Témoignage édifiant que ce « Deal », texte signé d'un énigmatique « 6 ». Un jeune, originaire de Grenoble, y raconte comment il s'est fait une place dans le juteux mais dangereux monde du trafic de drogue.
Les documentaires inondant les chaînes de la TNT nous proposent souvent des émissions racontant 24 heures ou une nuit avec les policiers de terrain. Plus rares sont les émissions montrant l'autre côté, celui des dealers. Ce récit, sous forme de polar-confession, plonge le lecteur dans la spirale infernale de la vie d'une jeune originaire de Grenoble. A la première personne, « 6 » (c'est sa signature...), explique qu'à la base, il est simplement un gamin qui, s'ennuyant ferme dans sa banlieue, a tendance à fumer un peu trop de cannabis pour atténuer la morosité ambiante. Une consommation exponentielle qui devient problématique. Il décide donc de revendre une partie don stock pour financer les futurs achats.
Dans le milieu cela a un terme : il devient « brasseur ». Un consommateur qui peut, à l'occasion, dépanner les copains et connaissances. A la différence des dealers qui eux ne consomment pas.
La drogue n'est qu'un business comme un autre, le moyen de se faire beaucoup d'argent rapidement, comme nous le fait miroiter sans cesse notre société capitaliste et consumériste. L'auteur explique que « légal, illégal, licite, illicite... tout cela ne voulait strictement rien dire. Il n'y avait qu'une seule réalité : le profit, partout et tout le temps. Le produit, le service, la provenance ou la destination n'avaient aucune espèce d'importance. Le monde n'était qu'un immense champ de bataille ultralibéral parcouru par les flux incessants des capitaux. » Devenu incontournable dans son lycée ou son quartier, « 6 » gagne des clients et des relations. Touche à d'autres drogues (cocaïne, acides...), achète de grosses quantités et en fait son métier.
Attention, si vous croyez avoir découvert le livre qui prend la défense des consommateurs et des petits trafiquants, vous faites erreur. La concurrence est rude dans ce secteur particulier et la meilleure façon de s'imposer reste la méthode forte. Violente. Il n'y a rien de glamour à se faire tirer dessus ou à passer plusieurs mois en prison. On le découvre dans ce texte âpre, réaliste et sans concession au romantisme des brigands des temps nouveaux.
« Deal » de 6, Nouveau Monde éditions, 288 pages, 9,50 €
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