Les grands cuisiniers français ne plaisantent plus. Lassés d'être battus dans les classements internationaux par des Catalans iconoclastes ou des Nordiques inventifs, ils sortent l'artillerie lourde. Mais au lieu de se défendre sur le fond (leur cuisine en l'occurrence), ils préfèrent s'attaquer à la forme.
En juillet 2013, dans la zone commentaires des PagesJaunes, un internaute a l'outrecuidance d'écrire à propos d'une adresse du groupe Bernard-Loiseau : "Restaurant très surfait. L'assiette la mieux garnie est celle de l'addition." Rien de bien méchant. Des critiques de ce genre foisonnent sur les sites spécialisés. Il est tellement plus facile de critiquer que d'encenser. Mais cette appréciation n'a pas été digérée du tout par les propriétaires qui ont décidé de porter l'affaire devant les tribunaux.
Résultat, deux ans plus tard, la Justice après avoir longuement recherché dans les méandres des adresses IP l'identité du commentateur, vient de condamner ce dernier à 2 500 euros d'amende plus 5 000 euros de frais. Celui qui se plaignait d'addition salée se retrouve avec une facture encore plus gratinée. En lisant cette histoire, je m'apprêtais à dénoncer la grave atteinte à la liberté d'appréciation quand j'ai compris pourquoi le tribunal avait eu la main si lourde. Le commentaire est obligatoirement "faux et malveillant" puisque posté cinq jours avant l'ouverture du restaurant. Non seulement le condamné est de mauvaise foi, mais il est bête comme ses pieds.
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