mercredi 14 août 2013

BD - A la recherche de "Jade" dans le Tibet libre

Dans les années 50, au Tibet, les Chinois décident d'annexer ce pays montagneux recouvert de neiges éternelles, de forêts profondes et regorgeant de richesses minérales souterraines. Dans ce cadre historique, Ulysse Malassagne, auteur complet né dans le Cantal, plonge son héros, Harry, jeune Anglais fougueux, dans une course-poursuite effrénée. Aidé d'un jeune Tibétain, il est à la recherche de Jade. Cette mystérieuse déesse tibétaine est censée protéger son peuple. Si elle tombe aux mains de Chinois, cela en serait fini de la résistance. Par monts et par vaux, à cheval, en jeep ou à pied, les deux amis vont déjouer les pièges des troupes d'occupation et retrouver la grotte abritant Jade, mystérieuse et étonnante. Un roman graphique de 100 pages, trépidant, avec quelques références philosophiques et beaucoup d'action. En fin de volume, Malassagne, en quelques pages, retrace le passé de ce pays qui a cessé d'être indépendant depuis plus d'un demi-siècle.

« Jade », Glénat, 14,95 €

mardi 13 août 2013

BD - Maudite maladie synonyme de "Carton blême"


Dans un futur proche, la surpopulation des pays riches pose de plus en plus de problèmes. L'explosion de la délinquance provoque une véritable crise de la police. Les autorités trouvent une solution même si elle est des plus discriminante. Chaque citoyen passe un examen médical et son état de santé est défini selon un barème précis. Si vous avez un résultat supérieur à 20 %, vous avez un carton bleu et pouvez appeler la police en cas d'agression. En dessous de 20 %, le carton blême ne vous protège plus. A quoi bon intervenir pour quelqu'un dont les chances de survie sont si faibles ? Adaptée d'un roman de Pierre Siniac par Jean-Hugues Oppel, cette BD est dessinée par Boris Beuzelin. Il noircit cette société terrifiante. Un serial killer, le tueur au marteau, a parfaitement compris l'avantage des cartons blêmes. Cela fait de la chair à meurtre facilement repérable. Mais si les dés étaient pipés ? Un cauchemar dans l'abomination...

« Carton blême », Casterman, 18 €

BD - Zombies à toutes les sauces avec "Revival"

Le succès de « Walking Dead » a forcément donné des idées à quelques auteurs. Mais « Revival » de
Tim Seeley et Mike Norton est tout sauf une resucée du best-seller de Kirkman. Il ne s'agit pas d'invasion zombie mais de renaissance de quelques morts dans une zone géographique très limitée. Une petite ville du Wisconsin, tranquille, pépère. La première renaissance a eu lieu dans la morgue, en présence d'une journaliste. Le corps, en feu, s'est échappé de l'incinérateur. D'autres sont sortis de terre et sont retournés travailler, comme si de rien n'était. Certains mystiques parlent de miracles, d'autres plus prosaïques de maladie et mettent la zone en quarantaine. Dana Cypress, policière, est chargée de surveiller les agissements des morts-vivants. Cela se complique quand elle découvre que parmi eux se trouve sa jeune sœur, fraîchement assassinée. Dana, en plus de la protéger, va se lancer à la recherche de son meurtrier. Les quatre premiers chapitres plantent le décor. La suite ne saurait tarder car la série est toujours en cours aux USA.

« Revival » (tome 1), Delcourt, 15,50 €

dimanche 11 août 2013

BD - Compostelle, chemin mystique


La bande dessinée historique est de nouveau à la mode. Lancée dans les années 80 par les éditions Glénat avec le magazine Vécu comme vecteur, elle a petit à petit disparue des rayonnages des libraires. Mais le formidable potentiel ne pouvait que de nouveau inspirer les scénaristes. Et la BD historique a retrouvé des lettres de noblesse grâce à son sérieux et son travail de vulgarisation. Nouvel exemple avec « Campus Stellae » qui, en quatre tomes, permet de découvrir les quatre plus connus des chemins de Compostelle traversant la France. Le premier chemin, du Puy à Moissac, passe par l'Aveyron. 
Une bonne partie de l'intrigue se déroule, au XIIIe siècle, entre Aubrac, Espalion et Conques. Pierre-Roland Saint-Dizier a imaginé la quête d'un trésor ramené d'une croisade. Pour le trouver, il faut déchiffrer des énigmes écrites dans des coquilles de pèlerins. Les réponses sont à deviner sur des monuments religieux comme le célèbre tympan de Conques. Alternant habilement intrigue et découverte architecturale, cette série séduira le plus grand nombre. Au dessin on retrouve Andréa Mutti, grand professionnel italien dont c'est la première incursion dans la BD historique. Il s'en tire à merveille.

« Campus Stellae » (tome 1), Glénat, 13,90 €


vendredi 9 août 2013

BD - Marcas, flic et maçon


Succès éditorial au Fleuve Noir, les aventures de Marcas, flic et Franc-Maçon a désormais son adaptation en BD. Giacometti et Ravenne supervisent eux-même le scénario qui est prédessiné par Ullcer puis finalisé par Parma. L'efficacité est au rendez-vous pour des péripéties mouvementées. Le second volume de la première enquête voit Marcas fuir face aux tueurs de la société occulte (et nazie) de Thulé. Il sauve sa peau mais sa collègue, Jade, de la DGSE, est capturée. Marcas va donc en faire une affaire personnelle. En plus de l'action pure, il y a toutes les théories qui ont fait le succès des livres de Giacometti et Ravenne, notamment le rituel de l'Ombre qui donne son titre à l'album. Et si la BD ne vous suffit pas, le dernier roman mettant en scène le commissaire Marcas vient de paraître début juin chez Pocket, « Le Temple noir ».

« Marcas » (tome 2), Delcourt, 14,30 €



jeudi 8 août 2013

BD - "Douce France" ou la réécriture de l'Histoire

Quand les témoins directs de certains événements historiques disparaissent, il ne reste plus que quelques vieillards à la mémoire vacillante pour témoigner. Ils oublient. Ou carrément réécrivent l'Histoire. C'est le thème central de ce roman graphique écrit par Simon Rochepeau et dessiné par Lionel Chouin. Christian, le personnage principal de l'album, est conducteur de travaux. Il vient d'être embauché par une multinationale du BTP pour construire un Mémorial de la Résistance. Vitrine du groupe, le bâtiment doit beaucoup aux souvenirs de Raymond Langlade, le chef du Maquis de Saint-Yves, localité où sera construit le Mémorial. Christian, jeune et ambitieux, tombe en admiration pour ce vieil aristocrate, symbole de la France qui s'est levée contre l'oppresseur. Mais entre ce que raconte Raymond et ce qu'il a fait, il y a quelques nuances. Notamment quand il était fonctionnaire pour le gouvernement de Vichy et qu'il planifiait les rafles des Juifs français. On retrouve en filigrane de cette BD l'affaire Bousquet et l'aveuglement d'une certaine jeunesse idéaliste.

« Douce France », Futuropolis, 19 €

mercredi 7 août 2013

Roman - La belle et le bourreau racontés par Didier Decoin


En racontant l'histoire de Ruth Ellis, la dernière femme pendue par la justice anglaise, Didier Decoin va beaucoup plus loin que le simple fait divers.


Un homme. Une femme. Albert Pierrepoint et Ruth Ellis. Le roman de Didier Decoin, inspiré de faits réels, raconte à distance la seule et unique rencontre entre la jeune femme blonde et l'austère patron d'un pub londonien. Ruth croise le chemin d'Albert le 13 juillet 1955. Dans une prison. Quelques minutes plus tard Ruth est morte, pendue par Albert, exécuteur en chef du royaume britannique. Cette fin inéluctable puisque partie intégrante de l'histoire de l'Angleterre, n'est que la conclusion de deux trajectoires magnifiquement racontées par l'écrivain français. Ruth Ellis n'a jamais eu la vie facile. Violée dès son plus jeune âge par un père alcoolique, elle a cru à l'amour d'un beau soldat canadien venu à Londres pour libérer l'Europe du joug nazi. Quand il apprend qu'elle est enceinte, il préfère retourner de l'autre côté de l'Atlantique retrouver femme et enfants officiels... Seule, abandonnée, un bébé sur les bras, en pleine période de rationnement, elle décide de s'appuyer sur la seule chose qui ne l'a jamais trahie : son physique. Elle répond à une petite annonce et met toutes les chances de son côté. « Elle est ce soir particulièrement élégante dans une robe noire au décolleté discrètement souligné de strass, qui rehausse la blondeur de ses cheveux et en particulier la guiche qui boucle sur son front, adorable accroche-cœur qu'elle a fixé avec de l'eau très sucrée. » Elle devient danseuse et entraîneuse dans des clubs louches. Elle est coquette, fière de de sa chevelure d'un blond absolu. En réalité, c'est une simple prostituée qui essaie de survivre dans un monde dominé par les pulsions des mâles.

La bonne longueur de corde
Albert Pierrepoint a pris la succession de son père. Exécuteur. Bourreau. Il pend avec précision. Il fait tout pour que la mort soit quasi instantanée. En ces lendemains de seconde guerre mondiale, il est chargé de pendre les criminels nazis. Il va régulièrement et Allemagne et tue des dizaines de condamnés au cours de journées intenses. Il est froid, sans émotion. Un véritable robot. Sans faille. « En me fondant sur la table officielle établie par le Home Office à partir des calculs de James Berry, lequel avait officié comme exécuteur de 1884 à 1891, je décidai donc de passer au cou d'Irma Grese une corde longue de très précisément deux mètres et 23 centimètres. » Irma Grese a 22 ans. Albert s'en moque.
L'essentiel du roman est consacré à Ruth. Comment après des années et des années de souffrance, elle tombe amoureuse d'un pilote de course sans le sou. Elle se ruine pour lui. Perd son travail. Lui ne s'intéresse qu'à ses bolides. Et à la moindre contrariété bat sa maîtresse. Jusqu'à la faire avorter. Un jour, Ruth en a assez. Manipulée par un prétendant, elle abat son amant au sortir d'un pub.
La dernière partie du roman est d'une force étonnante. Albert s'humanise. Hésite même à se charger de cette exécution. Ruth semble soulagée. Derrière les murs de la prison elle est enfin à l'abri de ces hommes qui, de son père à son dernier amant, ont jouit de son corps avant de l'utiliser comme un vulgaire punching-ball.
Un homme. Une femme. La mort. Une tragédie...
 
« La pendue de Londres » de Didier Decoin, Grasset, 18,90 € (disponible au format poche au Livre de Poche)


BD - Les Aztèques conquérants de Kris et Duhamel


Ukronia est une agence chargée de surveiller le temps. Et surtout du bon déroulement de l'Histoire de l'Humanité. La découverte du voyage dans le temps a donné des idées à certains esprits tordus. Des manipulateurs tentés de modifier le passé. Avec les conséquences irréversibles pour l'avenir. Les brigades du temps sont chargées de veiller au grain. Dans le second tome de cette série de
Kris et Duhamel, on retrouve les deux agents débutants (un blanc-bec orphelin et un solide Écossais) en pleine mission en Amérique centrale. Ils doivent absolument remettre l'Histoire sur de bons rails. L'arrivée de conquistadores ne s'est pas soldée par l'asservissement des Aztèques. Au contraire ce sont ces derniers qui montent une grande armada et vont se lancer à la conquête de l'Europe... Une mise en perspective de la folie du pouvoir, avec une bonne dose d'humour. Duhamel dessine des milliers de guerriers en armes. Sans compter les temples, forêts vierges et autres galions. Le travail fourni pour boucler ces 46 pages représente l'équivalent de 77 albums de Bastien Vivès...

« Les brigades du temps » (tome 2), Dupuis, 12 €

lundi 5 août 2013

Roman - Sang et or en Guyane


Un village perdu au fond de la forêt guyanaise. La lie de l'humanité s'y retrouve et l'appât de l'or fait disjoncter les consciences.


Il n'existe plus beaucoup d'endroits sur la planète où la nature a gardé sa pureté originelle. La forêt amazonienne est un de ces sanctuaires. Mais plus pour longtemps. A Brésil la déforestation est intensive. Et même la Guyane française, pourtant mieux protégée, subit de plein fouet les dégâts causés par les Garimpeiros, les orpailleurs clandestins, polluant les cours d'eau à grand renfort de mercure.« Le bar du Caïman Noir », roman de Denis Humbert a pour cadre ce département français du bout du monde et plus spécialement la commune de Regina, au sud de Cayenne, loin de la rutilante et moderne base de Kourou. Regina, moins de 600 habitants disséminés sur une superficie largement supérieure au plus grand département de France métropolitaine.Construit comme une symphonie à plusieurs voix, le récit est raconté en grande partie par le médecin du secteur, le docteur Charpentier, jeune toubib en rupture. Il a accepté ce poste pour mettre un océan entre lui et la ville de province où il aurait dû reprendre le cabinet de son père. Aussi pour tenter d'oublier la femme qui l'a quitté.

Paradis originel
Les premiers temps, il s'est laissé grisé par cette impression de bout du monde où tout est possible. « En se posant ici, il avait cru à une rémission. Au début, il s'était dit que le paradis, ce délicieux fantasme, avait dû ressembler à cet endroit. Il était finalement possible de s'immerger dans une nature retrouvée; l'eau, l'air, la forêt inviolée, les oiseaux et les fleurs, la lourde chaleur de matrice originelle, les milliers d'espèces d'insectes et de plantes encore inconnues. » Rapidement il redescend sur terre. « Il avait découvert derrière le décor luxuriant suffisamment de souffrance et de misère pour nourrir son goût de sacrifice et son besoin d'expier les fautes qu'il n'avait pas commises. » Très torturé le médecin. Et les événements qui vont agiter Regina ne vont rien arranger.
En plus du toubib, l'auteur suit les destins de Thomas, un métro, magouilleur de première, porte-flingue de politiques corrompus. Il s'est fait prendre la main dans le sac. Ses appuis lui ont permis de changer d'identité. Mais exit les strass et signes de richesse. Il vivote à la tête de ce bar miteux ou sa serveuse, Sofia, une Brésilienne en situation irrégulière, arrondit les fins de mois en se prostituant. Caporal Bob, ancien légionnaire, assure le service d'ordre.
Frantz est un métis indien. Il vit dans sa tribu à une heure de pirogue par le fleuve. Mais il voit son peuple s'éteindre, bouffé par la télévision et le poison déversé par les orpailleurs dans le fleuve. Toxines que les enfants ingurgitent quotidiennement en mangeant les poissons pêchés. Tous les intervenants se retrouvent pour la scène finale. Sanglante et violente.
Pour donner un peu plus de corps à cette tragédie forestière, l'auteur y a rajouté deux personnages extérieurs : une scientifique et un consultant en entreprise. Ils font un peu cheveu sur la soupe. Mais Denis Humbert semblait vouloir insuffler un note d'espoir et d'amour dans ce décor moite et désespérant de réalisme.
 
« Le bar du caïman noir », Denis Humbert, Presses de la Cité, 19 €

dimanche 4 août 2013

BD - Saga inca chez Glénat

Les armes chimiques, si décriées en Syrie, ont fait leur apparition il y a des centaines d'années. Et à l'insu des armées les utilisant. Quand les Espagnols débarquent en Amérique du Sud à la recherche d'or, ils se trouvent confrontés aux troupes incas. Des milliers de guerriers redoutables et déterminés. Malgré leurs armures et leurs mousquets, les conquistadores auraient pu être balayés. Mais ils avaient une arme de destruction massive dans leurs bagages : la variole. Une maladie contagieuse qui a décimé les populations locales. Le premier tome de « Inca », saga écrite par Laurent Granier et Bollée et dessinée par Marty reprend cet épisode. Mais l'histoire se consacre aussi sur le destin de Amaru, orphelin retrouvé dans un berceau d'osier, comme Moïse. Un dieu vivant, un empereur, au destin fabuleux. Mais avant de pouvoir protéger son peuple, il devra affronter les foudres de ceux qui veulent sa perte. Une BD entre Histoire et légende fantastique.

« Inca » (tome 1), Glénat, 13,90 €