Suite directe de son précédent roman Le dernier message (paru chez Pocket en format poche), Le passager sans visage de Nicolas Beuglet est un long cauchemar sur l’évolution des mœurs et de l’Humanité. On retrouve l’héroïne principale de ce thriller dépaysant. Grace Campbell, inspectrice de la police écossaise, est de retour chez elle. Célibataire, vivant seule avec son chat encore plus sauvage qu’elle, elle profite d’un petit moment de répit pour tenter de comprendre de nouveau ce qui a pu lui arriver quand elle était jeune. Car si Grace a tant de difficulté à s’intégrer socialement, c’est en raison d’un traumatisme quasiment impossible à effacer. Ce second roman de ses aventures débute par le souvenir de cette période. Petite fille, elle est enlevée. Durant plusieurs jours elle sera prisonnière d’un homme qui la violera régulièrement. Par chance, un autre petit garçon, lui aussi victime de ce réseau de pédocriminels, va lui permettre de s’évader.
De retour à la maison, Grace mettra des années à s’en remettre. Une vie et une famille détruite. Le père préfère quitter le foyer, la mère élève seule sa fille qui décide de devenir policière avec l’espoir de retrouver ses tortionnaires. Ce qu’elle fait au début du roman. Elle va retrouver le policier qui était chargé de l’enquête et tenter une ultime fois de le faire parler.
La légende de Hamelin
Avec une science du rebondissement poussée à son paroxysme, Nicolas Beuglet va conduire la jeune policière vers une piste allemande. C’est à Hamelin, la ville qui a servi de cadre à la légende du joueur de flûte qu’une première évidence va s’imposer à ses yeux. Dans le conte, le joueur, pour se venger des villageois, enlève tous les enfants de la ville prospère une fois débarrassée des rats. Et Grace de comprendre que ce conte était en réalité une déformation d’un véritable fait divers. Au Moyen Âge déjà, des hommes avaient des techniques et des réseaux pour enlever de petites victimes.
La suite du roman sera très mouvementée dans cette Allemagne montagneuse, enneigée, sombre et secrète. Cela passe par des grottes contenant des secrets vieux de plusieurs siècles, un chalet perdu dans la forêt, sorte de réplique des maisons de ces contes, « une chaumière dont l’une des minuscules fenêtres diffusait une lumière tremblante », qui sont au final souvent terrifiants puis un train circulant à travers l’Europe. C’est là qu’elle va affronter le grand manipulateur, le Passager, chef de guerre de ce réseau déjà entr’aperçu dans le premier thriller.
La meilleure trouvaille du romancier est de faire revenir en scène un des personnages du Dernier message. Et comme l’auteur semble avoir envie de prolonger la quête de Grace Campbell, un court épilogue laisse comprendre au fan qu’il y aura un troisième volet, car il y a une troisième phase au grand complot de la malfaisante organisation Olympe.
« Le passager sans visage », Nicolas Beuglet, XO éditions, 19,90 €

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