vendredi 28 septembre 2007

BD - "Les terres de Cael", de la SF pour les débutants

Cela commence dans l'espace avec l'arrivée d'un corps étranger dans un vaisseau spatial. Cela continue sur terre, quelques années plus tard, dans une décharge, une casse pour engins stellaires démantelés. Nolan et Myrko, deux petits délinquants purgeant une peine d'intérêt général découvrent un tube mémoire top secret dans le ventre d'une épave. Mais trois gros méchants veulent également ce tube et une course poursuite s'engage dans la ville haute et basse. 

Les deux jeunes héros parviennent à leur échapper et vont chez Lullaby, une belle pirate informatique, pour tenter de décrypter ces mystérieuses données. Ils vont découvrir un vaste complot destiné à déstabiliser la planète. Il s'agit du premier tome d'une nouvelle série SF assez classique mais très efficace. 

Si le début de l'histoire de Syde manque de nouveauté, le rythme et les dessins très dynamiques de Christophe Alliel permettent de passer le cap. Ensuite, l'ensemble prend une autre dimension, annonçant une suite beaucoup moins conventionnelle.

("Les terres de Caël", Soleil, 12,90 €) 

jeudi 27 septembre 2007

BD - Treize fois Cliff


Seconde partie de la première enquête de Cliff. Un héros multiple. Un schizophrène absolu puisque cohabitent en lui treize individualités distinctes. Depuis quelques années, il est sous la surveillance d’un psychiatre du FBI. Cliff était emprisonné, l’une de ses composantes se révélant être un tueur sanguinaire. Une facette qu’il parvient à maîtriser. Il est utilisé par la police fédérale pour tenter de résoudre les affaires les plus compliquées, celles relevant du « service des méthodes parallèles d’investigation ». 

Cliff s’est lancé à la poursuite de "La Torche", un tueur en série qui arrose ses victimes d'essence avant de les enflammer avec son briquet. Les différentes composantes de Cliff vont apporter leur savoir faire. L’informaticien laisse la place à une voyante puis à une tête brûlée experte en art martial, très efficace pour la scène finale. 

Mosdi, le scénariste, relance l’intérêt du lecteur avec la multiplication des personnalités dessinées par Winoc dont c’est la première série.

("Cliff and Co", Bamboo, 12,90 euros) 

mercredi 26 septembre 2007

BD - Caresse mortelle dans "Hel"

Série fantastique flamboyante, "Hel" est l’occasion de découvrir la révélation de cette rentrée : Anne Renaud. Premier album pour cette jeune dessinatrice, mais son aisance graphique éclabousse chaque planche. Décors futuristes grandioses, anatomie des personnages irréprochable, elle se permet même le luxe de créer un minotaure plus vrai que les légendes. Une virtuosité qu’elle a acquise en travaillant plusieurs années dans le secteur de l’animation. Elle a présenté deux planches de Hel à un concours, remporté haut la main. 

Hel, l’héroïne, est une jeune femme vivant dans l’ombre. SDF, solitaire, elle subsiste en fournissant à des artistes jumeaux, visionnaires et extrêmes, des cadavres et autres fœtus d’êtres difformes. Se dresse sur sa route un autre collectionneur, Fortunio Damanos, richissime original, fasciné par les "janus", des fœtus de siamois. C’est dans son palais qu’Hel rencontre ce minotaure dressé pour la tuer. C’est là aussi qu’elle utilisera son terrible secret : tout être vivant meurt à son contact.

("Hel", Delcourt, 12,90 euros) 

mardi 25 septembre 2007

BD - Megaron, sacré cochon


Jason, porteur d’une amulette, est quasiment immortel. Heureusement pour lui car ce chasseur de primes, parti délivrer la fille du roi, croise la route de Megaron, dit Ronnie. Le héros de cette nouvelle série de Sapin (scénario) et Pion (dessin) est un colosse à tête de cochon. Il massacre Jason et charme la fille du roi. Ils rentrent donc à trois au palais. Mais qui des deux est le libérateur ? 

Pour faire son choix, le roi leur demande de se lancer dans une quête très difficile : trouver une Drosophila Megalonaster Rex, une variété de mouche... Composé de récits complets indépendants, cet album, tout en puisant dans les ressorts de l’héroic fantasy, est avant tout un exercice de style glorifiant le second degré. Le héros, musculeux et à tête de cochon, en plus de faire fondre la princesse, préfère passer ses journées dans les bibliothèques que de batailler avec les méchants. Jason, défiguré, envieux et frustré, sera systématiquement dépassé par Ronnie. 

Décalée et originale, cette histoire l’est d’autant plus que le dessin est résolument réaliste et sombre.

("Megaron", Dargaud, 13 euros) 

lundi 24 septembre 2007

Roman US - Tranches de vie sur un « Campus »

La réputation sans faille du lycée d'Ault rassemble l'élite du gratin de la côte Est des USA, dans laquelle Lee tombe comme un cheveu sur la soupe.

Ault, campus prestigieux de la côte Est, dans les collines verdoyantes du Massachusetts, est un univers réservé par tradition aux vieilles familles riches. Fermés et élitistes, les élèves fortunés (la majorité) intègrent difficilement dans leur cercle restreint les élèves boursiers. C’est le cas de Lee Fiona, qui, venant du fin fond de sa campagne de l’Indiana, constate très vite, à ses dépens, la différence flagrante de comportement de ses condisciples aisés envers elle. Elle partage d’ailleurs une chambre avec Sin-Jun, très discrète et très correcte avec sa copine moins fortunée. Ce qui n’est pas le cas de Dede, toujours prête à lancer un propos acerbe ou un sous-entendu méchant. Mais vaille que vaille, Lee supporte tout et se consacre à ses études, consciente de sa chance de pouvoir les poursuivre dans ce lycée prestigieux.

Enfin une amie

Lors d’un cours de sport, Lee se retrouve à faire équipe avec Conchita, qui, à son grand étonnement, ne sait pas rouler à vélo et à qui elle propose de lui apprendre. "Je fis la connaissance de Conchita Maxwell au printemps, le premier jour d’entraînement de lacrosse. (...) Je savais que Conchita n’avait pas de petit ami et il ne me semblait pas non plus que Conchita ait beaucoup de copines." Elle tombent d’accord sur le côté "différent" de Ault. "Les choses sont différentes sur la côte Est, observai-je d’un ton évasif. C’est peu de le dire, répliqua Conchita en riant. Quand je suis arrivée ici, j’ai eu l’impression d’atterrir sur une autre planète." Et Lee continue d’observer ses condisciples, tout en essayant de ne pas tomber dans les jugements stéréotypés. A toutes occasions, elle se place comme observatrice extérieure, examinant les autres élèves comme un entomologiste ses insectes.

Pendant les "dîners officiels" mensuels par exemple, "tout devenait à la fois immense et lointain, et quelques chose se passait là-bas, très loin - une image confuse d’élèves bien habillés gagnant des tables couvertes de nappes blanches et de plats argentés."

Cross, le beau gosse

Le décalage avec la réalité n’arrange pas les interrogations existentielles de Lee et ses fréquentations fragmentées avec les "autres". Elle ne peut cependant pas s’empêcher de remarquer le beau Cross Sugarman, tout en sachant pertinemment qu’elle ne pourra jamais même approcher ce beau gosse issu d’une famille richissime. Quoique...

Entre les problèmes relationnels de Lee avec les étudiants comme avec les professeurs, le fossé qui se creuse avec ses parents et les premiers émois amoureux de son héroïne, Curtis Sittenfeld fait mouche avec son "Campus" élu meilleur roman de l’année 2005 par le New York Times. Le grand nombre de dialogues rendent la lecture de ce best-seller légère comme une plume. L’écriture et le style parfaitement maîtrisés confirment le talent de l’écrivain.

« Campus », Curtis Sittenfeld, Presses de la Cité, 22 € c

samedi 22 septembre 2007

BD - Bruxelles la mystérieuse

Retour à Brüsel, la capitale belge fantasmée par Schuiten et Peeters, héroïne indirecte de la série des « Cités obscures ». Brüsel où arrive un géant barbu. Gholam Mortiza Kahan, fier guerrier Bugti, arrive avec des bijoux de son peuple qu'il espère vendre à Elsa Autrique. Cette dernière est fascinée par le pendentif de l'homme. 

Mais il ne veut pas le vendre, c'est une prise de guerre, le chef des Moktars le portait à son cou. Gholam accepte cependant de lui prêter quelques jours pour qu'elle en réalise une copie. En sortant, il est renversé par un tramway. C'est à partir de ce moment que des phénomènes inexpliqués perturbent le quotidien de la capitale. 

Des pierres apparaissent dans un appartement, ailleurs c'est du sable qui remplit les pièces. Un cuisinier enrobé constate qu'il s'allège de jour en jour... Des cas qui sont du ressort de Mary Von Rathen, l'enfant penchée. Une histoire fantastique et poétique, sous la forme d'un album de 120 planches à l'italienne, donnant toute sa force au dessin en bichromie de Schuiten.

("La théorie du grain de sable", Casterman, 17,50 €) 

vendredi 21 septembre 2007

BD - Huis-clos par Bézian

Huis-clos à la Hitchcok pour ce gros album de 80 pages signé Bézian, virtuose du dessin n'ayant malheureusement jamais rencontré le succès populaire que mérite son talent. Un thriller, avec tueur en série, flic idiot, femme fatale et suspects à la pelle. Dans l'immense villa d'un richissime éditeur, une soirée est donnée pour célébrer le succès annoncé d'un thriller. 

Boris Lentz forme avec Alice un couple très en vue. Leur résidence, construite sur une île au centre d'un lac est luxueuse. La policie, sur les traces de Boone, un tueur en série dont le dernier forfait a été commis à Barcelone, est repéré dans la région. L'inspecteur Fix va donc investir la villa et tenter de piéger l'assassin. 

De tous les personnages présentés par Bézian, le plus important reste la villa. Aux lignes épurées et modernes, elle rend l'ambiance encore plus lourde, inquiétante. Immenses terrasses, salon grand comme une église, tunnel pour accéder à l'extérieur : tout est en place pour que la vie et la mort se disputent les quelques dépouilles d'intellectuels trop gâtés. Un bijou graphique à découvrir.

("Les Garde-fous", Delcourt, 16,50 €) 

jeudi 20 septembre 2007

BD - L'éducation d'un elfe


Après l'histoire de Ghorghor Bey, voici celle de Pile-ou-Face. Les arcanes de la Lune Noire permettent de mieux appréhender le monde imaginé par Froideval et mis en images par Ledroit puis Pontet. 

Dans cette histoire complète se déroulant avant le début de la série principale, c'est Angleraud qui est au dessin. Il signe de très nombreuses doubles planches qui feront l'admiration des amateurs de scènes fourmillant de personnages. Avant de devenir Pile-ou-Face, cet elfe des forêts vivait paisiblement dans un arbre centenaire. Le passage d'un ogre a bouleversé sa vie. 

Capturé par un dragon, il a été élevé en compagnie d'un bébé dragon avant d'être vendu au chef des voleurs de la grande ville. Là, il apprendra à voler mais également à devenir dur avec ses compères, méchant et sans pitié quand il le faut pour se faire respecter. 

De petit être de la forêt, innocent et joyeux, il deviendra un redoutable tueur, armé de deux épées magiques lui donnant ce nom de Pile-ou-Face. Une belle histoire et des dessins époustouflants.

("Les arcanes de la Lune Noire", Dargaud, 13 €) 

mercredi 19 septembre 2007

BD - Jeu vidéo absolu avec Backworld


Vous avez certainement entendu parlé de Second Life. Backworld est un peu la version suivante de ce jeu de réalité virtuelle. Avec le jeu, est fourni des lunettes sensitives donnant réellement l'impression au joueur de plonger dans une réalité autre, virtuelle mais incroyablement vraisemblable.  

Un jeu encore en test, c'est pourquoi Terry Hackman, champion du piratage informatique, est payé pour en découvrir les failles. Mais Terry va rapidement se rendre compte que ce jeu est très supérieur à tout de ce qui existait auparavant. Et une fois connecté, pas évident de décrocher. Le scénario de Corbeyran ne tente pas trop les explications scientifiques et savantes.  

Il se contente d'entraîner le lecteur dans le lent cauchemar du héros, pris au piège d'une intelligence artificielle sans aucune humanité. Lucien Rollin, au dessin réaliste de plus en plus sombre, semble s'économiser dans cet album se lisant vite et s'achevant sur un fort suspense. Pour connaître le fin mot de l'histoire, il faudra attendre les deux prochains volumes de ce triptyque.  

 ("Backworld", Glénat, 12,50 €) 

mardi 18 septembre 2007

BD - Enfer vénitien du futur sous la plume de Serpieri


En se lançant dans la bande dessinée, l'éditeur généraliste Robert Laffont n'a pas fait dans le détail en recrutant Jean Dufaux et Paolo Serpieri. Le scénariste de Giacomo C, Murena et autres succès s'associe au dessinateur italien qui a enchanté plusieurs générations de lecteurs avec les courbes généreuses de Druuna. 

Leur série, intitulée « Les enfers », se déroule dans une Venise du futur, polluée, robotisée. Le doge, à la tête d'une milice sans pitié, cherche des clés lui permettant d'ouvrir les portes du paradis. Des clés en possession de la jeune et belle Saria, surnommé La Luna, princesse de cet univers trouble. Un premier tome palpitant au dessin d'un réalisme époustouflant.

« Les enfers », Robert Laffont BD, 14,95 euros