Malade. Complètement malade la belle et timide Hanna (Vimala Pons) personnage principal de 'Je suis à vous tout de suite' de Baya Kasmi. Une névrose assez rare : celle de la gentillesse. Elle tient ça de ses parents, jamais méchants, toujours conciliants. Conséquence elle est incapable de faire de la peine. A ce stade, c'est plus que de l'empathie. Problème, cette trentenaire est DRH dans une grosse société. Parmi ses attributions, l'annonce à des employés éplorés de leur renvoi. Alors pour se faire pardonner, quand ils se mettent à pleurer en se demandant comment ils vont bien pouvoir finir de payer leur crédit sur la maison. "Je peux faire quelque chose pour vous ?" demande-t-elle de sa petite voix. Un câlin ? Un peu plus ? Une fois passés dans le lit d'Hannah, les licenciés sont certes toujours sans ressources, mais ont retrouvé le sourire. Hannah n'est pourtant pas gentille avec tout le monde. Elle déteste son petit frère Hakim (Mehdi Djaadi). Très complices enfants, tout a changé quand le garçon est devenu adolescent. Enfants d'un épicier arabe (Ramzy, touchant et attachant) et d'une mère au foyer psychanalyste bénévole (Agnès Jaoui), ils ont grandi dans une de ces grandes cités où le 'vivre ensemble' s'est lentement délité au fil des ans. Surtout Hakim qui, après un passage par la case 'petite frappe dealer', plonge dans la religion. Il ne supporte plus les tenues très légères de sa sœur et ses relations amoureuses, aussi brèves que multiples.
Une comédie… sérieuse
Le film alterne les scènes d'enfance et le présent. Hanna habite à Paris, rue Saint-Denis, Hakim chez ses parents, avec femme et enfants. Lors d'une réunion de famille, les parents demandent à Hanna un service. Et pas des moindres. Hakim, malade, doit être transplanté d'un rein. Celui d'Hanna a toutes les chances d'être compatible. Va-t-elle pour la première fois refuser de rendre service à quelqu'un ? Tant qu'elle n'est pas guérie de sa névrose, il n'y a aucun suspense. Si on rit souvent au cours du film, Vimala Pons alternant avec une virtuosité déconcertante, humour, séduction et tristesse, le sujet principal reste très sérieux. Mais comme le discours n'est pas pesant et moralisateur, il passe d'autant mieux. Car la réalisatrice aborde sans y toucher, pêle-mêle les problématiques de la religion, de la liberté de la femme, des origines, de la maltraitance des enfants, de la condition des prostituées et même des personnages âgées accros au cannabis et au jeu (un rôle sur mesure pour Anémone). Un film vivifiant, comme le joli minois de Vimala Pons.
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