lundi 3 mars 2025

BD - Manteau maudit dans les Pyrénées

La montagne est souvent assimilée à la nature, la poésie et la beauté. On oublie par contre l'isolement et l'obscurantisme qui perdurent dans ces endroits coupés du monde moderne. Le roman graphique de Jaime Martin paru dans la collection Aire Libre explore ce versant des Pyrénées. 

L'action se situe au XIXe siècle. Pas encore la civilisation moderne. Dans ces vallées ou plateaux, entre les frontières françaises et catalanes, pour se soigner les plantes des guérisseuses sont souvent plus efficaces que les remèdes d'une médecine encore balbutiante. 

Mara est une vieille guérisseuse. Elle vit seule dans sa maison perdue dans la forêt. Quand une jeune femme, juste vêtue d'un sombre manteau débarque apeurée et déboussolée chez elle, elle décide de la protéger, de l'aider, de lui enseigner son savoir. 

Cet apprentissage va causer bien des soucis à Mara et à sa jeune protégée qui semble être recherchée par la police. Qu'a-t-elle fait dans la grande ville ? Mara ne veut pas le savoir. Par contre les villageois vont se mêler de l'affaire et le manteau, de sombre, va devenir définitivement maudit.

Un roman graphique d'une grande force, abordant des thèmes d'antan mais qui résonnent de nos jours : liberté des femmes, émancipation et médecine douce. 

"Un sombre manteau", Dupuis, 104 pages, 21,95 €

dimanche 2 mars 2025

BD - Arsène Lupin, de voleur à détective

Reconversion en vue pour le célèbre Arsène Lupin. Le cambrioleur imaginé par Maurice Leblanc vit de nouvelles aventures en BD sous la plume de Jérôme Félix et le pinceau d'Alain Janolle. 
Notre voleur, après trois aventures (sa jeunesse et un diptyque au cours duquyel il affronte Sherlock Holmes), se retrouve de nouveau sur le marché de la cambriole. mais pas pour longtemps. A la demande du gouvernement britannique, il va se grimer en Sherlock Holmes et prendre la place du célèbre détective privé récemment mort. Lupin ou Holmes ? Les auteurs, après quelques planches d'hésitation, vont finalement revenir au schéma classique, notre hértos prenant plusieurs identités, incapable de se contenter d'une seule vie. Même celle de Holmes...

Dans cet album, il va s'associer à une autre voleuse, la belle et redoutable Irène Adler, ayant croisé Lupin dans sa jeunesse et surtout ancienne dame de coeur de Holmes. Un duo d'une rare efficacité sur les traces de la dernière prophétie de Nostradamus. Tout simplement la date de la fin du monde. 
Un scénario à énigmes qui permet au scénariste de faire visiter la France de l'époque. Janolle, au dessin, assure une partition solide et efficace, entièrement au service de l'intrigue. Cela n'a pas la truculence des romans originaux, mais les amateurs d'énigmes tordues et de fausses pistes en ont pour leur argent. 
"Arsène Lupin et le dernier secret de Nostradamus", Bamboo Grand Angle, 2 pages, 16,90 €

samedi 1 mars 2025

BD - Quand le train devient l'unique espoir d'un territoire

D'un côté il y a le TGV, rapide, centralisé, fierté de la technologie made in France. De l'autre les petits TER sur des lignes vieilles, très vieilles. Une bataille qui semble perdue d'avance. Mais qui pourtant va donner le ton des prochaines décennies. Le pays va-t-il se recentrer sur les grandes agglomérations pour abandonner les territoires ruraux, de plus en plus vides et isolés ? 

Exemple avec cette ligne en déshérence qui relie Neussargues dans le Cantal à Béziers dans l'Hérault. Une transversale, à travers les sud du Massif Central, Aveyron et Lozère. Des départements peu habités, en voie de désertification, sans grosses industries. Forcément, les lignes ont perdu leur rentabilité. Même pour le fret depuis l'ouverture d'une autoroute gratuite. 


Pourtant sur ces quais devenus trop silencieux, des milliers d'habitants se battent depuis des décennies pour sauver la ligne, la rénover, la moderniser, lui donner une seconde chance. A eux aussi par la même occasion. 

Alain Bujak est allé sur place pour enquêter, rencontrer ces irréductibles du chemin de fer. Il raconte aussi la beauté des paysages traversés, des ouvrages d'art exceptionnels comme le viaduc de Gabarit, de cette France éternelle que l'on ne peut qu'apprécier à vitesse modérée. Il a confié le scénario à Elliot Royer, jeune dessinateur visiblement très enthousiaste à reproduire ces décors, véritables cartes postales de toujours. On comprend, en lisant ce reportage graphique, combien il est important pour certains de pouvoir se déplacer en toute sécurité et par tous les temps. Et rien de mieux que le rail, véritable lien entre les territoires, les communautés, les régions. 

Aujourd'hui, les premiers travaux de modernisation ont commencé, le combat semble avoir payé. Mais il faudra quand même attendre encore de nombreuses années avant que la ligne redevienne le fleuron qu'elle était au début du XXe siècle.

"Silence sur le quai", Futuropolis, 112 pages, 19 €