mercredi 30 novembre 2016

Fantasy : Arleston à mots gourmets signe "Le souper des maléfices"

MALBOUFFE. Le scénariste de Lanfeust passe au roman de fantasy pour dénoncer nos dérives. Savoureux.
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Même si Zéphyrelle, la jeune espionne de ce roman de fantasy signé Christophe Arleston est mignonne et futée, si son acolyte Fanalpe, cuisinier émérite est un surdoué des sauces, le véritable héros reste la bonne chère. Une ode au bien manger qui dénonce la nourriture industrielle et les tentatives de modification des ingrédients de bas.
A coup de manipulations transgéniques dans la vraie vie, de magie dans le cas du « Souper des maléfices ». Slarance, ville commerçante prospère, est frappée par une double épidémie. Les habitants meurent dans d’atroces souffrances et tous les flics du dynarque, le gouverneur de la cité, sont victimes d’accidents. Mortels les accidents. Toujours. Il ne reste donc que la jeune Zéphyrelle, experte en déguisements mais pas du tout expérimentée. Pourtant, elle va découvrir qu’une mystérieuse compagnie céréalière a inondé le marché d’une étrange farine.
Un autre habitant de Slarance se pose aussi des question. Fanalpe, cuisinier chez un duc, ne supporte plus que son pain devienne si peu savoureux. Il se met en quête et constate que l’emprise de la compagnie céréalière va jusqu’à la fourniture de semences aux paysans du cru. Sur cette intrigue, parabole explicite des agissements mondiaux de Monsanto, Christophe Arleston, plus connu pour ses scénarios de Lanfeust et des Trolls (plusieurs millions d’albums de BD vendus à son actif) signe un roman savoureux. Il truffe ses scènes de recettes loufoques qui font saliver.
Zéphyrelle aussi est source de fantasmes car la belle semble l’archétype des héroïnes imaginées par le créateur de Sangre, Cixi et autre Moréa. Un charme qu’elle doit confronter aux deux autres belles du roman, l’insupportable pimbêche Fiollula et Ploutre, aussi effrontée que libertine. De quoi pimenter certaines scènes et recettes du roman.  
➤ « Le souper des maléfices », Christophe Arleston, ActuSF, 19€

De choses et d'autres : Se méfier des belles images

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Plusieurs maires ont décidé d’interdire l’affichage des panneaux de la campagne du gouvernement sur la prévention du Sida. En cause, le public ciblé : les homosexuels. Les photos montrent deux hommes tendrement enlacés avec ce message de prévention : « Avec un amant, avec un ami, avec un inconnu : les situations varient. Les modes de protection aussi ». Les élus - tous de droite bien évidemment – s’insurgent : « Atteinte à la dignité » et « risque de heurter la sensibilité de l’enfance et de la jeunesse ». Une censure dénoncée par la ministre de la Santé.
A Béziers aussi la campagne est mal vue. Mais le maire, ancien président de Reporters sans frontières, a préféré dé- tourner les affiches plutôt que de les censurer. Un homme et une femme, jeunes et romantiques, se regardent dans les yeux avec ce slogan : « S’aimer, se donner, tout donner : l’amour ça se protège. Fidélité ».
Problème pour Robert Ménard, certains opposants ont cherché à connaître la provenance de cette photo. Après enquête des limiers du net, il s’avère qu’elle est extraite d’une série, libre de droits, intitulée « Tia et Mark wedding » du photographe australien Matthew Jake Kane. Ce dernier souligne l’ironie de l’utilisation du cliché. Pour cause, le modèle, jeune homme très beau, est ouvertement gay.
Moralité (défendue bec et ongles par Robert Ménard), toujours se méfier des images, elles ne reflètent pas forcément la réalité.

mardi 29 novembre 2016

Livres de poche : des éditions uniques pour les fêtes


Voyagez sur la piste du chaman Heq et son clan qui, en l’an mil, migrent à travers le Grand Nord canadien : au Groenland. D’Arluk, au XVe siècle, qui explora les confins de ce « pays merveilleux ». De Soré, jeune Groenlandaise des années 1970, en quête d’identité, happée par la légende de ses ancêtres. Ce recueil reprend trois romans de Jorn Riel, conteur amoureux de l’Arctique.
➤ « Le chant pour celui qui désire vivre », 10/18, 12,90 €

Le roman de David Foenkinos retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Après une enfance à Berlin, Charlotte est exclue par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Cette édition est accompagnée de cinquante gouaches de Charlotte Salomon choisies par David Foenkinos, et d’une dizaine de photographies représentant Charlotte et ses proches.
➤ « Charlotte », Folio, 14,90 €

Paris. Une vieille dame, Alice Gauthier, est retrouvée morte dans sa baignoire, les veines des poignets tranchées. Le commissaire Bourlin, chargé du dossier, est bientôt rejoint par le commissaire Adamsberg et le commandant Danglard de la brigade criminelle. Une autre mort suspecte et paraissant liée les mène alors jusqu’en Islande. Dernier succès de Fred Vargas dans une édition collector.
➤ « Temps glaciaires », J’ai Lu, 10 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Si Facebook était une fiction

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 En ces temps peu propices à la grosse rigolade (n'oublions jamais que François Fillon, de Droopy, le chien triste de Tex Avery, s'est transformé en pitbull, incarnation de cette droite qui ne plaisante pas et assume sa dureté) marrons-nous un peu avec ces fausses pages Facebook inventées par Virginie Spies. Un statut en dit souvent beaucoup sur l'humeur du moment. La sémiologue et chroniqueuse de l'Obs résume l'actualité avec des pages Facebook imaginaires. C'est ainsi que hier, François Fillon dit simplement « Je vous ai compris ». Un statut très gaullien aimé par Frigide Barjot et 312 409 retraités. De son côté, Alain Juppé s'abonne à la page « Caisse de retraite ». Plus loin, Manuel Valls souhaite « une bonne semaine à tous ». Si Claude Bartolone aime, François Hollande se contente du commentaire sec « 11 h 45 dans mon bureau » agrémenté du mot-dièse #RasLeBol. Virginies Spies ne se limite pas à la politique, elle adore aussi la presse people. Pour preuve, elle signale que Cyril Lignac vient de rejoindre Tinder, le célèbre réseau social de rencontres amoureuses. Une jolie façon de signaler, par la bande, sa rupture avec Sophie Marceau. Bref, en deux statuts, un commentaire et deux actualités (Fidel Castro est devenu ami du Che Guevarra), cette fausse page Facebook résume parfaitement le week-end. Mais tout est faux. Ce n'est pas pour rien que Virginie Spies l'a nommée « Facebook Fiction ».

lundi 28 novembre 2016

BD : Femme parfaite virtuelle

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Dans un futur proche, la vie quotidienne est rythmée par l’omniprésence des robots. Des humanoïdes plus vrais que nature qui servent à tout. Alex, le personnage principal de cette série de comics écrite par Sarah Vaughn et dessinée par Jonathan Luna, solitaire et introverti, a des difficultés pour s’intégrer. Sa grand-mère, riche et audacieuse, décide de lui offrit un X5, robot dernière génération totalement dévoué à son propriétaire. Un robot féminin en l’occurrence qu’Alex baptise Ada. Mais cette dernière est totalement dépourvue de personnalité. Son maître va s’aventurer dans les arcanes des réseaux de hackers pour « réveiller » sa conscience, pour la rendre indépendante, au risque de la perdre. Il y a un peu de « Her » dans cette BD très moderne, avec un peu de « Mr Robot » et un soupçon de « Blade Runner ». Le résultat est passionnant et donne envie de découvrir vite (parution en 2017) les deux autres tomes de la trilogie.
➤ « Alex + Ada » (tome 1), Delcourt, 15,50 €


dimanche 27 novembre 2016

BD : La musique des Dieux

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Le postulat de base de cette série très personnelle de Kieron Gillen (X-men, Star Wars…) est d’une simplicité extrême : les rockstars sont les nouveaux Dieux. Dessinée par Jamie McKelvie, « The Wicked + The Divine » raconte comment une simple groupie va se retrouver au centre d’un combat sanglant entre Dieux. Elle admire Luci (le clone de David Bowie) mais cette dernière se retrouve emprisonnée car suspectée d’avoir tué de simples mortels. Il y aussi l’intervention d’une simili Beyoncé, d’un Prince... Mais ces Dieux savent que leur temps est compté. Car s’ils sont adulés et célèbres, leur présence sur terre se limite à quelques années. Une immortalité qui passe par de multiples réincarnations. Pas toujours simple à comprendre, cette BD passionnera ceux qui connaissent leurs classiques rocks par cœur.
➤ « The Wicked + The Divine » (tome 1), Glénat, 17,50 €

samedi 26 novembre 2016

Livres de poche : le polar français a encore de l’avenir


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« Je suis le fils d’un fantôme et d’une bouteille de gin. » C’est ainsi que Stéphane parle de lui. Une coquille vide. Un petit caïd sans passé ni personnalité. Jusqu’à Norah, qu’il rencontre un soir, dont il tombe fou amoureux et qui, mystérieusement, passionnément, l’aime en retour, l’apaise. Mais c’est un roman noir et l’histoire imaginée par Hervé Commère se termine mal…
➤ « Le deuxième homme », Pocket, 6,60 €

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Antoine a 8 ans. Il joue dans une rivière dangereuse lorsque des troncs d’arbres portés par le courant l’assomment. Il se réveille dans le fourgon d’un inconnu qui vient de lui sauver la vie. 20 ans plus tard, à la télévision, on reparle de l’affaire « du découpeur ». Antoine reconnaît dans un portrait-robot l’homme qui lui a sauvé la vie. Ce roman d’Eric Maneval a obtenu le prix du polar lycéen d’Aubusson lors de sa sortie.
➤ « Retour à la nuit », 10/18, 6,10 €

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Le narrateur, junky, atteint du sida, vit dans un squat au milieu de détritus et de rats. Son seul plaisir, se réveiller et voir par la fenêtre un grand arbre. Avant cette grande dé- chéance, le héros a été un petit Français comme tous les autres. Le roman d’Eric Maravélias se partage en sombre description d’une ultime journée de galère et la tombée en déchéance d’un jeune perdu.
➤ « La faux soyeuse », Folio Policier, 7,70 €

BD : Abba, source d’inspiration permanente

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Que l’on aime ou pas, on connaît forcément le groupe Abba. Super star des années 70, le quatuor suédois, avec ses tubes planétaires, a marqué plusieurs générations. Et au-delà si l’on en croit cet album signé de Maarten Vande Wiele, jeune auteur belge flamand, qui signe un roman graphique aux dessins stylisés et couleurs acidulées. De nos jours, dans une petite ville de la côte belge, trois jeunes viennent de créer un groupe de musique reprenant les grands succès d’Abba. Mais il leur manque une « Frida », la chanteuse brune. AnneLène, vendeuse dans un magasin d’habits, chante à l’occasion. Elle vient de quitter son mec, déprime un peu et se dit que faire partie de ce groupe de passionnés ne peut pas la faire tomber plus bas. L’album raconte de façon très humaine la formation du groupe, les galères du début, les premiers succès et les tensions. Car comme dans la véritable histoire d’Abba, des histoires de coucheries perturbent la bonne marche de la machine à danser. Très rafraîchissant et authentique, une BD qui vous remettra Money ou Waterloo en tête…
➤ « Abba cherche Frida », Vraoum, 20 €


vendredi 25 novembre 2016

DVD : la relève des fêtardes dans "Nos pires voisins 2"

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Après l’énorme succès de la comédie totalement déjantée « Nos pires voisins », une suite a immédiatement été produite. Avec quasiment la même équipe, Seth Rogen et Rose Byrne reprenant leur rôles de parents immatures, Mac et Kelly Radner, et Zac Efron celui de Teddy Sanders, bad boy organisateur de fiesta. Ce nouveau problème de voisinage pour le couple Radner prend l’apparence de la charmante et adorable Shelby interprétée par Chloë Grace Moretz. Une gentille étudiante, qui ne supporte pas que les clubs féminins n’aient pas le droit d’organiser des fêtes. Un discours féministe dans un film transgressif et sans limite. Sans limite comme la première scène du film, quand Kelly, en plein ébat amoureux, lui apprend qu’elle est de nouveau enceinte. Les poètes apprécieront.

Ce nouveau membre de la famille pousse le couple à chercher une maison plus grande. Ils signent un compromis de vente mais doivent attendre un mois avant de finaliser la vente de leur maison. Pile au moment où Shelby emmé- nage et se lance dans l’organisation de soirées du feu de dieu, avec l’aide matérielle de Teddy qui y voit une excellente façon de se venger des Radner. La nouvelle bataille est lancée. Elle sera épique.
Forcément un peu moins surprenant que l’original, cette suite est malgré tout d’un très haut niveau. La complicité entre Seth Rogen, gros ours barbu, totalement barge et son épouse, Rose Byrne, mère indigne qui laisse traîner ses sextoys partout, surtout dans la chambre de sa fille de deux ans, est encore plus forte. On devine que le tournage est souvent parti en live, ces deux-là se lançant dans de folles improvisations.
Dans les bonus, en plus d’un making of et de longs entretiens avec tous les acteurs, on se délecte d’un bêtisier d’anthologie et d’une dizaine de scènes coupées, souvent des versions longues de passages plus ramassés dans la version finale.
➤ « Nos pires voisins 2 », Universal Vidéo

jeudi 24 novembre 2016

Cinéma : "La fille de Brest", l'affaire du Médiator, du sang et des larmes

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Emmanuelle Bercot adapte le combat d’Irène Frachon contre le médicament des laboratoires Servier. Une fiction aussi forte qu’un documentaire.

Fille de chirurgien, Emmanuelle Bercot, avant de devenir cinéaste, a longtemps voulu marcher sur les traces de son père. Elle confie dans le dossier de presse que ses « loisirs préférés du mercredi, du samedi, c’était d’aller voir mon père opérer. Dès l’âge de 10-12 ans, j’ai passé beaucoup de temps dans les blocs opératoires. » Au bloc, on y entre dès les premières scènes. Une opération à cœur ouvert. Irène Frachon (Sidse Babett Knudsen), pneumologue, y assiste car l’opérée est une de ses patientes, une de ces femmes qui ont pris du Médiator pour maigrir et qui se retrouvent avec une déficience des valves cardiaques. Une première scène choc, où le travail des soignants est filmé cliniquement. Un cœur malade, du sang et le Médiator, véritable bombe à retardement qui donnera par la suite beaucoup de larmes. Irène Frachon est considérée à juste titre comme une des premières lanceuses d’alerte française. Rien ne destinait cette médecin à devenir une justicière de la santé. Le film raconte comment elle a découvert le point commun à beaucoup de malades cardiaques au CHU de Brest où elle officie.
Le Médiator, médicament antidiabétique prescrit par les médecins comme coupe-faim revient régulièrement. Un peu trop. Elle alerte les autorités sanitaires. En vain. Tout change quand elle parvient à convaincre une équipe de chercheurs menée par le professeur Antoine Le Bihan (Benoît Magimel, étonnamment sobre dans son jeu pour une fois) à mener une étude sur un cas clinique. Les résultats sont effrayants. Non seulement le Médiator rend malade, mais il cause la mort de plusieurs personnes. La preuve avec la seconde scène difficilement supportable du long-métrage, l’autopsie d’une des victimes du médicament. Quand Irène Frachon tient dans ses mains ce cœur inerte, on comprend qu’elle ira jusqu’au bout de son combat, quitte à mettre en danger sa vie privée, son couple et l’équilibre de ses enfants.
■ Colères et grimaces
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Film aussi austère que le climat breton, « La fille de Brest » est pourtant loin d’être une démonstration laborieuse du difficile combat des « petits » contre les « grands ». Surtout en raison de l’interprétation de Sidse Babett Knudsen, totalement investie dans son rôle. Quand plus rien ne va, elle sait forcer le trait de son personnage. Colères homériques avec force injures en Danois ou grimaces outrancières pour tenter de mettre un peu de légèreté dans le drame, c’est toujours dosé au millimètre, crédible et efficace.
Et le plus fort reste le fait que cette histoire compliquée de molécule, de pressions et de scandale sanitaire, parvient à émouvoir le spectateur. Quand enfin les médias, tous les médias, s’emparent du scandale, comme Irène Frachon, on est soulagé, comme récompensé de ces sacrifices continuels. Et on a une pensée pour les centaines de victimes, la seule énergie qui fait fonctionner ce bout de femme tenace et infatigable.

mercredi 23 novembre 2016

Thriller : La glace de la résurrection dans "Le cadavre était presque parfait"

Un cadavre venu du passé sème le désordre sous l’œil débonnaire du héros très british imaginé par Giles Milton.
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Un bon héros récurrent de roman policier doit avoir un métier atypique. Terminé le temps ou commissaire ou détective privé suffisait à le rendre intéressant. Giles Milton, qui semble bien décidé à faire vivre plusieurs aventures à son personnage Jack Raven, n’a pas choisi la facilité côté CV. Jack, professeur british, est exactement « paléopathologiste, spécialisé en anthropologie médico-légale ». Ce que sa dernière cliente résume par « spécialiste en cadavre, c’est l’expert en criminologie archéologique le plus qualifié du milieu. »
En plein été, alors qu’il s’ennuie et se lamente car sa petite amie (une journaliste allemande) vient de le quitter, il reçoit une proposition qu’il ne peut refuser. Zakron, société américaine spécialisée en cryogénie veut ses lumières pour identifier le cadavre d’un homme entièrement nu et parfaitement conservé retrouvé dans les glaces du Groënland. Rapidement il s’aperçoit que sa venue n’est pas souhaitée par tous les membres du conseil d’administration. Pour eux, le cadavre est celui d’un soldat américain disparu en 1944. Tout est déjà réglé pour le rendre, avec les honneurs, à sa famille.
■ Dégeler le mort
En réalité, le mort, absolument préservé dans la glace, sera le premier à tester une nouvelle technique pour « réveiller » des cadavres gelés. Zakron conserve dans ses frigos de riches clients persuadés que dans un lointain avenir, ils pourront être dégelés, être rajeunis, devenir quasi immortels. Une expérience top secret qu’un vulgaire Anglais ne doit pas ébruiter.
Cela n’empêche pas Jack de continuer ses recherches. Sur la raison du décès et l’identité du mort. Quand il découvre la vérité, il est trop tard : l’expérience a débuté. Or il ne s’agit pas du tout d’un soldat américain. Les multiples cadavres qui jonchent les pages suivantes lui donnent malheureusement raison. Une seule chose importe désormais : arrêter ce massacreur venu du passé.
Entre polar classique, notamment avec l’intervention de policiers pas très futés, précis de science-fiction et récit historique voire fantastique, ce roman tape large dans les intérêts des lecteurs. Et comme l’ensemble est cohérent et parfaitement écrit, on en ressort avec l’impression d’être beaucoup plus intelligent concernant la seconde guerre mondiale au Groënland, les techniques de cryogénie et même les secrets pour séduire les jolies femmes américaines divorcées avec enfants à charge. Tout cela grâce aux lumières de Jack Raven.
➤ « Le cadavre était presque parfait », Giles Milton, Buchet Chastel, 22 €

mardi 22 novembre 2016

Littérature : Philippe Claudel originel


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Court roman paru en 2001, « Au revoir Monsieur Friant » de Philippe Claudel est une pépite d’émotion et de style. Le lauréat du Renaudot et du Goncourt des lycéens explique avoir écrit de texte après avoir remporté quelques succès publics, comme pour se rassurer sur sa capacité à écrire naturellement. En racontant la vie d’Emile Friant, peintre originaire de Nancy du début du XXe siècle, il met surtout en scène sa grand-mère adorée et sa propre jeunesse. Douceur de la jeunesse, exaltation de l’adolescence, premières amours (« Les amours juvéniles entretiennent des parentés avec les grandes diarrhées et comme pour elles, heureusement, peu de choses suffit à les faire passer »), on trouve tout l’univers personnel si intense de l’auteur des « Âmes grises » et du « Rapport de Brodeck », merveilleusement adapté en bande dessinée par Manu Larcenet.
➤ « Au revoir Monsieur Friant », Philippe Claudel, Stock, 13,50 €

De choses et d'autres : Plus dure sera la chute pour l'ancien président trop pressé

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Après un échec, la renaissance en politique n’est pas chose aisée. Nicolas Sarkozy pourrait en faire un nouveau livre qui le propulserait immédiatement en tête des ventes. Mais bien vendre un programme ne signifie pas être victorieux dans les urnes. Bête politique comme rarement le microcosme en aura enfanté, Nicolas Sarkozy a cru jusqu’au bout pouvoir se relever de sa défaite en 2012. Aujourd’hui, sa troisième place, la pire dans un scrutin à deux tours, le plonge dans les oubliettes de la vie publique. Pour certains, il va falloir passer par une phase de désintoxication. Laurent Joffrin, dans son éditorial pour Libération y va même de sa petite larme : « Pour un peu, Sarkozy va nous manquer ».
Tout avait mal commencé pour l’ancien président. Certains sites ont comparé sa façon de voter avec celle de ses challengers. Quand Alain Juppé reste longuement dans la file et que François Fillon semble un quidam parmi tant d’autres, Nicolas fonce, double tout le monde, vote, serre quelques mains et part sans même payer les deux euros. Résultat, dès midi sur les réseaux sociaux, sa façon de bousculer les lignes, de tout faire au pas de charge, qui a longtemps été un atout, devient une tare.

Sarkozy passe devant tout le monde dans son... par LeHuffPost
Parti le dernier en campagne, Nicolas Sarkozy a cru pouvoir rattraper son retard avec quelques sprints dans les dernières semaines. Mais à trop vouloir doubler la piétaille, un jour, elle vous fait un croc-en-jambe. 
(Chronique parue le mardi 22 novembre en dernière page de l'Indépendant du Midi)

lundi 21 novembre 2016

BD : Vincent, un saint au temps des mousquetaires

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Martin Jamar, dessinateur maniant la couleur directe comme personne, n’a quasiment travaillé que sur des scénarios de Jean Dufaux. Une équipe rodée qui, après des séries longues, semble avoir cherché plus de légèreté dans « Vincent », épisode de la vie de Saint Vincent de Paul dans ce Paris de 1643. Le saint homme, à l’époque, n’est qu’un simple prêtre, fondateur de la première Confrérie de la Charité. Aider les pauvres, voilà son sacerdoce au quotidien. Ce long album de plus de 60 pages, suivi d’un texte d’éclairage historique, raconte comment Vincent aide filles de la rue, enfants abandonnés et clochards au passé sombre. Sans distinction, juste au nom de cette charité qui déjà à l’époque donnait bonne conscience aux puissants et privilégiés.
➤ « Vincent », Dargaud, 21,50 € 

De choses et d'autres : l'autre primaire

jdd.jpgHier j’ai voté pour Alain Juppé. Pour Manuel Valls aussi. Et comme je me sentais bien chaud dans mon isoloir, j’ai aussi donné ma voix à François Fillon et Ségolène Royal. Car moi aussi hier j’ai participé à la primaire. L’autre, pas celle de la droite et du centre. La primaire (gratuite celle-là) organisée par le Journal du Dimanche pour désigner les nouvelles têtes à intégrer aux propositions des célébrités concourant pour le top 50 des personnalités préférées des Français.
Sur internet, cinquante noms sont proposés. Chaque votant a droit de cocher dix cases. Après avoir choisi quatre politiques, loin d’être des perdreaux de l’année, je cherche six nouveaux noms pour insuffler un peu de jeunesse et de fougue dans le classement. Je ne sais pas qui a établi la liste, mais j’ai vite déchanté. Entre Maître Gims, Cyril Hanouna, Norman ou Cyprien, Karine Lemarchand reste la « jeune » la moins pire. Il me faut rajouter cinq noms.
Pour me la jouer cultivé, je veux désigner un écrivain. J’ai le choix entre Marc Lévy, Guillaume Musso et Jean d’Ormesson. Passons donc. Finalement je rajoute, par élimination comme toujours dans les primaires, Laurent Ruquier (il m’a toujours fait rire), Guillaume Canet (sa compagne Marion Cotillard est déjà dans le classement, pas de jaloux) et les jamais retraités Michel Drucker, Alain Delon et Jacques Dutronc. Et tout ça pour qu’au final ce soit Jean-Jacques Goldman ou Omar Sy qui l’emportent…
 (Chronique parue le lundi 21 novembre 2016 en dernière page de l'Indépendant du Midi)

dimanche 20 novembre 2016

Cinéma : Polina, tiré d'une BD de Bastien Vivès

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Il fait partie des dynamiteurs de la bande dessinée actuelle. Bastien Vivès comme nombre d’auteurs de sa génération a débuté par un blog. Des histoires courtes, souvent avec le même dessin répétitif, et des dialogues entre surréalisme et absurde. Un ton unique, rapidement repéré par les éditeurs, notamment Casterman. Son dessin entre brouillon et estampe, lui permet d’enchaîner les romans graphiques à succès. « Le goût du chlore », « Dans mes yeux » puis le très réussi « Polina ». Bastien Vivès, invité d’Augustin Trapenard sur France Inter le 2 novembre, a reconnu avoir eu « très très peur » de voir l’adaptation de sa bande dessinée au cinéma. « Mais je peux dire que je l’aime », a-t-il ajouté aussitôt. Surfant sur le succès, Bastien Vivès travaille désormais en équipe. Il a publié « La grande Odalisque » (Dupuis), sorte d’hommage intello au dessin animé « Cat’s Eye » puis « Lastman » (Casterman), manga à la française qui vient de s’achever avec le 9e tome avant d’être adapté en dessin aimé si la campagne de crowfunder est un succès.

BD : les aventuriers du passé du "Chronosquad"


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Efficacité, lisibilité, rapidité. Le premier tome de « Chronosquad », nouvelle série dessinée par Panaccione sur un scénario de Giorgio Albertini se dévore malgré ses 240 pages très copieuses. Et si vous refermez l’album, frustré de ne pas en connaître immédiatement la suite, rassurez-vous la saga (qui fera au total plus de 800 pages) sera bouclée dans l’année, l’épisode 2 étant programmé dès janvier. Dans un futur proche, la mode sera de passer ses vacances dans le passé. Des voyages dans le temps, surveillés par les agents du Chronosquad, sorte de police d’élite qui, en plus de connaissances en armes et combat au corps à corps, doit être experte en Histoire et langues anciennes. Bloch Telonus, va enfin intégrer cette institution. Spécialiste du Moyen âge il est pourtant expédié en Égypte ancienne. Deux jeunes viennent de fuguer d’un camp de vacances. Deux adolescents, avec portables derniers cris, au milieu des tribus sur le Nil... Bloch, maladroit et un peu obsédé, va vite déchanter. Son rêve est un véritable cauchemar. Et visiblement, les voyages dans le passé ne forment pas la jeunesse.
➤ « Chronosquad » (épisode 1), Delcourt, 25,50 €

samedi 19 novembre 2016

BD : "No Body", histoires d'un tueur


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Les séries bouclées rapidement, comme des saisons de feuilletons télé, s’imposent dans le monde de la BD. Même des auteurs français se plient à ces exigences de rapidité. Christian De Metter, après avoir adapté des romans (Shutter Island et Au-revoir là-haut) se lance en solo dans un thriller américain. Tout commence dans une prison du Montana. Une jeune psychologue vient dresser le profil d’un homme de 57 ans accusé d’avoir tué et découpé en morceaux son coéquipier. Mais il a fait beaucoup plus selon ses dires. Mis en confiance il raconte comment il est devenu ce monstre à sang-froid, capable du pire. Le premier épisode se déroule durant les années 60, quand la jeunesse américaine se rebellait contre la guerre du Vietnam. Dessiné d’un trait nerveux avec juste ce qu’il faut de réalisme, la BD prévue en quatre volumes, bénéficie d’une mise en couleurs qui renforce le côté sombre du récit. Une belle réussite dont la suite est annoncée en avril prochain.
➤ « No Body » (épisode 1), Soleil Quadrants, 15,95 €

De choses et d'autres : Tous présidents !


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S’ils sont sept à la primaire de la droite, sans doute encore plus nombreux pour la gauche, pourquoi n’envisageriez-vous pas aussi votre propre destin présidentiel ? Ou plutôt « le tien » car les auteurs de ce manuel sur « tout ce qu’il faut savoir pour remporter brillamment une élection » ont tendance à tutoyer le lecteur. Le titre du livre est éloquent : « Toi, président de la République ».
Joliment présenté avec du bleu, du blanc et du rouge en couverture, ce carnet qui ne se prend pas au sérieux bénéficie d’une fabrication soignée avec rabats et élastique tricolore. Même si, comme le programme de Montebourg, il a été imprimé à l’étranger. En Espagne cette fois.
Grâce aux tests, jeux et autres exercices pratiques, vous saurez si vous avez une chance de devenir « l’homme providentiel que tous les Français attendent. » Mais dans un premier temps vous apprendrez à choisir une cravate, un nom et un logo pour votre parti et même à éviter les questions pièges de Jean-Jacques Bourdin.
Après, si vous êtes élu, remerciez les auteurs, Arnaud Demanche et Stéphane Rose. Un conseil : ne vous faites quand même pas trop d’illusions sur ce coup-là.
➤ « Toi, président de la République », Jungle, 9,90 €

vendredi 18 novembre 2016

SOLEIL AMER. Jacques Verdier raconte les amours compliquées voire impossibles entre deux jeunes provinciaux des années 70 que tout oppose.
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Amateurs de rugby passez votre chemin. Jacques Verdier, directeur du Midi Olympique, « bible » des amateurs de XV, grand spécialiste des groupés pénétrants et autres « up and under », abandonne le temps de ce roman son domaine de prédilection. Preuve que le sport mène à tout, à condition d’en sortir... Par contre Jacques Verdier fait partie de ces hommes qui n’oublient jamais leurs racines, l’action du roman se dé- roulant à Saint-Gaudens, cité pyrénéenne où il a lui même usé ses fonds de culottes dans sa jeunesse. Il admet d’ailleurs avoir instillé un peu de son adolescence dans le personnage de Pierre, piochant dans ses souvenirs pour apporter quelques touches de vérité.
L’authenticité est d’ailleurs l’impression générale qui ressort de la lecture de ce texte entre chronique rurale, roman d’apprentissage et portrait d’une France provinciale défunte. Le roman est construit comme un dialogue à deux voix. Pierre et Juliette, chacun de leur côté, sans encore se connaître, partagent leur quotidien avec le lecteur
. Pierre est le fils d’un couple aimant. Mais quand le père meurt subitement, le monde de cet adolescent solitaire, passionné de dessin, se fissure, « J’essayais, mais en me cachant, déchirant les pages aussitôt dessinées, de tracer les contours du visage de mon père sur son lit de mort, sa rigidité mortuaire. Ce n’était pas vraiment un portrait. Je ne voulais pas restituer son visage tel qu’il me revenait dans mon souvenir, mais ses angles, ses creux, son vide, la couleur de la mort. »
■ Léo Ferré, le point commun
L’image du père de Juliette, l’autre protagoniste du roman, est radicalement différente. Ce chirurgien, abreuvé des discours révolutionnaires et libertaires de Mai 68, est un notable aux mœurs plutôt dissolues. Sa femme, adepte de l’amour libre, participe à ses jeux sexuels. Juliette, encore enfant, les surprend un jour lors de vacances en Espagne. Depuis elle est partagée entre dégoût et envie.
Adolescente, sans doute par provocation, elle devient une de ces « filles faciles » qui rencontrent tant de succès auprès des jeunes hommes. Des plus âgés aussi. « Rico me fait signe de le suivre. Je suis sa proie, sa chose. Ça ne me plaît pas. Ça ne me déplaît pas non plus. Ce n’est pas moi, cette fille à moitié saoule qui suit ce mec de trente ans. »
Autant la partie Pierre est sage, nostalgique, parfois presque digne d’un roman de terroir, autant les passages avec Juliette sont chauds et osés. Deux mondes qui se côtoient sans se croiser dans ces années 70 si particulières.
Pour les rapprocher, Jacques Verdier trouve le vecteur parfait : Léo Ferré. Pierre adore ce poète d’un nouveau genre, Juliette adhère à ses idées anarchistes, voire nihilistes. Ferré incarnation d’une époque capable d’être corsetée dans une rigidité extrême tout en vénérant ces personnalités si scandaleuses et provocatrices. Une fracture irrémédiable. Qu’illustre la difficulté pour Pierre et Juliette de trouver une façon de s’aimer. Car « Soleil amer » est aussi (et surtout) un roman d’amour. Un amour fou et absolu, de ceux qui ne durent pas et laissent des cicatrices à vie.
L’écriture fluide et imagée de Jacques Verdier emporte le lecteur loin dans cette histoire passionnée. On vibre avec Pierre quand il boxe ou au côté de Juliette lors de ses promenades à cheval sur les bords de Garonne. Deux personnages lumineux, que l’on quitte à regret. A moins que l’auteur ne se dé- cide d’imaginer une suite à leur relation. Dans les années 80 ?
➤ « Soleil amer » de Jacques Verdier, éditions Anne-Carrière, 19,50 € 
(Chronique parue le dimanche 13 novembre dans la page livres de l'Indépendant)

De choses et d'autres : procès médiatique ou « médiumnique » ?

Triste spectacle mercredi dans la cour d’assises de Clermond-Ferrand. Dans le procès sans doute le plus médiatisé de l’année, une « médium », selon ses propres affirmations, a fait son show en toute impunité. Pourtant l’affaire dé- battue entre ces murs austères ne prête pas à rire et n’a pas besoin de cet intermède digne du théâtre de grand-guignol : la petite Fiona, est présumée morte sous les coups de sa mère ou de son beau-père, son corps, enterré par les parents qui avaient prétendu à un enlèvement, demeure introuvable.
Julietta, donc, a contacté l’avocate de la partie civile en prétendant détenir des informations sur la localisation de la sépulture de la petite martyre. Sans la moindre vérification, le président accepte de l’entendre pour découvrir, ébahi, que ce témoin, présumé clé, tient ses fameux indices de la fillette en personne. Après sa mort. En direct de l’au-delà.
Tristes carabistouilles qui se sont terminées par le malaise et la perte de connaissance du médium. Du grand-guignol on vous dit... Une demi-journée de débats perdue. Péripétie évitable si l’on avait consulté les enquêteurs. Ils ont entendu une fois Julietta. Juste pour se faire une opinion. Puis les inspecteurs, suite à ses nombreuses sollicitations, « m’ont dit d’arrêter de les faire ch… » selon les propres mots de la future évanouie. Pour le coup, le président de la cour d’assises aurait mieux fait de suivre l’exemple policier.

(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 18 novembre)

jeudi 17 novembre 2016

DVD : Vacances partagées et agitées en "Juillet Août"

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Les familles recomposées sont une nouvelle fois au centre d’une comédie française. Comme si le divorce était devenu une étape obligée dans la vie d’un couple.


Diastème s’empare du sujet pour le transformer en une tranche de vie tendre et émouvante portée par des acteurs en état de grâce. Elles sont deux sœurs. Inséparables, mais à cette période de la vie où on a plus l’occasion de se crier dessus que de partager ses bonheurs. Joséphine (Alma Jodorowsky) a 18 ans, est sérieuse tout en étant bien décidée de profiter de ces dernières vacances d’été avant sa rentrée en fac de Lettres. Laura, 14 ans, aimerait en avoir quatre de plus. Gamine qui se veut femme, elle rejette en bloc cette enfance qu’elle ne supporte plus. Comme chaque année depuis la séparation de leurs parents, c’est juillet en Provence et août en Bretagne. Juillet avec la mère (Pascale Arbillot) et août en compagnie du père (Thierry Godard).
juillet, aout, diatème, vacances, diaphana
Côté relation familiales, le film est en deux parties distinctes. Farniente au soleil du sud, au bord d’une grande piscine et villa de rêve dans un premier temps. Puis cours de voile sous la pluie et le vent quand le temps est venu d’aller en Bretagne. Dans le Sud, les filles sont libres. Très libres. Joséphine rencontre sur les quais trois jeunes vivant sur un bateau. Ils sont cools, mais pas si honnêtes que cela. Ce sera le fil rouge un peu « policier » qui permettra de faire le lien entre le Sud et l’ouest.
■ Petite musique
A côté ce sont les petites choses de la vie qui rythment cette période hors du temps. La menace de se retrouver en pension pour Laura qui multiplie les bêtises, la grossesse non désirée pour la mère, 44 ans, qui a refait sa vie avec un éditeur, beaucoup plus âgé et au bord de la faillite. Pour le père, il est fou amoureux d’une serveuse de restaurant, beaucoup trop jeune à son goût. Des moments savoureux et justes, ponctués de petites chansons résumant l’état d’esprit des différents protagonistes.
On relèvera au casting la présence de Lou Chauvain dans le trio des « bandits branquignols », actrice originaire de Perpignan déjà vue dans la série Peplum et plus récemment au générique du télé- film à succès « La main du mal ». Le DVD offre sept scènes coupées commentées par Diastème qui explique, en dé- tail, pourquoi elles n’ont pas été retenues au final dans le montage définitif.
➤ « Juillet Août », Diaphana, 19,99 €

De choses et d'autres : Météo politique

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On ne plaisante pas avec la météo. Depuis la nuit des temps, la température et l’humidité conditionnent la vie des humains. Hervé Morin l’a bien compris. Président de la région Normandie, il vient de se plaindre à TF1. En cause le choix de la ville qui illustre le temps qu’il fait en Normandie. Trop souvent c’est Cherbourg qui est retenue.
L’élu qui a à cœur de promouvoir sa région souligne que cette ville est située sur « la presqu’île du Cotentin qui constitue un point plutôt froid et pluvieux, et ne reflète pas la réalité du climat normand. » Comment ? Il ne pleut pas toujours en Normandie et on nous le cache ? Les climato-sceptiques auraient-ils fomenté un complot ? Et l’homme politique de conseiller à TF1 d’oublier Cherbourg et de prendre plutôt en exemple Granville ou Caen. «Pour véhiculer une image plus sincère de notre climat », précise Hervé Morin.
Une rapide recherche sur internet donne raison à Hervé Morin quant aux précipitations. L’hiver dernier, il est tombé 480 mm à Cherbourg et seulement 204 à Caen. Idem au printemps, 258 mm contre 178. TF1, par la voix d’Evelyne Dhéliat, a accepté de suivre les recommandations du président normand, « en espérant ainsi ne pas trahir la douceur normande. » Au quotidien, cela ne changera pas grand chose, mais il est des victoires qu’il faut savoir savourer. On devrait proposer à Hervé Morin un week-end dans les P.-O. ou l’Aude. Au moins, ici il fait toujours beau.
(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 17 novembre)

mercredi 16 novembre 2016

Cinéma : "Tanna", Roméo et Juliette de la jungle

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Extraordinaire film que ce « Tanna » de Bentley Dean et Martin Butler, deux documentaristes australiens.


Entièrement tourné sur l’île de Tanna au Vanuatu, avec des acteurs amateurs interprétant souvent leur propre rôle (le chef, le chaman...), il raconte la bouleversante histoire d’amour entre Wawa et Dian. Une romance qui a été plus forte que les lois ancestrales qui imposent les mariages arrangés entre tribus.
■ Kastom, ombre agissante
L’action se déroule sur une des îles de ce petit archipel mélanésien entre NouvelleCalédonie et Papouasie, au cœur de l’océan Pacifique. La vie s’écoule paisiblement dans le village de Yakel, quelques cases dans la forêt tropicale, avec le volcan Yahul a proximité, considéré comme la mère spirituelle de la tribu. Les hommes chassent et cultivent, les femmes nettoient des nattes dans la rivière, les enfants jouent, libres et insouciants. Durant la première partie du film on suit à la trace la jeune Selin (Marceline Rofit, formidable de spontanéité et de fraîcheur). Moins de dix ans, espiègle, têtue et déjà très intéressée par les choses de la vie. Elle observe notamment sa grande sœur Wawa (Marie Wawa) qui vient de devenir femme. Wawa sait qu’elle va être mariée avec un homme d’une autre tribu. Pourtant elle est irrésistiblement attirée par Dain (Mungau Dain), le petit-fils du chef. Mais selon les traditions édictées par la Kastom, (la cosmologie traditionnelle du Vanuatu, elle comprend un système de lois et de croyances, des chants et des danses, et une structure sociale patriarcale) Wawa ne peut pas s’unir à Dian.
■ Mariage arrangé
Les choses se compliquent quand les Imedin agressent le chaman des Yakel. La guerre menace. Pour apaiser les esprits, il est décidé que Wawa sera la femme du fils des Imedin. Rage de Dain. Désespoir de Wawa. Les deux amoureux partent dans la forêt, consomment leur union et iront clamer leur amour au sommet de Yahul. Le film, inspiré d’une histoire vraie, a des airs de Roméo et Juliette. Un amour impossible, deux clans, du poison... Mais il permet surtout de dé- couvrir les rites et le mode de vie de ces tribus mélanésiennes préservées.
Œuvre de fiction, « Tanna » s’apparente aussi à un documentaire car tout est authentique, des cases aux habits en passant par les danses rituelles. Film de témoignage, il est d’une réelle beauté. Beauté pure et immaculée des acteurs amateurs, des paysages et de certaines prises de vue comme les courses dans la forêt, la lave en fusion ou les méditations des chefs, la nuit devant un feu au pied d’un immense arbre. De la poésie à l’état pur, un voyage intemporel à ne pas manquer.

De choses et d'autres : La super Lune est signée Hergé

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Entre 700 000 et 900 000 euros. Telle est l’estimation de la planche de l’album « On a marché sur la Lune » des aventures de Tintin et Milou mise en vente samedi à Paris par Artcurial. Près d’un million d’euros pour une feuille de papier de 50 cm de haut et 30 de large, recouverte de 12 cases dessinées en noir et blanc.
La société de ventes aux enchères explique dans son catalogue, après avoir décrit l’œuvre : « Cette planche peut se résumer tout simplement par « on a marché sur la Lune ! » Objectivement, je me demande si ce prix exorbitant est justifié. Car à la base, n’oublions pas qu’il ne s’agit que de bande dessinée, destinée à être publiée dans une revue puis en album. Une histoire déjà imprimée à des millions d’exemplaires. Réalisée en 1954, la planche n’est même pas signée par Hergé. Il se peut d’ailleurs qu’il n’en ait que supervisé la réalisation finale par les membres de son studio (à l’époque Bob de Groot, Jacques Martin ou Roger Leloup) sollicités pour redessiner les anciens albums mais également permettre au maître de tenir les délais.
Sans compter qu’il ne s’agit que d’un assemblage de cases, car la version album a dû être réduite pour rester dans les 62 pages classiques. Bref, même si ces dessins ont fait rêver des millions de gamins, il ne s’agit pas réellement d’un « original » de Hergé. Juste une douce folie pour un nostalgique suffisamment riche pour l’accrocher dans son salon. 

Livres de poche : condensés des noirceurs américaines

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En répondant à cette mystérieuse annonce, les vingt-trois protagonistes d’« A l’estomac », roman de Chuck Palaniuk, s’imaginaient couler des jours tranquilles dans un endroit de rêve. Oui, mais voilà, l’endroit en question, un théâtre délabré est... terrifiant. Isolés du monde, maltraités, nos écrivaillions s’affolent et leurs écrits, qui composent le livre, de plus en plus déviants.
➤ « A l’estomac », Points, 8,20 €
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Alex et Leslie Twisden mènent une vie radieuse : jobs en or, luxueux hôtel particulier en plein Manhattan et mariage passionnel. Ils vont en Slovénie pour avoir des enfants. Dix ans plus tard, couvés et dorlotés, les jumeaux Alice et Adam sont pourtant enfermés chaque soir dans leur chambre. La suite, toujours de Chase Novak, vient de paraître aux éditions Préludes.
➤ « Conception », Le Livre de Poche, 7,90 €
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A la suite de son enquête sur le Grand Maître, l’inspecteur Sunderson, ultime héros imaginé par Jim Harrison, n’aspire qu’à se mettre au vert dans un bungalow du Nord-Michigan. Mais quand la jeune Lily Ames, qu’il employait comme femme de ménage, est violemment assassinée en pleine saison de pêche à la truite, l’inspecteur décide que la coupe est pleine et reprend du service.
➤ « Péchés capitaux », J’ai Lu, 7,60 €

mardi 15 novembre 2016

BD : Sangre, une vengeance en sept parties

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Nouvelle héroïne dans l’univers de Troy issu de l’imagination foisonnante d’Arleston. Sangre est une fillette dans les premières pages de l’album dessiné par Adrien Floch (Les naufragés d’Ithaq). Elle accompagne ses parents en chemin pour vendre leur production agricole. Une bande d’écumeurs les attaque. Le père et le frère de Sangre sont assassinés sous ses yeux, sa mère enlevée par cette bande de sept sauvages chevauchant des dragons. Dès lors, Sangre n’a qu’une idée, se venger. On la retrouve adulte, dotée du pouvoir de figer le temps, sur la trace d’un prêtre qui a aidé les tueurs. Une série d’Arleston un peu plus sombre, moins comique, mais très prenante. Huit tomes sont prévus pour clore le premier cycle.
➤ « Sangre » (tome I), Soleil, 14,95 €

De choses et d'autres : Quand Alain Juppé manie l’ironie après sa sortie sur le Prisunic

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Dimanche, invité sur France 3, Alain Juppé a commis une bourde énorme, colossale, quasiment éliminatoire dans la course à la présidence tant elle est révélatrice de son incompétence. Pour parler du revenu universel il ose cette comparaison : « Est-ce que tout le monde va le toucher, de madame Bettencourt jusqu’à la vendeuse de Prisunic ? » Oui, vous avez bien lu : Prisunic ! Immédiatement les gardiens de la modernité s’offusquent. Quel homme politique prétendant devenir président cite des magasins qui n’existent plus depuis 15 ans ? Totalement hors sol. Car oui, sur les réseaux sociaux, le débat se résume à des détails de cet acabit (cf les chocolatines).
Le maire de Bordeaux, si souvent brocardé pour son grand âge et son sérieux de croque-mort réplique en maniant une ironie digne d’un maître es communication. Hier matin sur RTL, après avoir admis qu’il ne se rend plus au Prisunic mais au Monoprix faire ses courses, il se lance dans un véritable sketch pince-sans-rire : « Je bats ma coulpe. J’ai fait une énorme connerie. C’est épouvantable. Ça disqualifie ma candidature à la présidence de la République, je le reconnais volontiers. »
Se moquer des moqueurs, quelle jolie réaction. Car à la fin de son intervention il en rajoute une couche : « Quand on est maire depuis vingt ans, on sait ce que c’est que - pardon, à nouveau, les supérettes de proximité. Mais c’est peut-être pas comme ça que ça s’appelle... » 

lundi 14 novembre 2016

De choses et d'autres : Facebook s'offre quelques petites morts éphémères

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D’un coup d’un seul, deux millions de personnes sont passées de vie à trépas durant quelques minutes vendredi dernier. Un décès éphémère et heureusement virtuel, uniquement sur Facebook.
En tête des profils touchés, un petit mot de condoléances tout à fait dans le ton du réseau social : « En souvenir de (nom du titulaire de la page), nous espérons que ceux qui aiment (prénom) trouveront du réconfort en voyant ce que d’autres partagent en hommage à sa vie. » Certains ont donc découvert qu’ils étaient considérés comme morts. Drôle de surprise que ces « petites morts éphémères » ? « Une terrible erreur » de la société selon les explications des responsables de la communication.
La fonctionnalité « En mémoire » n’est déclenchée que si Facebook est informé de la disparition d’une personne par sa famille et uniquement après que cette dernière ait présenté une preuve du décès. Deux millions de morts d’un coup signifient forcément un gros bug quelque part.
À moins que ce coup d’éclat ne soit l’œuvre d’un pirate car dans le lot des tré- passés figure le fondateur de Facebook. J’imagine le hacker acnéique, terré dans son trou sombre, repu de hamburgers et ricanant telle une hyène au moment de détourner cette fonctionnalité et de l’appliquer à ce Mark Zuckerberg honni, tant à cause de ses milliards que de sa propension à se considérer comme le maître du monde. Ce qu’il est peut-être un peu avec son droit de vie ou de mort sur tous les membres de son réseau. 

BD : Le nouvel Ulysse est une femme

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A l’heure des romans graphiques trop souvent au dessin bâclé par manque de temps, saluons les 272 pages des « Voyages d’Ulysse » écrites par Sophie Michel et dessinées par Emmanuel Lepage avec l’adjonction de tableaux et esquisses de René Follet. Jules Toulet, jeune peintre sans le sou, voyage dans la Méditerranée. Il embarque sur le navire de Salomé dont le port d’attache est Santorin en Grèce. La jeune femme recherche un peintre, un certain Ammôn, spécialisé dans les représentations des classiques grecs. Cette belle histoire où Lepage est Toulet et Ammôn, Follet, son maître dans la vraie vie, est aussi celle d’une femme qui se comporte comme un homme dans un monde très machiste. On pourrait rester de longues minutes devant chaque dessin, planche et esquisse tant les deux illustrateurs sont talentueux. Des originaux que l’on peut admirer jusqu’au 16 novembre à la galerie Daniel Maghen, 47 quai des Grands-Augustins, à Paris
➤ « Les voyages d’Ulysse », Daniel Maghen éditions, 29 €


dimanche 13 novembre 2016

BD : Les Tuniques Bleues, entre 60e album et hommage des nouvelles générations


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60 ! Le compte est bon. Le 60e album des Tuniques Bleues vient de paraître. Lambil et Cauvin continuent la saga de Blutch et Chesterfield avec une régularité parfaite. Malgré l’âge, 78 ans pour le plus jeune, 80 pour le plus âgé. Alors certes on ne retrouve plus la fraîcheur et l’humour du début, mais le côté madeleine fonctionne parfaitement. D’autant que « Carte blanche pour un Bleu » donne l’occasion à Blutch de revisiter quelques décors cultes et retrouver des personnages marquants. Le tout pour rendre la mémoire à un Chesterfield devenu amorphe depuis une énième charge.

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On peut lire ce 60e titre en parallèle avec le recueil d’histoires courtes réalisé par quelques « jeunes » des éditions Dupuis. Des versions comiques (Sti, Dutto, Pau, Munuera) d’autres plus réalistes et sombres comme cette charge contre l’esclavagisme de Schwartz ou la protection des Indiens par Renaud Collin. Des hommages comme pour mieux prendre conscience de la richesse de cet univers qui a débuté en 1968 dans les pages du journal Spirou, soit bientôt un demi-siècle.
➤ « Les Tuniques bleues » (tome 60), Dupuis, 10,60 €
➤ « Des histoires courtes des Tuniques Bleues par… », Dupuis, 19 €


DVD et blu-ray : Un peu d’horreur pour les fêtes avec « Krampus » et « The Darkness »

Halloween vient à peine de mourir de sa belle mort dans une crise de foie carabinée (merci les bonbons) que les fêtes de fin d’année pointent le bout de leur nez. Saint-Nicolas, Noël, jour de l’An : il y en aura pour tout le monde. Et pour frissonner pour une bonne raison (en clair, la crise ne nous permet plus de payer la facture d’électricité), regardons sans scrupule ces deux films d’horreur, aux effets soignés et aux ressorts parfois pré- visibles mais toujours efficaces.
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Le « Krampus » est une création de l’imaginaire autrichien. L’ombre de Saint-Nicolas ne vient pas chez les petits enfants pour récompenser, mais pour punir. Le film de Michael Dougherty avec Adam Scott et Toni Collette débute comme une comédie un peu borderline. La famille modèle américaine doit accueillir les cousins, beaucoup moins présentables. Choc de civilisations qui fait bien rire durant les 20 premières minutes. Ensuite, l’angoisse prend le dessus. Une tempête de neige s’abat sur le quartier résidentiel et tout le monde est piégé dans la maison. Le Krampus attend que le feu s’éteigne pour passer par la cheminée et tuer tout le monde. Il reçoit l’aide de quelques marionnettes démoniaques, d’elfes terrifiants et de biscuits de Noël au rire sardonique. Les effets spéciaux sont remarquables et le Krampus véritablement effrayant avec ses cornes, ses sabots et ses lourdes chaînes. Un bon moment à regarder au chaud, entre copains voire en famille, avec au final un succulent bêtisier preuve que même sur le tournage des films d’horreur on aime faire des farces et bien rigoler...
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Ambiance totalement différente dans « The Darkness », production US de Greg McLean avec Kevin Bacon en vedette et non sorti en salles. Mais on retrouve quand même la structure familiale américaine classique avec un couple et ses deux enfants, une fille et un garçon. La différence réside dans la personnalité de Mickey : c’est un autiste qui passe ses journées à la maison malgré ses 11 ans. Mickey qui, lors d’un pique-nique dans le Grand Canyon, découvre dans une grotte, des pierres gravées indiennes. Attirées par leur beauté, il les met dans son sac à dos. Malheur ! Ce sont les prisons virtuelles de démons qui cherchent à entraîner le monde dans les ténèbres. L’attitude de Mickey va changer et la famille se fracturer. La fille devient anorexique, la mère paranoïaque et le père devra faire d’énormes efforts pour ne pas céder aux avances d’une ravissante stagiaire. La fin du film, très prévisible, manque un peu de noirceur. Alors vous pouvez profiter dans les bonus d’une conclusion alternative. Avec les Américains, il semble que cela soit tout blanc ou tout noir. Car cette version non seulement s’achève très mal pour la famille mais en plus laisse entendre que ce n’est qu’un dé- but. Au moins on a le choix et ce n’est pas un de ces films français où le générique dé- bute alors qu’on attend encore la moindre action ou rebondissement...  
➤ « Krampus », Universal, 14,99 €
➤ « The Darkness », Universal, 14,99 €

samedi 12 novembre 2016

Polar historique : Intrigue à Prague dans "Le songe de l'astronome"


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Thierry Bourcy et François-Henri Soulié ont uni leurs plumes pour ce polar historique inédit se déroulant à Prague de 1601. L’empereur Rodolphe II a convié plusieurs personnalités à un repas pour que son astronome attitré, Tycho Brahé, présente sa théorie qui va à l’encontre de celle de Copernic. Sont présents une cantatrice aux formes voluptueuses, une noble anglaise et son mari cacochyme (en réalité c’est une redoutable espionne), un ambassadeur danois, un peintre flamand, un nain dévergondé, un représentant du Vatican, le médecin du roi et un autre astronome, plutôt copernicien.
Le château va se transformer en huis clos à la mort de Tycho Brahé. Le chef des gardes, Kassov, devra se transformer en enquêteur pour démasquer le coupable. Intrigue soignée, personnages étonnants, lieux mystérieux : tout dans ce roman est réussi.
➤ « Le songe de l’astronome », éditions 10/18, inédit, 7,50 €


De choses et d'autres : Précis de « gentillesses » politiques

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Le capitaine Haddock aurait fait un excellent homme politique. Du moins dans sa propension à insulter à tout-va à l’aide de jurons très imagés.
L’insulte en politique compte une longue histoire racontée avec force exemples édifiants par Bruno Fuligni dans un dictionnaire dont la nouvelle édition, « Spécial présidentielle 2017 », vient rafraîchir les mémoires. On ira avec délectation vers les entrées des possibles présidentiables comme Nicolas Sarkozy (« Pas méchant mais pas d’allure. En fait il est bien plus fade qu’on ne le croit » Ségolène Royal) ou Alain Juppé (« C’est Fabius en pire. Ce dernier avait un soupçon de sensibilité, l’autre je ne le pense pas » Nicolas Sarkozy).
Plus loin dans le temps, député puis sénateur des Pyrénées-Orientales, Jules Pams faisait les frais de la verve de Clemenceau : « Pams, ce n’est pas un nom, c’est un bruit ». On notera d’ailleurs qu’au début du XXe siècle, les insultes étaient très virulentes. De même le dénigrement antisémite n’était pas une légende, pour preuve les propos de Léon Daudet sur Léon Blum ou de Charles Maurras sur Abraham Schrameck, particulièrement nauséabonds.
➤ « Petit dictionnaire des injures politiques », L’Editeur, 19 €

vendredi 11 novembre 2016

Thriller : Il est des crimes impossibles à regarder

LA PRUNELLE DE SES YEUX. Ce thriller d’Ingrid Desjours entraîne le lecteur dans le monde sombre de la cécité.
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Entre Maya et Gabriel, le courant passe immédiatement. La jeune fille, Française installée en Irlande, cherche un nouveau travail. L’homme, la cinquantaine triomphante, profite de sa fortune pour visiter l’île. Mais il a besoin d’un guide car il est aveugle. Le roman d’Ingrid Desjours débute comme une gentille comédie. La guide avenante, le beau malvoyant, généreux et passionnant. Ils poursuivent leur collaboration en France, dans divers lieux de province.
En parallèle à ces scènes presque bucoliques, la romancière raconte l’entrée d’un adolescent dans une école supérieure. Une boîte privée qui « fabrique » les futurs dirigeants du pays. Mais il ne s’intègre pas. Il est en réalité infiltré comme journaliste en devenir pour dénoncer les pratiques de bizutage. On comprend rapidement que Gabriel est le père du jeune garçon. Que ce dernier est mort assassiné et que c’est de ce jour qu’il est devenu aveugle. Une pathologie rare, la cé- cité de conversion. En clair, les yeux fonctionnent parfaitement, mais le cerveau refuse de convertir ces images, le plus souvent après un profond traumatisme psychologique.
Construit avec une précision chirurgicale, le roman alterne scènes dans l’école, quelques jours avant la nuit tragique, et piège présent qui se referme sur Maya. Car Gabriel est persuadé que c’est cette jeune femme, pourtant charmante avec lui, dont il pourrait presque tomber amoureux, qui est la responsable de la mort de son unique enfant. 
➤ « La prunelle de ses yeux », Ingrid Desjours, Robert Laffont, 20 € (« Les Fauves », précédent roman d’Ingrid Desjours vient de sortir en poche chez Pocket)

jeudi 10 novembre 2016

Cinéma : L’insécurité sévit aussi en Iran selon "Le client", film primé à Cannes


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LE CLIENT. Sélectionné à Cannes et doublement primé, en course pour les Oscars, le nouveau film d’Asghar Farhadi raconte la vie quotidienne en Iran, entre problème de logement et insécurité.


Prix du scénario et prix d’interprétation masculine à Shahab Hosseini, Asghar Farhadi, une nouvelle fois, n’aura pas fait le voyage pour rien au dernier festival de Cannes. Déjà primé à Cannes pour « Le Passé » en 2013, il avait connu la consécration internationale en 2011 avec «Une séparation », Ours d’or à Berlin et Oscar du film étranger. En grand habitué des festival, il a pourtant tourné « Le client » en raison du blocage temporaire de son grand projet espagnol avec Penelope Cruz et Javier Bardem. Mais visiblement ce retour au pays («Le Passé» avait été tourné en France) l’inspire. Il filme la ville de Téhéran avec une grande acuité. Une ville tentaculaire, en pleine mutation.
C’est d’ailleurs le point de départ de l’histoire. Un matin, tous les habitants d’un immeubles doivent évacuer la bâtisse. Des travaux dans la rue ont fragilisé les fondations, les murs se fissurent, les vitres éclatent. Emad (Shahab Hosseini) et Rana (Taraneh Alidoosti), jeune couple, doivent eux aussi trouver un autre logement. Ils sont hébergés par des amis puis une connaissance d’Emad, professeur qui fait également du théâtre, lui propose un appartement dans un ensemble moderne. Seul problème, une pièce est toujours occupé par les affaires de l’ancienne locataire. Un soir, quelqu’un pénètre dans l’appartement et agresse Rana.
■ Réalité iranienne
Au ton intimiste et réaliste, ce film donne une vision bien différente de l’Iran trop souvent fantasmé par l’Occident. Les gens y vivent, s’aiment et parfois souffrent exactement pour les mêmes raisons que chez nous. Il y a certes quelques notes diffé- rentes comme cette énième réunion avec les autorités pour « couper » certains passage de la pièce que la troupe d’Emad joue. Un classique contemporain pourtant, « Mort d’un commis voyageur » d’Arthur Miller. Quand Emad découvre l’agression de sa femme, il n’a qu’une idée en tête : se venger. Trouver le coupable et faire justice.
La piste va le conduire vers l’ancienne locataire et les clients qu’elle recevait chez elle. Une partie enquête policière oppressante, en parallèle au retour à la maison de Rana, terrorisée, incapable de rester seule dans ces murs. Mais il semble si difficile de se loger à Téhéran.
Asghar Farhadi, avec un recul étonnant, montre des faits sans jamais juger. Il laisse ce luxe à ses interprètes. Si Shahab Hosseini est impressionnant de détermination, la composition de Taraneh Alidoosti est éblouissante. Et on découvre que la prétendue violence de la société iranienne ne semble pas s’appliquer à tout le monde. A moins que le pardon soit une valeur sacrée partagée par toutes les religions. On sort cependant du film avec un certain malaise. Comme si l’agression était excusable, presque normale. On veut bien tenter de comprendre une mentalité différente, mais dans ce cas, jamais on ne pourra se mettre à la place d’une femme iranienne.

De choses et d'autres : Trump à la Maison Blanche, vers quatre ans de téléréalité

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J’avoue, jamais je n’aurais cru en arriver à écrire une chronique sur l’élection de Donald Trump au poste de président des USA. Et pourtant... Comme la grande majorité des sondages et des « analystes » politiques, je ne misais pas un centime sur ce milliardaire démagogue et populiste. Perdu !
Enfin ce n’est pas moi directement qui ai perdu quoi que ce soit. Par contre les hispaniques, les femmes, les noirs, les musulmans et d’une fa- çon plus générale tout ce qui n’est pas blanc, mâle et plutôt riche, risquent de vivre quatre années terribles. La présidence Trump a toutes les chances de s’apparenter à une longue, très longue, émission de téléréalité. Car le personnage, sorte de bateleur de l’ère 2.0, semble toujours avoir une idée pour repousser les interdits, aller plus loin dans le trash. Trump au pouvoir c’est Nabilla, sans téléphone mais avec le doigt sur le bouton qui déclenche le départ des ogives nucléaires dirigées sur celui qu’il veut « éliminer » du prochain épisode.
A moins qu’il n’ait fait tout cela que pour la gloriole. Un caprice de gosse de riche qui prend le pari qu’il deviendra président des USA. Son dernier challenge. Une fois ce Graal atteint, espérons que la raison lui reviendra, qu’il ne fera pas trop de de bêtises avec ses nouveaux joujoux.
Le dernier mot revient au cinéaste Michael Moore quand il tweete, quelques minutes après le résultat, « Quelle que soit l’issue, c’est ainsi que tout a commencé ».

mercredi 9 novembre 2016

De choses et d'autres : Frites à volonté !


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Cette primaire de la droite commence à me plaire. Partie sagement, avec respect et sujets sérieux, elle s’emballe depuis le débat de la semaine dernière. Les outsiders - Copé, Le Maire et NKM - ont sorti les ergots pour tenter de griffer la carapace des vieux durs à cuire et essayé de déstabiliser Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
Et puis il y a les meetings. Comme s’il avait déjà oublié l’affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy les enchaîne à tour de bras. Parfois on se demande si l’épuisement ne le guette pas quand il affirme, en réponse aux parents d’enfants qui ne veulent pas de porc à la cantine, qu’il suffit de servir aux gamins « une double ration de frites ».

Les frites à la cantine. Quels bons souvenirs. Ce n’était pas tous les jours malheureusement. Et il y avait rarement du « rabe ». Si j’avais 40 ans de moins, j’envierais presque les petits juifs et musulmans de la France de Sarkozy. « Allah est grand, un peu plus de frites s’il vous plait ».
Cette histoire de « double ration de frites » résume la campagne des primaires. Pourquoi se casser la tête à trouver des solutions compliquées quand on peut faire simple ? Pas assez de policiers ? On embauche. Trop de dé- ficit ? On vire des fonctionnaires (mais pas les policiers récemment engagés). L’agriculture va mal ? Obligation de faire pousser des patates. Faudra bien, puisqu’on ne mangera que des frites...