mercredi 31 janvier 2007

BD - Copain encombrant


Jean-Claude Denis est un orfèvre des sentiments. Il parvient, en quelques cases, à planter une ambiance, une personnalité, un milieu. Nouvel exemple avec cet album qui s’affirme comme un des plus réussis de cette rentrée de janvier, correspondant au festival d’Angoulême qui a eu lieu ce week-end. Melvin est un jeune patron dynamique et actif. Anita, son assistante, est secrètement amoureuse du boss. Ce dernier, en raison de sa réussite, passe à la télé. 

Léo, un de ses anciens amis du lycée le reconnaît et le retrouve. Léo, un looser absolu, qui, après une séance d’hypnose, devient absent et dépendant, à la charge de Melvin. Une sorte de légume qui fait ce qu'on lui demande mais n'a plus aucune volonté propre. Un poids supplémentaire qui a le don de fortement énerver le jeune patron ambitieux. 

D'autant que ses affaires déclinent et que côté sexe, une jeune étudiante lui résiste. Bref il va devoir sérieusement se remettre en question. 

L'opposition entre le gagneur dynamique et le perdant tragique est savoureuse et révèle bien des surprises au final.

"Le sommeil de Léo", Futuropolis, 16 €

mardi 30 janvier 2007

Roman - Les lettres du prisonnier

Quand un de ses lecteurs, par ailleurs prisonnier, écrit à Michel Ragon, l’écrivain y trouve prétexte à se remémorer sa jeunesse.


Ecrivain prolixe, Michel Ragon a traversé la seconde partie du XXe siècle. Ses œuvres, souvent historiques, abordaient rarement le « je ». Dans ce court roman, il ose, racontant ses amours, ses passions, ses origines. Le prétexte ? Une lettre de lecteur. Un lecteur prisonnier qui parvient à l’intriguer en déclarant dans ses missives qu’il connaît la femme de l’écrivain, Christine. L’inconnu écrit « Christine et moi étions du même monde. Nés dans le même milieu privilégié, ayant poursuivi les mêmes études. Et nous nous sommes abandonnés aux mêmes dérives. Les miennes m’ont conduit à l’incarcération. Les siennes l’ont menée vers vous ». Quelles dérives s’interroge l’auteur, se demandant s’il n’a pas manqué une partie importante de la personnalité de la femme avec qui il a vécu dix ans. Interloqué, intrigué, il se décide à aborder le sujet avec son ancienne épouse. Qui est cet homme ? Par ces missives, il désirait en fait retrouver l’adresse de Christine. Cette dernière est-elle d’accord ? Réponse sans équivoque : « Qu’il crève ! ».

La deuxième femme

L’inconnu prétend dans ses écrits que Michel Ragon s’est inspiré de Christine pour créer plusieurs de ses héroïnes. L’auteur, sans à priori, va tenter de se laisser convaincre par ces affirmations. Mais en recherchant dans sa mémoire, rapidement, ce n’est pas Christine qui s’impose, mais Louise, serveuse dans un bistrot, gouailleuse, désinvolte, libre. Louise qui lui permet de découvrir la vie, la vraie, dans la grande ville : « Venu avec ma mère veuve d’une campagne encore endormie dans son passé agricole, finalement douce à vivre, dans une grande ville industrielle, bruyante, remuante, je n’avais eu d’autre désir que de me cacher dans un trou de souris. » Louise est là pour le déniaiser, lui donner confiance. Louise qu’il retrouve des années plus tard à Paris. Le prisonnier continue ses parallèles entre Christine et les héroïnes, Michel Ragon est de plus en plus persuadé que ses personnages féminins tiennent beaucoup de la fougueuse Louise. Un cours magistral sur les sources d’inspiration des romanciers, leurs muses, conscientes ou inconscientes.

« Le prisonnier », Michel Ragon, Albin Michel, 12,50 €

lundi 29 janvier 2007

BD - Beautés vénéneuses


En 1958, le Congo n’en plus pour longtemps à être belge. Les activistes africains veulent le pouvoir. Les fonctionnaires belges font comme si de rien n’était. Enfin pas tous. Jean, policier dans une petite ville, est tombé sous le charme du pays. Et de ses femmes. 

Il y a perdu son épouse, repartie vers la capitale avec les enfants. De plus, Jean doit enquêter sur le meurtre d’un Africain, retrouvé écrasé sur une piste. 

Ce roman graphique, réaliste et historique, permet une nouvelle fois au duo Warnauts et Raives de dessiner ces tropiques qu’ils aiment tant. Des planches en couleur où l’on retrouve toute la magie sulfureuse de la région.

« Fleurs d’ébène », Casterman, 13,75 euros.

dimanche 28 janvier 2007

BD - Combattants amoureux


Dans le cahier spécial à la fin de cet album, reprenant des croquis et gouaches de préparation, les auteurs expliquent que cette BD est née d'un coup de cœur, celui qu'ils éprouvent pour cette terre d'entre les deux caps, sur la côte d'Opale. « La lumière y est parfois belle à couper le souffle » expliquent-ils. Mais c'est également sur ce sable que des hommes sont morts dans les années 40. Les Allemands avaient placé des blockhaus pour protéger la côte et bombarder l'Angleterre. 

Des dizaines d'années plus tard, Erwin revient en France en compagnie de sa jeune nièce. Le jeune soldat allemand est devenu un vieil homme encore hagard des atrocités commises par son camp. Dans cette région il a rencontré une jeune Française. On devine que ce pèlerinage est directement lié à cette histoire d'amour qui a résisté aux bombardements. 

Après l'Inde, Jean-François et Maryse Charles explorent les années 40. Réalisé en couleurs directes lumineuses, certaines planches de cet album sont de véritables tableaux. C'est évident, cette région est remarquablement belle. (Casterman, 11,95 €)

samedi 27 janvier 2007

BD - Clonage naturel


Les amateurs de science-fiction alliant philosophie et métaphysique vont adorer cette série écrite par Hugues Fléchard et mise en images par Stéphane Douay. 

Dans un immense Vaisseau-monde, des milliers de personnes vivent en vénérant le Grand Prêtre. Descendant direct du premier humain, il a cloné l'ensemble de la population. Mais dans cette humanité en réduction, certains prônent le dogme de la procréation. Des déviants, selon la religion intransigeante, affirmant que seul le Grand Prêtre peut donner la vie. Silenzio, le héros, est régulateur. Il a pour mission de débusquer les procréateurs. 

Mais en se lançant sur la piste de l'un d'entre eux, il découvre que le vaisseau est en train de se modifier et que le temps de la religion dominante est peut-être en train de s'achever. Le Vaisseau-mère a visiblement décidé de bouleverser la vie de ses habitants. 

Parabole sur l'évolution de l'humanité, cette bande dessinée est ambitieuse et surprenante, parfois hermétique, mais la fin est pleine de promesse. (Dupuis, 13 €)

vendredi 26 janvier 2007

BD - Le petit prof


Martin Vidberg, jeune professeur des écoles, est également passionné de bande dessinée. Il a concilié son activité professionnelle avec sa passion en entreprenant le récit d'une année scolaire sous forme de planches dessinées. Martin n'a pas encore de poste fixe. 

Il est remplaçant, prêt à aller dans les écoles quand un professeur est absent. En début d'année, après quelques jours passés sans affectation, il est envoyé dans une classe durant quelques semaines. Un premier remplacement court. Puis plus rien. On lui propose un poste dans un institut de redressement pour enfants violents mais il décline la proposition. 

Quelques semaines plus tard, il n'a plus le choix, sa hiérarchie lui impose ce poste. Il se retrouve face à six élèves, en échec scolaire complet. 

Martin raconte au jour le jour ses doutes, ses échecs et ses joies avec une grande franchise. Le dessin, étonnant au premier abord, les personnages ayant des formes de pommes de terre, s'efface rapidement au profit de ces tranches de vies captivantes. (Delcourt, 11,50 €)

jeudi 25 janvier 2007

BD - A la recherche du trésor de la reine de Saba


Du fog de Londres aux paysages arides de l'Afrique, le second tome du « Méridien des brumes » dessiné par Parras et écrit par Juszezak entraîne le lecteur dans une folle poursuite parsemée de cadavres. L'équarrisseur, tueur en série sévissant dans le Londres du début du siècle, a été mis hors d'état de nuire. 

Mais les héros de cette série, une charmante aliéniste et le chasseur de grands fauves John Coleridge, s'aperçoivent que le meurtrier n'était que l'arme d'une machination plus vaste. Au centre de cette intrigue mettant en scène traîtres, sociétés secrètes et sauvages, se trouve la recherche du trésor de la reine de Saba. L'intrigue, pleine de rebondissements et de surprises, permet à Parras d'illustrer cette période historique où la tradition le dispute aux innovations technologiques. 

La course poursuite en ballons dirigeables est exemplaire. Le final, dans le temple caché de la reine de Saba, est digne des meilleurs Indiana Jones. Une série plaisante et distrayante qui mérite le détour. (Dargaud, 13 €)

mercredi 24 janvier 2007

Littérature et pop - Libertines romancés

En romançant l'histoire du groupe de rock anglais les Libertines, David Brun-Lambert raconte surtout une amitié destructrice entre deux artistes dans "Boys in the band".



Carl raconte, Peter est le héros. Carl et Peter ont fondé un groupe de rock, anglais, novateur, extrême et devenu culte en quelques mois. Première oeuvre de fiction de David Brun-Lambert, journaliste musical, ce « Boys in the band » est la version romancée de la courte mais passionnante existence du groupe anglais des Libertines. Carl c'est Carl Barât, Peter c'est Pete Doherty. A la fin des années 90, ces deux jeunes Anglais se rencontrent presque par hasard et se découvrent une passion commune pour le rock. Carl, le narrateur, commence son récit par la description de son enfance, pas spécialement gaie. Son père le frappe, sa mère, ayant régulièrement abandonné son foyer, est très absente.

Alors qu'il est en vadrouille dans le pays, il rencontre Peter. Grand adolescent au visage d'ange, il est réfractaire à toute autorité, lunatique mais extrêmement doué. C'est Peter qui écrit les chansons, mais Carl y donne les dernières améliorations, la touche finale qui transforme une poésie sans concession en texte universel. Un duo fusionnel, se lançant à corps perdu dans cette aventure de la scène rock. Talent et originalité ne suffisent pas au début. Donc c'est galère sur galère. Les hôtels pouilleux, les clubs miteux, les cachets en nature (une grosse quantité de bières...): la vache enragée absolue. Dans leur projet fou, ils entraînent deux autres musiciens et un agent. A force de donner concert sur concert ils finissent par se faire remarquer par un haut responsable d'un label rock qui décide de leur faire confiance. La fulgurante ascension du groupe vient de débuter.

Passion dévorante

Concerts houleux, single impassable à la radio mais qui grimpe dans les charts par le bouche à oreille, premiers scandales et découverte du groupe par la presse spécialisée : la mayonnaise prend avec son lot de dégâts colatéraux. Carl mord dans le succès avec plaisir, Peter en profite pour sombrer dans la drogue. La jalousie vient également perturber l'entente dans le duo. Peter devient la coqueluche du public, Carl vit mal cette mise sur la touche. Les querelles pourrissent la vie du groupe, ils en viennent souvent aux mains. La réconciliation intervient toujours sur scène : « Malgré la fréquence de nos engueulades et la violence entre nous, ou peut-être grâce à ça, l'intensité de ce que nous dégagions sur scène se trouvait décuplée. Je crois même qu'elle n'avait jamais atteint ce degré d'agressivité et de sexualité. Elle était à la fois compliquée, ambiguë, destructrice. En concert, j'étais parfois traversé par une décharge d'adrénaline comme je n'en ai jamais connu par la suite. »

Ego surdimensionné

Des concerts événements mais de plus en plus rare. Peter, rongé par le crack, est souvent incapable de monter sur scène. Carl décide de l'exclure du groupe tant qu'il ne se soigne pas. Le début de la fin. David Brun-Lambert a peut-être dramatisé une simple brouille d'égo surdimentionné. Mais on lui pardonne car tout en mettant Carl sur le devant de la scène, la vedette reste Peter, écorché vif, véritable poète incompris à l'immense talent trop souvent gâché. A la fin du roman, les deux copains se séparent, le groupe meurt. Dans la vraie vie, ils continuent à créer, chacun de leur côté. Carl discrètement, Peter en faisant la une des tabloïds anglais. Pour sa liaison avec Kate Moss et ses problèmes chroniques de drogue. Il a fait de la prison, mais reste pour la jeunesse anglaise une icône romantique.

« Boys in the band », David Brun-Lambert, Denoël, 15 €

mardi 23 janvier 2007

BD - La passion de la magie


Jean Dufaux, scénariste aux très nombreuses séries, aime particulièrement faire évoluer ses héros au fil des épisodes. Il l'a fait pour Giacomo C, le séducteur vénitien, et de la même façon il est en train de faire basculer l'existence d'une autre de ses créations : Niklos Koda. 

Ce magicien, travaillant parfois pour des services secrets, a dépassé les limites lors de son précédent album. Aujourd'hui il risque gros en se retrouvant devant ses pairs du club Osiris. Réunis à Barcelone, ils ne se doutent pas qu'un danger encore plus grand les menace. Niklos, en plus de ce procès, découvre que sa fille vient d'être enlevée par son pire ennemi qu'il pensait pourtant avoir tué. 

Le premier tome de ce nouveau cycle permet au lecteur de découvrir les arcanes de la magie, noire ou blanche. Tous les coups sont permis, tous les cauchemars risquent de devenir réalité. 

Olivier Grenson, le dessinateur, s'applique quand il s'agit de dévoiler les courbes d'une femme ou la vie débordante des rues de la capitale catalane. (Le Lombard, 9,80 €)

lundi 22 janvier 2007

BD - Victor Lalouz assure de plus en plus

Victor Lalouz est certainement la star de demain. Bien que doté d'un physique ingrat, il parvient à emballer les filles dans son émission de libre antenne qu'il anime chaque soir sur Smak FM. Enfin emballer, façon de parler. Car Victor Lalouz, tout en étant un obsédé sexuel notoire, a quelques difficultés avec le sexe opposé.

 D'après son psy, ce serait les suites d'un traumatisme dans son enfance. Quand il a découvert que son père s'habillait en femme et que sa mère avait des poils aux jambes (sur le torse aussi...). Crétin intégral, Victor est le prototype de demeuré qui fait rire tous ceux qui n'arrivent pas à comprendre que ce n'est que leur image légèrement déformée qui les fait se bidonner. La seconde volée de gags signés Diego Aranega est aussi irrésistible que la première. 

On découvre Victor en approche avec la nouvelle standardiste, à la recherche d'un appartement pour enfin devenir indépendant et en train de potasser les techniques de self-défense, persuadé que ses fans en délire vont l'écharper. Une série dans l'air du temps, caricature implacable de notre réalité. (Dargaud, 9,80 €)

dimanche 21 janvier 2007

BD - Nouvelle adaptation de Boro


Les aventures de Boro, reporter photographe, imaginées par Jean Vautrin et Dan Franck pour les éditions Fayard, a ressuscité le roman feuilleton historique. Un beau succès de librairie qui se prolonge donc en bande dessinée avec une adaptation graphique signée Marc Veber. 

Mais le jeune dessinateur n'est pas seul à la tête de cette entreprise périlleuse. Franck a supervisé le scénario, Bilal (qui a signé toutes les couvertures des romans) a pris en charge la direction artistique et Nicolas Wintz s'est chargé du storyboard. Toute une équipe au service de cette intrigue animée par des personnages inoubliables. 

Boro, jeune photographe original, se rend à Berlin pour retrouver une vieille connaissance, la belle Maryika Vremler, sa cousine, devenue star du cinéma allemand en pleine propagande nazie. Car pour ceux qui ont oublié le roman de Franck et Vautrin, la Dame de Berlin se passe au début des années 30, quand un homme politique allemand très ambitieux commence son ascension vers les sommets de l'Etat. Un bouleversement géopolitique placé en filigrane de cette saga. (Casterman, 9,80 €)

samedi 20 janvier 2007

BD - Violence autour de Rosangella

 

Corbeyran et Berlion, le duo à l'origine de « Lie-de-Vin », se reforme pour raconter une histoire de femme. Rosangella a trois enfants. De deux pères différents. Mais cela fait longtemps qu'elle les élève seule. Max, le premier, est parti quand l'aîné avait 7 ans. 

Max, charmeur, flatteur, mais aussi manipulateur et violent. Une violence qui, malgré les années passées, reste encore très présente dans l'esprit de Rosangella. Quand Max revient pour fêter les 18 ans de sa fille, on sent le drame arriver. Ce grand récit de 80 pages prend le lecteur aux tripes. 

Développé par Corbeyran sur une idée de Berlion, il permet à ce dernier de faire admirer sa parfaite maîtrise de la couleur.

Rosangella, Dargaud, 15 euros

vendredi 19 janvier 2007

BD - Révolution rouge dans "Le cycle d'Ostruce"

Un oeuf de dragon, une amazone tout de rouge vêtue, une charmante voleuse et une révolution sanglante : tels sont les ingrédients du premier tome du « Cycle d'Ostruce », nouvelle série de la collection Portail du Lombard. Le récit est signé Nicolas Pona, le dessin Christophe Dubois. La toile de fond c'est donc la révolution russe du début du 20e siècle. 

Mais le tsar est un dragon et un descendant est sauvé par Ajjer, une redoutable amazone, un oeuf, symbole de l'espoir du camp tsariste. Dans les terres enneigées, elle tente de mettre l'oeuf à l'abri. En chemin elle héritera de la protection d'une jeune voleuse car Ajjer massacre à tour de bras...

Le cycle d'Ostruce, Le Lombard, 13 euros

jeudi 18 janvier 2007

BD - Monde parallèle enfantin chez Dupuis


Les éditions Dupuis lancent deux nouvelles collections pour ce début d'année 2007. Deux collections pour les plus jeunes. Puceron à partir de 3 ans, Punaise à partir de 6 ans. Dans cette dernière, le début de la série « Les enfants d'ailleurs » est remarquable.

 Une bande de copains, dans un petit village, décident d'aller explorer la maison d'un vieil original qui vient de mourir. Trois garçons et une fille. Cette dernière, Rebecca, n'est autre que la petite fille du redouté père Gab. 

Dans le bâtiment quasiment vide à part des milliers de livres, ils découvrent une sorte de projecteur de cinéma. En l'allumant, Rebecca ouvre une porte vers un monde parallèle. Elle s'y retrouve prisonnière avec Maxime. 

Ecrite par Bannister et Nikko, cette histoire à cheval entre aventures urbaines et bataille d'heroic-fantasy se révèle passionnante. Une BD à lire à partir de 6 ans, mais qui devrait également passionner les adolescents et même les adultes. (Dupuis, 12,50 €)

mercredi 17 janvier 2007

Roman - Les amoureuses de Mustapha

Mustapha, jeune beur d'un quartier défavorisé, se rêve coiffeur. Il espère même ouvrir sa boutique un jour à Tanger, épouser la belle Aïcha et lui faire quatre enfants. Mustapha a des rêves simples. Pourtant il peut beaucoup plus. Car Mustapha a quelques chose que toutes les femmes remarquent au premier coup d'oeil : il est beau comme un prince. Jane Eland, avant d'être romancière, a commencé sa vie professionnelle comme top model. Elle connaît bien ce milieu du paraître et de l'argent facile. Car très vite elle va changer l'avenir de son jeune et charmant héros. 

Aïcha d'abord. Elle ne rêve que de conquête de Hollywood. Donc la proposition de Mustapha de retourner au pays ne l'enchante pas beaucoup. Elle sera la seule à se montrer indifférente à son charme. Par contre, la directrice de l'école saute sur l'aubaine. Elle initiera le jeune garçon aux choses du sexe. 

Un premier contact au cours duquel il découvrira son pouvoir. Mais la grande occasion ce sera quand il se fera renverser par une Ferrari. La conductrice, Violette, riche veuve, s'accaparera du blessé et l'entraînera dans un tourbillon de luxe et de sexe. Le jeune coiffeur découvrira l'argent facile, l'oisiveté et les vices qui vont de pair.

Un roman toujours à la limite. Du drame ou de la comédie. Certainement car le personnage semble irréel, comme rêvé par des femmes en quête de beauté et de naïveté. Un simple jouet. Sophistiqué certes, mais dont on se lasse forcément à plus ou moins brève échéance.

« Beau comme un prince », Jane Eland, Calmann-Lévy, 14 €

lundi 15 janvier 2007

Roman français - Libertinage chez Voltaire

Réflexion sur le théâtre, la tolérance et la guerre, ce court roman de Jacques-Pierre Amette offre de plus quelques scènes torrides.

« Le fanatisme de Mahomet », pièce de Voltaire, avait reçu un accueil très mitigé lors de sa création. Le philosophe, déçu, a décidé de donner une seconde chance à ce texte qu'il considère comme essentiel dans la dénonciation des intégrismes. En plein été 1761, alors qu'il profite de la douceur de vivre de son domaine de Ferney en Suisse, il fait venir de Paris deux actrices italiennes renommées pour participer aux premières répétitions de cette histoire toujours aussi controversée de nos jours. 

Jacques-Pierre Amette ne s'est pas trop appesanti sur la pièce et son message préférant, dans ce court roman, raconter la vie quotidienne de cette petite société, lettrée, intelligente, mais très éloignée des réalités de l'Europe du 17e siècle. Autour de Voltaire, chef de tribu, pièce maîtresse et pensante du domaine, on retrouve quelques intellectuels, religieux, militaires et artistes.

Les amours de Gabriella et Zanetta

Dans cette dernière catégorie, le romancier consacre beaucoup de pages aux deux artistes italiennes, aussi belles l'une que l'autre mais aux caractères diamétralement opposés. Gabriella, exubérante, sûre d'elle, séductrice implacable, tombe rapidement sous le charme du comte Fleckenstein, officier prussien envoyé par Frédéric II pour négocier un traité de paix par l'intermédiaire de Voltaire. Le comte oubliera sa mission dès qu'il franchira la couche de Gabriella. 

Cette dernière profitera goulûment de l'émissaire comme le laisse entendre cet extrait : « Elle souleva le drap, découvrit les cuisses, les jambes, les pieds. Elle songea longtemps sur le sexe assoupi. Un corps parfait. Elle repoussa le linge pour jouir de ce si beau corps. Elle fut saisie, troublée, enthousiaste : des bras admirables, un sexe adouci par l'ombre de la cuisse. D'infimes petites contractions des muscles l'émerveillent ».

Mais il n'y a pas que Gabriella à Ferney. Zanetta, l'autre comédienne, plus timide, ténébreuse, rêveuse, s'intéresse elle aussi au militaire. Le bel été va s'écouler au rythme des répétitions et des tentatives de séduction de deux belles invitées. Ce sont les meilleurs passages de ce roman très sensuel, avec aussi les quelques apparitions du peintre Goussier, si leste pour croquer (au sens propre et au figuré) les plantureuses servantes des cuisines.

« Un été chez Voltaire », Jacques-Pierre Amette, Albin Michel, 15 €

dimanche 14 janvier 2007

BD - Etranges voisins

Un immeuble ordinaire dans une ville comme les autres. Le n° 109. Un couple et son bébé aménagent au second. Et mauvaise surprise, les déménageurs se sont trompés et 80 % des meubles sont partis vers Lourdes. Dans leur appartement vide, ils ne savent pas quoi faire. Mais ce serait sans compter avec la proverbiale solidarité entre voisins. 

Des voisins assez étranges, notamment ceux qui sont sur le même palier. Amateurs de rock gothique, ils vivent continuellement dans le noir, ont pour animal de compagnie un hérisson et contrairement à leur apparence cauchemardesque, sont d’une gentillesse à toute épreuve. 

Dès la première histoire complète, Nini Bombardier et Coyote, les auteurs de cette nouvelle série comique, séduisent le lecteur avec leurs trouvailles. Les autres voisins sont tout aussi délirants : le gardien, Musclor toujours accompagné de son chien-loup, mais si doux avec sa femme slave, le comédien raté, homosexuel refoulé n’ayant toujours pas rompu le cordon ombilical avec ses parents, la vieille mégère acariâtre, la catholique pratiquante, délaissant son mari pour le nouvel abbé, jeune, musclé et si bon entraîneur du club de natation.

Bref tout un échantillon de l’Humanité, avec ses défauts, ses frustrations mais aussi son bon fond. Egalement disponible "Le dessous des voisins", par les mêmes auteurs. (Le Lombard, 9,80 €)

samedi 13 janvier 2007

BD - Une petite guerrière impitoyable

Zarla, comme le laisse entendre le titre de son premier album, est une « Guerrière impitoyable ». C'est surtout une petite fille inconsciente, persuadée de pouvoir affronter tous les dangers puisque ses parents étaient des chasseurs de dragon. Ce qu'elle ne sait pas, et qui fait tout le ressort humoristique de la série, c'est que son chien, le brave Hydromel, est chargé de la protéger. 

Dès qu'elle est en danger, de vieux toutou fatigué, il se transforme en guerrier bestial et sans pitié. Gare à ceux qui osent menacer Zarla. Toute la difficulté pour Hydromel, est de ne pas se faire surprendre en guerrier par Zarla qui ne doit pas se douter qu'elle est sous sa protection. 

Imaginée par Janssens, cette série d'héroïc fantasy devient un peu plus dramatique dans les dernières pages, quand le lecteur comprend que Zarla a effectivement quelques dons pour le combat. Zarla est dessinée par Guilhem, dessinateur d'origine aveyronaise (c'est le frère de Christophe Bec) qui signe son entrée dans le catalogue Dupuis. (Dupuis, 8,50 €) 

vendredi 12 janvier 2007

BD - Un enfant sème la panique chez les Schtroumpfs

Panique chez les Schtroumpfs : un enfant turbulent fait son irruption dans le village. Mais comment est-il arrivé là ? Cette 25e histoire des Schtroumpfs intègre dans le récit un élément humain qui faisait parfois défaut dans les précédentes aventures. Les plus jeunes pourront certainement s'identifier au petit Jeanty, qui porte si mal son nom. Car l'enfant en question est une véritable catastrophe. 

Un teigneux de la pire espèce, râleur, coléreux et prêt à tout pour obtenir immédiatement ce qu'il convoite. Quand il arrive dans le village, Jeanty est paniqué. Mais quand il comprend que les Schtroumpfs ne font pas le poids contre lui, il en profité et détruit méthodiquement les maisons en forme de champignons. Il faut que le Grand Schtroumpfs sorte de son laboratoire une potion de son invention pour calmer le gamin. 

Mais plutôt que de le chasser, il va tenter de le rendre meilleur en lui apprenant les bonnes manières. Il y a du travail ! Scénario plaisant, sans être trop moralisateur de Culliford et Diaz Vizoso, dessiné dans la tradition de Peyo par De Coninck. (Le Lombard, 8,70 €) 

jeudi 11 janvier 2007

BD - Le crépuscule du Donjon

L'univers de Donjon a de nouveaux dessinateurs. Donjon Zénith a été confié à Boulet et Donjon Crépuscule à Kerascoët. Mais les scénarios sont toujours du duo le plus novateur de la bande dessinée française : Lewis Trondheim et Joann Sfar. Dans cet épisode, le numéro 105 de Crépuscule, Marvin Rouge est particulièrement à l'honneur. 

Le lapin rouge, acariâtre et coléreux, devient presque un sauveur pour les armées de dragons du maître de Vaucanson. Il est en effet le seul à maîtriser la technologie Nitro qui permet aux armures de se transformer en engins volants. Une option essentielle pour vaincre les troupes de la forteresse noire. Dans cette aventure, toujours aussi dense, il est également question de complot, de trahisons familiales, de jalousie et de viol de soubrette. 

Kerascoët, pseudonyme de deux jeunes dessinateurs passés par l'école Estienne, se sont parfaitement appropriés cet univers merveilleux comptant de plus en plus de fans et d'exégètes. (Delcourt, 9,80 €)

mercredi 10 janvier 2007

BD - Horreur glacée

Dans le grand nord canadien, Steeve, Mary et Johnny, trois teenagers américains tentent de se faire oublier. Le deux premiers sont suspectés d'avoir assassiné plusieurs personnes. En fuite, ils ont reçu l'aide de Johnny qui est, mais ils ne le savent pas encore, le véritable serial killer. 

En cours de route ils ont perdu Ed, le plus jeune des trois suspects, mordu par un loup-garou, il est lui aussi devenu une créature poilue et affamée à chaque pleine lune. Dans ce Canada presque désertique, Steeve et Mary, de nuit, renversent un vieillard. Ils lui portent secours et le conduisent à un hôpital isolé dans les neiges. Début de la troisième aventure, ou plutôt du troisième cauchemar venu d'Outre tombe intitulé « Trois petits tours et puis s'en vont ». Imaginée par Jean et Simon Léturgie (père et fils), cette série est illustrée par Richard Di Martino. 

Les « Léturgie » puisent dans les classiques de l'horreur, mis à la mode gore et humour. Di Martino, tout en conservant un trait franco-belge classique, signe quelques scènes aussi rigolotes que violentes. (Vents d'Ouest, 9,40 €) 

mardi 9 janvier 2007

SF - Dantec, noir visionnaire du futur

1957, lancement de Spoutnik, premier satellite artificiel. 2057, sur la base spatiale de Grande Jonction, la Cosmos Incorporated s'apprête à fêter le centenaire de cet événement. 

Un jour anniversaire qui correspond également à la date qu'a choisi Plotkine pour exécuter son contrat : tuer le maire de cette ville autonome coincée entre ce qui reste des Etats-Unis et le Québec. De la science-fiction et de l'action, les prémices du roman de Maurice G. Dantec semblent on ne peut plus classiques. Mais l'auteur français exilé au Canada quitte rapidement les sentiers battus du genre. 

Parfois cynique, souvent désespérante, cette histoire mêlant religion et science se termine par un message d'espoir malgré cette réflexion du personnage principal : "Plotkine laissa s'installer le silence. Il n'y avait pas le moindre souffle de vent, il n'entendait aucun insecte, pas un bruit ne provenait de la masse agglutinée des réfugiés. La fin du monde serait probablement d'un grand calme." Dantec, écrivain polémique aux positions souvent très tranchées, signe un grand roman de SF. (Cosmos Incorporated, Le Livre de Poche, 7,50 €) 

lundi 8 janvier 2007

Roman - Une « Douce France » inaccessible

Prise dans une rafle de sans papiers, une jeune Française découvre les centres de rétention. Karine Tuil raconte cette descente aux enfers.

A la base, Claire voulait simplement aménager une bibliothèque dans son studio. Un ami lui avait expliqué qu'elle trouverait, devant un magasin de bricolage discount en région parisienne, de la main-d'oeuvre pas chère. Au moment où elle découvre la trentaine de personnes attendant le bon vouloir d'un patron français, la police débarque. Contrôle d'identité. Tout le monde est embarqué. Même elle qui était sur le point d'interroger un ouvrier. Arrivée au commissariat, Claire se rend compte qu'elle n'a pas ses papiers sur elle. Elle remarque aussi Yuri, un sans papier prétendant être biélorusse, taciturne et au charme certain. Quand elle affirme qu'elle est Française, les policiers ne la croient pas.

Cette jeune romancière, dont les parents sont absents actuellement de Paris, se dit que visiter un centre de rétention peut être intéressant. Elle est donc conduite dans le centre de Mesnil-Amelot, juste à côté de l'aérogare d'où décollent les avions qui reconduisent les « irréguliers » hors des frontières françaises. Les gendarmes chargés de surveiller les « retenus » se persuadent que Claire est Roumaine. Elle ne dément pas, usurpe l'identité de l'ancienne femme de ménage de son grand-père et peut ainsi rester dans le centre, le découvrir au plus près et mieux connaître Yuri...

Un monde totalement clos

D'un côté les femmes, de l'autre les hommes. Peu de confort, pas de chauffage, le tout entouré de grillages et de fils de fer barbelés. « Il faut quand même dissuader les gens de revenir en France » explique la fonctionnaire chargée de la gestion du centre. Un centre de rétention qui n'est pas le pire existant selon les déclarations de certains habitués. « C'était un monde totalement clos mais sans vocation carcérale; une organisation réglementée, contrôlée jusqu'aux moindres détails, sans but répressif, une société qui affichait ses contradictions : il s'agissait de retenir contre leur gré des individus qui n'avaient commis aucun crime, en préservant leurs droits les plus élémentaires tout en les privant de l'essentiel, en restant inhospitaliers ».

Elle découvre qu'elle n'est pas la seule à se fabriquer une identité. Tout est bon pour ne pas quitter la France. En devenant Roumaine, elle se raconte une histoire, toutes les histoires de sa famille, immigrés juifs fuyant perpétuellement. « Je revêtais des centaines de masques, en affublais les autres, le centre devenait le lieu du Roman, celui où convergeaient tous les imaginaires possibles, où étaient autorisées toutes les affabulations, et nous détournions le réel, travestissions la vérité au nom du principe de survie ». Et puis il y a Yuri. Il n'y a pas pire endroit pour tomber amoureuse.

Le roman de Karine Tuil, tout en donnant une vision très réaliste des centres de rétention, offre en plus au lecteur un parallèle affolant avec un passé récent montrant d'autres endroits clos, lieux de passage avant une destination redoutée. « Douce France » est un récit d'actualité, au titre très provocateur...

« Douce France » de Karine Tuil. Editions Grasset. 14,90 euros

dimanche 7 janvier 2007

BD - Nao et les araignées

Si vous avez la phobie des araignées, n'ouvrez pas cette BD. Les "méchants" sont des extraterrestres à la forme très arachnéenne. Cailleteau, le scénariste, a beaucoup puisé dans les us et coutumes de ces insectes pour décrire les sévices infligés au beau Nao, le héros de la série Aquablue. 

Vaincu par la reine Marachna, il est presque entièrement vidé de toute vie sur l'autel du dieu Arakh. Laissé inconscient dans le désert, il ne doit son salut qu'à l'arrivée impromptue de pillards. Il devra puiser dans ses dernières forces pour expliquer ce qui vient de lui arriver. Le final, dans la forteresse des sables, est grandiose. 

Série de science-fiction phare du catalogue Delcourt, dessinée par Siro depuis peu, Aquablue délaisse un peu son crédo, l'écologie, pour plus d'action. Une édition limitée de 96 pages de ce tome 11 propose, en plus de l'histoire, crayonnés, croquis et story-board. (Delcourt, 12,90 €, 17,50 € pour l'édition limitée)

samedi 6 janvier 2007

BD - Les nanotechnologies illustrées

Les nouvelles technologies sont au centre de cet album de la série STAR contant les aventures, techniques et mouvementées, de quatre scientifiques de haut vol. Basés à Bruxelles, ils sont sollicités pour retrouver un attaché-case en provenance des Etats-Unis et dérobé dans un grand hôtel de la capitale européenne. Avec un message impératif à faire passer aux ravisseurs : ne pas ouvrir la malette. Ce que bien évidemment les malfrats s'empressent de faire... 

Le scénario de Patrick Delperdange, tout en restant accessible au commun des mortels, aborde un thème très pointu : les nanotechnologies. Des machines microscopiques qui peuvent être introduites dans les corps des malades pour y effectuer des réparations au niveau des cellules. 

Thierry Cayman, le dessinateur, après les aventures médiévales de Sylvain de Rochefort, est tout aussi à l'aise dans cette ambiance beaucoup plus hightech. Une bonne série intelligente à découvrir. (Casterman, 9,80 €) 

vendredi 5 janvier 2007

BD - A l'école de la célébrité

Devenir célèbre. Riche et célèbre ! C'est le rêve de tous les candidats franchissant l'entrée de l'agence Casting Prod'. Un rêve qui parfois devient réalité. Mais il faut avouer que c'est rare, très rare. Ce ne sont pas les compétences professionnelles des employés de l'agence qui sont en cause, mais plutôt les qualités artistiques des postulants. 

La télé réalité et son lot de bras cassés imbus de leur personnalité est passée par là. Imaginés par Cazenove et dessinés par Bloz, les déboires de Casting Prod' utilisent souvent la mine inépuisable de cette télé poubelle, particulièrement la Star Academy et ses chèvres hurlantes à tue-tête. Autre programme qui a beaucoup inspiré les auteurs, les émissions médicales américaines sur la chirurgie esthétique. 

Les candidates au relooking complet sont nombreuses, mais les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de leurs espérances. Les gags sont parfois cruels. Mais c'est si bon... (Bamboo, 9,45 €) 

jeudi 4 janvier 2007

BD - Cosey soutient toujours le Tibet

Cosey, auteur complet suisse, a débuté sa carrière en racontant les aventures de Jonathan dans les neiges du Tibet. Trente ans plus tard, Cosey est toujours fidèle à ce pays résistant au joug chinois, puissance occupante totalitaire. 

Dans le second tome du Bouddha d’Azur, vaste saga de plus de 100 pages, on retrouve Gilford, le héros d'origine américaine. Il est maintenant âgé d’une vingtaine d’années et espère toujours retrouver Lhal, la jeune fille qu’il a croisée quelques années plus tôt dans une lamasserie. Il croit toucher au but quand Lhal, cinquième réincarnation d’une célèbre divinité, annonce qu’elle va faire une importante déclaration pour le peuple tibétain. Gilford va enfin retrouver son amour de jeunesse. 

Mais ce ne sera pas évident pour filer le parfait amour. Une histoire alternant romantisme et combat politique sur fond de droits de l'Homme. Sans oublier la recherche du fameux Bouddha d'Azur, fil rouge de la série. Une des œuvres les plus abouties de cet auteur au trait juste et épuré. (Dupuis, 13,50 €) 

mercredi 3 janvier 2007

BD - Coraline, le Top


Il paraît que Terry Dodson, dessinateur américain, excelle dans la représentation des femmes pulpeuses et sensuelles. Avec la parution du premier tome des « Songes », série écrite par Denis-Pierre Filippi ayant pour vedette Coraline, c’est une évidence. 

Coraline, préceptrice du jeune Vernère, est chargée de redonner le goût de jouer à cet adolescent un peu trop sérieux. Il passe de longues heures dans ses ateliers à imaginer des machines savantes mais manquant de poésie. Cela laisse plus de temps à Coraline pour bronzer en petite tenue, prendre des douches, se baigner… 

Bref, Coraline est souvent peu vêtue. Encore moins dans ses rêves. Des rêves torrides qui semblent presque réels. La jeune femme commence à se poser des questions, le lecteur, lui, attend impatiemment le prochain rêve…

« Songes », Les Humanoïdes Associés, 12,90 euros 

mardi 2 janvier 2007

BD - L' aventure au Grand siècle


Sous le règne de Louis XIV, être un gueux n’est pas tous les jours réjouissant. Alphonse en est l’exemple frappant. Flanqué d’une mégère, il a sombré dans l’alcoolisme. Son seul plaisir ? Aller livrer quelques victuailles chez le chevalier de Beaumont et y apercevoir sa fille. Mais e matin-là, en arrivant dans la grande demeure, il découvre la famille aux prises avec trois malandrins. 

La fille et le père sont assassinés, Alphonse, sauve le plus jeune à ses risques et périls. Pris en chasse par le trio, il trouve refuge dans une tribu de gitans. Sa vie change, exit le train-train, bonjour la grande aventure. 

Un premier album signé Simon Andriveau : intrigue plaisante, dessin de classe, difficile de ne pas tomber sous le charme.

« Le grand siècle », éditions Delcourt, 12,90 euros 

lundi 1 janvier 2007

Thriller - Six « Transgressions » de très grands écrivains

Sous l'égide d'Ed McBain, ces six grosses nouvelles réunies en deux tomes offrent le meilleur de la littérature anglo-saxonne contemporaine.


Donald E. Westlake, Anne Perry et Joyce Carol Oates pour le volume 1, Walter Mosley, Sharyn McCrumb et Ed McBain pour le second : la fine fleur de la littérature de genre anglo-saxonne est au sommaire de ces "Transgressions" qui annoncent pour les tomes suivants la participation de Stephen King et de John Farris. Un peu plus que des nouvelles, ces six textes ont été "commandés" et réunis par Ed McBain. Il raconte dans la préface qu'à ses débuts, il écrivait beaucoup de ces "nouvellettes" qui lui étaient payées 500 dollars. Moins long qu'un roman, mais necessitant quand même une bonne intrigue et de nombreux personnages, ce genre est un peu tombé en désuétude. C'était donc souvent un véritable exercice de style pour plusieurs de ces auteurs contemporains. Totalement libres (en dehors de la longueur), ils ont concocté des histoires tragiques, comiques, haletantes ou fantastiques, au gré de leurs humeurs.

Véritables faux billets

Premier à entrer en scène, Donald Westlake. Il a naturellement choisi son héros préféré, Dortmunder, pour cette histoire intitulée « Des billets sur la planche ». Le petit truand new-yorkais est contacté par un ancien taulard qui projette un coup en or. Reconverti dans une imprimerie en province, il peut, en une nuit, imprimer des milliers de billets d'une monnaie d'Amérique centrale. Des billets vrais puisque le marché est soustraité par son entreprise. Cela semble effectivement un bon plan, mais Dortmunder, sceptique et pragmatique, cherche quand même le détail qui pourrait transformer la belle occasion en entourloupe. Un premier récit qui vaut surtout par sa description des moeurs de cette Amérique provinciale, avec quelques personnages hilarants comme le mari, complètement paranoïaque, de la directrice d'une petite agence de voyage. Un texte appréciable également par sa morale finale très éloignée d'une certaine pensée unique...

Anarchiste et pasteur

Vous trouverez également dans ces deux livres de près de 400 pages un anarchiste totalement délirant. Archibald Lawless est sorti de l'imagination de Walter Mosley, reconnu comme l'un des artisans de la renaissance de la littérature noire américaine. Felix, un étudiant en quête d'un petit boulot, va découvrir un univers insoupçonné où la maxime « sans foi ni loi » a toute sa valeur. De foi par contre il en est beaucoup question dans la nouvelle « Otages » d'Anne Perry. Un pasteur irlandais, leader du camp protestant, se retire une semaine avec sa femme dans une maison isolée en bord de mer. Une semaine de vacances, une semaine pour décompresser. Mais le couple est pris en otage par des activites modérés. Qui a trahi ? Comment réagir face à leurs propositions parfois pleines de bon sens ? Anne Perry a beaucoup soigné l'ambiance et le portrait psychologique de la femme du pasteur.

La contribution d'Ed McBain est plus classique. Avec New York pour scène principale, un tueur en série s'attaque aux chauffeurs de taxis. Et il signe ses crimes d'une étoile de David peinte sur le capot des véhicules.

Au final, la formule de ces « Transgressions » est idéale pour les lecteurs amateurs de diversité rechignant à se plonger dans de trop gros romans semblant parfois sans fin.

« Transgressions », tome 1 et 2, éditions Calmann-Lévy, 22 euros chaque volume.