François Darré, beau parleur, ne fait pas rêver son auditoire, il l'escroque. Un roman-vie épique signé Charles Dantzig.
« François Darré, l'homme qui a volé trois milliards ». C'est le titre d'un reportage télévisé, le document qui l'a mis pour la première fois sous la lumière des projecteurs sous sa véritable identité. François Darré, accusé, condamné... Mais avant de devenir cette icône de l'escroquerie mondiale, le petit Français a fait beaucoup de chemin... et de victimes. Charles Dantzig, dans ce roman retraçant la vie d'un homme aimant avant tout inventer des histoires dont il est le héros récurrent aux mille identités, fait revivre également toute une époque, du début des années 80 à l'an 2000.
Tout commence à Tarbes, préfecture triste et arriérée des Hautes-Pyrénées. Le jeune François, fils d'une créature de la nuit, honteux de son père alcoolique, essaie déjà de se fabriquer une autre vie. Pour rater l'école, il invente les excuses les plus incroyables. Comme cette fois où il prétend avoir joué avec l'équipe du Canada de hockey sur glace à Anglet. Et qu'il s'est blessé en plein match, n'hésitant pas à laisser tomber un parpaing sur son pied pour rendre plus crédible le bobard.
De Paris à Los Angeles
A Tarbes tout semble petit, étriqué. Il n'attend pas sa majorité pour tenter sa chance à plus grande échelle. Direction Paris. Première épreuve pour le jeune provincial, perdre son accent. Et faire plus âgé que ses 16 ans. Face à l'adversité il se découvre des trésors de ressources qu'il transforme en autant d'opportunités. Rapidement il captive son auditoire, flaire le gogo plus passionné que les autres, le ferre et trouve un moyen pour lui emprunter une belle somme d'argent. Mais jamais trop. Il sait être « raisonnable ». Il découvre aussi que ses beaux mensonges lui permettent d'avoir beaucoup de succès auprès des femmes. Il en mettra quelques-unes dans son lit, jouant pour elles des rôles sur de très longues périodes. Avec l'argent arrivent les plaisirs nocturnes de la capitale. Il raconte les débuts du Palace. Comment il est parvenu à entrer la première fois dans ce temple du paraître.
Ce jeu risqué, il l'assume complètement, sachant parfaitement qu'il ne fait que répondre à une attente : « Les gens s'ennuient et je leur apporte de l'inattendu, de l'extraordinaire, du merveilleux. Je les amuse. Je les charme. Le charme est convaincant. Il est si rare qu'il étonne : on ne pense pas à le contredire. Pas tout de suite. J'ai eu le temps de passer ».
Parfois ce temps presse. Il doit littéralement fuir Paris ayant pratiquement essoré tout ce que la capitale compte de crédules. Il part aux USA. Après un petit temps d'adaptation, il va se lancer de nouveau dans l'interprétation, en live, de nouveaux personnages. Jusque sur les marches d'Hollywood.
Ensuite, Charles Dantzig raconte la chute, la prison. Mais même là François parvient à étonner et rebondir. Son retour en France n'en sera que plus prestigieux et tonitruant. Un roman se lisant comme une véritable biographie.
« Je m'appelle François », Charles Dantzig, Grasset, 18,90 €
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