mardi 30 avril 2024

BD - Trésor et sa bande au cœur de l'île aux mille dangers

Album très copieux que ce second tome des aventures du jeune Trésor écrites par Jean-Baptiste Saurel et dessinées par Pauline de la Provôté.  Pas moins de 72 pages très mouvementées avec quelques excellentes trouvailles pour redonner de l'intérêt à cette chasse au trésor. Un rythme effréné dans la narration, des planches en couleurs, très belles et qui parfois lorgnent manifestement vers l'univers manga : les plus jeunes apprécieront. Les plus anciens, amateurs de la BD franco-belge, risquent de ne pas tout saisir dans le récit. Mais nous sommes en 2024, logique que les BD actuelles n'aient plus rien à voir avec la Patrouille des Castors ou Génial Olivier...

Trésor, vit seul avec son père. Quand il apprend que ce dernier veut vendre le voilier, seul souvenir de sa maman décédée, Trésor décide de voler le navire et de partir avec quelques amis vers une île qui devrait selon un vieux plan, cacher un formidable trésor. Problème, le bateau sombre et l'île est une invention de Trésor pour persuader ses amis de la suivre. Il avoue son mensonge mais ne comprend pas pourquoi cette île aux mille dangers qui ne devrait pas exister, a finalement fait surface. Ils n'ont pas beaucoup de temps pour se poser la question car ils tombent dans un gouffre et se retrouvent avalés par l'île. Avec en plus un robot et quelques méchants aux trousses.

 Cette nouvelle version de l'île au trésor mâtinée de l'histoire de Jonas est trépidante. Même si au final le lecteur se retrouve avec plus d'interrogations que de certitudes. Mais il gagne un nouveau personnage au fort potentiel humoristique avec la création d'un robot remodelé par le plus jeune de la bande, Noisette. 

"Trésor" (tome 2), Dupuis, 72 pages, 12,95 €

lundi 29 avril 2024

BD - Rani Lakshmî Bâî, la Reine qui osa défier les Anglais

 


Suite de la vie mouvementée, marquée par la rébellion et l'envie de liberté, de la reine indienne Rani Lakshmî Bâî. Toujours dessinée par un Gomez au sommet de son art, cette souveraine indienne a osé remettre en cause la domination des colonisateurs anglais. Pourtant rien ne la destinait à devenir une légende su sous-continent, symbole de cette révolte comme l'occupant, l'oppresseur. 

Alors que le roi, son époux, est à l'article de la mort, ils décident d'adopter un jeune enfant pour assurer leur descendance. Car une loi anglaise stipule que s'il n'y a pas d'héritier, c'est la Compagnie des Indes (et donc le Royaume Uni, qui récupère dans son giron l'état. Cette adoption, normalement, assure aux ressortissant de son petit pays, indépendance et liberté.

 Mais la perfide Albion, qui n'a jamais aussi bien mérité son surnom, prétend que cette adoption est illégale et Rani est chassée de son palais dès la mort du roi. Le tome 2 de la série, écrite par Delalande et Mogavino, raconte cette péripétie. Rani aurait pu accepter la sanction, mais contre tous les préjugés elle va décider de lever une armée et de se battre pour conserver cette autonomie. Ce sera le 3e et dernier tome qui devrait paraître en début d'année prochaine.

"Rani Lakshmî Bâî" (tome 2) dans la collection Les reines de sang, Delcourt, 64 pages, 15,95 € 

dimanche 28 avril 2024

Biographie - Jean Cau, l’Audois réfractaire

 Ce fils d’ouvrier agricole audois a conquis les intellectuels parisiens dans le sillage de Sartre. Puis il les a vomis avec une rare méchanceté. Tel était « Jean Cau, l’indocile », sorti de l’oubli dans une nouvelle biographie. 


Né à Bram, enterré à Carcassonne, Jean Cau est le seul Audois à avoir remporté le prix Goncourt. C’était en 1961 avec La Pitié de Dieu paru chez Gallimard. Cet écrivain, surtout connu par ses articles polémiques quand il était journaliste à Paris Match, est un pur produit de l’école de la République.

C’est ce que rappelle dès les premières pages cette nouvelle biographie signée par Ludovic Marino et Louis Michaud. Issu d’un milieu excessivement modeste, son père a été ouvrier agricole dans le Lauragais puis homme à tout faire dans un hôtel de Carcassonne, sa mère simple femme de ménage, le jeune Cau a été repéré par son instituteur. Lycée, bac puis direction khâgne à Paris.

Mais il ne deviendra pas professeur. Trop attaché à la liberté. Il a aussi le désir de vivre de sa plume. Devenir écrivain pour multiplier les vies, les expériences. « Je me résignai définitivement, lorsque je compris que la littérature se suffisait à elle-même et que c’était elle, l’aventure, et pour un écrivain la vraie et profonde. » Une sacrée revanche pour le petit Audois moqué pour son accent rocailleux.

Un accent qu’il conservera, fier de ses origines. Les auteurs y voient les raisons de son intransigeance : « Cet orgueil, d’une terre si dense et d’une origine si marquée, Jean Cau s’y référa toute sa vie. Il lui attribue la source de sa pensée, et de son caractère. La longue lignée audoise et paysanne de sa famille, motive sa fierté et fonde sa morale. » Loin de sa famille, le jeune homme découvre l’indépendance dans ce Paris qui se réveille après les années d’occupation. Il doit absolument trouver un travail pour accomplir son but. Il se propose comme secrétaire à tous les écrivains de la place, de Montherlant à Mauriac en passant par Sartre. Et c’est ce dernier qui lui répond et l’engage.

Jean Cau, de 1946 à 1957, va être au plus près de l’intellectuel qui va révolutionner la pensée de gauche. Cau sera de toutes les soirées, de tous les débats, aura un bureau chez Gallimard dans les locaux réservés à la revue Les Temps modernes et va rapidement faire le nécessaire pour être publié. Il n’a que 23 ans quand sort Le fort intérieur, un recueil de poésies.

Quelques mois plus tard sort son premier roman, Maria-Nègre. Le premier d’une longue série dont le fameux prix Goncourt en 1961. Catalogué comme intellectuel de gauche durant plusieurs décennies, Jean Cau ne se reconnaît plus dans cette gauche d’intellectuels, toujours issue de milieux sociaux favorisés. Des bourgeois honteux qui veulent défendre ouvriers ou colonisés comme pour se déculpabiliser.

Lentement mais sûrement, Jean Cau change de camp, devient ouvertement gaulliste, fustige le gauchisme, rompt avec ses anciens amis et se rapproche de plus en plus de la droite nationaliste. Dans les années 70, il met sa plume au service de Paris Match, multipliant les reportages coup de poing. Il signe aussi des livres analysant cette décadence de l’Occident qu’il regrette mais estime inéluctable. C’est la dernière image qu’il laissera, celle d’un réactionnaire pur et dur.

Si Jean Cau était toujours de ce monde, il aurait certainement antenne ouverte sur CNews et une chronique dans le Journal du Dimanche, version Bolloré.


« Jean Cau, l’indocile » de Ludovic Marino et Louis Michaud, Gallimard, 21,50 €

samedi 27 avril 2024

BD - Plusieurs drames au départ de Barcelone


Le vol 9525 de la Germanwings est parti de Barcelone le 24 mars 2015. Mais il n’est jamais arrivé à Düsseldorf. Ce fait divers tragique est prétexte à raconter quelques tranches de vies barcelonaise, la veille du décollage. Ce sont deux auteurs italiens, Lorenzo Coltellacci (scénario) et Davide Aurilia (dessin), qui proposent cet album choral où la mort est omniprésente.

On suit les questionnements de plusieurs passagers, leurs doutes, espoirs, rêves. Juana, jeune femme, mère d’une petite fille, va en Allemagne pour régler les derniers détails de son divorce d’avec son mari violent. Mark, étudiant allemand qui vit depuis quelques mois à Barcelone dans le cadre du programme Erasmus, retourne brièvement chez lui pour l’anniversaire de son père. Même s’il le déteste et le rend responsable de la mort de sa mère.

Leya, femme active qui a longtemps sacrifié sa vie privée sur l’autel du travail croit avoir trouvé l’âme sœur. Un bel Allemand croisé en vacances aux Baléares. Elle le rejoint, persuadée que cette fois c’est le bon. Anna est moins sûre de vouloir faire ce séjour touristique à Düsseldorf.

C’est à la demande de son fiancé, Roberto, qu’elle a dit oui. Il est persuadé que le retour à deux dans la ville où ils se sont aimé la première fois ravivera la flamme. Le récit choral, morcelé, fragmentaire, est entrecoupé de planches en noir et blanc montrant la préparation du copilote avant son dernier vol.

Un remarquable ouvrage pour ne jamais oublier que derrière les 144 passagers et 6 membres d’équipage il y a des hommes et des femmes comme vous ou moi, persuadés que demain sera un jour comme les autres. Pas le dernier.

« Le dernier vol », Steinkis, 144 pages, 22 €

BD - New York, l’inspiratrice


Ville touristique par excellence, New York grouille de visiteurs, le nez en l’air à admirer immeubles et publicités géantes. Si en ce printemps 2009 Zoe, Dani et Fiona se retrouvent dans la ville monde de la côte Est des États-Unis, ce n’est pas uniquement pour faire du tourisme.

C’est aussi l’occasion pour les deux premières, des cousines, de se retrouver après quelques mois éloignées. Elles n’ont pas choisi la même université au Canada. Fiona est la colocataire de Dani. Elle ne connaît pas Zoé mais accroche immédiatement avec elle.

 Ce séjour de cinq jours va dès lors être plus mouvementé qu’espéré. Ce gros album, écrit par Mariko Tamaki et dessiné par Jullian Tamaki, semble inspiré des souvenirs de ces deux cousines originaires de Corée, citoyennes canadiennes et devenues des valeurs sûres du milieu graphique indépendant US. Un dessin très simple, alternant gros plan sur les filles et vues d’ensemble de la ville titanesque, prend son temps pour expliquer les découvertes des unes et des autres.

Zoé est la plus enthousiaste. Elle veut tout voir, musées, lieux touristiques, boutiques à la mode et s’extasie même sur la saveur inégalée des pizzas.

Dani, plus réservée, est plus fascinée par Fiona que l’architecture ou les New-yorkais. Quand à cette dernière, elle tourne autour de Dani, la provoque, cherche à la faire réagir pour finalement la séduire et l’amener dans son lit. Une histoire à trois, avec seulement trois couleurs : noir, gris et beige.

Une parenthèse très formatrice dans la vie de ces étudiantes, futures artistes, encore pleines de doutes et d’envies. Problème, en refermant le livre on a deux envies irrépressibles : découvrir New York… et retrouver notre jeunesse.

« New York, New York », Rue de Sèvres, 448 pages, 25 €

vendredi 26 avril 2024

BD - Histoire de la pègre dans la capitale catalane avec "Barcelona, âme noire"


Deux scénaristes, belge et kosovar, mais qui connaissent parfaitement la Catalogne, Denis Lapière et Gani Jakupi, se sont associés à trois dessinateurs catalans, Ruben Pellejero, Eduard Torrents et Martin Pardo pour signer le grand roman graphique de la Barcelone sombre, celle des bas-fonds, de la pègre et de la contrebande.

Si la première scène de l’album se déroule en 1948 dans la gare de Barcelone, tout se noue en réalité au début de la guerre civile. Après un bombardement, les sauveteurs découvrent dans les décombres le cadavre de la mère de Carlitos. Mais ce ne sont pas les explosions qui ont provoqué sa mort. Elle a été victime d’un tueur sadique. Nue, une croix est gravée sur son ventre.

Carlitos va vivre avec son père Carlos, épicier et ami d’un riche imprimeur. En 1948, de Barcelone, Carlitos se rend en France pour approvisionner la boutique paternelle de produits interdits dans l’Espagne franquiste. Il s’arrête à Perpignan et met en place une filière de contrebande à travers les Pyrénées. Le début d’une ascension sociale sombre. Une superbe histoire de vengeance, d’amour, de filiation et de tromperie.

Barcelone, la ville, est omniprésente dans ce récit qui s’étire jusque dans les années 70, pile au moment où le dictateur meurt et que toute l’Espagne, Catalogne compris, va sortir de sa longue léthargie. Le dessin, réaliste, très proche de celui de Pellejero, apporte cette vérité graphique historique essentielle pour permettre au lecteur de plonger dans cette ville et ce passé fascinants.

« Barcelona, âme noire », Dupuis, 148 pages, 27,95 €

jeudi 25 avril 2024

Cinéma - Chantage, morts, arnaques et tromperies à “LaRoy”

Shane Atkinson, le réalisateur de LaRoy, a une formation de scénariste. Il a écrit et mis en scène son premier film, une comédie noire se déroulant de nos jours dans une petite ville du Texas, LaRoy. Ray (John Magano), simple quincaillier marié à Stacy-Lynn (Megan Stevenson) découvre qu’elle le trompe. C’est Skip (Steve Zahn), vieux copain de Ray se rêvant détective privé qui le lui apprend.

Désespéré, Ray décide de se faire sauter la cervelle. Mais juste avant de presser sur la gâchette, un homme monte dans sa voiture et lui remet une liasse de billets pour exécuter le contrat. Il le prend pour le tueur à gages qu’il a engagé. Ray, maladivement timide, lassé qu’on le traite de mauviette, accepte. Il va à l’adresse indiquée et quelques kilomètres de filature plus loin tue, par maladresse, cet avocat qui trempait dans une grosse magouille juteuse.

Le début du film a le don de plonger le spectateur dans cette ambiance trop rare au cinéma entre polar sombre et comédie désopilante. Toute la suite est du même acabit. Ray, suivi comme une sangsue par Skip, va rapidement être suspecté par la police (deux idiots congénitaux qui mériteraient à eux seuls d’avoir leur propre série comique), puis devoir s’expliquer avec le commanditaire du contrat.

Mais le pire est à venir pour le duo de bras cassés. Car le véritable tueur, Harry (Dylan Baker), n’a pas du tout apprécié d’être doublé car il avait 5 minutes de retard au rendez-vous. Tout est excellent dans LaRoy, de la froideur de l’assassin à la duplicité de la femme de Ray en passant par l’improbable complicité entre ce dernier et un Skip en mal de reconnaissance.

C’est d’ailleurs cette histoire d’amitié entre deux recalés de la vie qui prend le dessus et apporte une touche supplémentaire d’humanité à ce film triplement récompensé au dernier festival de Deauville.

 Un film américain de Shane Atkinson avec John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker, Megan Stevenson

mercredi 24 avril 2024

En vidéo : un singe en cavale

 

On ne va pas se voiler la face, Jeff Panacloc, à la poursuite de Jean-Marc n’est pas le chef-d’œuvre cinématographique de 2023. Ni la meilleure comédie. Il existe pourtant un public pour ce genre de réalisation surfant sur le succès du moment (un ventriloque et sa peluche mal élevée).

La sortie en DVD et blu-ray chez M6 Vidéo donne l’occasion de se faire une idée. Ceux qui prétendent que c’est la marionnette qui joue le mieux ont presque raison. Un road movie éclectique réalisé par Pierre-François Martin-Laval avec virée en Citroën GS Palace, train régional (le TGV ne dessert pas cette province profonde…), skate électrique et side-car datant de la seconde guerre mondiale.

Reste un enchaînement de répliques trash, de situations improbables et de personnages secondaires savoureux car tous bas du front, notamment les militaires.
 

mardi 23 avril 2024

Cinéma - “Le mal n’existe pas” au cœur des forêts du Japon

Film écologique, naturaliste et familial, « Le mal n’existe pas » de Ryusuke Hamaguchi donne à voir un autre Japon, partagé entre nature préservée et ambitions touristiques luxueuses. 

Le film débute par un long travelling sur les cimes d’arbres. Mais à l’opposé de nombre de génériques de série, ce n’est pas vu du ciel et à partir d’un drone que c’est filmé. La caméra avance et capte l’image des branches qui cachent en partie le ciel. La beauté de la forêt, mais admirée à hauteur d’homme, tête renversée. Ou d’enfant. Car ils sont deux à sillonner sans relâche cette zone protégée du Japon : Takumi (Hitoshi Omika) et sa fille Hana (Ryo Nishikawa).

Le premier est homme à tout faire dans cette petite ville loin de la frénésie de la capitale. Il élève seul sa fille de 8 ans qui passe plus de temps à courir la nature qu’à faire ses devoirs. Ce début de film pourrait sembler trop lent, sans la moindre action (par exemple cinq minutes durant lesquelles Takumi scie du bois puis fend des bûches…). Sauf si on lâche prise et qu’on écoute la musique de Eiko Ishibashi.

Le film est un dérivé d’une collaboration entre cette compositrice et le réalisateur. Il a filmé cette splendide forêt pour illustrer des concerts en live. Des images qu’il a reprises en partie dans le film, y greffant une intrigue qui prend toute son ampleur dans la seconde partie.

Des promoteurs ont acheté une partie de la forêt et veulent y implanter un « glamping ». Le concept fait fureur : un mélange de camping et de glamour. Cela apportera emplois et dynamisme économique. Mais lors d’une réunion de présentation du projet par deux jeunes investisseurs, les quelques habitants présents s’inquiètent surtout pour l’eau de la source qui alimente le village.

La fosse septique du « glamping » pourrait la polluer. Ils exigent que la fosse soit déplacée. Incompréhension des deux urbains. Le film se transforme en critique sociale et écologique. Car au Japon comme chez nous, les intérêts capitalistiques se moquent de la préservation de l’environnement. Et dans la suite de Le mal n’existe pas, Ryusuke retrouve la profondeur cinématographique de Drive my car. Les investisseurs sont parfaitement conscients que le projet est mal ficelé.

Mais une seule chose importe : le boucler le plus rapidement possible pour récupérer des subventions d’après crise sanitaire. La dernière partie du film voit les deux jeunes investisseurs revenir en forêt et tenter de persuader Takumi du bien-fondé de leur projet de glamping.

La confrontation de ces deux mondes et une fin totalement inattendue, toujours avec l’appui d’une bande-son virtuose, propulse ce film japonais vers le statut de chef-d’œuvre inattendu. Le Lion d’argent au dernier festival de Venise est dès lors tout à fait justifié.

Film de Ryusuke Hamaguchi avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa, Ryûji Kosaka

 

lundi 22 avril 2024

En vidéo, les huit épisodes de “Mercredi” dans un coffret

 


Huit épisodes et un succès planétaire inégalé. la série Mercredi, qui vient de sortir en vidéo chez Warner, doit beaucoup à Jenna Ortega, interprète principale. Mais c’est avant tout la vision de Tim Burton qui a permis à cette histoire issue de la célèbre Famille Adams de marquer les esprits lors de sa sortie en 2022 sur Netflix.

Dans le boîtier de deux blu-ray ou trois DVD on retrouve tous les épisodes, évidemment, mais malheureusement pas le moindre bonus. Pourtant? il y aurait sans doute beaucoup à montrer sur la genèse de la série, le tournage (en Europe, exactement en Roumanie au cœur des Carpates) ou le casting. On se contentera donc de la bouille craquante de Jenna Ortega et de ses aventures fantastiques et assez sombres.
Quant à la saison 2, elle a été confirmée, mais toujours pas sa date de diffusion.

dimanche 21 avril 2024

Un polar best-seller : Les effacées de Bernard Minier

Suite des aventures de Lucia Guerrero. Bernard Minier revient en Espagne pour la seconde enquête de cette policière galicienne. Le premier tome, Lucia, vendu à des milliers d’exemplaires, vient de sortir en poche chez Pocket. Le second, Les effacées, est promis au même succès.

Deux meurtriers, des cibles différentes. D’un côté ce sont des femmes invisibles, ces ouvrières pauvres, forçats de l’ombre, qui sont la cible d’un tueur. De l’autre, les victimes sont des milliardaires madrilènes.

Lucia va tenter de faire le lien entre deux affaires qui représentent, encore et toujours, la lutte entre riches et pauvres, bien et mal.

« Les effacées » de Bernard Minier, XO, 418 pages, 22,90 €

samedi 20 avril 2024

Une BD best-seller : La route par Manu Larcenet


Manu Larcenet frappe une nouvelle fois très fort. Son adaptation en BD du roman La route de Cormac McCarthy, dès sa sortie, s’est hissé en tête des ventes de BD.

Depuis Le combat ordinaire (20 ans déjà), Larcenet ne cesse de remonter le niveau de sa production, déjà bien supérieure à la moyenne. Dans ce roman graphique post-apocalyptique, il manie le noir, le gris et les hachures avec une dextérité inégalée.

Des dessins sublimes (chaque case pourrait être encadrée et vendue à des prix exorbitants) qui pourtant ne servent qu’à donner encore plus de force à ce récit centré sur la relation d’un père et son fils dans un monde où la mort est omniprésente, où chaque matin, malgré le brouillard éternel, est une victoire pour l’avenir.

« La route », Dargaud, 160 pages, 28,50 € (Version luxe en noir et blanc, 39 €, le roman illustré chez Points, 12,90 €)

vendredi 19 avril 2024

BD - Toutes les couleurs de la vie à bord du "Navire écarlate"

Essentiellement connus pour leurs réalisation dans le domaine de l'animation, Claire Grimond et Léo Verrier font une entrée remarquée dans le petit monde de la bande dessinée avec ce premier album. Le Navire écarlate, roman graphique plutôt destiné aux plus jeunes (à partir de 10 ans),  baigne dans l'art.

Le héros, Malo, est le petit-fils d'une célèbre peintre, Zita. Il aime lui aussi imaginer des scènes sur papier. Mais il a peur du jugement des autres,; manque de ,confiance, est persuadé de ne pas avoir de talent. Il va devoir changer ce jugement quand il est enlevé par un mystérieux ascenseur volant avec Zita.


I
l se retrouve sur le Navire écarlate, un bateau volant, occupé par des pirates peintres qui, la nuit, barbouillent les façades des immeubles gris et ternes de couleurs éclatantes. C'est à bord qu'il croise pour la première fois Cyane, une petite muse ailée. Elle les met en garde contrer les agissements du capitaine Magenta. 

De l'aventure, de la beauté, de l'imagination... il y a même beaucoup d'humour dans ce récit qui fait la part belle à l'éveil artistique des jeunes lecteurs. Une jolie surprise parue en janvier 2024.

"Le navire écarlate", Jungle, 112 pages, 17,95 €

jeudi 18 avril 2024

BD – La saga Wild West se poursuit dans « La boue et le sang »


Quatrième épisode de la saga Wild West imaginée par Thierry Gloris et dessinée par Jacques Lamontagne. Cet ambitieux western s'appuie sur plusieurs figures de la conquête de l'Ouest américain : Calamity Jane, Buffalo Bill et Charlie Utter. Trois durs à cuire unis pour tenter de mettre fin aux agissements d'un tueur en série profitant de la violence exacerbée de l'époque. Un Blanc qui scalpe ses victimes. Une enquête en parallèle de leur véritable boulot : hommes de main de Graham, patron de l'Union Pacific, société qui construit le chemin de fer qui va relier les deux côtes de l'Amérique du Nord. 

Jane et ses amis vont à Chicago pour tenter de retrouver la piste du tueur par l'intermédiaire d'un journaliste. Au même moment, la compagnie ferroviaire,n pour faciliter les travaux, dynamite un cimetière indien. Cela suffit pour remettre Cheval Fou sur le chemin de la guerre. C'est dans ce contexte, d'une ville assiégée par des Indiens déchaînés que le trio revient à Mud City. La chasse au tueur attendra les dernières pages. Avant il faut sauver la ville et tenter de calmer les Indiens. 

Cet album raconte la Grande histoire (la construction de la voie de chemin de fer, l'expropriation des Indiens, l'exploitation des soldats noirs...) à travers la petite. Un sans faute pour Thierry Gloris qui signe sans doute un de ses meilleurs scénarios. 

Parfaitement servi par le dessin réaliste d'une grande précision par un Jacques Lamontagne qui aura trop longtemps gaspillé son talent dans des agences de pub canadiennes. 

« Wild West » (tome 4), Dupuis, 48 pages, 15,50 €

mercredi 17 avril 2024

BD - "Les règles de l'amitié" pour aller de l'amitié à l'amour

 

Elles ne sont que quatre et Américaines. Les filles de la série Les règles de l’amitié, imaginées par Karen Schneemann (scénario) et Lily Williams (scénario et dessin) ont moins de problèmes existentiels que les Filles uniques françaises, mais leur dernière année au lycée n’est quand même pas un long fleuve tranquille.

Dans le premier tome, les autrices ont voulu parler des règles sans tabou. Un livre témoignage, un livre solution. Dans le second, elles s’intéressent plus à la psychologie du quatuor et détaille leurs amours. Si Sash semble vivre une belle histoire d’amour tout ce qu’il y a de plus classique avec un gentil Anglais, elle va cependant devoir moins le fréquenter pour améliorer ses résultats.

Brit, souffrant d’endométriose, est partagée. Elle craque pour le beau Jorge, mais Fitz, intellectuel comme elle, semble mieux la comprendre. C’est encore plus compliqué pour Brit. Elle est tombée amoureuse d’Abby, la quatrième du groupe, sa meilleure amie. Mais comment cette dernière va réagir ? Et comment lui dire ?

Ces préoccupations lycéennes sont criantes de vérité. Les études, les amours, les questions de genre et de préférence se bousculent dans l’esprit en plein apprentissage de ces jeunes héroïnes. Une presque sit-com, avec des personnages différents et des thèmes encore plus inhabituels. Un gros pavé qui se dévore comme un bon feuilleton, que l’on soit il, elle ou iel…

 « Les règles de l’amitié » (tome 2), Jungle, 336 pages, 18,50 €

mardi 16 avril 2024

BD - Les mal-barrées de la série "Filles uniques" se rebiffent

 


Il y a de plus en plus de profondeur et de réflexion dans les bandes dessinées écrites par Béka, duo formé par le couple Caroline Roque et Bertrand Escaish. Si Filles uniques semblait au début une série sur la jeunesse actuelle, au fil des albums, l’histoire a pris un tour plus dramatique et psychologique.

Elles sont cinq dans ce club des Mal-Barrées. Des nanas qui ne se reconnaissent pas dans les gravures de mode adeptes du formatage imposé par les réseaux sociaux. Cinq individualités qui ont cependant besoin de collectif. Elles se sont finalement trouvées et ont pour prénom Apolline, Sierra, Céleste, Paloma et Chelonia. C’est l’histoire de cette dernière qui est présentée dans la première partie de ce 5e tome. L’instigatrice du club, la plus secrète. Celle qui cache le plus. Chelonia qui serait la demi-sœur de Paloma.

Un même père, pervers narcissique qui a détruit leurs mères. Mais la réalité est plus complexe et c’est un autre homme, inquiétant au premier abord, Solo, un hacker, qui raconte l’enfance de Chelonia à Mayotte.

La suite du récit est un joli retournement de situation, prouvant la grande intelligence des Béka dans l’analyse de la pensée des adolescentes. Le dessin de Camille Chenu, tout en finesse apporte un côté un peu plus léger à cette BD parfois dure et violente.

« Filles uniques » (tome 5), Dargaud, 56 pages, 13 €


lundi 15 avril 2024

Littérature étrangère - 18 novembre pour l’éternité

Tara Selter est bloquée dans le temps. Jour après jour, elle revit le 18 novembre. Les deux premiers tomes (sur sept) de cette expérience littéraire de Solvej Balle viennent de paraître.

Méfiance, lire Le volume du temps de Solvej Balle peut provoquer un basculement dans la folie. Il faut avoir les nerfs bien accrochés pour ne pas tomber dans un état autre, étrange, dangereux, en découvrant les circonvolutions effectuées jour après jour par l’esprit de Tara Selter, la narratrice. Son manuscrit, qui va s’étendre sur sept tomes et que Solvej Balle, autrice norvégienne a mis plus de 20 ans à finaliser, débute au jour #121. Cela fait 121 jours que Tara est bloquée dans le temps. 121 jours qu’elle se réveille le matin du 18 novembre. Elle se souvient des autres jours. Son entourage par contre, n’en garde jamais le moindre souvenir. Le 18 novembre, Tara est à Paris. Elle rentre d’un voyage d’affaires à Bordeaux (achat de livres anciens). Son mari est resté chez eux, un petit village du Nord de la France. Elle doit le rejoindre le 19. Mais cela fait 121 jours qu’elle attend ce 19 novembre. En vain.

Le thème de la boucle dans le temps, popularisée avec le film Le jour de la marmotte, n’a jamais été développé à ce point. Pas sur le plan science-fiction, mais uniquement sur les conséquences sur le quotidien du prisonnier. Tara détaille toutes ses interrogations, peurs, incertitudes. Comment elle prend conscience que ce 18 novembre infini n’est pas un mauvais rêve, ce qu’elle tente pour briser le cercle infernal. « Nos connaissances auraient dû nous préparer à affronter l’invraisemblable, se dit-elle, mais ce n’est manifestement pas le cas. Bien au contraire : nous le côtoyons sans être pris de vertige tous les matins. Au lieu d’avancer prudemment et avec un étonnement constant, nous nous comportons comme si tout allait de soi. L’étrangeté nous paraît normale ; le vertige ne nous saisit que lorsque le monde nous apparaît tel qu’il est : incohérent, imprévisible et absurde. »

Dans un premier temps elle décide de revenir chez elle, rejoindre Thomas dès le matin. Elle passe la journée avec lui, mais le lendemain, il revit le 18 sans se souvenir de la veille, ne comprend donc pas ce qu’elle fait là. Elle lui explique de nouveau. Explications qu’il oublie le lendemain. Elle insiste : « Je devais trouver des réponses, une explication, un moyen de m’en sortir. Si j’arrivais à percer les mécanismes du temps, je parviendrais peut-être à remettre la journée sur ses rails. » Au bout d’une cinquantaine de jours, Tara, abandonne et va se cacher dans la maison, vivre ces 18 novembre par procuration. Car Thomas semble de plus en plus déconcerté, inquiet. « J’étais réellement devenue folle. Mais il confondait la cause et l’effet. Je n’étais pas folle au point d’imaginer que j’avais vécu trois cent trente-neuf 18 novembre. Si je l’étais devenue, c’était parce que je les avais réellement vécus. »

Lassée de revivre cette journée au même endroit, avec la même météo et les mêmes gens, Tara décide de bouger, donnant encore plus d’ampleur à ce voyage dans l’espace, mais dans un temps limité. Le volume du temps est déstabilisant.

On ne peut s’empêcher au fil des pages de s’interroger sur notre propre façon d’appréhender le temps qui passe, les opportunités ratées, les désirs inassouvis, les envies toujours présentes mais remisées au fond de notre subconscient pas manque de volonté.

« Le volume du temps » (tomes 1 et 2), de Solvej Balle, Grasset, 252 et 288 pages, 18,90 et 19,90 €

dimanche 14 avril 2024

Polar - « La Reine jaune » terrorise Roquebrune-sur-Argens

Un gendarme rigide et une spécialiste en écrits médiévaux enquêtent pour la seconde fois ensemble. Un drôle de duo imaginé par Joseph Macé-Scaron.


Après les falaises et les embruns d’Étretat, place à la garrigue et à la canicule de Roquebrune-sur-Argens. Gendarme en délicatesse avec sa hiérarchie, le capitaine Guillaume Lassire est muté (sanctionné plus exactement) en Provence. Il a été un peu trop brillant dans la résolution de sa première enquête (La falaise aux suicidés) et depuis se morfond dans ce Sud apathique, terrassé par la canicule.

Seul intérêt de la très tranquille vile de Roquebrune-sur-Argens, c’est là qu’on aurait aperçu pour la dernière fois Xavier Dupont de Ligonnès. Mais pas de chasse à l’homme pour Guillaume. Il doit se contenter de dissuader les particuliers de remplir leurs piscines, l’eau devenant de plus en plus rare. Il est aussi sollicité par des jeunes filles qui auraient pris une jeune fille fantôme en stop ou déterminer d’où vient un livre découvert à la bibliothèque et peut-être annoté par Dupont de Ligonnès.

Pour ce dernier cas, il va faire appel à Paule Nirsen, chartiste et déjà sollicitée à Étretat. C’est donc dans un cadre géographique radicalement différent que Joseph Macé-Scaron reforme son duo d’enquêteurs. Rapidement les choses vont se compliquer. Un inconnu agresse Paule pour lui dérober le livre. Et une jeune femme, vêtue d’une robe jaune, comme la mystérieuse auto-stoppeuse, est découverte morte dans le lit de la rivière.

Le mystère s’épaissit et prend un petit côté fantastique dans cette Provence beaucoup plus violente que l’image popularisée par Pagnol. L’occasion aussi pour l’auteur de brosser quelques portraits savoureux de notables, comme cette bibliothécaire sans doute trop curieuse ou le chef de brigade, expert en management par le vide : il donne des ordres incohérents et inutiles pour faire croire que l’on s’active alors que son seul désir est de ne rien faire bouger…

L’excellente nouvelle, en fin d’enquête, c’est l’annonce d’un troisième titre ayant pour vedette le couple (en tout bien tout honneur) composé par Paule et Guillaume.

« La Reine jaune » de Joseph Macé-Scaron, Presses de la Cité, 320 pages, 21 €

samedi 13 avril 2024

Des poèmes - L’Adresse


« Quand tu retourneras marcher dans la rue, après la tempête, tu ne seras pas trempé. Mais à l’intérieur, oui, il restera cette humidité qui gèles les os. » Les premières lignes de ce poème d’Arthur Teboul ont été écrites le jeudi 16 mars 2023 à 12 h 38.

Dans son bureau, il a reçu durant une semaine des inconnus et leur a offert ces poèmes composés en leur présence. Cet éphémère « cabinet de poèmes minutes » à Paris permet de publier ce recueil reprenant ce formidable exercice d’écriture automatique. Aussi déroutant qu’innovant et surprenant.

« L’Adresse - Les rendez-vous du désespoir » d’Arthur Teboul, Seghers, 384 pages, 26 €

vendredi 12 avril 2024

Un guide pratique - Le ménage au naturel


On peut toujours mieux faire en matière de préservation de la nature au quotidien. Manger bio, utiliser des produits naturels… Ce n’est qu’une première étape pour Aurélie Valtat qui dans ce petit guide propose des pistes pour devenir une ménagère (ou un ménager ?) exemplaire.

Une résilience qui passe par la fabrication de ses propres produits. Et à partir d’ingrédients 100 % biodégradables et d’origine naturelle. Si vous vous laissez convaincre, à vous le débouche évier à base de vinaigre blanc et de cristaux de soude concentrée, la poudre pour lave-vaisselle avec bicarbonate, acide citrique et cristaux de soude ou sa lessive uniquement avec des… feuilles de lierre.

« Le ménage au naturel » d’Aurélie Valtat, Ulmer, 128 pages, 16,90 €

jeudi 11 avril 2024

Un roman français - Refuge au crépuscule


Étonnant voyage dans le temps et l’espace proposé par Grégoire Domenach dans son roman Refuge au crépuscule. Le personnage principal, Gaspard, jeune photographe français, va accepter d’aller au Kirghizstan réaliser un livre de photos pour un inconnu rencontré à Istambul.

Ensemble ils vont sillonner ce pays secret ainsi que le Kazakhstan « dans ce décor de lieux sauvages et reculés, entre steppes et montagnes. » Grégoire Domenach sera à Perpignan le 11 avril à partir de 19 heures à la librairie Torcatis pour une rencontre lors d’une soirée aux couleurs de l’Asie.

« Refuge au crépuscule » de Grégoire Domenach, Christian Bourgois Éditeur, 318 pages, 22 €

mercredi 10 avril 2024

BD – Le dernier quai avant la paix et l'oubli



Vive la routine. Émile, majordome dans un hôtel très particulier, aime respecter ses habitudes. Réveil à 5 heurs et préparation du petit déjeuner pour les clients. Mais ces derniers ne sont pas communs. L'hôtel non plus. 

Il s'agit de la dernière étape avant l'éternité de la mort. Émile doit leur permettre de trouver leur voie. Vers le ciel ou l'enfer. Jusqu'au jour où les clients n'ont aucun souvenir. Comment Émile va-t-il les aiguiller verts le bon chemin ? 

Ce roman graphique de Nicolas Delestret interpelle. Une vision nouvelle du purgatoire, avec service en chambre compris. On découvre le fonctionnement de l'hôtel et les doutes d'Émile face à ces clients amnésiques. Et après avoir compris la raison de leur présence, l'album prend une tout autre direction. Une autre ampleur émotionnelle aussi. Dessin parfaits pour une histoire fantastique entre cauchemar et rédemption. 

« Le dernier quai », Nicolas Delestret, Bamboo Grand Angle, 160 pages, 23,90 €

Un thriller - L’été d’avant de Lisa Gardner


Depuis une dizaine d’années, Frankie sillonne les États-Unis pour résoudre les énigmes de personnes disparues. Et tenter de les retrouver. Dans une sorte de tentative de résilience, pour se pardonner à elle-même la mort de Paul, son sauveur, son amour.

Problème, dans les 14 « cas » de disparu.es qu’elle a réussis à résoudre, il était trop tard. Mais cette jeune Angelique, 16 ans, membre de la communauté haïtienne, elle se promet bien de la sauver avant qu’on ne découvre son corps sans vie. Jeune femme blanche plongée dans les quartiers noirs de Boston, imaginez l’accueil. Elle finit par s’intégrer, même auprès de la police locale, dont le séduisant Lotham est chargé de l’enquête.

Suspense, récit bien ficelé, bien écrit, amitiés improbables, un zeste de sexe… d’amour ? Tout Lisa Gardner, en somme.

F. H.

« L’été d’avant », Albin Michel, 448 pages, 22,90 €

mardi 9 avril 2024

Cinéma - Le couple selon Bernard Campan


 Interprète principal du film "Et plus si affinités", Bernard Campan (Photo Michel Clementz, L'Indépendant) se confie lors de son passage au Méga Castillet de Perpignan, sur sa vision du couple.

« Ces deux jeunes réalisateurs sont très précis sur le texte, mais il y a beaucoup de liberté dans leur direction d’acteur, de liberté aussi, a expliqué Bernard Campan lors de sa venue au Méga Castillet de Perpignan pour l’avant-première du film. Cela peut paraître paradoxal mais les deux vont ensemble. Et à côté de ça, il y a des parties d’improvisées car du moment que l’on sait parfaitement la partition, on peut aller ailleurs. »

Lors des lectures avant le tournage, l’ancien membre des Inconnus a mis son grain de sel : « Je suis très en demande de ça, et eux aussi. Ils proposent un travail très avancé mais veulent aller plus loin. On modifie tous ensemble de manière à arriver à une quintessence, le plus pur possible. La perfection, c’est quand il n’y a plus rien à enlever. Un romancier, dans sa dernière lecture, ne rajoute pas, il enlève le petit trop. »

Bernard Campan qui a délaissé depuis quelques années la comédie pour des films plus sérieux et profonds. Il replonge dans le bain des rires avec ce chassé-croisé de couple. « Si j’ai accepté ce film c’est d’abord pour la comédie pure, en tout cas d’être saisi par la drôlerie. Mais avec le recul je me rends compte que le film a un véritable fond et ça me renvoie effectivement à mon couple. Avec ma femme on est ensemble depuis 36 ans, on s’aime mais je peux aussi reconnaître qu’on se perd. À travers des petites habitudes, des façons de fonctionner, d’évitements, ajoutés les uns aux autres, on perd un petit peu ce qu’est l’autre et soi-même. La communication peut devenir difficile, alors que la complicité peut être forte. A certains niveaux, il y a des zones d’ombre et je peux me reconnaître. Le film m’a aidé à continuer à ouvrir les yeux sur les difficultés du couple. » 


lundi 8 avril 2024

Cinéma - Les voisins entreprenants de « Et plus si affinités »

Un dîner, deux couples : combien de combinaisons ? Ce remake d’une comédie catalane offre des rôles en or aux quatre comédiens dont Isabelle Carré et Bernard Campan.

On ne choisit pas sa famille. Encore moins ses voisins. Xavier (Bernard Campan) et Sophie (Isabelle Carré) vivent depuis des années dans un bel appartement. 25 ans de vie commune, une fille adulte qui vit à Londres et plus grand-chose à partager.

Un vide sentimental et amoureux particulièrement mis en évidence depuis l’arrivée de Julia (Julia Faure) et Alban (Pablo Pauly) dans l’appartement du dessus. Jeunes et amoureux. Et très démonstratifs la nuit lors de leurs ébats. Quand Xavier apprend que Sophie les a invités à dîner, il décide de mettre ce sujet sur le tapis. On peut s’aimer, mais pas la peine d’en faire profiter tout l’immeuble.

Un peu coincé puis grinçant, le repas va prendre une étonnante direction quand Julia, psychologue canine, se lance dans l’analyse des relations sentimentales de ses deux « vieux » voisins. Remake d’un film catalan (Sentimental de Cesc Gay), lui-même inspiré d’une pièce de théâtre, ce «Et plus si affinités» a été mis à la sauce française par Olivier Ducray et Wilfried Meance.

Ils ont rajouté un tout petit peu de grivoiserie, mais ont surtout travaillé le couple formé par Isabelle Carré et Bernard Campan. Deux comédiens qui se connaissent, s’apprécient et jouent idéalement le couple en mal de communication, d’écoute, de partage. L’usure du temps, la routine : on peut tous un peu se reconnaître dans leurs mauvaises habitudes. La facilité aurait été de glisser vers le scabreux, l’explicite (et beaucoup ne se seraient pas privés de toutes les possibilités formées par deux couples), mais les réalisateurs ont préféré donner un ton plus intimiste et parfois romantique (et un petit peu désenchanté) pour une fin aussi ouverte que nos vies quand on décide de les prendre en main.

Film français d’Olivier Ducray et Wilfried Meance avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Julia Faure et Pablo Pauly

 

dimanche 7 avril 2024

Cinéma - « Sidonie au Japon », film zen et fantomatique


 

Sidonie (Isabelle Huppert) est la reine de l’évitement. Romancière célèbre mais qui n’a plus rien publié depuis des années, elle est invitée par son éditeur japonais pour y présenter son premier roman traduit en japonais.
Un séjour d’une semaine qui l’angoisse. Alors elle arrive avec une bonne heure de retard à l’aéroport, persuadée d’avoir fait le nécessaire pour rater son vol. Mais il est retardé et Sidonie s’envole finalement pour le Pays du soleil levant, l’inconnu.

Elle va passer une semaine en compagnie de Kenzo (Tsuyoshi Ihara), son éditeur, rigide, sévère, peu causant. Sidonie est plongée dans un monde dont elle n’a pas les clés alors que lui est en plein divorce, dépressif et mutique.
Le film d’Élise Girard prend une tournure plus étrange quand Sidonie croise le fantôme de son mari, mort dans un accident de la route quelques années auparavant.

Un fantôme bienveillant, qui va lui permettre d’oublier sa tristesse, retrouver goût à la vie (grâce aussi aux superbes paysages du Japon au printemps) et même de reprendre la plume.

Une histoire zen, optimiste, poétique et romantique. Mais avant tout fantastique dans tous les sens du terme.

 Film d’Élise Girard avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl

samedi 6 avril 2024

BD - Magie désertique dans le second tome de Nécromants

 


Olivier Gay a commencé sa carrière comme romancier. De polar puis de fantasy, tout en accumulant les travaux de commande. Un formidable créateur d’univers qui frappe une nouvelle fois en lançant la série Nécromants dans la collection Drakoo de chez Bamboo.

Toujours dessinée par Tina Valentino, Italienne surdouée, la série se déroule dans une sorte de pays des mille et une nuits avec un peu plus de magie et de fantastique. Le héros, Acher, est un nécromant. Pas le meilleur du royaume. Mais il reçoit le renfort d’un trio de fantômes puissant. Dans la seconde partie de cette aventure inaugurale, il va affronter un terrible sorcier revenant. C’est superbement dessiné et bourré d’humour. De la fantasy classique mais diablement efficace.t

« Nécromants » (tome 2), Bamboo Drakoo, 48 pages, 14,90 €

vendredi 5 avril 2024

BD - Aude Picault emmène le Donjon en croisière

 

La fantasy est souvent une histoire de mecs. Pour preuve il faut attendre plus de 50 albums de l’univers du Donjon (imaginé par Sfar et Trondheim) pour qu’une dessinatrice s’empare des personnages. C’est Aude Picault qui a l’honneur de signer le 18e tome de Donjon Monsters.

Intitulé Noces de fleurs, il débute de façon très bucolique. Des années après l’histoire originelle, Herbert et Isis, devenus vieux, partent célébrer leurs noces de fleurs dans une petite croisière. Sur un voilier piloté par Andrée, aussi vieille qu’eux, ils vont d’île en île. Mais rapidement des mercenaires les attaquent. Herbert et Isis sont persuadés être les cibles.

Mais finalement ils découvriront qu’Andrée aussi a de nombreux ennemis. Une histoire complète qui revient sur de nombreux passages de l’histoire du Donjon, avec un peu d’humour (Herbert qui n’arrive pas à faire croire à Andrée qu’il a été Grand Khan…) et le retour de héros mythiques comme Marvin. Le tout  dessiné par Aude Picault dans un style dépouillé, très ligne claire simplifiée.

« Donjon Monsters » (18), Delcourt, 48 pages, 11,95 €

jeudi 4 avril 2024

BD - Gobelin américain de West Fantasy chez Oxymore

 


S’il est un scénariste qui manie à la perfection les codes de la fantasy, c’est bien Jean-Luc Istin. Il a imaginé quantité de séries, notamment Elfes, Nains et autres Orcs pour les éditions Soleil. Une imagination foisonnante qu’il a de nouveau sollicitée pour imaginer avec le dessinateur Bertrand Benoit West Fantasy. Ils fusionnent deux univers : la fantasy et le western.

Dans cette Amérique du Nord en pleine colonisation, le chasseur de prime Kendal Jones est un humain normal. Par contre il est accompagné par un Nain, Okaar Albericht et un croque-mort très particulier. Il n’enterre pas les cadavres mais les dévore : c’est un gobelin. On apprend au fil des chapitres la malédiction du Nain et l’histoire tragique de la famille du chasseur de prime.

Le gobelin sert de narrateur, notamment quand le trio doit affronter un homme en noir tout puissant, à la tête d’une armée de morts vivants. Histoire fouillée, décors somptueux, batailles dantesques : le premier tome de cette série, qui devrait en compter cinq, satisfera tout amateur des deux genres.

« West Fantasy » (tome 1), Oxymore éditions, 56 pages, 15,95 €

mercredi 3 avril 2024

BD - Enfants légendaires

 


On a beaucoup parodié les contes. Notamment dans les pages de Fluide Glacial où Gotlib a présenté une version du Petit Chaperon rouge qui aurait peu de chance d’être publiée de nos jours… Mab reprend en partie le concept dans ce recueil d’histoires courtes intitulé Et ils eurent beaucoup d’emmerdes !

Après le conte, les héros ont donc eu des enfants. Cela donne des triplés chez la Belle au bois dormant. Le petit chaperon rouge a par exemple eu un fils (avec le loup… merci Gotlib). Un fils qui lui aussi doit aller porter des victuailles à sa grand-mère qui a beaucoup d’appétit. Mab revisite ainsi l’imaginaire collectif autour du Prince Charmant, de Tarzan, Boucle d’or, Barbe Bleue, l’ogre mangeur d’enfants, le Petit Poucet ou Peter Pan.

C’est parfois très osé, toujours juste et systématiquement hilarant. Par contre ce n’est pas à mettre entre les mains des enfants. Même si les véritables contes sont souvent encore plus effroyables.


« Et ils eurent beaucoup d’emmerdes », Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €

mardi 2 avril 2024

BD - La sœur aide son frère dans New Hope


 

L’entraide entre frère et sœur prend parfois d’étranges tournures. Comme dans la série New Hope, imaginée par la scénariste de Carcassonne Cee Cee Mia et dessiné par l’Espagnol Jalo. Billy devait rejoindre la prestigieuse université de New Hope.

Mais une maladie l’empêche de faire sa rentrée. Alors sa sœur, Isabella, décide de prendre son identité. Elle se coupe les cheveux, se muscle, s’habille en garçon et devient Billy. Dans le premier tome, elle découvre que si elle parvient à intégrer la confrérie étudiante Epsilon, Billy pourra être soigné avec un protocole nouveau. Pour sauver son frère, Isa va prendre beaucoup de risques.

Car la confrérie a des pratiques qui s’apparentent à la mafia. Si elle est démasquée, elle risque gros. Le second et dernier tome est rondement mené. L’intrigue, digne d’un film américain pour teenagers, mélange critique sociale, action et prise de conscience sur les différences.

« New Hope » (tome 2), Dupuis, 128 pages, 15,50 €