Réflexion sur le théâtre, la tolérance et la guerre, ce court roman de Jacques-Pierre Amette offre de plus quelques scènes torrides.
« Le fanatisme de Mahomet », pièce de Voltaire, avait reçu un accueil très mitigé lors de sa création. Le philosophe, déçu, a décidé de donner une seconde chance à ce texte qu'il considère comme essentiel dans la dénonciation des intégrismes. En plein été 1761, alors qu'il profite de la douceur de vivre de son domaine de Ferney en Suisse, il fait venir de Paris deux actrices italiennes renommées pour participer aux premières répétitions de cette histoire toujours aussi controversée de nos jours.Jacques-Pierre Amette ne s'est pas trop appesanti sur la pièce et son message préférant, dans ce court roman, raconter la vie quotidienne de cette petite société, lettrée, intelligente, mais très éloignée des réalités de l'Europe du 17e siècle. Autour de Voltaire, chef de tribu, pièce maîtresse et pensante du domaine, on retrouve quelques intellectuels, religieux, militaires et artistes.
Les amours de Gabriella et Zanetta
Dans cette dernière catégorie, le romancier consacre beaucoup de pages aux deux artistes italiennes, aussi belles l'une que l'autre mais aux caractères diamétralement opposés. Gabriella, exubérante, sûre d'elle, séductrice implacable, tombe rapidement sous le charme du comte Fleckenstein, officier prussien envoyé par Frédéric II pour négocier un traité de paix par l'intermédiaire de Voltaire. Le comte oubliera sa mission dès qu'il franchira la couche de Gabriella.
Cette dernière profitera goulûment de l'émissaire comme le laisse entendre cet extrait : « Elle souleva le drap, découvrit les cuisses, les jambes, les pieds. Elle songea longtemps sur le sexe assoupi. Un corps parfait. Elle repoussa le linge pour jouir de ce si beau corps. Elle fut saisie, troublée, enthousiaste : des bras admirables, un sexe adouci par l'ombre de la cuisse. D'infimes petites contractions des muscles l'émerveillent ».
Mais il n'y a pas que Gabriella à Ferney. Zanetta, l'autre comédienne, plus timide, ténébreuse, rêveuse, s'intéresse elle aussi au militaire. Le bel été va s'écouler au rythme des répétitions et des tentatives de séduction de deux belles invitées. Ce sont les meilleurs passages de ce roman très sensuel, avec aussi les quelques apparitions du peintre Goussier, si leste pour croquer (au sens propre et au figuré) les plantureuses servantes des cuisines.
« Un été chez Voltaire », Jacques-Pierre Amette, Albin Michel, 15 €
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