Le quotidien de deux agents immobilier est prétexte pour Bruno Podalydès de rire de la société française.
Un film simple, fin et intelligent. Avec la possibilité de sourire à de multiples occasions, tout en sortant de la séance en étant persuadé d’en savoir un peu plus sur les dérives de la société française actuelle. Parfois, un film bien écrit, interprété avec justesse et réalisé avec sérieux peut se révéler beaucoup plus édifiant que n’importe quel blockbuster coûtant 100 fois plus cher. En réalité, le titre du nouveau film de Bruno Podalydès est parfaitement adapté : « Wahou ! » serait-on tenté de résumer ce “presque” film à sketches.
Le principe est simple : deux agents immobiliers Oracio (Bruno Podalydès) et Catherine (Karin Viard), de l’agence Wahou ! cherchent à vendre deux biens très différents : une superbe maison de caractère avec jardin arboré et un appartement moderne, avec dressing parental. « Wahou ! » s’exclament les visiteurs. Mais rares sont ceux qui vont plus loin… Un wahou ne fait pas la vente !
Le défilé des potentiels acheteurs donne tout son sel au film. Il y a la bande d’amis musiciens qui aimeraient vivre en colocation, la bourgeoise charmée par les vieilles boiseries mais dont le mari veut avant tout remplacer le piano par un billard, les deux frères, promoteurs, sortes de clones qui découvrent avec satisfaction les nuisances sonores de la ligne de chemin de fer au fond du jardin, ce qui permettra de faire baisser le prix, le petit couple parfait se déplaçant à vélo, moderne et aseptisé, ou l’infirmière à bout qui cherche une solution de repli pour sa mère grabataire.
Toute la société française est passée au crible et parfois violemment dézinguée, avec en plus un stagiaire caustique et malin (Victor Lefebvre), un peintre en bâtiment trop curieux et des propriétaires récalcitrants (Sabine Azéma et Eddy Mitchell). Sans oublier nos deux vendeurs, récitant leur leçon mais croyant de moins en moins en leur utilité. Karin Viard, en femme au bord de la rupture, permet de saisir toute la violence de ce métier souvent décrié.
Bruno Podalydès, devant et derrière la caméra, en analysant les limites de l’effet Wahou, nous donne des clés pour comprendre le fonctionnement de notre monde actuel.
Ce n’est pas toujours très optimiste et encore moins réjouissant, mais certains résistent comme le personnage interprété par Eddy Mitchell, attaché à sa vieille maison délabrée, comme à ses vieux albums de Tintin qui lui permettent de retomber en enfance.
Film de et avec Bruno Podalydès et aussi Karin Viard, Sabine Azéma, Eddy Mitchell, Victor Lefebvre, Manu Payet