lundi 27 juillet 2009

Polar - Tarquin Hall, expert en intrigues indiennes

La première enquête de Vish Puri, détective privé indien, a l'honneur d'inaugurer la nouvelle collection « Domaine policier » de 10/18


Il fait un peu penser à Hercule Poirot. Mais il évolue dans un monde radicalement différent. Vish Puri, Chubby pour les intimes, Boss pour ses employés, est le meilleur détective privé de Delhi. Quelques affaires élucidées avec éclat ont suffit pour lui bâtir une réputation élogieuse. Vish Puri, 51 ans, quelques kilos de trop, fait partie de ces Indiens qui, tout en comprenant l'évolution de leur pays, puissance émergeante où les fortunes s'amassent en peu de temps, regrettent les traditions vieilles de plusieurs siècles et devenues caduques en une décennie.

Ce roman policier de Tarquin Hall, journaliste anglais marié à une Indienne et ayant longtemps vécu dans le sous-continent, est une excellente occasion pour décrire minutieusement l'évolution des mœurs des habitants de cette région du monde. Cet observateur privilégié y a trouvé de nombreuses sources d'intrigues à la sauce indienne.

Casquette et moustache

Vish Puri, surbooké, surmené, mène souvent plusieurs dossiers de front. Notamment celles qui doivent déterminer de la bonne moralité d'un futur marié. C'est le gros de son chiffre d'affaires. Mais parfois il est appelé à s'occuper d'enquêtes plus délicates et passionnantes. Il faut alors savoir se rendre invisible : « Puri qui se targuait d'être un champion du travestissement, ne portait rien d'inhabituel pour l'opération du jour ; pourtant on vous aurait pardonné si, le voyant pour la première fois, vous l'aviez cru réellement déguisé en détective : moustache en guidon de vélo bien cirée (qu'il gardait depuis l'armée), casquette de tweed et lunettes d'aviateur adaptées à sa vue. » Vish Puri, dans ce roman, est sollicité par un avocat qui est accusé du meurtre d'une de ses employée, Mary. La jeune fille, embauchée depuis à peine un mois, a disparu sans laisser de trace. Vish lance ses informateurs sur l'affaire et fait une découverte inquiétante. Peu de temps après la disparition de Mary, le corps d'une jeune femme, violée et défigurée, est découvert au bord d'une route. Cette enquête, qui occupe l'essentiel du roman, est menée tambour battant entre Delhi et Jaïpur.

Drogué au piment

Mais dans ce polar, d'autres intrigues se nouent. Vish Puri est notamment visé par un tueur, heureusement maladroit. Un matin, alors que le détective prenait soin de ses précieux pieds de piments sur la terrasse de sa maison, il essuie des coups de feu. Dans cette enquête, il recevra le renfort, non souhaité, de sa mère, encore plus maniaque et bizarre que notre héros.

On découvrira aussi sa vie de famille, typique d'une certaine bourgeoisie indienne. Vish Puri aime sa femme, un peu moins quand elle s'obstine à lui faire suivre un régime. Plus de sel ni de beurre. Heureusement il lui reste les piments. « Croquer un naga morich revenait à effleurer du plomb fondu avec le bout de la langue. Le palais de Puri, immunisé, réclamait en conséquence des condiments toujours plus forts. Au fil des années il avait développé une véritable addiction au piment ; son seul moyen de se les procurer était de les cultiver lui-même. »

Cette plongée dans l'Inde contemporaine, en plus d'être très dépaysante, est pleine d'enseignements. Une bonne façon de s'intéresser à ce pays en pleine expansion économique et qui comptera de plus en plus à l'avenir.

« L'homme qui exauce les vœux », Tarquin Hall, 10/18, 8,60 € 

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