vendredi 26 novembre 2021

Série télé - "Gloria" et les ondes de la Guerre froide


Alors que le Portugal est encore une dictature, les Américains ont planté dans le pays une multitude d’antennes pour arroser le bloc de l’Est d’émissions radio censées pousser le peuple à se révolter face à l’oppression soviétique. L’action de cette série produite et diffusée sur Netflix se déroule vers la fin des années 60. Dans la ville de Gloria (qui donne son titre à double signification à la série), loin de Lisbonne, une petite colonie américaine travaille avec des techniciens locaux pour entretenir les émetteurs et les antennes et produire les émissions. Joao (Miguel Nunes), jeune ingénieur, vient d’être embauché à Gloria. Il a quitté la radio nationale pour surveiller les installations de la RARET, nom de la société chargée de diffuser la propagande occidentale. Il arrive en terrain conquis car Joao est le fils d’un ministre très influent de Salazar, toujours au pouvoir. 

Cette série historique signée Pedro Lopes aborde frontalement plusieurs thèmes qui s’imbriquent. Joao, avant de travailler, a tenu à faire son service militaire et à servir son pays en Afrique. Le Portugal a été un des derniers pays occidental à reconnaître l’indépendance de ses colonies. C’est dans la jungle de l’Angola que Joao a compris que le monde était en train de changer. Former à la dure par son père, il bascule vers le camp des opprimés. On comprend rapidement que s’il a demandé sa mutation à Gloria, c’est uniquement pour devenir un espion insoupçonnable, au service de l’URSS. Se greffe sur cette trame classique de l’agent double (il donne aussi des informations à son père sur les activités des Américains), plusieurs romances. Il cherche à savoir qui a tué son amoureuse secrète, elle aussi espionne au service de l’URSS. Et tombe sous le charme de Carolina (Carolina Amaral), une employée de maison de RARET, au service des responsables américains de la société, également grands pontes de la CIA du pays.

Remarquablement écrit, interprété et reconstitué avec justesse, Gloria permet de découvrir un pan assez ignoré du rôle du Portugal dans la Guerre froide, quelques années avant la fameuse révolution des Œillets

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