Entièrement tourné sur l’île de Tanna au Vanuatu, avec des acteurs amateurs interprétant souvent leur propre rôle (le chef, le chaman...), il raconte la bouleversante histoire d’amour entre Wawa et Dian. Une romance qui a été plus forte que les lois ancestrales qui imposent les mariages arrangés entre tribus.
■ Kastom, ombre agissante
L’action se déroule sur une des îles de ce petit archipel mélanésien entre NouvelleCalédonie et Papouasie, au cœur de l’océan Pacifique. La vie s’écoule paisiblement dans le village de Yakel, quelques cases dans la forêt tropicale, avec le volcan Yahul a proximité, considéré comme la mère spirituelle de la tribu. Les hommes chassent et cultivent, les femmes nettoient des nattes dans la rivière, les enfants jouent, libres et insouciants. Durant la première partie du film on suit à la trace la jeune Selin (Marceline Rofit, formidable de spontanéité et de fraîcheur). Moins de dix ans, espiègle, têtue et déjà très intéressée par les choses de la vie. Elle observe notamment sa grande sœur Wawa (Marie Wawa) qui vient de devenir femme. Wawa sait qu’elle va être mariée avec un homme d’une autre tribu. Pourtant elle est irrésistiblement attirée par Dain (Mungau Dain), le petit-fils du chef. Mais selon les traditions édictées par la Kastom, (la cosmologie traditionnelle du Vanuatu, elle comprend un système de lois et de croyances, des chants et des danses, et une structure sociale patriarcale) Wawa ne peut pas s’unir à Dian.
■ Mariage arrangé
Les choses se compliquent quand les Imedin agressent le chaman des Yakel. La guerre menace. Pour apaiser les esprits, il est décidé que Wawa sera la femme du fils des Imedin. Rage de Dain. Désespoir de Wawa. Les deux amoureux partent dans la forêt, consomment leur union et iront clamer leur amour au sommet de Yahul. Le film, inspiré d’une histoire vraie, a des airs de Roméo et Juliette. Un amour impossible, deux clans, du poison... Mais il permet surtout de dé- couvrir les rites et le mode de vie de ces tribus mélanésiennes préservées.
Œuvre de fiction, « Tanna » s’apparente aussi à un documentaire car tout est authentique, des cases aux habits en passant par les danses rituelles. Film de témoignage, il est d’une réelle beauté. Beauté pure et immaculée des acteurs amateurs, des paysages et de certaines prises de vue comme les courses dans la forêt, la lave en fusion ou les méditations des chefs, la nuit devant un feu au pied d’un immense arbre. De la poésie à l’état pur, un voyage intemporel à ne pas manquer.
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