dans notre société actuelle, se raccrochant à des repères diamétralement opposés, mais qui parviennent quand même à se rencontrer et faire un bout de chemin en commun. 

Mais loin d'être une simple bluette, cette BD de 120 pages a une fin tout à fait réaliste, à l'image de notre époque...

« Les boules vitales », Futuropolis, 17 euros 

samedi 15 septembre 2007

BD - Le roi des machos


Planquez vos abattis, Pascal Brutal est de retour... Pascal Brutal c'est une gourmette, des baskets torsion, un bouc et des phéromones en pagaille (surtout quand il oublie d'acheter du déodorant...). Intitulé « Le mâle dominant », ce second recueil d'histoires courtes publiées dans Fluide Glacial nous dévoile un peu plus la personnalité de cet homme, un vrai, imaginé par Riad Sattouf. 

Pascal Brutal, enfant de la banlieue, dans ce futur proche où la présidence de la République est assurée par Alain Madelin, a pléthore d'occasions de prouver sa virilité débordante. Il a beaucoup de succès avec la gent féminine. Il parvient dans une histoire à coucher avec 49 femmes en une après-midi. Un défi qu'il s'était lancé après s'être surpris à rêver d'embrasser un homme. Et malgré l'épuisement sexuel résultant de cette débauche de coïts et de domination, en rentrant chez lui, quand il croise trois ouvriers en salopette, Pascal Brutal a une brusque envie de se faire prendre. 

Pauvre héros macho, particulièrement malmené en Belgique devenue une gynarchie : système politique et social de la domination violente de la femme sur l'homme. Humour dévastateur, sans tabou, se moquant ouvertement de ces frimeurs banlieusards, la BD de Riad Sattouf devrait rapidement devenir culte. 

("Pascal Brutal", tome 2, Fluide Glacial, 9,95 €) 

vendredi 14 septembre 2007

BD - Maigret parodié

Pas évident de réussir une parodie. A ce jeu risqué, Veys et Alvès s'en tirent avec les honneurs, signant en cette rentrée de septembre un des titres de la nouvelle collection BD des éditions Robert Laffont. 

Le commissaire Malgret, comme le héros de Simenon, fume la pipe, a un imper et fait intervenir sa femmes dans ses enquêtes. Mais il y a une foule de détails qui transforment le perspicace policier en gagman irrésistible. Lassé des gaffes de ses deux adjoints, il décide de prendre quelques jours de repos chez les parents de sa femme dans le petit village de Saint-Pouacre. Et le festival commence. N'ayant pas son permis, il veut quand même arriver au volant. Il renverse donc le berger et défonce les statues du manoir de ses beaux-parents. 

Autre différence avec Maigret, Malgret a u succès fou auprès des femmes. Il doit subir les assaut de l'aubergiste et de la bonne du château. Et pour compliquer le tout, il est confronté à une histoire de fantômes, d'accidents à répétitions et de tentatives de meurtres sur sa personne. 

Truffée de gags, cette BD est dessinée dans un style très ligne claire par Christophe Alvès. 

("Malgret", Robert Laffont BD, 13,95 €) 

jeudi 13 septembre 2007

BD - Eco-terrorisme spatial

Une forêt impénétrable, interminable, étouffante. Une forêt mystérieuse, pleine de dangers, pas du tout accueillante. C'est peu de dire que le flic râleur Toussaint se retrouve dans une situation compliquée. Envoyé sur une planète sauvage et très éloignée de la Terre pour enquêter sur une série de meurtres, il était laissé pour mort à la fin du premier tome. 

Abattu par sa collègue dont il est secrètement amoureux et jeté d'un avion. Simplement blessé, il va devoir apprendre à survivre dans ce milieu hostile, océan végétal fluctuant. Il parvient à rejoindre la base, mais il ne trouve que ruines. Cette communauté de scientifiques s'est déchirée. Certains, craignant une exploitation des ressources minières ont décidé de détruire la base pour retarder l'échéance.

 Toussaint, après des jours et des jours d'errance est finalement récupéré par cette petite communauté d'écologistes purs et durs. Mais une nouvelle scission se fait jour. Les combats reprennent, Toussaint tente de survivre. Cette série de SF très originale, au ton étonnamment éco-terroriste, est l'oeuvre d'Appollo (scénario) et de Brüno (dessin). 

("Biotope 2", Dargaud, 9,80 €) 

mercredi 12 septembre 2007

BD - Spirou s'engage contre le racisme


A ne pas manquer  dans les kiosques et maisons de la presse, le numéro 3622 de Spirou HeBDo. Un numéro intitulé "Même pas peur, Spirou s'engage contre le racisme et toutes les exclusions" réalisé en collaboration avec la Ligue des droits de l'Homme. La preuve que les journaux pour la jeunesse, les illustrés, peuvent également s'engager pour un monde meilleur. 

Plusieurs histoires, notamment d'après les témoignages de jeunes, racontent comment la discrimination ou le racisme s'installent insidieusement dans la vie des enfants. Mais le choc de ce numéro est le cahier de 16 pages "de BD bien rangées et disciplinées". Exercice de style, vous y trouvez des séries et gags qui pourraient devenir une réalité dans le futur si on n'y prend pas garde. 

Les quatre pages de Cap'tain Morale sont exemplaires. Elles sont décryptées par la Ligue des droits de l'Homme qui dénonce les amalgames, le racisme ambiant, la délation... 

mardi 11 septembre 2007

BD - A la pêche aux monstres marins

Chasseur de trésor dans la mer des Caraïbes, il y a pire comme métier. Pourtant ce n'est pas parce qu'on est presque perpétuellement dans l'eau à 28° que la vie est belle. La belle Erin Kelley le sait. Elle est au bord de la faillite. Il lui faut rapidement des résultats. Chance, elle met la main sur un galion aux cales remplies de lingots d'or. Malchance, l'épave est squattée par un poulpe gigantesque de plus de 20 mètres. 

Comment neutraliser l'animal pour récupérer le trésor ? Elle a la bonne idée de faire appel, à son ex petit ami, Russell Chase, universitaire expert en cryptozoologie. 

Après le Loup de Tasmanie et le yéti, cette troisième aventure du héros imaginé par Richard D. Nolane et dessiné par Pasquale Del Vecchio, s'attaque aux monstres des profondeurs. Il devra déployer un luxe d'ingéniosité pour neutraliser la bête sans la tuer. Et suffisamment de temps pour que l'équipe d'Erin puisse plonger dans les entrailles du galion. 

L'intrigue pourrait être basique si le scénariste n'ajoutait dans les parages l'épave d'un petit avion contenant une mystérieuse mallette activement recherchée par des Américains, puissants et secrets.

 ("Russell Chase", tome 3, Les Humanoïdes Associés, 10,40 €) 

lundi 10 septembre 2007

Roman - Le raconteur d'histoires

François Darré, beau parleur, ne fait pas rêver son auditoire, il l'escroque. Un roman-vie épique signé Charles Dantzig.

« François Darré, l'homme qui a volé trois milliards ». C'est le titre d'un reportage télévisé, le document qui l'a mis pour la première fois sous la lumière des projecteurs sous sa véritable identité. François Darré, accusé, condamné... Mais avant de devenir cette icône de l'escroquerie mondiale, le petit Français a fait beaucoup de chemin... et de victimes. Charles Dantzig, dans ce roman retraçant la vie d'un homme aimant avant tout inventer des histoires dont il est le héros récurrent aux mille identités, fait revivre également toute une époque, du début des années 80 à l'an 2000.

Tout commence à Tarbes, préfecture triste et arriérée des Hautes-Pyrénées. Le jeune François, fils d'une créature de la nuit, honteux de son père alcoolique, essaie déjà de se fabriquer une autre vie. Pour rater l'école, il invente les excuses les plus incroyables. Comme cette fois où il prétend avoir joué avec l'équipe du Canada de hockey sur glace à Anglet. Et qu'il s'est blessé en plein match, n'hésitant pas à laisser tomber un parpaing sur son pied pour rendre plus crédible le bobard.

De Paris à Los Angeles

A Tarbes tout semble petit, étriqué. Il n'attend pas sa majorité pour tenter sa chance à plus grande échelle. Direction Paris. Première épreuve pour le jeune provincial, perdre son accent. Et faire plus âgé que ses 16 ans. Face à l'adversité il se découvre des trésors de ressources qu'il transforme en autant d'opportunités. Rapidement il captive son auditoire, flaire le gogo plus passionné que les autres, le ferre et trouve un moyen pour lui emprunter une belle somme d'argent. Mais jamais trop. Il sait être « raisonnable ». Il découvre aussi que ses beaux mensonges lui permettent d'avoir beaucoup de succès auprès des femmes. Il en mettra quelques-unes dans son lit, jouant pour elles des rôles sur de très longues périodes. Avec l'argent arrivent les plaisirs nocturnes de la capitale. Il raconte les débuts du Palace. Comment il est parvenu à entrer la première fois dans ce temple du paraître.

Ce jeu risqué, il l'assume complètement, sachant parfaitement qu'il ne fait que répondre à une attente : « Les gens s'ennuient et je leur apporte de l'inattendu, de l'extraordinaire, du merveilleux. Je les amuse. Je les charme. Le charme est convaincant. Il est si rare qu'il étonne : on ne pense pas à le contredire. Pas tout de suite. J'ai eu le temps de passer ».

Parfois ce temps presse. Il doit littéralement fuir Paris ayant pratiquement essoré tout ce que la capitale compte de crédules. Il part aux USA. Après un petit temps d'adaptation, il va se lancer de nouveau dans l'interprétation, en live, de nouveaux personnages. Jusque sur les marches d'Hollywood.

Ensuite, Charles Dantzig raconte la chute, la prison. Mais même là François parvient à étonner et rebondir. Son retour en France n'en sera que plus prestigieux et tonitruant. Un roman se lisant comme une véritable biographie.

« Je m'appelle François », Charles Dantzig, Grasset, 18,90 € 

dimanche 9 septembre 2007

BD - Les imaginaires plus forts que la réalité ?

Oeuvre graphique originale et unique que ce second tome d'une histoire imaginée et dessinée par Daphné Collignon. On retrouve Emma, écrivain, à la recherche de tranquillité ou d'inspiration. Dans une pension de famille ou chambre d'hôte perdue dans une région froide et humide, en plein cœur de la Meuse, elle sent sa raison défaillir en constatant qu'elle ne fait plus la différence entre sa réalité et la vie imaginaire de ses personnages de papier. 

Longs dialogues, peintures pleines pages, portraits au pinceau : la beauté graphique de ces planches est évidente. Elle rattrape d'ailleurs une histoire parfois confuse, le lecteur lui aussi se perdant entre rêve et réalité. Une création à part entière, preuve que la BD peut également permettre à des peintres de s'exprimer.

("Coelacanthes", Vents d'Ouest, 13 €) 

samedi 8 septembre 2007

BD - L'autre Allemagne en résistance

A chaque rentrée littéraire, il y a un album de BD qui sans aucun problème pourrait concourir dans les différents prix. Cette année, le troisième tome d'"Amours fragiles" racontant la vie de Maria, par son récit, son contexte, sa rigueur et sa vérité historique implacable aurait largement sa place dans certaines présélections. 

Cette série raconte les amours de ces jeunes Allemands pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Martin, officier dans le Sud de la France, profite de son statut pour protéger Katarina, une jeune juive. En Allemagne, près de Coblence, Maria est secrétaire d'un médecin. 

En 1943, le régime nazi semble chanceler. Mais face aux débuts de remise en cause, la Gestapo frappe fort. Maria va intégrer un groupe d'opposants. Ils dénoncent la folie de Hitler, alertent leurs concitoyens sur ce qui se passe dans les camps de la mort. 

Ce thème de la résistance au Führer, rarement abordé en France, est au centre de cette série écrite par Richelle et dessinée par Beuriot. Des illustrations très réalistes et élégantes. Une finesse du trait en opposition complète avec la lourdeur du climat de l'Allemagne de l'époque. Une fragilité qui cédera face à la violence du régime aux abois. Un album essentiel.

 ("Amours fragiles", Casterman, 13,95 €) 

vendredi 7 septembre 2007

BD - Miss Endicott, conciliatrice nocturne

La prestigieuse collection "Signé" du Lombard renaît de ses cendres en ressortant l'intégrale de "A la recherche de Peter Pan" de Cosey et surtout le premier tome de Miss Endicott, création de Derrien (scénario) et Fourquemin (dessin). Un long récit de plus de 80 pages, se terminant sur un suspense haletant, mais pour une fois, vous n'aurez pas trop à attendre puisque le second et dernier tome est annoncé pour début octobre. 

Miss Endicott est une jeune Anglaise qui revient à Londres pour les obsèques de sa mère. Elle devient gouvernante d'un jeune garçon mais surtout reprend la charge de sa mère, conciliatrice de la capitale anglaise. La nuit, elle reçoit les petites gens et résout leurs problèmes. Une double vie qui ne va pas sans poser quelques problèmes. Notamment quand le peuple des bas-fonds décide de prendre sa revanche sur les habitants à l'air libre... 

La pagination permet aux auteurs de bien détailler les aventures de cette jeune femme intrépide. Un découpage plus riche et très prenant donnant une ampleur rarement atteinte par une BD. 

("Miss Endicott", Le Lombard, 15 euros) 

jeudi 6 septembre 2007

BD - Création destructrice

De toutes les séries intégrant la collection "Secrets" imaginée par Frank Giroud, "L'écorché" est une des plus réussie. Dessins lumineux de Pellejero et surtout intrigue parfaitement maitrisée du scénariste qui a travaillé en duo avec Florent Germaine. 

Tristan Paulin, fouffrant d'une malformation de la machoire inférieure, est un monstre. Il ne parle pas et travaille dans la boucherie de ses parents. Mais il a un don, un talent. Paulin est un peintre visionnaire. Une jeune femme, Mathilde Maraval, une galeriste, le découvre et le pousse dans cette voie. Dans le second tome de ce diptyque, 20 ans après la première exposition, Paulin raconte au mari de Mathilde pourquoi il a quitté Paris en catastrophe après avoir découvert le secret le liant avec Mathilde. Ce secret, le lecteur ne le connaîtra que dans les dernières pages. 

Une histoire de famille, avec infamie et culpabilité. Un très grand récit, recréant ce Paris populaire ou bourgeois de la fin du XIXe siècle, le milieu des artistes en perpétuelle recherche. Pellejero, trait noir, couleurs vives, est très à l'aise dans cet exercice.

 ("L'écorché" tome 2, Dupuis, 13,50 €) 

mercredi 5 septembre 2007

BD - Avec le lard et la manière

La coupe du monde de rugby débute cette semaine, mais les rugbymen du Paillar Athlétic Club sont déjà à pied d'oeuvre sur les pelouses. Une série phénomène, rencontrant un succès de plus en plus grand. Béka (pseudonyme de deux Toulousains, Bertrand Escaich et Caroline Roque) et Poupard, dans ce cinquième recueil de gags, collent à l'actualité puisque leur héros vont aller à Paris assister à quelques matches du tournoi mondial et finiront même par un petit voyage en Nouvelle-Zélande, paradis de l'Ovalie. 

On retrouve avec plaisir ces caricatures de sportifs nourris à la charcuterie et au cassoulet. Loupiote, la Couenne, la Teigne ou Bourrichon. En ouverture, dans une histoire complète, vous découvrirez comment cette bande de copains a découvert les joies du rugby et de l'esprit d'équipe en salle de classe. On appréciera particulièrement les gags avec les All Blacks. 

Le PAC, remarqué par sa vaillance, aura l'insigne honneur de servir d'équipe d'opposition aux Néo-Zélandais. Un entraînement bref, qui conduira tous les membres de la formation à l'hôpital, mal en point mais heureux... 

("Les rugbymen", Bamboo, 9,45 €) 

mardi 4 septembre 2007

Nouvelles - Petites mi-temps

Il existe deux rugbys. Celui des pros, que vous verrez dans la coupe du monde qui débute la semaine prochaine, et celui des villages, ressemblant plus parfois à un combat de gladiateurs qu'à un sport collectif. 

À travers quelques nouvelles pleines d'humour et de tendresse, Michel Embareck nous entraîne dans les vestiaires ou sur les terrains de rugby, sport aussi rude qu'élégant. Des textes vifs, remplis de ces expressions entendues sur les mains courantes autour des stades comme « Macarel » ou « Quel bouchon ! ». 

Dans la nouvelle « Gracieusetés », l'auteur donne la définition anglaise du mot provocation : « Il s'agit d'une plaisanterie virile, expliquée sournoisement à main nue, et à laquelle ne pas répondre par un sourire devient une circonstance aggravante. ».

("Le temps des citrons", Folio, 2 €) 

lundi 3 septembre 2007

Roman - Béances familiales

Dans « Nuit ouverte » de Clémence Boulouque, une actrice, en interprétant le rôle d'un rabbin femme, découvre quelques vérités peu glorieuses sur sa famille.


Les hasards de la vie nous jouent parfois d'étranges tours. Elise Lermont, actrice reconnue, est pressentie pour interpréter le rôle de Regina Jones. Cette Allemande, assassinée à Auschwitz, était devenue en 1935 la première femme rabbin. C'était en Allemagne, deux années après la prise de pouvoir d'Hitler.

Elise Lermont se plonge dans la vie de cette femme, discrète, méconnue, refusant de fuir pour rester auprès des siens. Au même moment, Elise est contactée par André, un homme prétendant être son grand-oncle, le demi-frère de son grand-père. Il ignorait son existence. Et en le rencontrant, comprend pourquoi il a été occulté de l'histoire familiale.

Au service de l'envahisseur

C'était également durant la guerre. Dans la France occupée, cette famille de producteurs de champagne n'a pas longtemps hésité. Suivant Pétain et son gouvernement, ils se mettent au service de l'envahisseur. Réceptions à Paris, collaboration ouverte : cela a le don de dégoûter André. A la Libération il a préféré abandonner ce passé, cette famille, courir le monde.

A l'aube de ce nouveau siècle, il entreprend de raconter la véritable histoire familiale à Elise. Incrédule, la jeune femme admet pourtant ce côté sombre de ses grands-parents. Et inconsciemment va tout faire pour racheter ce passé trouble. « J'ai découvert ma famille quelques mois avant d'obtenir le rôle de Regina Jones. J'ai su cette béance des miens. Il est plus facile de rejeter des héritages odieux que d'en accepter la gêne ».

Du rose au vert-de-gris

Le roman de Clémence Boulouque appuie là où cela fait le plus mal. Se berçant de belles histoires familiales, trop souvent le rose vire au vert-de-gris. L'auteur, dans la première partie du roman, par petites touches, des chapitres courts et presque cliniques, raconte la brève vie de Regina Jones en alternance avec les révélations d'André. La dernière partie du roman est centrée sur Elise Elle veut absolument interpréter Regina Jones, la faire revivre : « Je n'avais rien pour arracher ce rôle, mais je ne voulais le laisser à personne. On les expie comme on peut, les culpabilités ». Une actrice qui pour mieux investir le personnage, va aller sur ses traces, dans cette Allemagne qui a totalement changé. Roman de la mémoire décalée, des errances de la famille, « Nuit ouverte » confirme le talent de Clémence Boulouque, parvenant à jongler avec les mondes et les milieux. Après « Chasse à courre » sur les milieux d'affaires, elle donne un tour plus personnel et humain à un texte ne pouvant laisser personne insensible face au destin de Regina Jones.

« Nuit ouverte », Clémence Boulouque, Flammarion, 18 €




07:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags :