mardi 1 septembre 2009

Roman - Mary, l'invisible

Faire tomber le masque. Tel est le but ultime de l'anthropologue étudiant in-situ une communauté. Jocelyn Bonnerave, l'auteur de ce roman laissant un goût amer et désagréable en bouche, a beaucoup étudié les sciences humaines. Qu'on ne s'étonne pas donc si le narrateur de ces « Nouveaux Indiens » est un jeune chercheur français, nommé simplement A. Il va passer quelques semaines sur un campus américain, en Californie, pour y étudier les méthodes d'enseignement d'un musicien dans une école avant-gardiste. Les premières pages sur roman pourraient nous faire croire que l'on va s'immerger dans ce petit monde élitiste, brillant et libre. Mais les recherches de A vont dévier quand il croisera une affiche avec ces quelques mots : « We miss you Mary ». Il va alors enquêter sur cette jeune femme, encore présente dans le cœur de ses amies. Mary est morte récemment. Etudiante en danse, brillante, mais anorexique. La maladie l'a emportée. En un an.

A, de plus en plus obnubilé par ce destin tragique, creuse un peu. Il découvre que Mary était également étudiante en anthropologie. Et que sa maladie s'était amplifiée après un séjour en Amérique latine. L'infirmière du campus ne dira pas grand chose, si ce n'est qu'elle maigrissait par « à coups ». A va se décider à rencontrer Gary, le dernier petit ami de Mary. Il ira passer une soirée chez lui et remarquera immédiatement une robe accrochée au dessus du poste de télévision. Gary explique : « Mary l'a mise à sécher là deux jours avant de partir pour l'hôpital. Quand je l'ai rencontrée, cette robe la moulait parfaitement. Depuis le retour de Bolivie, c'était devenu comme un étalon. Elle flottait chaque semaine un peu plus. La robe vide est la dernière étape de l'anorexie : maintenant, il n'y a plus personne dedans. »

Qu'est-il arrivé exactement à Mary ? Quel rôle ont joué Gary, ses profs, ses amis ? Petit à petit, Jocelyn Bonnerave démasque les coupables, directs et indirects. Il fait découvrir à son héros l'inimaginable. Roman sensuel et cru, « Nouveaux Indiens » ne peut laisser indifférent par sa thématique et son dénouement.

« Nouveaux Indiens », Jocelyn Bonnerave, Seuil, 16 € 

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