Hier matin, au troisième coup de fil de téléprospecteurs décidés à nous vendre dans l'ordre, une mutuelle, des meubles et des panneaux solaires, mon épouse et moi jetons l'éponge.
Nous partons déjeuner à la terrasse d'une petite brasserie ouverte depuis quelques mois. Bondée, bruyante et les tables aussi rapprochées qu'à Paris. Nous ne pouvons nous empêcher d'entendre des bribes de la conversation de nos voisins. Des histoires de bureau d'étude, de contrats, de voitures et de prêts. Discussions professionnelles.
De professionnalisme, le serveur en manque désespérément. Seul, il semble un peu débordé. Lassée d'attendre la carafe d'eau, ma tendre moitié est obligée de l'interpeller très fort. Elle s'en excuse auprès de notre voisin de table, au téléphone (qui venait d'ailleurs de lui lancer un regard contrit). "Désolée, le serveur est un peu sourd". "Entre autres... » répond-il, un sourire en coin. Finalement le reste du repas se déroule sans heurt, le plat principal (des queues de lotte à la provençale) se révèle même délicieux.
Au moment de régler l'addition, notre voisin nous demande tout de go si nous sommes d'ici. Et si nous sommes propriétaires. L'acquiescement poli de mon épouse scelle notre sort. "Je suis commercial pour une entreprise de pose de panneaux solaires. Vous serez étonnée par les économies réalisées. Voici ma carte, mais laissez-moi vos coordonnées, je vous recontacterai." Et voilà comment, persuadés d'échapper aux importuns téléphoniques, on se retrouve à leur donner directement notre numéro après avoir presque mangé en leur compagnie.
Pauvres de nous.
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